« L'engin quitta l'aéroport de Paris. Grâce à ses moteurs de sixième génération, PP63-3, il monta vers les étoiles. Quelques secondes plus tard, il quittait l'atmosphère terrestre à la vitesse phénoménale de 20 000 kilomètres par heure. Direction la base orbitale d'Uranus. Le capitaine de la navette, Mike, pouvait profiter de la pressurisation de l'appareil pour ne pas se déplacer en volant mais bien en gardant ses pieds sur le plancher du véhicule spatial. Il se rendit donc à la cantine, retrouver son second... »

Voilà un début de texte prometteur. Des engins spatiaux, des termes techniques et une maîtrise du sujet apparente.

Apparente ! C'est le terme clé de ce petit article. Car oui : il y a une différence entre avoir l'air de s'y connaître, et s'y connaître réellement. Mais revenons à cette introduction qui raconte n'importe quoi. (Quoi ?!?) Ne parlons pas des moteurs qui sont une pure invention et ne nécessite pas (pour l'instant du moins) de justification. Attardons-nous deux secondes sur 2 points.

1/ La vitesse phénoménale de 20 000 km/h. C'est effectivement énorme, mais malheureusement très insuffisant pour échapper à la gravité, de ce que je sais. Il faudrait aller au moins deux fois plus vite a priori...

2/ La pressurisation dans l'appareil n'a rien à voir avec l'apesanteur qui ferait flotter tout l'équipage (et tout ce qui ne serait pas attaché d'ailleurs) une fois que l'appareil est suffisamment loin pour échapper à la gravité terrestre.

Deux erreurs, qui pourraient très bien passer inaperçues pour quiconque ne se pose pas vraiment la question. Et l'auteur pourrait donc tranquillement avoir l'air d'un expert en aérospatial. Et en fait, ce n'est pas grave qu'il ne sache pas. Tout le monde ne peut pas tout savoir. En revanche – et c'est le point que je veux porter à votre attention ici – il aurait pu se renseigner !

Tu sais pas ? Tu dis pas !

Ce qui est valable pour un sujet technique comme l'aéronautique est évidemment valable pour tout. Si votre histoire se déroule à New-York, la moindre des choses est de ne pas situer l'Empire State Building dans l'Upper East Side. Si votre personnage principal est un chirurgien, veillez à ce qu'il n'ait pas 21 ans ! Il faut du temps pour faire des études de médecine et ensuite devenir chirurgien ! Ce sont toujours les petits détails qui risquent de vous perdre. Et contre ça, une seule solution : faire des recherches !

Une des clés d'un roman crédible se trouve dans ces détails que vous allez semer tout au long de votre histoire. Seulement, comme vous ne connaissez pas tout, soit vous vous contentez de petites choses sans importance que vous maîtrisez, soit vous devrez vous renseigner. Est-ce que l'intérieur d'un commissariat ressemble vraiment à ce qu'on voit dans CSI Miami ? Est-ce que mon chevalier en armure peut vraiment parcourir 250km en une demi-journée de cheval lancé au galop ?

Quand je le dis comme ça, ça parait évident. Mais le diable se cache dans les détails comme dirait je sais même pas qui ;)

En cas de doute donc, renseignez-vous ou virer le passage.

La technique du « je prends pas de risque ».

Vous avez aussi la solution simpliste d'en dire le moins possible. « Le vaisseau quitta l'atmosphère à une vitesse vertigineuse », « le chevalier chevaucha pendant fort longtemps », « Max, 21 ans, était chirurgien depuis deux ans. Il était surdoué et avait donc sauté plusieurs classes »... C'est ce qu'on appelle la technique de la feignasse ^^

La plupart du temps, cependant, ça fonctionne. Mais plus votre histoire va être longue et/ou complexe, plus vous allez avoir besoin d'y mettre des détails et vous ne pourrez plus vous contentez de rester flou et vague. (Oui les deux !). Du coup, le plus simple est de prendre l'habitude dès le début de faire des recherches pour les sujets que vous ne maîtrisez pas. Sinon, les Wacadémiciens vont vous faire des remarques sur le manque de crédibilité de vos extraits ;)

Allez... À vos encyclopédies !