9.


Le lendemain, je sortais de chez moi habitée d'une bonne humeur communicative. Enfin, c'était ce qu'avais dit ma mère. Mais c'est vrai que je me sentais étonnement heureuse. J'avais l'impression d'être sur un petit nuage... Qui allait bientôt s'effondrait. Je chassais cette idée qui tournait en boucle dans ma tête depuis hier soir.

Je marchais tranquillement en fredonnant sur le trottoir. Un vent soudain souleva les feuilles des arbres et mes cheveux. Sans que je sache pourquoi, j'éclatais de rire qui cessa dès que j'aperçus sur le sol une autre ombre que la mienne.

Paniquée, je me retournais mais un tissu qui dégageait une forte odeur de chloroforme s'abattit sur mon nez. Une torpeur s'empara alors de moi et je sombrai dans le sommeil. J'étais réellement maudite...


***


Cela faisait trois jours que Lily était partie. Trois jours sans qu'il sache s'il lui était arrivé quelque chose. Et si les Vespertilio la tuaient ? Et si les Daemons la retrouvaient ? Elle disparaîtrait alors sans qu'il ait pu savoir ce qu'ils lui voulaient réellement. Il devait forcément y avoir une raison pour qu'ils en aient après elle, et il devait absolument savoir laquelle. Son instinct lui soufflait que c'était important et qu'il devait garder Lily vivante jusqu'à ce qu'il sache la vérité. Après il envisagerait s'il était plus prudent de s'en débarrasser ou de la laisser en vie.                     

Ce fut le vendredi matin qu'ils arrivèrent enfin à Philadelphie.

- Allons chez elle, décidale Nephilim.

Mais alors qu'ils s'en approchaient, il reconnut Lily de dos. Alix s'apprêtait à déverser toute sa colère sur elle lorsque quelqu'un apparut derrière elle. La jeune fille s'écroula dans ses bras, endormie.

- Non !hurla Alix.

L'homme se retourna vers les cinq Nephilims. Aussitôt, quatre hommes et cinq femmes sortirent de derrière les arbres en lisière de la route. Alix sortit ses dagues et ses amis firent de même, prêt à en découdre que ce soit de bonne grâce ou non. Ils se jetèrent d'un même mouvement sur leurs ennemis.

Alix s'attaqua en premier à un homme. Celui-ci le salua par un coup de poing puissant mais facile à esquiver, ce que fit le jeune homme. Puis, il profita du déséquilibre de son adversaire pour lui planter sa dague dans le cœur. Il partit en cendre rougeoyante qui resta suspendu dans les airs.

- Phoenix !hurla Alixen constata ce phénomène.

- Ils sont trop nombreux, Alix !s'inquiéta Oscar qui venait à son tour de tuer une femme.

Son corps disparu comme celui de l'homme.

- Mais Lily !le contesta le Nephilim en achevant son nouvel assaillant.

- Elle est déjà partie. Et comme je te l'ai dit ils sont trop nombreux. Ils reviendront trop rapidement.

Comme pour appuyer ses propos, celui qu'Alix avait tué en premier se rematérialisa devant lui. Mince, ils devaient faire parti de l'élite du Clan pour renaître aussi vite.

- On se replie !décida donc Alix.

- Non !cria Carie en tirant une salve de balle. Nous n'aurons pas d'autre moyen de retrouver Lily !

- Tu as entendu Oscar ? Maintenant viens !ordonna le Nephilim.

Mais elle resta solidement ancrée au sol à tirer sur le plus de cible possible alors que toutes les minutes l'un d'eux revenait à la vie.

- On ne te donne pas le choix !

Sur ces mots, Oscar l'attrapa par la taille et alors que Carie s'apprêtait à pousser un cri d'indignation, son corps se paralysa petit à petit.

- Salop, susurra-t-elle difficilement entre ses dents qui s'entrechoquaient.

Un nuage de buée se formait à chaque fois qu'elle expirait et tout son corps grelottait. Tara se frictionna les bras à cause du froid qui emplissait soudainement l'air.

- T'inquiètes, on me le dit assez souvent, répliqua Oscar. Alix, murmura-t-il ensuite en vacillant. Prends la.

Le Nephilim souleva Carie et Tara soutint son ami qui tenait péniblement sur ses jambes.

- Dépêchez-vous, ils ne resteront pas longtemps comme ça, déclara Alix.

Ils s'éloignèrent, laissant derrière eux les Phoenix emprisonnés dans la glace et incapable d'esquisser le moindre mouvement.

- Et ne vous en faîtes pas, reprit Oscar avec un sourire diabolique sur les lèvres, j'ai ma petite idée sur comment retrouver Lily.


***


J'avais l'impression d'avoir été transformée en coton. Que ce soit mes muscles ou mon cerveau. J'ouvrais les yeux en me demandant pourquoi me réveiller dans un endroit inconnu et en état de faiblesse me paraissait devenir une habitude. Comme bien d'autre chose d'ailleurs.

C'était une chambre ou peut être un salon, il n'y avait aucun meuble ce qui ne m'aidait pas à savoir où je me trouvais. Tout étais en bois, du sol au plafond. Il n'y avait aucune fenêtre, juste une porte. J'étais sur une chaise, les mains attachées au dossier de celle-ci. Mes pieds, eux, étaient libres.

Personne.

Ce qui était bien pour moi. Après une courte réflexion, je me levais peu gracieusement au vu de la chaise attachée à moi. Je décidais de ne pas m'en formaliser étant donné la situation dans laquelle je me trouvais.

Je n'hésitais pas et me dirigeais vers un mur. Là, je me tournais puis fit un tour sur moi pour casser la chaise. Cela semblait être un bon plan, enfin, ça marchait dans les film... J'ai l'impression d'être un véritable cliché du personnage tout à fait normal au départ qui se retrouve ensuite mêlé à des histoires surnaturelles (ou non) et qui tente de prendre exemple sur ce qu'il voit à la télé pour se libérer...

Finalement, après ce qui me sembla dix minutes d'acharnement, je parvins à m'en libérer.

Je laissais les cordes au sol et pris un morceau de bois cassé que je considérais comme assez pointu pour me servir d'arme.

Je me dirigeais vers la porte pour écouter si quelqu'un se trouvait derrière. Rien. Ou alors ils étaient très silencieux. Je posais une main sur la poignée et resserrais celle autour de mon pieu improvisé. Est-ce que cette arme marchait réellement contre les vam... Vespertilios ?

Attendez, ça ne pouvait pas être des Vespertilios puisqu'ils m'auraient immédiatement tuée. Alors il s'agissait des Daemons. Ou autre chose... Je ne me souvenais même pas des autres Clans mis à par les fées qui portaient un autre nom et les Lycanthropes.

Bref, je ne doutais pas que quelque soit leur race, un bout de bois dans la poitrine devait faire assez mal. En tout cas moi je n'avais pas envie de tester.

J'ouvris la porte, décidée à sortir d'ici. Je regardais à l'extérieur et refermais la porte. Et merde. Ils étaient très silencieux.

Bon, trop tard pour faire marche arrière, ils n'avaient même pas pu voir mon arme qui était encore cachée derrière la porte. Je la rouvris et sautais sur la première personne devant moi sans réellement viser où atterrirait mon pieu. Un femme, la trentaine, qui s'envola en millier de cendre après que je l'ai atteinte en plein cœur.

Visiblement j'étais la personne la plus chanceuse du monde. Jusqu'à ce que quelqu'un m'attrape par la taille, me collant contre son torse. En face de moi se tenait un homme avec une balafre ressemblant à celles de Rice.

Il s'approcha de moi avec un tissu mouillé. Ah non ! Ils n'allaient pas encore m'endormir ! Je me débattais furieusement sans que celui qui me tenait ne bouge. J'optais donc pour une autre technique ayant prouvé son efficacité à plusieurs reprises.

Je cessais de bouger, et prenait l'expression la plus désespérée possible.

- Voilà, c'est bien, ricana l'homme qui me tenait. Ne bouges plus. On va t'endormir, mais cette fois tu ne te réveilleras jamais.

Alors ils voulaient me tuer ? Un léger pincement de panique me fit tourner la tête vers l'homme. Mais une question me turlupinait. Pourquoi m'avoir capturée pour ensuite me tuer ? Cela cachait quelque chose. Quelque chose qui pourrait jouer en ma faveur.

Une fois que j'eus jugé que l'homme avec le tissu était assez près, je lui pris le plus d'élan possible, m'appuyant sur celui qui me portait et envoyais mes deux pieds où vous savez. Il laissa échapper un râle en mettant ses mains où je l'avait frappé.

Bon, Vespertilios, ça marche. Humains, ça marche. Daemons, ça marche. Eux dont j'ignore le Clan, ça marche.

Je ne perdis pas de temps et tentais un autre coup que j'avais déjà vu dans les films. Rejetant ma tête en arrière, je percutais violemment le visage de celui qui me tenait. Un craquement sonore retentit en même temps quand cri de douleur m'échappait. Il me lâcha, mais je sentais l'arrière de mon crâne qui me lançait affreusement. Je m'écrasais au sol et me jetais sur mon arme de fortune tombée un peu plus tôt. Je l'attrapais en m'étalant sur le ventre. Je me retournais au moment où un homme se dirigeait vers moi.

Mon cœur partit en cavalcade et je sentit que mes mains commençaient à trembler. Paniquée, je tentais de me remettre debout. Et encore une fois, la chance fut de mon côté. Alors que je tendais les jambes pour me relever, l'homme se prit dans mes pieds et tomba sur moi. Ou plutôt droit sur mon pic.

Ok, je venais de tuer une troisième personne. Mais étrangement les cendres de l'homme restèrent suspendu en l'air.

Sans me laisser le temps de plus m'appesantir sur cela, l'autre homme arriva, une main sur son nez en sang. Alors c'était ça le craquement... Au moins on était quitte car j'avais encore mal.

L'homme s'approcha et je me mis sur les coudes pour reculer précipitamment, secouée par des spasmes de peur. Mais mon dos heurta quelque chose, comme des...jambes. Tout mon corps se stoppa, incapable de faire le moindre mouvement. Ma respiration était hachée et mes mains moites. Je me décidais à levais la tête, lentement, très lentement, un mélange de stupeur et d'effroi certainement figé sur mon visage. Je vit un homme en contre-plongé, qui pour l'instant regardait en face de lui.

S'en est finit de moi. C'était du moins ce que je pensais avant qu'il ne baisse la tête pour me regarder. Son masque de froideur se transforma en une expression d'incrédulité et de surprise. La même chose devait se lire sur mon visage.

- Lily ?demanda-t-il. Ne me dis pas que tu es... « cette » Lily.

- Jake, mais qu'est-ce que tu fais là ?

Il semblait vraiment mal à l'aise. Il soupira et me tendit la main comme hier au parc. Je me relevais et aperçus les regards choqués, voir outrés des trois personnes derrière Jake.

- Que s'est-il passé ?questionna Jake.

- Pardonnez-nous, monsieur. Elle est parvenue à se libérer. Elle a tué Milia et Carter.

- Et t'as cassé le nez, ajouta mon « ami » avec un sourire amusé.

- Jake ?chuchotais-je en me sentant soudainement toute petite.

- Tu es Lily Warren ?reprit Jake avec un sérieux à faire peur.

- Oui.

Il m'observa, et finit par me prendre par la taille. Je poussais un cri lorsqu'il me jeta sur son épaule avant de retourner dans la pièce dont j'étais sortie.

- Mais lâches-moi !

- C'est mauvais, déclara-t-il après avoir fermée la porte mais pas m'avoir reposer.

- De quoi ? Ma position ? Je te le concèdes ! Donc maintenant lâches-moi !m'énervais-je maintenant que nous étions seul à seul.

Jake me reposa et me regarda frotter ma taille endolorie. C'est qu'il avait plus de force qu'il en avait l'air !

- Maintenant tu peux me dire pourquoi je suis ici. Enfin, non, ne me dis rien. Vous voulez me tuer ?

Il garda un silence très explicite.

- T'inquiète spas !lançais-je avec un ton sarcastique hérité de Tara. Tu n'es pas le premier à essayer alors ne prend pas un air coupable. Aussi bizarre que ça puisse paraître, je commence à m'habituer à l'idée que tout le monde veux ma peau ou m'enlever, je demandais après un instant d'hésitation. Vous appartenez à quel clan ?

Jake cessa enfin de me regarder et il jura à voix haute.

- Alors tu sais pour les Clans ?

- Oui. Je sais aussi que je ne devrais pas savoir. Alors, lequel ?

- Phoenix.

Je le détaillais de la tête aux pieds.

- Alors tu en fais parti, du Clan des Phoenix...

- Oui, répondit-il avec honnêteté, je dirige l'équipe qui t'a enlevée. Je suis censé te ramener au chef du Clan des Phoenix pour y être tuée.

- « Censé » ?relevais-je sans comprendre.

Jake laissa un silence se prolonger avant de fermer les yeux et déclarer :

- Je ne le ferais pas. Nous devions te tuer car tu es un danger pour notre Clan et tous les autres...

- Je ne suis un danger pour personne.

- Mais ce genre de méthode ne nous ressemble pas, continua-t-il comme si je n'avais rien dis. Je n'étais d'accord que parce qu'il s'agissait de protéger les Phoenix.

Il reposa à nouveau ses yeux sur ma poitrine. Je me rappelais qu'il avait fait la même chose lors de notre rencontre et demandais donc avec impatience :

- Je peux savoir ce que tu regardes ?

- L'un des pouvoirs des Phoenix est de lire la pureté des cœurs. Le tien est l'un des plus blancs que j'ai vu. Je ne veux pas tué une innocente, encore moins une jeune humaine innocente.

- Pourtant j'ai déjà tué trois personnes, murmurais-je d'une voix sombre.

- Tu parles de Milia et Carter ?il éclata de rire à ma grande surprise. Ne t'inquiètes pas pour eux. Dans une demie-heure ils seront de retour. Les Phoenix sont les descendant du Phénix et ont hérité de sa capacité à renaître de ses cendre. Tu ne nous tueras pas, seul la vieillesse ou le pouvoir d'un Daemon peut venir à bout de nous.

- Le pouvoir d'un Daemon ?

- Oui, ils peuvent prendre l'énergie vitale. Sans énergie vitale, tu deviens un vieux décrépis puis de la poussière d'os en peu de temps. Il nous est alors impossible de ressusciter.

- Que comptes-tu faire avec moi ?repris-je méfiante.

- Je connais bien le chef des Phoenix. Si je lui parle, je devrais pouvoir le convaincre de te protéger plutôt que te tuer.

- Quel genre de relation entretenez vous pour avoir une telle ascendance sur lui ?

Jake esquissa un sourire malicieux.

- Nous sommes amis depuis très longtemps. Meilleurs amis, en fait.

- Tu es son ami, répétais-je. Et bras droit, non ? Le gars dehors t'as appelé« Monsieur ».

- Peut être, son sourire s'élargit. Quoi qu'il en soit, je vais faire mon possible. Viens, je vais te faire attendre dans un endroit plus agréable.

- Je veux déjà savoir pourquoi je suis un danger.

- Plus tard, décréta-t-il sans me regarder.

Jake me conduisit dans une salle de télévision dont les quatre sièges étaient déjà occupés. Il dit à la dizaine de personnes présentes dont celui que j'avais frappé au nez :

- Laissez lui une place.

- Pourquoi elle est là elle ?grogna une femme.

- Nous devons reconsidérer sa mise à mort. Je dois appeler le chef pour ça. Donc faîtes lui une place.

Le ton de mon ami ne souffrait d'aucune réplique. Je me plaçais donc sur un bout de canapé libéré pour moi comme s'il s'agissait d'une bombe qui allait exploser si je ne faisais pas preuve de délicatesse. Oui, je m'étais habitué à Tara et Rice. Mais j'étais tout de même horriblement mal à l'aise dans cette place exiguë avec une dizaine de pairs d'yeux hostiles posés sur moi.



Finalement j'ai un peu raccourci le chapitre et on apprendra (presque) tout sur Lily au prochain Chapitre ; )

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top