Jour 18 - Même les citrouilles ont la trouille
— Moi j'ai peur des humains, dit le petit fantôme.
— Et moi je suis terrifié par les fantômes ! répondit le petit extraterreste, avant de marquer un moment de pause face au regard vide de son ami. Enfin, presque tous les fantômes.
— Et bien moi, je n'ai peur de rien, affirma la citrouille.
Deux paires d'yeux surpris se tournèrent vers la petite boule orangée à leur pied, au visage souriant taillé à même la peau. Les citrouilles étaient vraiment étranges. Elles n'existaient que lorsque les humains le décidaient, avant de disparaître dans des sacs poubelles une fois Halloween terminé.
Le petit fantôme croisa les bras.
— Tu exagères. On a tous peur de quelque chose. En quatre cents hants à hanter ce parc, je n'ai jamais croisé quelqu'un qui n'avait peur de rien.
— Eh bien, moi, je te le dis : je n'ai peur de rien, s'entêta la citrouille.
— Même pas des gargouilles ? s'inquiéta l'extraterrestre.
— Juste des cailloux !
— Ou du monstre sous le lit ?
— J'ai l'air d'avoir un lit ?
— Les crises d'asthme du vieux comte Dracula ?
— Tu rigoles ? Ça fait des millénaires que ce vieux croûton devrait être tombé en poussière !
La fantôme observa leur échange, silencieux. Il n'en démordait pas. Tout le monde avait des peurs profondes, il suffisait simplement de tirer le bon levier. Il se mit à faire les quatre cents pas, flottant quelques centimètres au-dessus du vide. De quoi les citrouilles pouvaient bien avoir peur ?
Des insecticides ? Non, ça leur permettait de grandir sainement.
De la saison des récoltes ? Non plus, c'est ce qui leur donnait leur conscience.
Des mauvais enfants qui éclatent les citrouilles sur la route pour Halloween ? Non, il faudrait qu'elle soit exposée devant une maison pour ça, pas au milieu de ce cimetière où personne n'osait jamais s'aventurer.
Le fantôme réfléchit, réfléchit, et continua de se creuser la tête jusqu'à ce qu'une idée lui vienne à l'esprit.
Alors que le petit extraterrestre continuait de chercher des failles dans l'argumentaire de la petite citrouille, le petit fantôme s'éloigna à la hâte vers le mausolée, où il récupéra la chose censée effrayer pour de bon la petite citrouille.
Lentement, le fantôme se glissa ensuite derrière la citrouille, trop occupée à se vanter auprès du petit extraterrestre. Il déplia son objet, et, sans prévenir, se jeta sur la citrouille et l'enferma dans un sac poubelle noir.
La citrouille se mit à hurler.
— Non ! Pitié ! Ne me jetez pas ! Ne me tuez pas ! Ce n'est pas encore Halloween ! Il est trop tôt pour mourir ! Maman ! À l'aide ! J'ai peur !
— Ah ! J'avais raison ! triompha le fantôme en la libérant. Tu as bien peur de quelque chose ! Même les citrouilles ont la trouille !
La citrouille garda le silence, le regard bas, honteuse. Elle hocha tristement la tête.
— Depuis toute petite, j'ai peur de l'abandon, et de me retrouver dans le noir. J'ai peur de quand il sera l'heure de quitter le cimetière, après Halloween.
— Pourquoi ne pas le dire au gardien du mausolée ? Ici, c'est toujours un peu Halloween. Peut-être qu'il te laissera rester avec nous ! l'encouragea le petit extraterrestre.
— Tu crois ?
— J'en suis sûr, affirma le petit fantôme.
Rassurée, la petite citrouille sourit de plus belles à ses deux camarades. Maintenant qu'ils savaient qu'elle avait peur de la mort, ses deux amis feraient tout pour éviter que son cauchemar ne se réalise.
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