Abigail avait remarqué le manège étrange de ce zombie, chaque jour à la même heure. Il se mettait au grillage de la maison d'en face et dévorait des yeux cette jeune femme, elle aussi zombifiée, qui mangeait parfois dans les poubelles de son abri. Pendant quelques heures, il refusait de bouger, peu importait les survivants juteux qui passait parfois juste sous son nez.

Abigail savait que c'était ridicule, mais elle ne pouvait cesser de se demander si ce zombie avait des sentiments pour sa partenaire aux dents pourries. Toutes les personnes de son groupe lui avait dit qu'elle était cinglée, mais elle refusait d'écouter. Elle en était certaine : elle devait les faire se rencontrer pour voir ce qui allait se passer. Ce n'était pas comme si elle avait grand chose à faire d'autre en pleine apocalypse.

Après un rapide examen de la carte de la ville, elle décida de guider monsieur et madame zombie dans la morgue du bout de la rue, afin de leur organiser un petit rendez-vous en tête à tête.

Les attirer ne fut pas très difficile. Madame zombie se jeta dans sa direction, et monsieur zombie fit le tour de la maison pour la suivre. Abigail se contenta de tirer des flèches dans les têtes des morts-vivants qui distrayaient son petit couple de zombie.

Une fois arrivé dans la morgue, elle fit passer les deux zombies puis ferma la porte. Elle escalada ensuite quelques armoires pour les observer, plus en hauteur, curieuse.

Dans un premier temps, monsieur et madame zombie s'ignorèrent copieusement. Chacun fit le tour de la morgue, se cognant dans les tables. Madame zombie renifla un cadavre aux trois quarts dévorés qui devait être là depuis le début de l'apocalypse, avant de faire la grimace et de reprendre son tour, jusqu'à ce qu'elle cogne au bout d'un moment dans monsieur zombie, qui se retourna vers elle, l'air bête.

Abigail retint son souffle. C'était l'heure de la rencontre, de la romance ! Elle se mordit la lèvre et agita les poings pour les encourager. Elle retint un cri de surprise quand monsieur zombie se pencha sur sa belle, avec visiblement l'envie de l'embrasser.

Il ne l'embrassa pas.

Il se jeta brutalement sur madame zombie, dont la transformation restait assez fraîche, et lui mordit la joue. Madame zombie poussa un cri de mécontentement et lui mordit l'épaule. Abigail resta bouche bée alors que son petit couple se roulait à terre pour s'entre-dévorer. Bientôt, il ne resta du beau visage de madame zombie qu'une touffe de cheveux défraîchis, son crâne ayant malheureusement explosé sous le poids de son « amoureux ».

La faim. Monsieur zombie n'était pas amoureux de madame zombie, il voulait simplement la becqueter. Et il avait réussi.

Dégoûtée, Abigail tira une flèche dans la tête de monsieur zombie, abrégeant sa vie de mort. Ils n'étaient peut-être pas amants, mais ils étaient morts ensemble, comme Roméo et Juliette, donc... Ça restait presque pareil ?

La jeune femme haussa les épaules, puis se décida à rentrer dans sa planque de survivants. Elle ne réalisa que madame zombie était toujours vivante que lorsque ses vieilles dents pourries se plantèrent dans sa cheville.

Uh oh.