Chapitre 21 (1) (corrigé)

(Petit gribouillage fait en cours, j'adore vos commentaires sur le couple Willane alors je voulais immortaliser ça xD)

// Attention ce chapitre comporte une scène de violence, elle n'est pas non plus excessive mais je prends mes dispositions au cas où\\

Double jeu

« L'important, c'est de savoir ce qu'il faut observer. »

Edgar Allan Poe, Histoires Extraordinaires


La douleur força Jane à ouvrir les yeux, une lumière jaune perça le voile de ces paupières alourdies. Elle regretta presque aussitôt cet effort, sa tête fut assaillie par un bourdonnement agaçant. Elle mit quelques longues secondes à reprendre le contrôle sur ses sens endormis. Il se figura comme une faille temporelle, une désagréable sensation d'amnésie, sauf que Jane n'était pas encore tout à fait consciente pour s'en inquiéter. Elle voulut se lever, mais son corps refusa de lui obéir, elle se sentit retomber. Or elle ne chuta pas. Si elle ne se préoccupa point de ce léger détail, elle ne put faire abstraction de la douleur qui vint l'attaquer.

Un mal de tête violent accompagné d'une douleur lancinante dans sa nuque. Elle tenta de bouger ses mains et serra les dents lorsque la souffrance vint la cueillir. La douleur avait au moins ce mérite de la réveiller, et l'obligea à se rendre compte qu'elle était ligotée, la chair des poignets à vif, la brûlant atrocement. Au fur et à mesure qu'elle recouvrait peu à peu ses esprits, elle ne put ignorer le liquide chaud qui dégoulinait sur son front le long de sa tempe. Elle inspira lentement, tentant de calmer les battements effrénés de son cœur qui, lui, avait deviné avant sa raison le danger. Sa vue se stabilisa, le contour des choses se fit plus net.

L'endroit où elle se trouvait n'avait rien de charmant, il s'agissait plutôt d'une cave à en juger par l'air moite et le sifflement d'un engin. Les murs semblaient avoir pleurés tant des traces brunes creusaient des sillons sur leur surface. Le sol n'avait rien à envier à ses compagnons qui enfermaient la jeune fille ; crasseux et humide. Lorsque Jane eut fini de noter ces informations, elle comprit enfin qu'elle était ligotée sur une chaise, enfermée dans ce lugubre endroit.

Elle entendit des rires se rapprocher et malgré la peur qui commençait à lui tordre le ventre, elle eut la présence d'esprit de refermer immédiatement les yeux, faisant semblant de n'avoir jamais quitté son état d'inconscience.

Un grincement métallique. La porte s'ouvrit. Les rires sournois cessèrent.

- Tu vois, je te l'avais bien dit Sam, tu l'as frappé si fort qu'il dort encore, fit remarquer une voix familière à la jeune fille.

- Et alors ? renchérit une seconde voix tout aussi reconnaissable.

Des bruits de pas sur le sol humide indiquèrent à Jane qu'un des deux bonhommes s'approchaient d'elle. Il commença à lui tourner lentement autour.

- Sam... Tu crois que c'était une bonne idée ?

- Oh la ferme ! Ce type m'a dépouillé, humilié et tu croyais sincèrement que j'allais le laisser filer comme si de rien n'était ?!

Jane eut un flash. « Le policier Ayre. » Cela ne faisait aucun doute. Qui d'autre pouvait bien l'accuser de tout ça ? Sa rancœur empestait à des miles à la ronde. Cela dit, jamais elle n'aurait imaginé une seule seconde que le joueur de whist allait la poursuivre dans l'éventuelle idée de se venger. Elle avait visiblement sous-estimé le pouvoir du jeu et de l'argent.

- Qu'est-ce que tu vas lui faire ? demanda son compagnon non sans une pointe d'inquiétude.

- Lui faire payer son arrogance, répondit Ayre après un silence.

Il donna un coup de pied dans la chaise à laquelle son prisonnier était ligoté. Jane ouvrit brusquement les yeux dans un sursaut.

- Eh bien tu vois qu'il ne dort pas ! se moqua Ayre. Il m'a l'air bien éveillé même.

La jeune fille lui lança un regard mauvais.

- Que me voulez-vous ? siffla-t-elle.

- Et même qu'il parle ! lança sournoisement le policier.

- Laissez-moi partir. Je ne vous ai rien fait, objecta Jane.

« Rien d'autre que te remettre à ta place par la plus incongrue des chances. »

- Comment ? Tu n'as rien fait ? répéta le policier en se penchant vers elle, l'air menaçant. Me voler tout mon argent lâchement et en me traitant de tricheur devant mes amis tu crois que ce n'est rien peut-être ?!

- Ce n'est pas de ma faute si vous êtes incapable d'être plus malin que moi, provoqua Jane.

Comme son inconscience lui avait déjà coûté beaucoup, elle lui coûta encore. Ayre pinça les lèvres et fou de colère, il abattit son poing sur le visage de la jeune fille. L'impact sur sa joue fut brutal, sa tête vrilla sur la gauche et une douloureuse chaleur se propagea de sa joue pour remonter jusqu'à son crâne, alors qu'un atroce liquide aux effluves de fer rouillé se répandit dans sa bouche.

Jane ouvrit la bouche pour sentir son propre sang glisser sur sa langue. Le choc du coup de poing avait réussi à entailler l'intérieur de sa joue. Elle peina à reprendre ses esprits, sonnée par le coup. C'était la première fois qu'on levait la main sur elle, et elle sentit un goût amer l'envahir. De quel droit cet imbécile se permettait de la toucher ? Ah si elle n'avait pas les poings liés et un révolver à portée de main, elle lui aurait déjà fait regretter son geste ! Elle releva doucement sa tête déjà endolorie et inspira lentement, sa gorge se noua et son pouls s'accéléra. Elle jeta un regard furibond vers le policier.

- Alors ? Quel effet ça fait ? susurra-t-il. C'est douloureux j'espère. C'est ce qui aurait dû t'arriver lorsque l'autre imbécile s'est interposé. Mais... à présent, ton ami n'est pas là, personne ne peut venir te sauver.

La jeune fille inspira par à-coups, ne lâchant pas son agresseur des yeux. Si son impétuosité commençait à lui fausser compagnie, elle n'en montra rien. Et bien qu'elle refusât de l'admettre, elle avait peur. Qui ne serait pas inquiet dans une pareille situation ? Elle était seule, emprisonnée dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, ligotée à une chaise, sonnée et blessée. Personne ne se doutait qu'une petite demoiselle ne se trouvait pas au chaud dans son lit, endormie sous ses couvertures en laine, à une telle heure de la nuit. Personne ne savait qu'elle se trouvait dans une cave miteuse, quelque part, sans doute près des docks abandonnés. Personne, pas même Will, ne serait là pour la sauver cette fois-ci. Elle ne pouvait compter que sur elle-même.

« Maudite sois-tu Jane Warren ! Toi et tes fichues brillantes idées ! » Maugréa-t-elle. Il fallait qu'elle se sorte de l'impasse. Mais comment ? Son imagination restait sa seule arme contre le policer Ayre et son acolyte... « Une minute... Son acolyte ? » Ledit acolyte avait en fait bien mauvaise mine. En retrait derrière son ami Ayre, il croisa nerveusement les bras sur son torse pour cacher ses tremblements. Sourcils froncés, visage creusé par une ride inquiète, il jetait quelques regards en biais entre le policier et Jane. Apparemment, les pulsions vengeresses de son compagnon n'étaient pas à son goût. Jane pourrait s'en servir pour l'amadouer ? Il fallait qu'elle trouve un moyen de se retrouver seule avec lui, mais comment ?

- Qu'est-ce que tu regardes comme ça mon gars, lui dit-il. T'en veux encore c'est ça ?

Ayre leva son poing, prêt à l'abattre de nouveau sur le pauvre Lucien Delacroix quand une voix suspendit son geste.

- Sam ? Si tu tiens vraiment à te venger, fais-le comme il faut.

Samuel Ayre, de son patronyme complet, offrit un sourire carnassier à son complice et à sa victime. Il s'approcha du policier et posa une main sur son épaule.

- Tu as raison, mon ami. Je vais lui régler son compte comme il faut... En attendant, surveille-le, ordonna Ayre avant de quitter la salle.

La lourde porte métallique se referma dans le dos du policier. Son complice, vint se placer face à Jane et l'observa. C'était maintenant ou jamais. Elle lança un regard empreint de détresse au policier.

- Détachez-moi... Je vous en prie, je suis innocent et vous le savez, l'implora-t-elle.

Le policier sembla hésiter, il fit un pas dans la direction de Jane, puis se ravisa.

- Vous ne tenez pas à être impliqué dans cette sordide histoire de partie de carte, continua Jane.

- Ça arrive plus souvent que ça en a l'air, répondit-il comme pour se dédouaner.

- C'est d'autant plus inquiétant, répliqua Jane.

Le policier ne répondit rien.

- Laissez-moi partir et je vous promets de ne rien dire à personne, vous avez ma parole.

- Je regrette, répondit le policier, je... je ne peux pas... balbutia-t-il.

- Pourquoi ? Pourquoi laissez-vous cet homme décider à votre place ? Pourquoi risquer votre place et votre vie pour lui ? insista Jane.

- Je ne risque pas ma place, puisque tu ne seras plus capable de dire quoi que ce soit, lâcha-t-il.

La jeune fille déglutit. Force était de constater qu'ils n'en étaient pas à leur premier coup d'essai... Combien d'autres pauvres bonhommes avaient été maltraité voire pire, pour réparer l'égo brisé d'un policier égocentrique ? Hors de question que Jane s'ajoute à la liste de ses victimes.

« Qu'aurait fait William O'Brien dans une telle situation ? » se demanda-t-elle. Elle réfléchit un court instant lorsqu'une idée lui vint, une idée à la William O'Brien.

Elle baissa la tête et poussa un gémissement plaintif, s'affaissa sur sa chaise. La réaction du petit policier fut immédiate.

- Hé, ça va ? demanda-t-il.

- Mes... Mes yeux... gémit Jane. Ma vision se trouble... Je crois que... J'ai mal, tellement mal... Je ne vois plus rien ! s'écria-t-elle.

L'effet recherché par la petite maligne fut escompté. Pris de panique, ou de remords, qui sait, le complice du policier Ayre se précipita sur son prisonnier ligoté afin de s'enquérir de son état. Jane se mit à trembler, poussant des petits soupirs d'angoisse.

- Je ne me sens pas très bien... se plaignit-elle. J'ai la tête qui tourne.

L'homme s'approcha, sur ses gardes, il remarqua que son prisonnier avait l'air blafard. Il n'allait quand même pas s'évanouir ?! Pas maintenant alors que son compagnon avait besoin de défouler sa hargne sur son prisonnier. Peut-être que s'il l'allongeait un instant, histoire qu'il reprenne ses esprits, il tiendrait le coup et pourrait jouer son rôle de victime de Samuel Ayre.

Le policer se précipita derrière Jane. Il hésita tout de même un instant avant de dénouer ses liens. Quand il la libéra enfin de ses liens, la jeune fille, à bout de force, se laissa tomber en avant, sur le sol. Elle entendit les pas précipités de l'homme s'affairer autour d'elle. Elle devina sa panique lorsqu'il la saisit maladroitement pour la positionner allongée sur le dos. Elle demeura inerte au sol.

- Hé ? Hé bonhomme, ça va ? balbutia l'homme.

Jane ne répondit pas, les yeux clos, immobile. Elle sentit l'homme se positionner au-dessus d'elle, jambes écartées sur son corps. Il se pencha et commença à lui donner des petites claques sur la joue, espérant vainement la réveiller.

- Hé ! Oh ! Réveille-toi !

Soudainement Jane ouvrit les yeux et balança un coup de pied de toutes ses forces dans l'entrejambe du policier qui eut le souffle coupé. Sans attendre, elle bondit sur ses pieds, et bien qu'elle eût immédiatement le tournis, elle asséna une droite magistrale dans le visage de l'homme qui tomba à terre. Ses phalanges craquèrent douloureusement, mais l'adrénaline de la survie l'empêcha de ressentir immédiatement la souffrance. Elle saisit la chaise rapidement avant de l'abattre sur le dos de son agresseur qui s'affala sur le sol.

Le cœur de la jeune fille battait frénétiquement. Elle inspirait et expirait à toute vitesse, comme si elle venait de courir des kilomètres durant sans s'arrêter. Ses douleurs physiques se rappelèrent alors à son bon souvenir et elle poussa un long gémissement de douleur en tenant sa main abîmée. Du revers de sa main intacte, elle essuya le sang qui avait coulé sur son menton et sur sa tempe. Non pas peu fière d'elle, elle se surprit à regretter que Will n'eût pas été là, il aurait adoré ! C'était certain !

Alors alors ? Vous la trouvez comment notre petite Jane ? Badass hein ! Je ne voulais pas faire intervenir Will pour la sauver dans la mesure où ça aurait vraiment fait trop gros... C'est vrai, il se trouve avec Baner et pour la possibilité qu'il arrive comme par hasard dans le bon endroit pour sauver le même Lucien... Enfin bref vous m'avez comprise !

Bon, après je ne veux pas vous refroidir mais elle n'est pas encore tirée d'affaire... Mais enfin ! Le plus gros est fait on va dire, notre petite Jane est intelligente, elle devrait s'en sortir ;)

Au fait ! Je voulais vous dire, cette semaine était une semaine spéciale ce mercredi 25/01 précisément... Vous voulez savoir pourquoi (bien sûr que vous voulez) Les Chroniques Infernales ont eu 2 ans ! Et oui ! Mes petits protégés ont fêté leur deuxième année... Que d'émotion ! Et dire que lorsque j'ai écris le résumé de 25/01/2015 je ne pensais pas aller aussi loin... Je me remettais à écrire après 2 ans sans avoir couché un seul mot sur le papier. Je ne savais pas où j'allais, ni ce qu'allaient devenir Jane et Will, je ne pensais pas qu'ils rencontreraient autant de monde, qu'ils seraient aimés, qu'on s'attacherait à eux, qu'on les suivrait dans leur périple. Je ne pensais pas que ces mots seraient soumis à votre regard, qu'ils vous plairaient, qu'ils me permettraient de connaître tant de belles personnes... Bref ce n'est pas le moment, on attendra la fin de l'histoire pour vider son sac !

En attendant, je vous attend pour la suite la semaine prochaine !! :D


Ceci est la version corrigée.

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