Jour 31 - On a oublié le jour d'Halloween
— Des bonbons ou un sort ! crièrent les enfants à l'unisson.
Jacqueline plissa les yeux. Qu'est-ce que c'était que cette histoire encore ? Cinq enfants se tenaient devant sa porte, arborant des déguisement tous plus bizarres les uns que les autres. Un paraissait même s'être enroulé un rouleau de PQ autour de la tête.
— C'est pour quoi ? Moi j'veux pas de démarchage chez moi !
— C'est pour Halloween, madame ! s'exprima un des enfants. Donnez-nous des bonbons ou subissez notre courroux !
— Tu me menaces en plus, petit con ? Les jeunes aujourd'hui, ils ont plus aucun respect pour les aînés. Tu va voir comment je traite les petites ordures dans ton genre !
Jacqueline lui attrapa le bout de l'oreille, mais resta bien bête quand celle-ci se décrocha et lui resta dans la main. Elle fronça les sourcils et la colla à son nez. Du plastique. Qui avait des oreilles en plastique ? C'était inadmissible ! Si on ne pouvait même plus tirer les oreilles des enfants aujourd'hui, qu'est-ce qu'il leur restait à eux, la vieille génération ?
— Sales petits... Vous croyez que j'ai que ça à faire ? De mon temps, ça se contentait d'un morceau de viande à Noël et d'un bâton. Toutes ces fêtes commerciales, c'est n'importe quoi ! Vous avez vu le temps ? C'est l'inflation dehors, il y a la guerre à tous les coins de rue ! Les gens ont plus d'argent, et surtout pas pour des bonbons ! Oust, racaille !
— Non, mais elle va pas bien la vieille bique ?! Comment tu parles à ma fille ? cria une des mères qui accompagnait le petit cortège. C'est Halloween, fais un effort ! On te demande pas une pyramide en or, seulement une sucette !
— Vous devriez avoir honte ! Ça commence par demander des sucettes, ça finit par demander le contrôle du pays et ça se transforme en fasciste ! Moi je ne compte pas encourager le fascisme ! Parents indignes !
Un oeuf s'écrasa sur le front de la vieille, qui baissa lentement les yeux vers la momie de papier toilette, qui rechargeait les munitions.
— Tu parles pas à ma maman comme ça ! cria l'enfant.
— Vous voyez ? Vous voyez votre éducation ! Votre con de fils vient de m'agresser ! Je vais appeler la police et leur expliquer qu'une bande de racailles criminelles terrorisent les personnes âgées de la ville ! On va voir qui va rire ! On va voir ! Tu veux des bonbons, tiens, prends ça !
Elle ramassa une brique branlante et la lança dans le seau de l'enfant, qui bascula en avant, surpris par son poids. C'en fut trop pour la mère qui monta les escaliers pour lui casser la gueule. Alors que les deux femmes se jetaient à la gorge l'une de l'autre, encouragés par les enfants qui lançaient des oeufs sur le mur, l'esprit d'Halloween, invisible de tous, resta la bouche grande ouverte.
S'il avait su que sa super fête se terminerait comme ça, il ne l'aurait jamais commencé en premier lieu. Dans un soupir, il décrocha sa casquette et la plaqua contre son cousin, l'esprit de Noël.
— J'ai fait mon temps, vieux. À toi. Je crois que les gens vont avoir besoin de beaucoup de magie de Noël pour survivre cette année. C'est de pire en pire. Vivement la fin du monde !
L'esprit de Noël resta bouche bée, un peu perdu. On était que le 31 octobre, c'était quand même un peu tôt pour mettre le sapin... Non ? Boarf... Comme la dame de la météo disait : il n'y a plus de saisons maintenant. Autant commencer Noël avec deux mois d'avance, c'est pas comme si TF1 n'avait pas commencé à diffuser les films de Noël.
Adieu monstres et sorcières, bonjour repas gras, sapins et patinoires !
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