Une histoire de fesses (fin)

Les mois se déroulent, et les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. À chaque lever de soleil intervient un nouveau jeu, une nouvelle victime, un nouvel amusement. Je redécouvre les joies du sexe et les plaisirs des câlins. Mes doigts connaissent par cœur le points sensibles de mon interne et mon corps s'emballe sous les siens. Nos discussions sont de plus en plus passionnantes et je sens la routine s'éloigner de moi au fur et à mesure que j'avance, et ça me ravit.

Même si quelques points se répètent tous les jours, rien ne vient vraiment gâcher mon bonheur. Surtout si ces quelques points sont la sensation des lèvres du blond sur mon cou alors que je prépare le repas. Ses doigts sur ma cuisse alors que je fais mes comptes. Ses regards tentateurs alors que je fais mon entrée aux urgences, désormais interne en cardiologie, pour examiner un de ses patients.

Tout ça me passionne. Je n'ai plus senti ça depuis que je suis arrivé dans cette ville, après l'inexpliqué meurtre sanglant de la charmante famille Van Gareth et la blessure de son fils. Je ris. Rien que d'y repenser, ça me ravit.

Je me souviens encore de ce jour béni. Peu après avoir obtenu mon bac. Prêt à partir pour mes études, prêt à être libre. Ils m'ont fait venir dans le salon. Il était recouvert de papiers, plein de tableaux et de cuir, trop bien rangé. Pour me servir un sermon sur l'importance d'être un bon garçon, l'importance de me contrôler et toutes sortes d'âneries de ce genre. Avec toujours, ces mêmes expressions fades et sûres d'elle.

Ils m'ont énervé. Alors j'ai pris un couteau de la cuisine à mon premier moment d'accalmie. Je suis rentré dans la pièce. Et le sang a giclé, arrosant les papiers, arrosant les tableaux, arrosant le cuir. Ils n'ont pas hurlé. C'était trop tard.

J'ai sorti le cœur et l'ai regardé. Cette si fragile pompe, nous maintenir en vie? C'était passionnant. Peut-être ce qui m'a motivé à faire médecine.

Mais le meurtre est puni. Et je ne voulais pas être puni. Alors après avoir repris mes esprit, j'ai pris le couteau. L'ai enfoncé dans mon flanc. Et ai sorti à la police une telle comédie que tout le monde a cru que c'était mon père le responsable. Qu'il avait sauvagement tué sa femme et blessé son fils avant de se suicider. Et moi, Matis Van Gareth, me suis retrouvé libre.

Libre de faire ce que je veux.

Libre de laisser les doigts du blondinet caresser ma cuisse, prêts à rentrer dans mon caleçon. Libre de lui laisser un suçon dans le cou alors qu'il ressort de notre bunker du jour, les lèvres teintées de bordeaux. Libre d'aimer, libre de vivre ma vie à fond libre de souhaiter que ça ne s'arrête plus.

Je suis autant heureux qu'on pourrait l'être alors qu'on est un être aussi facilement ennuyé que moi. Et c'est agréable.

Quelque chose me picote dans le cou. Au début je pense que c'est un coup de jus à cause des doigts de Jules, et je soupire intérieurement. On est peut-être à la maison mais ça ne devrait pas l'empêcher de faire attention à l'électricité statique. Et puis le picotement s'accentue. Je sens un froid dans mes veines. Et mon cerveau déconnecte.

Je ne reprends mes esprits que bien plus tard, au fond d'une cave, attaché par les poignets à un lit. Aucune lumière, aucune indication temporelle, mais l'engourdissement que je ressens m'indique que je suis resté évanoui longtemps.

Mes yeux ne tardent pas à s'habituer à l'obscurité du lieu et je discerne autour de moi une petite table recouverte d'instruments que je n'arrive pas à identifier. Ils sont trop loin. Le lit sur lequel je suis est moelleux et confortable mais ma position l'est beaucoup moins. En effet, mes poignets sont accrochés à un des barreaux du lit, ramenant mes bras au dessus de ma tête et dévoilant mon torse nu. Le reste de mon corps est libre, mais je ne suis revêtu que d'un pantalon.

Je grogne. Il fait horriblement froid dans cette pièce et j'aimerais bien comprendre comment j'y suis arrivé. Mon dernier souvenir est cette piqûre dans mon cou.... On m'a sûrement injecté quelque chose. Savoir qui est ce "on" devient ma priorité, mais si j'en crois ma position offerte l'agresseur a envie de profiter de moi. Je ne vais donc pas tarder à le savoir.

Un rai de lumière et un courant d'air chaud signalent l'ouverture de la porte, qui tourne sur ses gonds dans un silence profond, l'air parfaitement huilée. Et y rentre un grand blond aux airs dégingandés vêtu simplement d'un short et T-shirt, des accessoires assez étranges dans les mains et un sourire avide aux lèvres. Un grand blond que je reconnais de suite.

"Jules?"

Ce dernier se tourne vers moi, ses yeux brillant de faim et de désir.

"Désolé pour la brutalité mon lapin. J'ai pas pu résister."

Je suis consumé par la surprise. Qu'est-ce qui a bien pu me conduire à la place de ses victimes? J'ai fait quelque chose de mal? Ou alors je n'en ai pas assez fait. Et ça commence à faire beaucoup de questions sans réponses, auxquelles se rajoute l'étonnement de le sentir s'asseoir sur mon lit et me toucher comme d'habitude. Qu'est-ce qu'il veut au juste?

Il me sourit.

"Tu es tellement beau comme ça... Tout vulnérable et offert.
-Jules, si t'étais dans le délire BDSM, fallait me le dire au lieu d'utiliser ton somnifère."

Un petit rire se fait entendre dans la salle et résonne étrangement sur les murs de la cave tandis que mon interne rejette sa tête en arrière.

"-C'est toujours plus drôle lorsque tu ne t'y attends pas."

Sa main est fourrée dans mon caleçon. Je grogne. Pas le moment de baver sur son doigté.

Il continue, tout en caressant l'intérieur de mon boxer avec douceur.

"J'ai un petit truc avec les personnes que j'aime. À partir d'un certain moment, il faut que je les possède...."

Il se penche, ses doigts toujours bien actifs.

"-...... Tout entiers."

Je suis un homme très intelligent. Et je comprends vite le sous-entendu. Si je ne réagis pas, ce sera la fin. Une fin appréciable sans doute, puisque je vais mourir sous ses doigts, en train d'atteindre le nirvana, très probablement. Mais une fin quand même. Et je n'ai pas envie de voir cette fin. Il y a encore tant de choses que je souhaiterais voir. Tant de questions sans réponse.

De son côté, mon interne semble au bord de l'extase.

"Tu me passionnes, tu sais? Tu es le premier à accepter mes goûts, avec qui je peux tout partager. Ça a été des années magnifiques à t'avoir à mes côtés. Dommage que je n'en puisses vraiment plus."

Il se penche vers moi avec son expression extatique et m'effleure la joue du bout de son nez tandis que sa main libre me maintient l'autre joue en place. Je peux sentir son souffle avide sur ma peau nue. Sa peau est très chaude tant il est enfiévré.

"Je t'aime, bon dieu. Je ne sais pas si tu te rends compte à quel point."

Moi aussi, je commence à avoir chaud. Peu m'importe le cadre. Peu m'importe la séquestration. C'est l'homme qui me passionne et il a toujours ce doigté trop sûr pour mon bien.

Il décale son nez de mon visage et je sens sa main se retirer de mon caleçon, à ma grande frustration. Son T-shirt atterrit à côté de moi et un zip se fait entendre au niveau de son pantalon. Et il a toujours cette même expression avide.

".....À moi.
-Quoi?"

Il a marmonné, je n'ai pas bien entendu. Et ça m'inquiète un peu.

Son expression devient carnassière.

"-Tu es à moi."

Et ma réplique se fait littéralement avaler par le plaquage violent de ses lèvres sur les miennes.

Quatre heures.

J'y passe quatre heures à me faire tirer dans tous les sens, les poignets en sang à cause des menottes, trempé de fluides corporels.

Mon attitude soumise le pousse visiblement à être beaucoup plus violent. Mon sang se mélange à ma transpiration alors qu'il me mord de partout sur le torse. Sauf que cette fois malgré mes cris de douleur il ne s'arrête pas et se contente de nettoyer le sang de lui-même.

Sans doute ai-je eu ma part de jouissance au milieu de tout ça. Il a toujours son doigté. Il m'embrasse toujours aussi passionnément. Mais ici c'est son plaisir qui compte, et il ne semble jamais satisfait. Même après ces quatre heures, alors qu'il s'effondre, fatigué, sur mon corps dénudé, il a toujours l'air d'en vouloir plus.

Je pensais connaître la profondeur de son désir pour moi. À en croire ces quatre heures je me suis trompé.

Impossible pour moi de dormir. Mes plaies ensanglantées me lancent et je suis encore rouge de sueur, prêt à parier que ça reprendra demain. Mais une sonnerie stridente le réveille d'un coup et il se lève en grognant.

"Saloperie de garde, je l'avais complètement zappée..."

Après m'avoir effleuré du bout des doigts et s'être rhabillé rapidement il sort et ferme la porte à clé. De mon côté, je commence à réfléchir à quand je vais mourir et comment, et m'étais quasiment résigné lorsque un petit éclat attire mon attention sur le sol.

Une petite clé argentée de forme simple.

La clé des menottes.

Elle est tombée de sa poche.

Un plan désespéré se monte alors dans mon crâne.

Je tends le pied et parvient après m'être bien contorsionné à attraper entre deux orteils l'objet de ma libération et le poser sur le lit. De nouvelles acrobaties me permettent de faire glisser la clé sur mon torse pour la prendre entre mes dents. Et enfin, je manque de me rompre le cou en faisant passer la clé de ma bouche à ma main.

La libération est proche. Il me faut tâtonner quelques temps mais les menottes finissent par claquer au sol. Je me lève en gémissant de douleur, à cause de mes morsures qui picotent horriblement, et fonce vers la table. Effectivement, il y a bien ce qu'il me faut. Des scalpels. Des couteaux. D'autres couverts. Propres et neufs, pile ce qu'il me fallait.

J'en serre un entre mes doigts poisseux, ayant du mal à croire à ce que je m'apprête à faire pour sauver ma vie. C'est mieux comme ça, sans doute, mais c'est étrangement douloureux. Même en se disant qu'il récidiverait sûrement. Même en se convainquant que c'est pour ma vie.

J'attends derrière la porte que cette dernière s'ouvre et qu'il en émerge, prêt à reprendre ou peut-être à se rendormir sur moi. J'attends longtemps, très longtemps, mais ça finit par se produire. Un petit bruit de pas signale son arrivée dans la cave. Le dernier qu'il fera jamais.

Je me jette sur lui et lui plante le couteau en plein entre les côtes, faisant jaillir un geyser de sang qui vient m'asperger, se mêlant au mien. Il écarquille les yeux de surprise et crache un peu de liquide rouge, mélange de sang et de salive, mais étrangement au lieu de reculer par réflexe, il me tombe dans les bras et m'étreint. Fort.

Avant que j'aie le temps de me demander pourquoi il me chuchote à l'oreille dans une voix rauque et basse:

"..... Tu es vraiment extraordinaire...."

Ses lèvres glissent sur les miennes. Puis dans mon cou. Puis sur le haut de mon torse. Avant qu'il ne tombe au sol, le visage figé dans une expression heureuse, le sang toujours giclant de sa poitrine, pâle comme la mort. La mort qui vient de l'emporter.

Je soupire profondément et me penche vers lui sans prendre la peine d'essuyer mon arme. Ma main passe sur son visage encore tout chaud, écarte quelques mèches, trace le contour de l'arcade sourcilière et de la mâchoire. Et je lâche, d'une voix forte et atone de l'homme qu'on a rendu à sa routine :

"...... C'est vraiment dommage..... "

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Voilà, fini.

Je déteste mes hormones. Au final ça s'est plus transformé en érotique qu'en gore. J'aime beaucoup cette nouvelle mais me faire assaillir de jugements pour avoir écrit un lime très malsain à la limite du lemon n'était pas mon but premier...

Pourquoi je la poste alors?

Parce que j'ai peur de rien bitches.

Et de toute façon si vous êtes là c'est que vous avez supporté mon glauque jusqu'au bout.

Je sais pas trop si j'ai bien abordé la chose. C'est un vrai défi ce genre de nouvelles. Mais bon.

Ça, c'est fait!

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