8.
J'arrivais devant ma maison avec appréhension. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir leur dire ? Cela faisait plus d'une semaine que j'avais disparu sans prévenir personne.
Évidement, dire la vérité n'était pas envisageable. Je pris mon courage à deux mains et entrai.
L'odeur familière de ma maison m'assaillit, un mélange de sapin, de vanille et du parfum au jasmin de ma mère. Je restai alors là, les yeux fermés à respirer, laissant un sentiment de quiétude m'envelopper.
- Lily ?demanda ma mère en apparaissant. Mais que fais-tu là ?
Je m'apprêtais à sortir une excuse lorsqu'elle finit sa phrase :
- Je pensais que tu étais partie pour un mois en voyage scolaire ?
Quoi ? Mais c'était quoi cette histoire ?
- Qui t'as raconté ça ?
- Eh bien... Toi, je crois, hésita-t-elle.
- Et les filles, où sont-elles ?
- En cours évidement !elle me gratifia d'un sourire tendu.
- Tu ne t'es pas demandé pourquoi je suis partie et pas elle ?
- Elles n'ont pas à faire voyage scolaire. Tu es la seule à qui on l'ai proposée, c'est parce que tu es la meilleure en français qu'ils ont décidé de t'y envoyer.
Alors, je compris. On lui avait modifié la mémoire. Ce genre de chose était signé Alix.
Je pris donc mon plus beau sourire pour la rassurer :
- Excuse moi, le chemin du retour a été long. Je suis juste un peu fatiguée.
- C'est certainement ça. Mais pourquoi es-tu rentré aussi tôt ?
- Tu as dû mal entendre, je ne devais partir qu'une semaine, pas un mois !
- C'est certainement ça, répéta-t-elle. Vas un peu te reposer.
Alix semblait en avoir fait un vrai automate à gober n'importe quelle histoire. J'espère qu'il pourra arranger ça.
Non !me sermonnais-je. Je ne dois plus penser à Alix.
Je rattrapai ma mère et l'enlaçai.
- Lily ?s'étonna-t-elle. Il y a un problème ?
- Non, c'est seulement que tu m'as manquée.
- A moi aussi.
- Où est papa ?
- Nous sommes mercredi, il est au travail.
- C'est vrai, désolé avec tout ça je suis un peu perdue dans les jours.
- Vas dormir un peu, ma chérie. Je t'appelle pour manger.
Je montais donc dans ma chambre et soufflais enfin. J'étais soulagée de ne pas avoir à (trop) mentir sur mon soudain retour après une semaine d'absence. Mais je ne voyais cependant pas à quel moment Alix était venu trouver ma famille...
Une fois seule dans ma chambre, je décidais d'envoyer un message aux filles pour les prévenir de mon retour.
Elles arrivèrent deux heures plus tard. Elles ne furent pas vraiment discrète. Mes deux amies claquèrent ma porte avant de sauter de toute leur force sur mon lit. Ce qui faillit me faire tomber de ce dernier tant j'étais ballottée.
- Tu nous as manqué, ma belle !s'exclama Kelley en m'emprisonnant dans ses bras.
Je dus retenir mes larmes en me rappelant dans quel état d'esprit nous nous étions quittées.
Il fut par la suite décidé qu'elles dormiraient chez moi. Ainsi, nous avions passé une presque nuit blanche.
Kelley me raconta les méchantes rumeurs que Derek avait lancé sur moi. « Apparemment», j'avais essayé de l'embrasser mais il m'avait repoussé. Depuis, il « semblerait » que je le harcèle pour qu'il sorte avec moi.
Je leur racontais donc ce qu'il s'était réellement passé. Elles étaient toutes les deux hilares et ne parvenaient pas à reprendre leur souffle. J'avoue qu'avec le recul, je ne pus me retenir de rire avec elles.
Heureusement, Faith m'avoua que personne n'avait cru Derek à part les filles jalouses et prêtes à tout pour l'avoir.
- Pourquoi personne ne l'a cru ?demandais-je, curieuse.
- Parce qu'il est de notoriété publique que Lily Warren avec qui tous les garçons rêvent de sortir est une sainte nitouche.
- Kelley !s'indigna Faith.
- Quoi ?se défendit-elle. Si personne ne le dit de cette façon, c'est un peu près ça qu'ils pensent.
J'éclatais de rire, vraiment, elles m'avaient manqué !
Nous nous sommes donc couchées pour être réveillées une heure plus tard par nos réveil. Car nous avions cours malheureusement.
***
Alix n'en revenait pas, et eux qui pensaient que Lily allait mal ! Vu la façon dont elle a berné Oscar, elle était loin d'être abattue au point d'en devenir mauvaise menteuse. Le pauvre avait dû attendre quatre heures avant qu'ils ne reviennent.
Ils étaient immédiatement partis pour Philadelphie malgré les protestations de (comme toujours) Rice et Tara. Malheureusement, plusieurs accidents étaient arrivés suivis par une explosion ce qui retarda grandement les Nephilims.
Mais vraiment, à quoi pensait-elle ? Avait-elle seulement pensé aux risques qu'elle encourait ? Et si les Vespertilios l'attaquaient ? Ou les Daemons ? Ou qui sait, peut être même un autre Clan ? Les humains étaient si naïfs et idiots !
Seraient-ils capables d'arriver à temps ?
Alix se mit alors à regretter de ne pas pouvoir prédire autant qu'il le voulait le futur lointain. Car les Nephilims ne contrôlaient leur don de voyance que s'ils ne voyaient pas au delà de dix minutes.
Que pouvait bien faire Lily en ce moment ? Était-il déjà trop tard pour elle ? Mais bon sang, quelle idée de partir en pleine ville là où n'importe qui pouvait la retrouver et la tuer ? Quelle imbécile !
***
J'étais arrivée en cours avec les filles le plus simplement et discrètement du monde. Personne ne semblait s'être aperçu de mon retour jusqu'à ce que notre professeur fasse l'appel.
Durant le cours, j'avais entendu de nombreux chuchotements à mon sujet. Il y avait par exemple : « Tu crois que les rumeurs sont vraies ? » ou « Derek n'est qu'un prétentieux. Je suis certain qu'il a lancé ces rumeurs parce qu'elle l'a rembarré. ». Il y avait également ceux qui croyait Derek : « Mais qu'elle p****cette fille ! » ou « Ça me dégoûte de la voir jouer au petit ange innocent et embobiner tous les gars ! ».
Je m'aperçus à ce moment là que toutes ces réflexions qui auraient pu me blesser autrefois m'étais complètement égales à présent. Il semblerait que les critiques constantes de Rice et Tara m'avais aidé dans un sens. Ou alors c'était parce que j'avais vu une bonne vingtaine de personne se faire tuer et que j'avais moi même tué quelqu'un... Ou les deux.
Je soupirais bruyamment puis portais mon stylo à mes lèvres.
La fin du cours sonna et trois autres heures rythmés par les mêmes commentaires s'écoulèrent.
A la pause de midi, ce qui devait arriver, arriva. Derek débarqua devant moi aux côtés d'une blonde à la poitrine fort plus généreuse que la mienne. Apparemment, il avait vite trouvé une fille assez cruche pour sortir avec lui. Tant mieux, au moins il me ficherait la paix.
Je me rendis alors compte d'une chose. Auparavant je devais me concentrer pour avoir l'air naturel et ne pas trembler devant lui. Mais là, je n'avais qu'une envie : lui remettre un bon coup de pied. Comme obsession on a vu mieux... et pire.
Bref, revenons en à Derek en face de moi, les muscles gonflés avec orgueil comme la queue d'un paon.
- Tiens voilà la harceleuse, ricana-t-il.
- Tiens voilà le salop qui a essayé de m'embrasser.
Alors, je levais mon pied qui atterrit pile là où je le souhaitais. Vous aurez deviné, sa réaction ne se fit pas attendre et il se plia en deux. Des rires convulsifs me parvinrent de Kelley et de beaucoup d'autres personnes de la cafétéria.
Sans plus prêter attention au corps de Derek se roulant par terre, je partis, un sourire triomphant aux lèvres. Vous me direz que c'était stupide que ça animerait encore plus de rumeurs, mais c'était si satisfaisant !
Peut être aurais-je dû faire ça avec Oscar ? Non, il se serait certainement relevé assez vite. Mais j'allais devoir tester pour en être certaine. Je me demandais alors pourquoi il n'y avait eu aucune femme lors de l'attaque des Daemons. Peut être étaient-ils sexistes ?
Le reste de la journée se déroula à merveille sans que Derek ne revienne m'embêter. Aucune de ses greluches n'étaient venues non plus. A croire que j'étais chanceuse ! Comme pour le Daemon.
Mince, chose à ne pas se remémorer. Je sentis la culpabilité pointer le bout de son nez. Je prévenez les filles que je rentrais, nous nous étions arrêté au starbuck devenu leur quartier général durant mon absence.
Je marchais, préférant être seule pour ressasser ces événements cauchemardesques. Alors, j'aperçus le parc. Je sentis mes jambes trembler, un frisson me parcourir.
Non, je devais oublier cette peur. C'est pourquoi je traversais la route avec détermination et avançais dans le parc. Il n'y avait personne mais il faisait encore jour. Je tentais de regarder en face de moi.
Un instinct me poussa à tourner la tête. Là, sur le côté du chemin du parc, il manquait une pierre. Je m'en approchais presque inconsciemment et m'accroupis devant la marque laissée par le bloc.
On en voyait encore parfaitement les contours dans le sable. J'effleurais la trace. C'était là que je mettais cognée. C'était là que le Vespertilio avait été à deux doigts de me tuer. C'était là que j'avais entendu pour la première fois la voix d'Alix. C'était là que tout avait commencé.
- Vous avez un problème ?
J'eus si peur que je sursautais violemment, me retrouvant les fesses dans le sable. Le tout avec un cri de frayeur suraigu. Je scrutait le visage surpris de l'homme penché sur moi.
Beau, blond foncé, un peu moins de la trentaine et les yeux verts clairs. Il était d'une taille moyenne avec un visage qui inspirait la confiance.
- J-je suis désolé. J'ai tendance à réagir excessivement ces derniers temps, dis-je avec un brin de méfiance.
Il semblait inoffensif, mais on ne savait jamais sur qui on pouvait tomber en pleine rue. J'étais bien placée pour le savoir.
- C'est à moi de m'excuser, je ne pensais pas vous faire peur. Laissez moi vous aider à vous relever.
Il me tendit sa main que j'acceptais.
- Merci.
Une fois debout, je m'époussetais le plus possible. Si je revenais avec un jean sale après un jour ma mère allait me tuer.
- Vous ne vous êtes pas fait mal ?reprit l'homme.
- Non, encore merci, Monsieur.
- Monsieur c'est pour mon père ! Je suis Jake Holmes. Jake suffira, et tutoies moi.
Je fus un instant déconcertée par sa rapidité à passé du « vous » au « tu » et à donner son nom aussi facilement. Enfin, c'était peut être simplement moi qui devenait parano !
- Lily, me présentais-je en omettant mon nom.
- Enchanté Lily. Tu es sûre que ça iras ? Tu semblais réellement effrayé lorsque je suis arrivé. Et tu regardais...
Son regard coula sur la trace dans le sable. Il écarquilla ses yeux d'étonnement. Oui, bon,c'est vrai que s'accroupir pour regarder une empreinte laissée par une pierre ne fais pas très malin. Je tentais donc d'inventer quelque chose :
- Heu... C'est parce que...
Je vis alors une colonie de fourmis passer un peu plus loin. Non, je n'allais tout de même pas dire ça ? Et pourtant, c'était ma seule option. C'était toujours mieux que la vérité.
- Je regardais les fourmis ! On nous a demandé de faire un exposé sur leur fonctionnement. En les voyant passer je me suis demandé comment de si petits insectes pouvaient porter des choses aussi lourdes.
Jake me regarda un instant. Je crus qu'il allait éclater de rire mais ses yeux s'illuminèrent de joie. Il me demanda avec enthousiasme :
- Oui, pas vrai ?C'est réellement impressionnant ce que ces minuscules bêtes parviennent à faire ! Elles m'ont toujours fasciné et ce depuis que je suis tout petit !
Ce fut à mon tour de le dévisager en silence avant d'éclater de rire.
- J'ai crus que vous alliez vous moquer de moi. Je vois que je me trompai !
- Quand on ne connaît pas quelqu'un, il ne faut pas croire que tu sais déjà tout de lui.
Son ton n'était en aucun cas réprobateur. Au contraire, il avait air très docte qui ne faisait qu'accentuer le sentiment de bienveillance qui émanait de lui.
- Oui, concédais-je. La connaissance s'acquiert avec le temps et pas un coup d'œil.
- Voilà une réflexion bien sage pour une jeune fille.
- C'est parce que j'ai appris à ne pas sous estimer le prix à payer pour la connaissance, déclarais-je avec une pointe tristesse, les yeux tournés vers le ciel. Et ce prix est bien souvent élever. Trop élevé pour les pauvres humains que nous sommes. Trop élevé pour que nous puissions imaginé un millième de la vérité cachée juste sous nos yeux.
Je ne quittais plus la ligne d'horizon du regard, mais je sentais que Jake me regardait.Lorsque je reportais mon attention sur lui, il affichait une expression indéchiffrable.
- Tu as parfaitement raison. Bon, son sourire réapparut, le soleil se couche. Si tu veux je peux te raccompagner.
- Et pourquoi ferais-tu ça ?demandais-je avec malice pour dissimuler ma suspicion.
- Parce que je t'aime bien. Et je vois, il braqua son regard sur ma poitrine ce qui me glaça le sang, que tu es une bonne personne.
- Merci. Mais ça ira, murmurais-je.
- Très bien. Alors au revoir, Lily. J'espère te revoir.
Jake m'adressa un sourire ravissant.
- Au revoir, répondis-je.
Je lui rendis son sourire et rentrai chez moi sans que rien n'arrive. Mais j'avais comme un pressentiment, un intime conviction que ce moment de calme allait se briser. Je devenais réellement paranoïaque, pas vrai ?
Bonne vacance pour tous ceux qui en profite ! ^o^ J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira !
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