C'en était trop pour Leïla. On se moquait d'elle, c'était certain. Lui présenter un mec qui draguait de manière si clichée avec une attitude si dédaigneuse, non merci.

C'était évident pour elle, les 5 mecs s'étaient sûrement lancé un pari duquel coucherait avec elle le plus vite.

Non, elle ne tomberait pas dans le panneau. Elle n'avait eu de relation sexuelles qu'avec son ex petit ami, personne d'autre depuis la rupture. Ce n'était pas parce qu'elle était célibataire qu'elle foncerait tête baissée dans le premier piège tendu.
A la limite, elle aussi même préféré une drague directe. En mode "voilà, je suis intéressé pour se connaitre, mais je ne cherche pas a été en couple". Un truc honnête !

Pas ces pseudo amour bidons.

- C'est bon, j'en ai assez entendu, dit Leïla en se levant. Tu viens Lisa ?

Son amie redressa la tête de son burger :

- Mmmmrg attend j'ai pas fini !

- Leïla, non, attend ! demande Roméo. T'es grave con toi, ajouta-t-il à l'intention de Tom. On ne voulait pas te vexer.

- Je suis pas vexée, je suis soulée. J'ai la flemme de vos conneries.

- Je sais, Tom est un gros con.

- Pardon ? fit ce dernier en reposant son coca.

- Oui, t'es un gros con d'avoir trompé ton ex.

- Ah, ça. Oui, avoua-t-il en haussant les épaules, avant de boire à nouveau son Coca.

- Tu vois ! ragea Leïla. Il l'assume tranquille, il s'en veut même pas ! Clairement, j'ai rien à faire avec votre bande de chiens daleux.

- Ouhhhh, la violence, s'exclama Lisa à côté, toujours son bigmac en main.

- Bon, j'y vais.

- Leïla... tenta une dernière fois Roméo.

Elle ramena son plateau a la poubelle, puis partie.

Dehors, la pluie s'était mise à tomber. Elle ragea encore plus. Ces abrutis lui avait fait perdre son temps. Elle démêla ses écouteurs, et se mis en route, à marche rapide.

Soudain, son téléphone vibra.

Appel de Amed.

Son meilleur ami. Oui, il y avait Lisa, mais il y avait aussi Amed, un ami d'enfance.

- Allô Amed, tu tombes bien oh la la, faut que je te raconte...

- Mais viens chez moi tu sais ! J'allais te le proposer, je m'ennuie, viens et on se pose devant la télé !

- J'arrive.

Elle changea de trajet, vers la résidence de son meilleur ami.

*

Une fois chez lui, elle entreprit de lui raconter l'histoire. La lettre, Roméo, Tom.

- Elle abuse Lisa.

- Comment ça ?

- Elle est trop pas prudente de t'avoir incité à y aller. Moi je t'aurai dit non ! C'est dangereux de ouf !

- J'avoue, mais tu sais elle est comme ça, elle a peur de rien celles-là.

- Et c'est qui là ce Tom, vas-y jme désabonne de lui direct.

- Le gars il avait l'air teeeellement supérieur. Il sortait des disquettes, genre "t'es trop la plus belle tout le monde te connait". N'importe quoi.

- Par contre il a raison t'es la plus belle ma Leï.

- Oh ça va, stop les disquettes là.

- Mais je déconne pas, t'es comme ma soeur, et ma soeur c'est la plus belle voilà c'est tout.

- Ah t'es le sang toi. Merci !

Elle se sentait plus a l'aise avec lui qu'avec ces deux inconnus. Elle avait envie d'oublier cette histoire et revenir à sa routine.

- Et... commença Amed.

- Quoi ?

- Et... Tu sais pas qui c'est les 3 derniers ?

- Ah non t'y mets pas !!

- Je m'y mets pas je demande !

- Ouais ouais. 'tention.

- Donc tu sais pas qui c'est.

- Non, j'ai que leurs initiales et....

A ces mots Leïla s'arrêta. La 3e initiale était un A.

Non.

Non pas lui.

Elle se sentit étrange. Non, le 3e "amoureux" n'était pas... pas Amed ? Non, il venait de dire qu'elle était sa soeur ! Et puis même, il avait franchement pas l'air au courant. Mais Amed il est capable de tout...

Non, elle l'aurait senti si il lui cachait un truc. Elle savait voir quand Amed mentait, elle le connaissait depuis trop d'années.

- Alors c'est quoi les initiales ? demanda-t-il.

- Heu... Je sais plus, menti-t-elle.

- Tu mens.

- Non, rementi-t-elle.

Elle ne voulait pas avoir cette "discussion" avec lui, elle ne voulait pas cette gênance de "A, la lettre A, ah comme toi en fait."

- Ok je sais, y avait un V.

- Ahhhhh V comme ton crush ?

- Vas-y tu penses comme moi. En vrai je t'avoue, j'aimerai trop. Mais je pense pas, ça serait trop beau quoi.

- Valentin quoi, le mec sur qui tu crush. Imagine !

- Merci, j'ai déjà imaginé tous les scénarios possible t'en fais pas pour moi.

- Coquine.

- Mais non, oh, pas scénario dans ce sens là !

- Ça va je déconne, on peut plus rigoler, ajouta-t-il en la prenant par l'épaule.

Ce contact la fit frissonner.

Non, pas possible.

Non, elle serait trop dans le malaise si A était...

Non. Non non non.

- Eh je dois y aller en fait.

- Mais tu déconnes ? Tu viens d'arriver ?

- Je, en fait je, je dois faire mes devoirs et mon père tu vois, il est sévère.

- Mais n'iiiiimporte quoi toi, jamais de la vie il est sévère ton père, regarde il te laisse sortir et tout.

Il avait raison, pensait-elle. C'était sa mère qui était sévère, avant. Son père est français d'origine, et sa mère était marocaine, et entre eux, il y avait souvent cette dispute de "quelle éducation est la mieux". Sa mère voulait une éducation plus sévère, sans sorties pour elles, comme elle avait eu à Rabat, mais son père persistait à été plus laxiste, comme par exemple en les laisser devant la télé le soir en disant "ça va, elles sont mignonnes les petites". Et ils s'engueulaient.

Et après sa mère a eu son cancer et Leïla s'était retrouvée seule avec son père.

- Peu importe, je préfère rentrer.

- Ok ma Leï c'est toi qui voit, on se voit lundi dans tous les cas. Et si ils reviennent t'embêter tu m'appelles !

*

En rentrant chez elle, Leïla repensa à son meilleur ami.
Lui, amoureux d'elle ? Impossible. Et si...

Elle essaya d'imaginer, ne serait-ce qu'une minute.

Elle dans ses bras ? Sans problème, elle l'avait déjà été, quand son ex l'avait quittée par exemple. Elle se sentirait en sécurité.

Lui, dans son lit ? Ah non, impensable... Quoique ? Amed était plutôt beau gosse en vrai, ça c'était indéniable. Grand et musclé, à la peau noir et au beau sourire, il attirait le regard de beaucoup de filles, elle le savait.
Naaah. Elle se sentirait comme incestueuse.

Mais l'idée fit son chemin, et, soudain, son téléphone vibra.

"Salut Leïla, je suis Alex, le numéro 3".