Chapitre 6 : Le voyage
Cela faisait cinq heures que Sthölein et Grûlan marchaient dans la forêt. Mais il commençait à faire nuit. Ils décidèrent de s'arrêter sous un gros chêne dont les branches pouvaient les protéger des intempéries. Grûlan prépara le repas, tandis que Sthölein allumait un feu. Après s'être bien rempli l'estomac, ils s'endormirent.
Au milieu de la nuit, Sthölein se réveilla en sursaut : il avait cru entendre un craquement. Il tendit l'oreille... mais plus de bruit...
- Grûlan, réveille-toi ! murmura-t-il.
- Mmmh... Quoi ?
- J'ai cru entendre quelque chose. C'est peut-être un ours. Cachons dans l'arbre.
- Bon, si tu veux..., marmonna le demi-géant.
Alors, ils grimpèrent dans le gros chêne. Sthölein prit place sur une branche vers la droite, banda son arc, encocha une flèche et attendit, prêt à tirer sur un animal suspect. Grûlan dégaina son épée et s'assit à califourchon sur une branche de gauche. Finalement, après quelques minutes d'attente, ce ne fut pas un ours, qui sortit des buissons, mais une dizaine de trolls armés de massues hérissées de pics.
- Mais qu'est s'tu dis ? Y'a p'rsonne ici ! dit un troll.
- P'rtant j'tais sûr d'voir entendu q'lqun ! répondit un autre.
- L's amis ! Y'a l'reste d'un feu !
- S'en fiche ! V'trouvez pas aut'chose ?
- Si ! Y'a une corde et... D'vinez quoi ?
- D'la n'rriture ?
- Nan ! D'l'argent !
- Vite ! Prends tout s'qu'tu peux !
- D'ac ! P'ssez-moi un...
Le troll ne put continuer car une flèche venait de le transpercer.
- Désolé les gars ! L'argent, il est déjà en notre possession ! cria Sthölein, car c'était lui qui avait décoché la flèche.
- J'mais ! lui répondit un troll. Nous t'nons à...
Mais lui non plus ne put continuer car Grûlan avait sauté sur son dos et lui avait enfoncé son épée dans la nuque. Alors, commença une étrange bataille, huit contre deux, demi-géant et elfe contre trolls. Sthölein réussit à en tuer deux, mais au moment où il en visait un troisième, un des trolls grimpa sur sa branche. Grâce à sa massue, il frappa l'elfe qui alla s'écraser sur un buisson touffu qui amortit sa chute. Mais manque de chance pour le troll, il perdit l'équilibre et chuta. Il tomba par terre, raide mort.
Grûlan trancha la tête de deux trolls en même temps. Il coupa les jambes d'un troisième, mais un quatrième l'attaqua par derrière et l'assomma. La créature leva sa massue pour le tuer quand une nouvelle flèche de Sthölein l'atteignit à la tête. Le dernier des trolls s'enfuit sans demander son reste.
- Aarh... Ils sont coriaces ces trolls, constata Grûlan en se relevant.
- Très coriaces même ! confirma Sthölein. Bon. Je pense que l'on peut aller se recoucher.
- Oui. A demain
- Bonne nuit.
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Le lendemain, ils prirent leurs affaires et repartirent. Quelques heures plus tard, ils arrivèrent devant un cours d'eau.
- Traversons-le, suggéra Grûlan.
- Attends, il y a quelque chose d'étrange...
En effet, quelques instants plus tard, de petits personnages complètement faits d'eau sortirent de la rivière.
- Bonjour, habitants du monde extérieur ! Nous sommes des êtres de l'eau.
- Euuuh.... Bonjour, répondit Sthölein.
- Pour pouvoir traverser cette rivière, vous devez répondre à cette question : Qu'est-ce qui vous fait le plus peur ?
- Nous pouvons lire dans vos pensées, avertit un deuxième être.
- Donc nous savons la réponse...
- Inutile de mentir pour ne pas vous faire humilier !
- Ah bon. Alors ce qui me fait le plus peur, commença Grûlan, ce sont les fourmis.
- Et moi les chats, continua Sthölein.
- Bravo ! Vous venez de vous faite humilier ( enfin, je crois ), donc vous pouvez passer. Au plaisir de vous revoir !
Pendant la traversée, Grûlan dût se retenir d'éclater de rire. Quand ils atteignirent l'autre rive, les êtres de l'eau disparurent.
- Pfffft ! pouffa le demi-géant. C'est... du grand... n'importe quoi ! Hahaha !
- Oui, c'est drôle.
- Nous pouvons lire dans vos pensées ! imita-t-il.
- C'est sûrement un vieil ermite fou qui a jeté un sort à la rivière, supposa Sthölein. Remettons nous en route !
- Oui, allons-y !
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Sthölein et Grûlan marchèrent encore jusqu'au soir. Ils arrivèrent devant un petit village elfe. Tout le monde était en train de travailler. Des ouvriers passaient, marteau à la main, criant quelques ordres. Des paysans étaient dans les champs et coupaient du blé avec de grandes faux. Quelques uns récoltaient des légumes, le dos courbé en deux.
- Excusez-moi, messieurs dames ! héla Sthölein.
Les paysans relevèrent la tête, surpris.
- Savez vous quel est le meilleur endroit du village pour avoir des informations ?
- Vous pouvez aller au chantier, répondit un homme, ils auront la réponse à toutes vos questions !
- Arrête de raconter des bêtises, Haxhi ! cria une femme. Excusez-le, messieurs, il n'arrête pas de donner de mauvais conseils aux elfes qui ne viennent pas du village. Il ne faut pas aller au chantier mais à la taverne.
Elle leur donna la destination de celle-ci.
- Merci beaucoup, madame, sourit Grûlan.
Les deux amis marchèrent jusqu'au centre du village et ils aperçurent la taverne. Une grosse enseigne était accrochée au dessus de l'entrée. Il y était écrit : "Le Cerf Buveur". Sthölein poussa la porte, Grûlan sur ses talons. Les villageois étaient assis à table. Ils riaient, buvaient, mangeaient, jouaient... Soudain, ils tournèrent la tête vers l'elfe et le demi-géant et ce fut la panique. Le tavernier poussa un cri et se réfugia dans un tonneau. Les joueurs de cartes renversèrent leur table et se cachèrent derrière. Un elfe qui buvait de la bière lâcha son verre ( qui explosa en mille morceaux au contact du sol ) et courut s'abriter derrière la statue d'un cerf, dans un coin de la taverne. D'autres, qui jouaient aux osselets, lancèrent ceux-ci sur Grûlan et allèrent se cacher dans la cave où étaient entreposés les tonneaux de vin. Certains elfes s'empressèrent d'engloutir leur assiette et sautèrent derrière le comptoir. Après cette pagaille, on aurait dit qu'une bande de brigands était venue et avait saccagé la taverne. Grûlan soupira :
- De toute évidence, ils n'ont encore jamais vu de demi-géant...
- Ayez pitié ! supplia le tavernier. Nous vous donnerons tout l'argent que vous voudrez !
- Nous ne sommes pas des voleurs, répondit Sthölein. Nous voulons juste quelques informations.
- Ah booon..., soupirèrent les elfes, soulagés.
- Que voulez-vous savoir ? demanda le tavernier pendant que ses clients remettaient tout en place.
- Où se trouve le château du seigneur Sëmöth ? demanda Sthölein.
- Partez de l'Est du village et vous le trouverez dans un kilomètre. Mais vous n'allez pas sortir maintenant, j'espère ?
- Non. Savez vous où l'on peut dormir ?
- J'ai des chambres. En désirez-vous une ?
- Si possible, oui.
- Cela fera cinq cizons par personne.
Grûlan chercha quelques pièces dans son sac et les déposa au creux de la main du tavernier.
- Nous voulions aussi vous avertir : vous feriez mieux de faire attention et de rejoindre également le château du Seigneur.
- Et pourquoi ça ?
- Dans trois jours, les orcs attaqueront, annonça Sthölein.
Le tavernier éclata de rire.
- Voyez-vous ça ! Les orcs vont nous attaquer alors qu'ils ont été affaiblis !
- Affaiblis ? s'étonna Sthölein.
- Bien sûr ! Ils ont perdu une bonne partie de leurs effectifs dans un éboulement !
- Alors pensez ce que vous voulez, mais nous pouvons vous dire que nous les avons vus !
Le tavernier ne répondit pas.
- Vous pouvez monter dans votre chambre, dit-il après un moment de silence. Je vais bientôt fermer. Passez une bonne nuit.
Sthölein et Grûlan montèrent à l'étage. Dès qu'ils posèrent la tête sur leur oreiller, ils s'endormirent.
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