13.
Je me réveillais doucement, cettesituation m'étais définitivement trop récurrente ces derniersjours. Je n'avais plus mal, quelqu'un m'avait certainement soignée.Évidement ce n'était pas mon lit, je revis l'incendie ravager machambre.
Alix ouvrit la porte etpassa sa tête dans l'embrasure pour me demander :
- Tu veux manger quelquechose ?
Je ne répondis pas, mecontentant de le fixer. Je ne comprenais plus. Il semblait à deuxdoigts de me tuer la dernière fois que je l'avais vu...
- Pourquoi ? Pourquoitu m'as sauvé ?murmurais-je d'une voix rauque. Tu aurais pu melaisser mourir, être enfin débarrassé de moi.
Alix m'observa longuement,sans laisser paraître la moindre émotion comme à son habitude. Ilouvrit la bouche, puis la referma. Il détourna les yeux et enfindéclara :
- Si tu veux manger c'estmaintenant. Nous devons partir dans une heure si nous voulonsatteindre le territoire des Lycanthropes avant la pleine lune.
- LesLycan...commençais-je.
- Alors ? Tu veuxmanger, oui ou non ?
Je restai sans voix, maisfinis par hocher la tête. Cela faisait déjà dix bonnes minutesqu'il était parti mais je fixai toujours la porte. Nous allons chezles Lycanthropes. Il allait donc me laisser en vie et m'accompagner.C'était... Les larmes se mirent à brouiller mon regard mais je lesrejetais immédiatement. Si je voulais rester en vie, la premièrechose à faire était de cesser de pleurnicher pour n'importe quoi.
Ce fut sans aucun doute lameilleure décision que j'ai pu prendre à l'époque, et la seule queje suis parvenue à tenir également... En y repensant, c'est assezamusant le nombre de fois où je me suis jurée de ne pas... Enfin,vous le saurez bien assez tôt, il est inutile que je saute lesétapes en vous racontant tout dès maintenant. Car nous ne sommesqu'au début de toute cette histoire. L'aventure venait tout juste decommencer. Pour le meilleur comme pour le pis.
Après avoir mangé, jetentais de me lever mais mes jambes ne parvinrent pas à me soutenir.Alix me rattrapa de justesse et me déposa sur le lit avec un longsoupir.
- Je peux savoir ce que tuessaies de faire ? demanda-t-il visiblement irrité de devoirs'occuper de moi.
- M'habiller. Alorslaisse-moi, s'il te plaît.
- Tu n'y arriveras pastoute seule.
Mon sang ne fit qu'untour :
- Parce que tu comptem'aider peut-être ?
Un sourire malicieux étirases lèvres alors qu'il chuchotait :
- Je préfère appelerCarie.
Il repartit, me laissant ànouveau pantoise devant la porte close. Qu'est-ce que c'était queça ? Ce sourire ? Je n'en avait encore jamais vu de telchez lui... Mon Dieu !
- Lily ? Je peuxentrer ?
Entendre la voix calme deCarie me rassura. Elle entra doucement et je fus immédiatementfrappée par les cernes qui cerclaient ses yeux rougis. Ilsressortaient d'autant plus que sa peau était d'une blancheurinquiétante.
- Carie ? Tu vasbien ?m'enquis-je tout de suite en me redressant dans le lit.
- Ne t'en fais pas.
- Mais... tu es sûre quetu n'as rien ? Tu as vraiment...
- Une tête à faire peur ?Je le sais déjà.
Carie vint s'asseoir à mescôtés, et après un long moment, je me décidais à lui demander :
- Vraiment, Carie,qu'est-ce qui ne vas pas ?
- C'est juste que...
Ses yeux se perdirent dansle vide avant qu'elle ne reprenne :
- J'ai du mal avec le feu.J'en ai un mauvais souvenir...
Je compris à sonexpression froide qu'elle ne souhaitait pas en parler. Je n'insistaisdonc pas mais glissai délicatement ma main dans la sienne. Je lasentis me rendre mon étreinte après un instant d'hésitation.
- Et... ma maison. Ellea... ?
- Complètement brûlée.Désolé.
- Ce n'est pas de ta faute.
- Non, c'est celle de Rice.
- Rice ?j'écarquillaisles yeux avec stupeur. Tu veux dire qu'il a provoqué cet incendie ?
- Oui, murmura-t-elle.Désolé, Lily.
Un long silence s'ensuivit. Il avait osé, la rage monta en moi, je serrais les poingspour tenter de la contenir. Ce fut avec un calme que je ne meconnaissais pas que je demandais à Carie :
- Ta proposition tienttoujours ?
- Celle de t'apprendre àte battre ?une lueur conspiratrice illumina son regard. Biensûr.
***
Nous partîmes l'heuresuivante pour l'État de Virginie, plus précisément dans uneforêt au nord de Roanoke. Et le chemin se fit encore une fois àpied par les forêts. Souci de discrétion d'après Alix. Mais vu quela dernière fois ça ne nous avez pas réellement aidé...
Le premier soir, alors queles autres étaient autour du feu et que Carie m'entraînait aulancer de dague, Rice décida d'y mettre son grain de sel.
- Pourquoi on n'utilisetout simplement pas l'humaine ? Je suis sûr qu'on peut trouvercet autel de la Sainte. On l'égorge et on survit. Il ne reste quecinq Nephilims. Si nous disparaissons, s'en est finis de notre race.
- Tu veux la tuer pournotre survie ?demanda Alix avec une voix basse et inquiétante.Tu es une honte pour les Nephilims, Rice ! Nous devons protégerles humains, non pas les utiliser comme des pions.
- Réfléchis un peu !serévolta Rice. S'il ne reste plus que nous, les humains seront àl'abri des Vespertilios et Daemons.
- Et pour ça tu es prêt àsacrifier les autres Clans qui n'ont rien fait ?m'indignais-je.
- Toi l'humaine ne laramène pas ! Tout ce que tu veux c'est sauver ta peau. Unehumaine n'a rien à faire parmi nous ! Tu seras bien mieux unefois égorgée sur l'autel !
- Tu te rend compte que tute contredis ?continuais-je avec force. Tu prêtant vouloirprotéger les humains, sauf que tu utilise ce nom comme une insulte.Pour toi tout ce qui importe c'est ta propre survie.
- L'humaine tu vas te taireou...
- Ou quoi ?l'interrompitCarie qui était venu se placer devant Rice alors que celui-cis'avançait dangereusement vers moi. Et je te ferais dire que« l'humaine » a un nom.
- Alors maintenant tu es deson côté. A cette pathétique humaine ?
J'en avais assez, sansréfléchir, je pris le couteau avec lequel je m'entraînais et lelançais. Un silence de mort suivit le bruit du métal planté dansl'écorce d'un tronc.
Je vis les yeux de rat deRice se tourner petit à petit vers moi. Un filet de sang coulait desa joue à son menton, gouttant au sol. J'affichais un souriresatisfait et déclarais avec arrogance :
- Oups, excuses-moi.L'humaine maîtrise mal ses mouvements. La dague est partie touteseule !
S'il avait put m'étripervivante, il n'en serait pas pleinement rassasié au vu du regard depure haine qu'il darda sur moi. Je me retins de détourner les yeuxet l'affrontait sans faiblir.
- Tu me le paieras,cracha-t-il finalement avant de partir je ne sais où.
- Bon !s'exclama Carieavec un grand sourire. Tu sembles avoir compris comment lancer lesdagues. Je te montrerais comment te battre avec une fois quand tu tedébrouilleras mieux au corps à corps. Voyons voir, elle parutréfléchir, je peux t'apprendre à utiliser une autre arme.
- Je sais !intervintalors Oscar.
Il vint vers nous avec enmain un cylindre doré. Il me le tendit, visiblement fier de lui.J'observais l'objet, les deux extrémités étaient polygonales. Surle métal qui ressemblait à de l'or un peu vieux, des symbolescompliqués étaient gravés avec délicatesse. Le milieu du cylindreétaient fait de légers renfoncements qui permettaient de le prendreparfaitement en main. C'était un objet magnifique et je le pris doncsans grande méfiance.
Mais alors que j'ancrais mamain sur le l'objet, les extrémités s'ouvrirent. Il s'agrandit pourdevenir une barre de métal dorée avec les mêmes gravures que surle cylindre. Elle devait mesuré un mètre et demie et semblaitredoutable.
- Faîtes avec un alliaged'or et de fer, l'équilibre entre les deux est parfait, rendant letout très léger, commença Oscar. Mais il ne faut pas se fier aupoids car crois moi, tu te prend ça dans le nez, ça fait mal.Impossible à briser, tu peux essayer avec tout ce que tu veux, çane marchera pas. La prise en main est parfaite grâce à l'empreinte.Je trouves juste que les gravures font trop décoratif,commenta-t-il en penchant la tête l'air concentré. Le mieux reste àvenir. Tu sens une sorte de bouton sous ton index ?
Je hochais la tête etappuyais dessus avant qu'il ne me le dise. Aussitôt, deux lamesblanches sortirent des deux bouts de l'arme. Je sentis un sourires'épanouir sur mon visage.
- J'ai trouvé cette petitemerveille sur un marché d'armes. Malheureusement, elle est un peutrop légère pour moi. Pareil pour Alix et Rice. Carie ne se batqu'avec des pistolets et ce n'est pas le genre d'arme qu'affectionneTara. Elle est donc toujours resté au fond de mon sac. Maismaintenant je pense qu'elle a trouvé son propriétaire.
- Il faudrait déjà que jesache m'en servir, fis-je remarquer.
- Pas de problème,laisses-moi jusqu'à demain, décida Oscar avec un grand sourire.C'est moi qui t'entraînerais.
***
Le lendemain, Oscar m'avaitdonné un bâton de bois solide, parfaite réplique du sien. Cariem'avait déjà appris à bien tomber. Le Nephilim lui, m'apprit àgarder mon équilibre et à parer les coups.
Le soir, ce fut au tourd'Alix de s'occuper de moi pour le corps à corps. Même si j'avaisvivement protesté. Je finis par céder et le regrettait amèrementparce que lorsqu'on parlait entraînement au combat, Alix étaitencore moins tendre qu'à son habitude. Il était intransigeant etinfatigable.
Je tombais un nombreincalculable de fois. Je sentais la douleur dans chacun de mesmuscles. J'étais épuisée. Je ne parvenais plus à me relever.
Mais à chaque fois, Alixétait là pour prolonger la torture.
- Aller ! Debout !
Il me prit sous les bras etme remis sur mes pieds sans ménagement.
- On recommence.
Alix m'attaqua d'un coup depoing faible que j'évitais. Je tentais de lui donner un coup de piedmais il l'attrapa et le leva, me faisant tomber.
- Prévisible !assena-t-il.
- Alix, laisse-la un peu.Elle en a assez fait, intervint Oscar. Il y a une rivière plus loin,vas-y, me dit-il.
En partant j'entendis Alixdire :
- Ce n'est pas en étanttendre qu'elle progressera. Si on veut arrêter de toujours lasurveiller quand on combat, elle doit savoir se battre. Elle est unpoids et nous fait prendre des risques inutiles.
- C'est toi qui l'a laisséen vie, alors prend tes responsabilités, fit remarquer Carie.
Je n'entendis pas la fin deleur conversation, mais lorsque je revint, Alix ne m'adressa pas unregard.
***
Les quatre autres jourssuivants furent plus calme. Oscar, Carie et Alix ont continué dem'entraîner. Mais heureusement, ce dernier semblait avoir décidéd'être moins dur bien qu'il restait un vrai démon.
Bref, après cinq jours demarche, nous étions enfin arrivés à la forêt où étaientdissimulés la plus grande meute du Clan des Lycanthropes. Enfin, pastout à fait, il ne nous restait plus qu'une heure.
Nous marchionssilencieusement lorsque, comme lors de l'attaque de Daemons, Oscar,Tara et Alix s'arrêtèrent et déclarèrent :
- Des Vespertilios.
- Une vingtaine, achevaTara.
- Comment on fait ?s'enquitOscar.
- Lily, viens ici, ditAlix.
Je m'approchais de lui etsans que je m'y attende, il me prit par la taille.
- Caches-toi dans l'arbre,tu n'es pas encore capable de te défendre.
Il me souleva sans aucunedifficulté. Je me hissais, quant à moi, avec beaucoup moins defacilité dans l'arbre. Une fois sur mon perchoir, je pris en main madague mais gardais mon bâton de combat sous sa forme rétractéedans ma ceinture.
- Bien, continua Alix.Carie et Oscar vous restez pas trop loin pour protéger Lily. Mais nevous mettez pas en dessous de l'arbre pour éviter qu'ils ne latrouvent.
- Ils ne sont que vingt,nous pouvons utiliser nos pouvoirs ?demanda Oscar.
- Non, contra leur chef.Nous ne sommes pas encore arrivés au Clan des Lycanthropes. Nous nesavons pas ce qui peut encore nous tomber dessus, ni l'accueil quel'on nous réservera une fois arrivés. Il faut garder nos forces.Carie, commence à en abattre un max quand ils arriveront.
Sur ces mots, ils separèrent de leurs armes et se mirent en position de combat. Cariecommença à tirer et je ne compris d'abord pas pourquoi jusqu'à cede la poussière tombe sur le sol, reste des Vespertilios.
Dès lors, ce fut le combatgénéral. Il m'était presque impossible de suivre les mouvementsdes Vespertilios.
Alors que je baladais mesyeux sur les alentours, je vis Tara, à genoux, une Vespertilio dansson dos qui lui tordait le bras dans un angle douloureux. J'armaisaussitôt mon bras et priais pour attendre ma cible à cettedistance.
Je suivis le tracer parfaitde ma dague jusqu'au cœur de la Vespertilio qui mourut en regardantdans ma direction, un sourire aux lèvres. Pourquoi sourirait-ellealors qu'elle venait de se faire tuer ?
- C'est donc là que tu tecachais !
Je n'eus pas le temps deréagir que j'entendis l'arbre sur lequel j'étais assise émettre unétrange bruit. Je sentis alors que l'on me soulevait, ou plusprécisément le tronc.
Je sentis qu'on élevaitl'arbre un peu plus. J'entendis vaguement les autres m'appeler, maismon attention était focalisée sur le Vespertilio.
Il affichait un sourirecruel et il me dit :
- Fais un bon voyage.
Je n'eus pas le tempscomprendre ses mots qu'il me lança, avec l'arbre, au loin. Je tentaide minimiser les dégâts en me laissant tomber au sol le plus tôtpossible. Il s'agissait, pour une fois, d'une bonne idée car je visl'arbre partir une centaine de mètre plus loin.
Cependant, la gravité merappela bien vite que quand on tombe, on chute vers le bas. Ets'écraser au sol, ça fait mal. Très mal.
Je sentis plusieurs de mesos craquer face à cette atterrissage forcer. Tout l'air de mespoumons s'échappa alors que mon dos amortissait ma chute. Des pointsnoirs apparurent dans mon champ de vision.
Ok, j'étais mal en point.
- Pas encore morte ?demandale même Vespertilio.
Ok, là, j'étais mal enpoint et mal barrée.
Je vis une nouvelle foisson sourire carnassier. C'était une mode ou quoi chez lesVespertilio et les Daemon ? Non, parce qu'avec ce sourire j'ail'impression qu'ils ont tous la même tête. Enfin grimace plutôt.
Mais ce n'est pas le momentd'en délibérer car il se jeta sur moi avec un rugissementvictorieux. Je poussais, toute fille humaine et habituée à lanormalité que je suis, un cri strident.
Je me préparai à sentirune douleur affreuse, mais rien ne vint. J'ouvris donc petit à petitles yeux et une fine particule de poussière tomba sur moi.
Devant moi se tenait unejeune femme qui n'était ni Tara, ni Carie. Elle avait des cheveuxchâtains et des beaux yeux gris foncés rappelant le ciel orageux.Sa beauté lui donnait un air souverain que son expression sérieusene parvenait pas à chasser. Elle portait sur ses épaules ce quiressemblait à une peau de loup et se natte était retenue avec unlien cuir agrémenté d'une plume.
- Tu vas bien ?mequestionna-t-elle d'une voix aux tonalités basses.
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