Chapitre 2: Une Terre déserte

PDV : Terre Dévastée du Clan des Bois du Trottoir. 

    J'arrachai une touffe de toiles d'araignées à l'orée des bois. En constatant que j'avais arraché de l'herbe en même temps, je soupirai. Tant pis, après tout, les toiles d'araignées n'étaient pas rares. Je jetai la toile par terre et me mit à chercher d'autres remèdes. Je me rendis compte que j'étais proche de la frontière, je pouvais voir le trottoir et des monstres qui roulaient à toute vitesse non loin. J'étais bien contente de faire partie du seul Clan qui vivait dans la forêt. L'odeur des routes n'était pas très agréable. 

  Je m'abandonnai à la contemplation de l'extérieur des bois, me disant que prendre le métro ne m'aurait jamais plu et que j'avais bien fait d'être guérisseuse. Je n'étais pas spécialement attirée par les plantes, ni très sage et intelligente mais je préférais le calme aux batailles, à la chasse et aux vols. 

  Je n'avais jamais été très énergique, et puis, ma maigreur me jouait parfois des tours mais c'était routinier. Je mange une fois tous les deux jours avec ma sœur, Patte de Graine, mais je n'aime pas prendre de repas. La priorité serait de nourrir les guerriers, qui sont sûrement les félins les plus courageux de tous. 

   Soudain, un appel me sortit de mes songes. 

 « Terre Dévastée ! On a besoin de toi ! Il y a un problème ! 
 —  J'arrive ! » criai-je, me dépêchant en reconnaissant la voix de Lac Noir. 

   Lac Noir était mon ami d'enfance, et s'appelait Petit Lac à l'époque. Je l'aimais beaucoup, il était grognon mais très attentionné et prenait soin de ses amis et de ses sœurs. Mais je l'ai toujours simplement considéré comme un ami. J'assume être guérisseuse et j'adore l'être. Soigner les autres mais aussi profiter de la solitude, il n'y avait rien de plus beau que cela.

  Depuis que je suis devenue guérisseuse, moi et Lac Noir, nous nous sommes de moins en moins parlé. J'étais très heureuse d'apprendre qu'il s'était trouvé une compagne, bien que je n'appréciais pas spécialement Pierre Brisée. Mais je pense que durant le temps où l'on était à la pouponnière, il ressentait plus que de l'amitié ; il ne faisait que de me complimenter sur mon nom, Petite Terre, qui n'était pourtant pas phénoménal, sur mon physique et mes jolies joues creuses. Cela me mettait mal à l'aise, mais c'est grâce à lui que j'ai gagné confiance en moi.

  D'ailleurs, c'est lui qui a adressé une prière au Clan des Étoiles pour que je m'appelle Terre Dévastée. Je trouvais ce nom magnifique, sans vouloir me vanter. Je le remercie pour ça, dire que j'aurai pu m'appeler par un nom peu marquant et insignifiant tel que Pelage de Terre ! 

   Ce nom me correspondait beaucoup, autant par ma façon de penser que mon éternel pessimisme et mes manies maniaco-dépressives. De plus, j'étais assez misanthrope ; je n'aime pas beaucoup les autres, c'est rare que je sois amicale avec eux. Bref, assez parlé de moi. 

   Je rejoignais Lac Noir rapidement. Comme je m'y attendais, il s'inquiétait une nouvelle fois pour ses chatons, en particulier Petite Tornade. Cette dernière était une éternelle pleurnicharde et susceptible. Elle me faisait penser à ma sœur, étant plus jeune, elle était exactement comme ça. Ce caractère m'intrigue beaucoup, mais je ne suis pas au point de dire que je le critique, au contraire. Ce genre de patient était compliqué à calmer, mais j'adorais la difficulté. La facilité rendrait ma vie trop morose et ennuyeuse. Après tout, nous avons tous besoin d'adrénaline dans la vie, pas vrai ? 

  Je suivais le guerrier noir jusqu'au camp et me baissa pour entrer dans la pouponnière, où Pierre Brisée tentait d'arrêter les pleurs de sa fille. Petite Tornade sanglotait de douleur dans la fourrure du ventre de sa mère, et je repérai sans difficulté le problème. Une longue estafilade creusait le flanc de la chatonne grise. Ce n'était pas courant, chez les chatons... 

 « Qu'est ce qu'il s'est passé ? demandai-je en me tournant vers le père de ma patiente. 
 —  Je ne sais pas... Elle m'a dit que Petit Sable l'avait blessée sans faire exprès... expliqua t-il. 
 —  Impossible, ils n'ont qu'une lune, leurs griffes ne peuvent pas être aussi aiguisées... » 

   Petit Sable s'était caché derrière sa génitrice, tête basse, et Petit Rideau veillait sur sa sœur blessée. Mon sang ne fit qu'un tour. Je pensais savoir ce qu'il s'était passé. Je regardai la petite chatte en détresse, puis Pierre Brisée. 

 « Je vais prendre Petite Tornade avec moi dans ma tanière. J'ai à lui parler, et je la soignerai par la même occasion. » 

   La reine anthracite plissa les yeux, douteuse et méfiante, puis accepta d'un hochement de la tête après quelques secondes de réflexion. J'attrapai délicatement sa fille sous son regard qui semblait surveillait chacun de mes faits et gestes. Pierre Brisée était assez paranoïaque, tout de même ; je suis guérisseuse, qu'est ce qu'elle veut que je fasse à Petite Tornade ? Il y a des fois où je ne comprends pas les mères. 

   Je quittai la pouponnière en tenant la chatonne par la peau du cou, qui se débattait, criait et pleurait de douleur, attirant l'attention des autres guerriers. Impassible, je traversai le camp avec elle, et, une fois arrivée dans mon antre, je la déposai dans un nid de plumes. 

 « Maiiis qu'est ce que vous me voulez ?! geignit la jeune féline en se recroquevillant sur elle-même. Je veux ma maman ! 
 —  Petite Tornade, est-ce que... commençai-je. 
 —  Je m'en fiche ! Je veux ma maman ! Je veux ma maman ! Mamaaaaaan !!! Et mon papa !!! J'ai maaaal !!! Je veux... » 

    Je tentai de garder mon calme mais il faut savoir que ce n'est pas toujours chose facile. Ce n'était pas dans mes habitudes, mais là, il fallait qu'elle cesse de crier. 

 « Bon écoute ma petite, si tu ne veux plus avoir mal, sache que je suis la seule personne qui peut te soigner, alors si tu n'arrêtes pas d'appeler tes parents, je ne pourrais pas te soigner ! Alors tais-toi ! » hurlai-je, ce qui provoqua un silence soudain chez la minuscule boule de poils. 

   Petite Tornade couina bruyamment et retint ses larmes. Je me radoucis, et m'en voulut de lui avoir crié dessus. Je n'aimais pas ça, surtout si ça intimidait les chatons. Je pris quelques remèdes afin de la soigner, et, tout en créant le cataplasme sous ses grands yeux bleus-gris, je décidai de lui parler : 

 « Dis-moi, Petite Tornade... Est-ce vraiment Petit Sable qui t'a blessée ? 
 —  Noui, renifla t-elle, tête basse. Mais personne me croit. 
 —  Quand t'a t-elle blessée ? 
 —  C'midi, pendant le dodo... 
 —  Le dodo ? » 

   Je me figeai sur place. Pendant leur sieste ? Moi qui aurait pensé qu'elle se serait fait blessée par un guerrier de la Forêt Sombre, j'étais à côté de la plaque. Petite Tornade ne mentait pas. Dans ce cas, il faut d'urgence que je parle à Petit Sable. Si elle s'entraîne vraiment dans ce lieu, je crains le pire... 

 « Est-ce que c'était dans une forêt que tu l'a vue te blesser ? 
 —  Je sais plus... 'Y f'sait tout noir et tout... J'avais trop trop peur... expliqua t-elle. 
 —  Très bien. Je vais parler à ton frère. 
 —  D'accord... 
 —  Je vais te ramener à ta mère, » déclarai-je en finissant d'appliquer les plantes sur sa plaie. 

   Je la soulevai doucement du sol et la ramena à sa mère, comme convenu. Épuisée, Petite Tornade se blottie contre la reine et s'endormit, elle avait besoin de se remettre de ses émotions. Quand à moi, il fallait que je touche deux-trois mots à Petit Sable... Ce chaton paraissait si innocent, ses oreilles étaient basses et le brûlaient de honte... Mais ce n'était qu'une apparence. Je pivotai vers Pierre Brisée à nouveau et lui fit une nouvelle demande : 

 « Tu pourras m'amener Petit Sable cet après-midi dans ma tanière ? J'aurai besoin de m'entretenir avec lui. 
 —  ...C'est d'accord. » 

   Je la remerciai d'un signe de tête et quittai le petit gîte, perdue dans mes pensées. Pourquoi la Forêt Sombre s'intéresserait à un chaton d'une lune ?

NDA 

Avis sur Terre Dévastée ? :3 

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