Jour 21 - Le jour où je me suis marié avec Cthulhu

Martin n'était pas sûr de ce qu'il avait bu la veille au soir, mais ça avait dû être sacrément fort.

Il s'était réveillé à même le sol, dans une grotte bizarre et entièrement nu et trempé, une bouteille de champagne vide dans la main. Ça devait encore être une blague de Paul. À chaque fois qu'ils allaient boire des coups, c'était la même chose. Son rival utilisait sa faible résistance à l'alcool pour l'encourager à faire n'importe quoi et « décoincer son balai dans le cul » comme il disait. Mais là, il y avait peut-être été un peu fort.

Dans un grognement, il se redressa et tituba dans la caverne, l'air hagard. Comment allait-il rentrer chez lui si le moindre mouvement lui donnait l'impression que son crâne était sur le point d'exploser ?

— Paul ? T'es là ? Écoute vieux, j'ai un meeting à neuf heures, faut que je rentre vite. Fais pas l'idiot et ramène-moi maintenant !

Aucune réponse. Bizarre. Paul aimait les bonnes blagues, mais il savait en général lorsqu'il fallait s'arrêter. Ou alors il s'était barré et l'avait oublié là. Super. Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant ? Ses vêtements ne se trouvaient pas à ses côtés à son réveil. À coup sûr, il se ferait choper par les flics à la seconde où il poserait un pied hors de la grotte.

Bien embêté par la situation, Martin se décida à s'aventurer plus loin dans la grotte, à la recherche d'une sortie. Il comprit bien vite qu'il s'était trompé de chemin, mais au moment de faire demi-tour, un mouvement étrange attira son regard, dans les tréfonds.

— Paul, c'est toi ?

Martin tituba dans la direction du mouvement. Concentré sur le haut de la caverne, il ne vit pas l'espèce de racine en plein milieu du chemin et s'écrasa de tout son long sur le sol. Il grogna, avant de se retourner pour voir sur quoi i avait trébuché.

C'était un tentacule. Un gigantesque tentacule qui n'avait de toute évidence pas apprécié du tout de se faire marcher dessus. La chose s'anima, et ne tarda pas à fouetter l'air avec vigueur, à la recherche de ce qui avait bien pu le réveiller.

Martin resta tétanisé, et ne réagit pas assez vite lorsque le membre visqueux lui saisit brutalement la jambe et le tira à toute vitesse dans une petite cavité. Il hurla, terrifié, et pria pour tomber dans les pommes avant que le propriétaire de cette immondice ne le dévore tout cru.

Il se retrouva bientôt à l'envers, devant la gueule d'une gigantesque créature, mi-poulpe, mi... Il ne savait pas trop, mais c'était grand ! La bête le tenait par un des tentacules de sa barbe et l'observait avec attention, avec des yeux de la taille d'un immeuble.

— Euh... Écoutez monsieur ou madame, je ne suis pas comestible ! Si vous pouviez me relâcher pour que je puisse retourner à ma vie, je vous en serai gré.

— Mon bijou d'amour... grogna la créature d'une voix caverneuse terrifiante.

— Hein ?

— Où.... Voyage de noces ?

— Quoi ?

— Mariage... Hier... Voyage de noces... Aujourd'hui ?

Martin fronça les sourcils. Comment ça « mariage » ? Il ne s'était quand même pas marié pendant son ébriété... n'est-ce pas ?

— Écoutez, c'est un malentendu. Je ne pourrais jamais me marier avec une... monstruosité comme vous. Lâchez-moi maintenant !

— Pas... mariage ? Divorce ?

— Oui, c'est ça ! Je divorce !

— Divorce ? Di... vorce ? pleura la créature. Toi divorce ? Moi te montrer comment moi divorce !

Martin réalisa son horreur quand le monstre ouvrit la bouche et, sans autre forme de procès, l'avala comme un biscuit apéritif. La prochaine fois, enfin, dans une autre vie, il se promit de réfléchir à deux fois avant d'ouvrir la bouche.

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