Chapitre 8 (1) (corrigé)
La gitane de Nunhead
« Un soir au clair de lune,
Un moment de tendresse et de rêve charnel,
Où le monde paraît simple et presque irréel,
Cette femme devient la grisante fortune,
Que notre désir appelait.
Le songe autour de nous danse un pas de ballet. »
Alphonse Beauregard, Nouvel amour
- Savoir brider ses émotions, n'est-ce pas ? releva Jane ironique dès qu'elle eut rattrapé Will. C'est bien ce que vous avez dit ?
Ce dernier, mains dans les poches, ressemblait à un vieux chat en colère, marmonnant en irlandais dans sa barbe.
- Elle m'a énervé, lâcha-t-il comme si c'était un argument suprême.
- Croyez-vous vraiment que cela soit une raison suffisante pour menacer cette pauvre femme ?
Il lui jeta un regard inquisiteur. « On dirait bien que le chat est prêt à mordre. »
- Ça vous va bien de dire ça ! releva Will avec sarcasme.
- L'occasion était trop belle, je m'en serais voulue de la rater !
Il ne dit rien, se contentant de lever les yeux au ciel et de poursuivre sa marche en feignant le détachement, cependant il n'oubliait pas de laisser trainer un œil vigilant de temps à autres. Que pouvait-il bien y avoir à Limehouse de si intéressant pour transformer William O'Brien en œil de lynx, prêt à sortir les griffes au moindre mouvement suspect ?
- Fais ce que je dis mais pas ce que je fais... glissa Jane.
Will sembla se hérisser quand il entendit sa partenaire rire sous cape. Il se tourna lentement vers elle, un sourire faussement affable sur les lèvres.
- Encore une seule remarque désobligeante de votre part Miss Warren, et je vous jure que vous allez passer un sale quart d'heure. J'en fais la promesse solennelle, et vous savez que je suis un homme d'honneur qui tient toujours ses promesses. Du moins, je m'appliquerai à tenir celle-ci, soyez-en sûre.
Pas le moins du monde impressionnée Jane pouffa, une main gantée sur sa bouche pendant que Will s'appliquait à la fusiller du regard.
- Néanmoins Mr O'Brien, si je puis me permettre...
- Non vous ne pouvez pas, la coupa-t-il.
- Je pense que nous devrions considérer la piste que nous venons de tirer de cette entrevue, acheva quand même Jane.
- Vous parlez de Nokochose ?
Elle hocha simplement la tête, le regard pétillant. « Elle a une idée derrière la tête, c'est sûr. » Comprit Will.
- Et moi je pense que nous perdons un temps précieux avec ce genre de fabulations.
- Et si jamais Nokomis pouvait nous apprendre quelque chose que Scotland Yard ignore ? Y avez-vous pensé au moins ?
- Croyez-vous sérieusement que cette personne peut nous apprendre des choses utiles ? hasarda Will sincèrement dubitatif.
- Je le crois oui.
- Alors, si c'était le cas, m'est avis que Scotland Yard en aurait déjà eu vent et aurait interrogé cette Noko je ne sais quoi.
- Nokomis, le corrigea Jane.
- C'est pareil.
Ils reprirent leur marche en silence. Mais entêtée, Jane ne lâcha pas l'affaire.
- Peut-être pourrions-nous quand même nous donner la peine de trouver cette personne ?
- Mais quelle tête de mule ! Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans le mot « c'est inutile » ?
- Ce n'est pas un mot, mais une phrase.
Il lui jeta un regard furibond, sur le point de se transformer en dragon, Jane pouvait presque apercevoir de la fumée sortir de ses narines.
- C'est pareil !
- S'il vous plaît Will ! J'aimerais vraiment poser des questions à Nokomis ! Cela ne nous coûtera rien, seulement un peu de notre temps et puis c'est pour cela que vous êtes payé je crois !
Excédé, il planta ses poings sur ses hanches, la surplombant de toute sa hauteur avantageuse et la dévisagea en haussant un sourcil. Jane ne capitulait pas et le fixait sans ciller.
- Si vous pensez arriver à vos fins de cette façon, c'est raté.
« C'est ce qu'on va voir ! » Pensa-t-elle. Pas le moins du monde découragée, Jane tenta une approche qui marche généralement auprès des hommes. Le genre d'approche qui lui avait permis d'accéder aux cellules des prisonniers. Cependant son ardente ambition se tarit quelque peu quand elle croisa le regard de fer de Will qui la scrutait avec arrogance. Visiblement l'entreprise s'avérait plus ardue qu'elle ne le pensait. Tentant de faire fi du trouble qu'il générait chez elle, elle lui offrit un sourire charmant et une moue qu'elle voulait attendrissante. « Essaie de le détester. Ou alors imagine-le avec un visage laid. Avec des genoux cagneux, un œil crevé, ou un nez cassé, et des dents tordues. » Son expérience se conclu par un misérable battement de cil raté ainsi qu'un cruel manque de conviction et de confiance. « Félicitations Jane, on aurait dit un chien presque borgne. » La remarque cinglante de Will ne se fit pas attendre plus longtemps.
- Une poussière dans l'œil ?
- Non, rétorqua-t-elle vexée en se frottant les yeux. Mais vous ne me laissez pas le choix, je suis obligée de vous rappeler les clauses de notre contrat, au cas où vous les auriez oubliées. Je vous ai engagé pour m'épauler dans cette enquête et éventuellement me protéger. De ce fait, votre avis n'est guère requis, sauf quand on vous les demande, or ici cela n'est pas le cas !
Le jeune homme ne s'attendait sûrement pas à une pareille tirade car il la dévisagea avec des yeux ronds. Cette fois-ci, Jane soutint son regard avec férocité. Il n'était plus question de négocier, ils iraient interroger Nokomis un point c'est tout. Il finit par hausser les épaules et se remit en marche, vaincu.
- Qu'on me donne la force de ne pas la noyer dans la Tamise, grommela-t-il.
La porte émit un grincement douloureux quand elle se referma. Jane pénétra dans l'édifice moyenâgeux suivie de Will. Ce dernier jetait des coups d'œil curieux autour de lui, examinant les lieux avec une étincelle nouvelle dans son regard glacé.
- Où sommes-nous ? demanda le jeune homme.
- Dans une bibliothèque, dit Jane en désignant les livres tout autour d'elle. C'est un endroit magnifique non ? Quand j'ai la tête empêtrée dans un sac de nœuds terrible c'est ici que je viens me réfugier. Ces rayons poussiéreux et ce silence religieux m'apaisent, lui confia-t-elle rêveuse.
- En effet, c'est un très bel endroit, lui accorda-t-il.
Agréablement étonnée, Jane se surprit à le scruter avec intérêt, sourire aux lèvres.
- Eh bien, eh bien... surgit une voix rocailleuse des tréfonds des rayonnages. Nous avons des clients on dirait.
Jane et Will levèrent la tête ensemble et découvrirent Miss Doyle, dans une tunique pourpre incroyablement indécente pour son âge tant elle était décolletée, qui descendait tranquillement les escaliers en ruine de son établissement.
- Oh ! Mais qui voilà ? Serait-ce notre Miss Warren ?
- Vous vous connaissez ? glissa discrètement Will à Jane.
Pour toute réponse la jeune fille adressa un sourire chaleureux à son amie.
- Comment allez-vous Miss Doyle ? s'enquit-elle.
- À merveille mon p'tit ! Si ce n'est ces stupides os de malheur qui me... (Elle s'interrompit dans sa kyrielle en remarquant Will.) Oh ! Mais que vois-je ? Tu t'es enfin dégoté un fiancé ? souligna Miss Doyle avec amusement.
À ces mots Will se mit à rire nerveusement à côté d'une Jane qui venait de changer de couleur, métamorphosée en pierre par la gêne qu'occasionnait cette remarque qui soulignait la situation tout à fait inconvenante pour une jeune fille de se promener seule avec un homme de son âge, sans chaperon et sans bague de fiançailles qui plus est.
- Non, euh, toussota Will. Permettez-moi de...
- Lui ? Mon fiancé ?! Jamais de la vie ! le coupa Jane avec une vivacité tout à fait surprenante.
Face à un Will ahuri presque vexé par cette réaction, Miss Doyle rit de bon cœur à son tour une main sur son ventre, puis elle descendit avec lenteur l'étroit escalier aux marches grinçantes. Soudainement elle s'approcha de Will avec une vive passion, plissant les yeux comme pour mieux lire les lignes de ce livre étrange qui se tenait devant elle.
- Qui es-tu jeune homme ?
- Cela ne vous regarde pas.
- Peu importe, je le saurai bien assez tôt. Quel âge as-tu ?
- Cela non plus ne vous concerne pas.
- Eh bien quelles manières ! Quel malotru ! Un véritable rustre ! Tu es tout à fait mon genre... roucoula Miss Doyle.
La vieille bibliothécaire lui offrit son sourire édenté le plus charmant et se colla presque contre le torse d'un Will devenu pâle comme un linge. Jane se garda bien de le clamer haut et fort, mais elle se délectait du malaise de Will, si bien qu'elle décida d'abandonner le pauvre jeune homme si hautain à son funeste sort et se fraya un chemin parmi les vieux ouvrages aux pages jaunies en ricanant.
Elle savait précisément ce qu'elle cherchait. Ce livre, elle l'avait emprunté si souvent qu'elle reconnaîtrait sa reliure au simple touché. Sans hésitation, elle saisit ce qui avait subsisté de l'œuvre depuis sa publication : les œuvres complètes de Charlotte Mew. Une dame a la plume lyrique, bien que sans doute mièvre, que Jane appréciait lire dans ses moments de mélancolies.
Elle s'adossa à la bibliothèque et commença à feuilleter les pages abîmées, tandis qu'en guise de fond sonore, elle entendait au loin un Will plaider sa cause désespérément.
- Je regrette madame, mais je ne peux accéder à votre requête.
- Pourquoi donc mon mignon ? J'en ai pt'être pas l'air comme ça, mais j'ai encore la fermeté d'une jeune femme de ton âge ! J'suis bien plus vigoureuse que j'en ai l'air !
- Sans façons ! Et puis je suis déjà fiancé à vrai dire. Je ne peux tromper ma bien-aimée vous comprenez...
- Pff, balivernes ! Au diable cette foutue chasteté de malheur ! J'ai de l'expérience moi au moins ! J'te ferai connaître les plaisirs de la chair.
« Will ? Une fiancée ? Laissez-moi rire. Et comme s'il n'avait pas déjà songé à connaître ces plaisirs de la chair... » Pensa Jane avec une ironie piquante, ne se rappelant que trop bien Ronda vêtue d'un simple drap qui s'éveillait dans la chambre de Will.
Un petit sourire amusé naquit sur ses lèvres. Miss Doyle dans sa façon de parler ne s'embarrassait pas de mielleuses formules de politesse savamment étudiées et dissonantes, ce qui distrayait beaucoup Jane en plus de son franc parler. Dans une famille où les femmes se regardaient souvent dans le blanc de l'œil, bouche pincée, il était très rare d'entendre un pareil vocabulaire pourtant bien amusant tant il se moquait éperdument de ces beaux mots ampoulés qui ravageaient les salons.
Sa rencontre avec Miss Doyle lui revint en mémoire : elle avait quinze ans lorsqu'elle passa pour la première fois le seuil de sa porte. Cette dame, déjà bien âgée à l'époque, était une ancienne gouvernante autrefois au service d'une amie de son oncle Henry. Alors qu'elle souffrait d'horribles maux de têtes se fut son oncle qui la soigna et, ce jour-là, la jeune Jane l'avait accompagné. Si cette vieille femme l'avait effrayée au premier abord, de par son accoutrement et son langage parfois cinglant et direct, Jane avait fini par l'apprécier, notamment pour leur amour commun de la littérature. Dès lors ils lui rendaient régulièrement visite, jusqu'à la mort de son oncle bien-aimé voilà deux ans de cela. Depuis c'était seule qu'elle venait se réfugier dans cette sombre bibliothèque où régnaient en maîtresses poussières, araignées et toute autre sorte de bêtes, qu'elles soient réelles ou imaginaires.
Même si cette chère Miss Doyle paraissait quelque peu extravagante dans son genre, elle avait été présente pour Jane à la mort de son oncle Henry qu'elle affectionnait tant. Alors que sa tante sombrait peu à peu dans les méandres de l'accablement Jane avait été plus seule que jamais. Heureusement elle avait su trouver du réconfort auprès de ses livres adorés et de Miss Doyle qui la faisait tant rire par ses manières abruptes et ses idées loufoques.
- Pourquoi souriez-vous de la sorte ? s'enquit Will qui s'était discrètement glissé à ses côtés.
Jane sortit du flot doucereux de ses souvenirs en sursautant.
- Je ne faisais que...
- Tu n'sais pas mon sucre ? La p'tite écrit un bouquin ! répondit avec joie Miss Doyle avec un clin d'œil appuyé pour sa petite protégée.
- Oh ? Vraiment ? reprit ce dernier fort intéressé.
- Euh oui, il semblerait. Je vous donnerai des détails plus tard si vous le voulez bien, éluda Jane en balayant son mensonge de la main. Pour l'instant j'aimerais vous faire part de quelque chose.
- Dis Jane ! C'est vrai qu'le mignon a une potiche ? l'interrogea la vieille femme.
Sous le regard suppliant de Will Jane accepta de jouer le jeu, mais elle ne faisait pas cela gratuitement, évidemment il y aurait une contrepartie. Et son complice le comprit parfaitement au sourire de vainqueur qu'elle lui offrait.
- Je regrette Miss Doyle mais c'est hélas la pure vérité. Mr O'Brien est bel et bien fiancé, au grand dam de la gent féminine.
- Miss Warren est une amie proche de mon Evelyn, renchérit Will. C'est à une soirée que nous avons été présentés.
- Ah ? lâcha Miss Doyle réellement surprise. Tu ne m'as jamais parlé de cette fille Jane ! Et je ne savais pas que ta tante non plus la connaissait !
- Hum c'est une longue histoire, beaucoup trop longue pour la raconter ici, n'est-ce pas Mr O'Brien ? (Will hocha vigoureusement la tête, visiblement pressé d'en finir lui aussi.) L'heure est à d'autres préoccupations. Veuillez m'excuser, il faut que je montre quelque chose à William, expliqua la demoiselle qui tentait subtilement de se débarrasser de la vieille bibliothécaire.
Elle saisit Will par le coude et l'entraîna à sa suite, ce dernier se laissa docilement mener à travers les étagères qui tombaient en ruine tandis que Miss Doyle poursuivait son monologue à propos de fiancées et de flirt dans les rayonnages de sa bibliothèque. Quand ils furent assez loin, Jane reprit la parole.
- Vous ne m'aviez jamais informée que vous étiez fiancé ? le taquina sa partenaire.
- Et vous, vous ne m'aviez pas dit que vous écriviez un bouquin ? répondit-il sur le même ton.
- Ne détournez pas la conversation William. Vous n'avez pas répondu à ma question.
- Et vous à la mienne. De plus votre question va à l'encontre de la règle numéro deux, claironna-t-il sournoisement.
- Et vous de ma règle numéro un.
Ils se toisèrent une nouvelle fois avec défis, puis Jane détourna le regard la première en pouffant. S'il avait une fiancée, alors elle était la fille du Maharaja ! En revenant à sa tâche sans plus se préoccuper d'hypothétiques fiancées, elle tourna quelques pages du recueil de Charlotte Mew.
- J'ai bien compris que vous aimiez les livres et tout particulièrement cet endroit, mais pouvez-vous me dire en quoi cet ouvrage aurait un rapport avec votre Nokomis ? À moins que celle-ci ne se trouve cachée parmi ces vieilles étagères délabrées.
- Précisément, affirma Jane qui tapota son doigt sur une page du livre. Quand vous êtes parti précipitamment du magasin des Zhang, Mrs Zhang m'a soufflé quelques mots. Ces mots n'étaient peut-être pas à considérer comme une preuve en soi mais après réflexion, je me suis dit qu'ils étaient beaucoup trop particuliers pour être récités comme cela. Ils m'ont immédiatement fait penser à une comptine, ou une énigme... Qui cite des vers dans une banale conversation dans laquelle rien ne s'y prête à le faire ?
- Il y a bien des messieurs qui se plaisent à citer du Shakespeare pour espérer conquérir le cœur d'une innocente jeune fille, fit remarquer Will sarcastique.
- Vous avez raison, reconnut Jane. Mais dans notre cas j'en ai déduis que ce pouvait être un indice sur Nokomis. Ces vers ne m'étaient pas inconnus, je les avais déjà entendus, ou du moins lus. Je connaissais leur auteur mais ma mémoire refusait de se souvenir où est-ce que je les avais déjà rencontrés. Maintenant je sais. Ce sont les derniers vers du poème de Charlotte Mew, « Dans le cimetière de Nunhead ». Ces derniers sont très spirituels cependant tout porte à croire que cela a un lien avec l'endroit où nous sommes censés trouver Nokomis.
Durant son exposé Will l'avait écouté attentivement. Sans le lui avouer il demeurait fasciné de la façon dont elle avait mené ses propos jusqu'à un indice et cela grâce à sa mémoire. Certes cela paraissait quelque peu fantasque à première vue, mais en réalité d'une logique presque implacable. Maintenant à son tour de faire étalage de quelques-uns de ses talents cachés.
- Fille de la lune, lâcha-t-il de but en blanc.
- Vous dites ?
- Fille de la lune, c'est ce que veut dire son prénom en amérindien, Nokomis ; « son nom est celui de l'astre des ténèbres, âme sœur des fils de Jun et de Xihe, c'est aussi son symbole ». C'est bien ce que Mrs Zhang a dit, non ? Dans la mythologie chinoise, au commencement du monde se trouvait dix soleils, les fils de Jun le Dieu du ciel, et de Xihe, la Déesse du soleil. On dit aussi que la lune est l'âme sœur du soleil dans le folklore. De plus la lune est communément appelée « l'astre des ténèbres » dans les poèmes, ce genre de choses. Nokomis, c'est la fille de la lune, et si elle porte bien son nom elle serait donc une personne qui vit dans l'ombre, qui fait ses activités à la nuit tombée. Il y a évidemment quelque chose de céleste dans son nom, et de mystique, expliqua l'Irlandais. Voilà qui collerait tout à fait avec ces histoires de cimetière.
- Comment... Seigneur, pouvez-vous me dire d'où vous vient une telle connaissance de la mythologie asiatique ? s'émerveilla Jane
- Quelques vieilles connaissances, rien de plus, se déroba Will avec fausse humilité.
- De vieilles connaissances ? Vous restez étonnamment précis pour de vieux acquis.
- C'est quelque chose qui s'est ancré dans mon esprit, voilà tout. Tout comme vous avec votre poème.
La demoiselle pinça les lèvres, peu convaincue par la fable qu'il lui servait. Il mentait encore. Au fond d'elle, elle se demandait depuis le début comment un jeune homme ayant toujours vécu dans la rue et la misère pouvait-il s'exprimer de la sorte ? Il discourait avec une aisance et un certain vocabulaire qui juraient avec ce qu'il prétendait être. Sans parler de la démonstration de ses connaissances qui ne faisait qu'accroître la curiosité de la jeune fille.
Jane savait à quoi ressemblait le jargon des rues, pour l'avoir déjà entendu dans la bouche de Miss Doyle par exemple. Bien que Will jurât allègrement et qu'il se présentât comme un criminel notoire, il parlait et se comportait parfois d'une certaine façon qui laissait présumer qu'il avait eu accès à une forme d'éducation, quelle qu'elle soit.
Même si l'endroit insolite où Jane l'avait trouvé semblait nier l'idée même d'un quelconque passé brillant, la demoiselle demeurait sceptique quant à son prétendu manque de culture. Il lui avait parlé Des Mystères d'Udolphe et de Vathek, d'Un conte de deux villes aussi, des ouvrages que l'on retrouve dans de somptueuses bibliothèques bien garnies. Quand y avait-il eu accès ? Les avait-il volés ? En fait peu importait la réponse à ces interrogations, la seule question qui ait du sens aux yeux de Jane était la suivante : quand et comment un enfant des rues avait-il appris à lire ?
- Je pense savoir où trouver Nokomis, lança Jane. Et vous allez m'accompagner.
Bonjour à tous et à toutes !! Tout d'abord un long mais très long chapitre pour m'excuser pour ces deux petites semaines d'absence, période compliquée pour moi (concours blanc oblige) je n'ai pas pu publier. Entre temps, j'ai enfin pu récupérer mon ordinateur (oui enfin !) et je réinstalle petit à petit mes programmes etc...
N'hésitez pas à voter, commenter, me faire des suggestions pour la suite !!
Rendez-vous pour la suite !! ;)
Ceci est la version réécrite, beaucoup plus longue que le chapitre initial (c'est pourquoi je n'ai pas coupé)
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