Le_Corbeau_Noir

Voilà.

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Les couloirs du palais étaient étonnamment calmes pour un milieu de journée en pleine saison de l'agriculture à Wattpadia. Ou bien peut-être était-ce parce que Kage avait justement choisi un moment où personne ne rôdait dans l'immense habitation pour apparaître, un paquet de livres en main en provenance de diverses lignes et points temporels.

Il ne voulait pas être surpris. Il voulait juste avoir son petit plaisir hebdomadaire de lecture des œuvres anciennes, d'étude des plus grands chefs-d'œuvre de civilisations pourtant si meurtrières.

Voilà pourquoi sans doute, Kage Blackheart avait choisi un lieu et un moment vide de toute présence humaine. Il ne voulait pas qu'on le reconnaisse et encore moins qu'on l'oblige à dire l'avenir ou le passé des gens comme c'est si souvent arrivé.

Sauf que cette fois-ci, il eut moins de chance que d'habitude. En effet, quelqu'un l'attendait dans le couloir voisin, qui menait à la pièce sans magie où il passait tout son temps. Quelqu'un de grand, au teint mat et au visage inexpressif tout juste teinté d'une pointe de colère en apercevant son aîné.

Kikol, ou Jean-Kévin comme la fille du dernier voyageur pur de l'histoire aimait l'appeler, semblait guetter le patriarche de la fratrie Blackheart avec impatience puisque à peine ce dernier dans son champ de vision, il posa sa main sur le mur, coupant instantanément tous les flux de magie de Kage et l'empêchant de se téléporter. Le soixantenaire soupira, remettant en place une mèche noir corbeau derrière son oreille.

"-Qu'est-ce que tu veux?
-Te parler."

Comme à son habitude, le ton de l'ex chef des clichés était neutre, sans aucune nuance vocale traduisant une émotion. Malgré tout, Kage pouvait littéralement ressentir son désir de savoir quelque chose. Et il se doutait de quoi.

Après une quarantaine d'années à dissimuler le secret à sa fille, à tous ceux qui haïssaient Kikol qui représentait aux yeux de beaucoup le pire cauchemar des gens, il devait finalement révéler pourquoi exactement ce dernier était venu au monde.

Kage soupira, une lueur de résignation dans ses yeux bleu-gris.

"Allons discuter ailleurs."

Kikol éloigna sa main du mur et la posa sur l'épaule de son aîné qui à peine sentit-il le contact téléporta instantanément le conseiller vers sa chambre. Ce dernier alla ensuite s'asseoir sur son lit.

Le voyageur regarda autour de lui. La chambre était très spartiate pour un homme de son rang. Juste un bureau, une chaise et un lit sur un plancher clair. Pas de tapis, peu de couleurs. Juste, ça et là, des photos de Lina, Corbeau, et Erin, avec parfois Sky lorsque les généraux posaient ensemble. Des images de Corbeau plus jeune, une photo de Lina rayonnante dans sa robe de mariée, le faire-part de décès d'Erin. C'était tout.

Un raclement de gorge du conseiller royal rappela Kage à la réalité. Il se tourna vers lui avec des yeux vides et le fixa.

"Qu'est-ce que tu veux?
-Savoir comment je suis né."

Évidemment. La question revenait sans cesse à l'homme. Voyager dans le temps impliquait d'avoir des milliers et des milliers d'années de souvenirs, stockées dans un coin de sa tête. Et celui-ci.... Il s'en souvenait comme si c'était hier. Ce qui est assez ironique vu que les repères temporels n'avaient plus aucune signification pour lui.

Kikol attendait une réponse. Et Kage n'eut pas d'autre choix que la lui donner.

"-Tu n'es pas né de manière conventionnelle, ça je suppose que tu t'en doutes."

Le plus jeune était pendu à ses lèvres, ne se préoccupait même plus du choc causé par la nouvelle. Kage continua perdu dans ses souvenirs.

"Une bande de cultistes qui me poursuivait avaient comme but d'incarner le Créateur sur Terre, sans se douter au travers de tous leurs beaux principes que le Créateur ne s'incarnait pas."

Kikol continuait à écouter. Alors Kage raconta. Il raconta le rituel, savant mélange entre démonisme et incantations sacrées. Il raconta l'exaltation et la déception de la jeune femme choisie lorsqu'elle comprit que le rituel n'avait pas fonctionné comme elle le voulait. Il raconta la peine qu'elle avait eue, enfermée dans sa prison, le malaise qu'il avait ressenti à ce moment précis, la conversation entre les sectaires qui prévoyaient de lui faire subir un sort horrible pour soi-disant la purifier qu'il avait surprise, sa volonté de sauver la jeune femme, sa surprise en sentant au creux de son ventre une magie d'une puissance telle qu'il irradiait pour l'œil vif de Kage. Et Kikol écoutait, sans l'interrompre, jusqu'à ce que Kage aborde cette entité qui avait élu domicile dans le corps de la femme.

".... Et.... C'était moi?
-C'était presque toi, soupira Kage. Il manquait encore quelque chose."

Et il continua à raconter. Le changement d'univers pour passer de Wattpadia au village Cocorico hylien, l'installation de la femme, la nouvelle vie de cette dernière, l'homme qui l'avait aimée.

"Il a suffi d'un cycle, racontait Kage, un simple cycle comme les femmes en ont toutes, pour que la magie s'incarne dans l'ovule et crée un bébé en osmose avec la magie. Et tu es né quelques temps plus tard."

Kikol était toujours aussi figé.

"-Et elle?
-Elle est morte. Elle avait seize ans et une grossesse à cet âge est très peu recommandée."

De nouveau, le soixantenaire soupira.

"Tu voulais savoir comment tu es né. Eh bien voilà. Tu es le résultat de l'implantation dans le corps d'une femme de la magie de notre dieu à tous, celui qui est partout, en chacun de nous. Le dieu Créateur a imprégné ta mère et t'a donné naissance."

Kikol ne disait plus rien. Il semblait réfléchir. Alors Kage se leva, l'air résigné.

"Si tu n'as rien d'autre à me demander, moi je vais m'en aller."

Il a suffi d'une seconde pour qu'il ne reste plus dans la chambre un Kikol en proie à une profonde réflexion.

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J'espère que c'est ce que tu voulais, Corbeau.