Jour 7 - La guerre des gnomes

Il y a très longtemps, les gnomes et les nains de jardin ne formaient qu'une seule et belle grande famille. Ils regardaient les vaches du voisin brouter ensemble, ils insultaient la vieille Carole qui ne faisait jamais attention où elle mettait les pieds ensemble et ils subissaient la pluie, le vent et la neige ensemble, contraints à l'immobilité comme l'exigeait le protocole.

Tout bascula le jour où Fabrice Lapierre, un illustre personnage parmi les nains de jardin, fut retrouvé un matin en morceaux, l'oeil éteint. Plus jamais il ne regarderait les vaches du voisin brouter et plus jamais il n'insulterait la vieille Carole. Il était mort.

Horrifié, le peuple des nains de jardin décida de faire grève, quitte à briser leur règle la plus élémentaire, ne pas bouger. Ils coururent toquer à la porte de la vieille Carole pour l'accuser du froid assassinat de leur camarade, lui hurlant que tous les humains méritaient de mourir de froid sous la pluie comme eux s'ils étaient aussi barbares !

Carole, croyant halluciner la conversation, leur répondit malgré tout qu'elle n'y était pour rien. D'ailleurs, elle était sortie cette nuit pour aller voir sa copine Jeanne, qui habitait dans la maison d'en face, mais avait trop bu pour rentrer seule et avait passer la nuit dans son lit à faire des galipettes. C'était trop d'informations pour les nains de jardin qui décidèrent qu'ils en avaient trop entendu et préférèrent fuir la vieille avant que leur joli carcasse se fissure sous le choc.

Mais si ce n'était pas la vieille, qui d'autre ?

Très vite, les suspicions se tournèrent vers les gnomes de jardins, qui, offusqués par de telles accusations, arrêtèrent d'insulter la vieille pour insulter leurs complices de toujours. « Poil de fesse ! », hurla l'un. « Crottin de gourgandine ! » cria un second, et bientôt, ce fut un capharnaum d'injures que l'auteur ne put reproduire tant elles étaient violentes !

Choqués et déçus, les nains de jardin décidèrent que c'en était trop, et se jetèrent sur les pauvres gnomes, qui restèrent immobiles, eux, comme le demandait le protocole. Les gnomes se défendirent comme ils purent, à coup d'injures et de rateau en céramique qu'ils envoyèrent sans pitié dans les yeux de leur adversaire, qui éclatèrent sous l'impact.

Ils avaient cependant un net désavantage sur leurs opposants, qui est celui de la taille. Les nains de jardin étaient plus grands, plus forts et plus lourds, et une fois aveuglés, tombaient comme des baleines sur les petits gnomes, les condamnants à finir en morceaux.

La guerre tourna court. Bientôt, tous les gnomes étaient détruits et tous les nains de jardins aveugles. Ils reprirent tristement leur immobilité, sans savoir où se trouvait la vieille Karen ou les vaches, et sans amis pour les insulter. La guerre avait été gagnée, mais à quel prix ?

Dans un coin du jardin, un nain de jardin à qui il manquait les jambes et que l'on avait abandonné dans un coin, rejeté par les siens, sourit. Enfin, sa vengeance était complète. L'équiibre du jardin avait été détruit. Il ramassa une grosse pierre et, un à un, détruit les nains de jardin, qui ne virent rien venir.

Il avait réussi.

Il était l'unique nain du jardin à présent.

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