Jour 9 - L'homme qui n'avait plus de visage

William avalait ses céréales en silence. Ses yeux ne quittaient pas l'effroyable apparition qui se tenait devant lui.

Ses parents étaient assis en face de lui comme tous les matins, chacun un bol de céréale plein devant les yeux. À l'exception que, ce matin-là, son père n'avait plus de visage. Plus rien. Plus d'yeux, de nez, de bouche ou d'oreilles. Seulement une peau lisse, plate... Vide.

William avait crié lorsque son père l'avait réveillé le matin dans cet état. Pourtant, lorsqu'il s'était attablé au petit-déjeuner, c'était comme si rien ne s'était passé. Sa mère lui dit qu'elle avait préparé son sac pour l'école, et de ne pas oublier de nourrir le chat avant de rentrer. Sa petite sœur gazouilla depuis la chaise haute, propulsant de la nourriture partout.

Son père resta là, immobile, le visage tourné dans sa direction.

William espéra que ce n'était qu'un cauchemar, ou qu'il était simplement mal réveillé, et partit à l'école comme chaque jour, ravi de pouvoir s'éloigner un peu du domicile familial. Quand il raconta son expérience matinale à ses copains, on se moqua de lui. Un papa sans visage, ça n'existe pas, et on lui confirma que c'était forcément un rêve.

Alors pourquoi, le soir venu, son père sans visage l'attendait dans la voiture ?

Ses copains le saluèrent sans un regard pour l'étrange face sans visage de son père, puis rentrèrent chez eux, normalement. William baissa les bras, songeant que son imagination devait vraiement être débordante, et laissa son père le reconduire à la maison, en silence. Comment pouvait-il voir où il allait ? Comment pouvait-il seulement être en vie ? Tant de questions et si peu de réponses.

À la maison, rien ne changea. Il rentra dans sa chambre faire ses devoirs, et retrouva ses parents et sa petite soeur pour le dîner; sans que personne ne remarque que Papa ne bougeait pas, le visage tourné vers lui.

Au moment d'aller se coucher, William se questionna. Devait-il alerter quelqu'un de l'étrange vision qu'il voyait ? La police, les gendarmes ? Un psychiâtre ? Ce n'était pas normal. Il craignait de perdre la tête.

Alors qu'il sombrait dans le sommeil, une voix retentit. Nulle part et partout autour de lui. William releva la tête, inquiet. Il n'y avait personne dans sa chambre. Personne... À part cette étrange lumière, sur le plafond.

— Je n'ai pas réussi à le débugger. Il n'a plus de visage. Oui, bien sûr que j'ai essayé de redémarrer le jeu ! Même le gosse commence à agir étrangement. Recréer une partie ? Ça m'embête après tant d'heures de jeu, mais s'il n'y a pas le choix... Cette partie m'ennuie de toute manière, je vais aller tous les noyer dans la piscine.

William remonta la couverture, terrifié. Quelle était cette étrange entité ?

— Bon, je redémarre le jeu et je te dis quoi. Vraiment, cette mise à jour des Sims, c'est n'importe quoi.

William resta silencieux, alors que le monde autour de lui devint soudainement noir. Il cria de peur, appela ses parents, mais personne ne lui répondit. La maison se désintégra en pixels colorés, et, enfin, lui.

— Sauvegarde effacée, dit la voix. Allez, on recommence.

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