Chapitre 18 (1) (corrigé)
Botter en touche
« Ce que vous faites n'as pas d'importance aux yeux du public [...] Ce qui compte, c'est ce que vous lui faites croire ! »
Sir Arthur Conan Doyle, Une étude en rouge
Sur le toit d'une vieille maison abandonnée, une cape sombre flottait au vent, telle l'ondulation calme du fleuve endormi. Le regard rivé sur la cour en contre bas, ce spectre guettait un homme tout de gris vêtu discutant avec un de ses semblables à la peau tannée. L'ombre serra les dents, une ferveur vengeresse l'anima alors que la pointe de sa lame luisait sous le tranquille ciel étoilé. En dessous du regard bienveillant de la douce lune, l'on s'apprêtait à voler une vie.
L'homme en gris quitta son interlocuteur pour pénétrer dans le bâtiment par une petite porte dérobée, laquelle s'ouvrit uniquement au terme d'une mélodie rythmée de coups. La silhouette rangea son poignard dans son fourreau et rabattit correctement son capuchon sur ses cheveux sombres. L'ombre encapuchonnée décida de descendre du toit pour mieux atteindre sa cible. Mais elle n'avait certainement pas prévu qu'un individu sorte de derrière la cheminée pour se planter en travers de son chemin.
- À votre place, je ne ferai pas ça, l'avertit une voix que trop reconnaissable.
Nokomis toisa William. L'Irlandais était dans un bien piètre état, depuis ces derniers jours il accumulait les blessures. Mais s'il souffrait, il n'en montrait rien, son habituel air insolent collé à son visage moqueur.
- Que voulez-vous O'Brien ? feula la gitane.
- Éviter que vous ne fassiez une bêtise, lui assura Will.
- Ya no soy una niña ! Je n'ai pas besoin d'être surveillée !
Elle bouscula le jeune homme qui lâcha un soupir d'exaspération.
- Et moi je vous dis que vous êtes sur le point de commettre une erreur, écoutez le vrai professionnel, la prévint le jeune homme.
- Et moi je vous dis... Hé ! Dame eso ! s'écria l'Espagnole.
L'Irlandais venait de subtiliser le poignard de la gitane et le faisait tourner habilement entre ses doigts.
- Non, je ne vous le rendrai pas. Pas tant que vous ne renoncerez pas. D'ailleurs c'est un très bel objet que vous avez là ! Je crois que je vais le garder, claironna-t-il amusé.
- Seguro que no ! rugit la gitane en se précipitant vers lui pour le lui reprendre. (Mais Will tenait fermement l'objet et, de toute sa hauteur, il méprisait avec amusement Nokomis.) Cet homme a tenté de me tuer, je réclame vengeance !
- C'est faux, lui répondit Will alors qu'il se dirigeait vers le bord du toit. L'homme qui a tenté de vous assassiner est mort sous ma lame. En revanche celui-ci a commandité votre meurtre.
- A mi no me importa, cet homme a quand même voulu me tuer !
- Et il le veut toujours ! Cependant vous devez comprendre que ce ne serait qu'une perte de temps de le supprimer de cette façon.
- C'est vrai que c'est vous le vrai professionnel, fulmina Nokomis, un sourire narquois sur les lèvres. Verdad ?
Will ne répondit pas, un éclat dangereux traversa ses prunelles de glace. Un sourire matois étira ses lèvres, aussi aiguisé qu'une lame de rasoir.
- Réfléchissez Nokomis, ce serait comme écraser une fourmi. Donc inutile puisque cela ne détruirait pas pour autant la fourmilière. Pour autant, il y a bien des façons d'utiliser cette petite fourmi, en la laissant nous guider à travers sa fourmilière par exemple. Nous mener jusqu'à la reine et détruire tout cela de manière rapide... simple... et efficace, conclut Will souriant malicieusement.
Il rangea discrètement le couteau dans sa poche et fourra ses mains abîmées dans celles-ci, faisait fi de la douleur qui irradiait dans son bras blessé. Il dépassa la jeune femme sans lui accorder un regard afin de la laisser seule avec ses pensées.
- En attendant soyez prudente. Rien ne dit qu'il ne recommencera pas. Je vous trouverai un abri. Bonne soirée Nokomis, la salua-t-il.
Il s'apprêtait à quitter le toit quand elle l'interpella :
- Señor Will !
Will lui fit face pour croiser le regard faussement timide de la jeune femme qui s'approchait de lui, méfiant il resserra sa poigne autour de l'objet « emprunté ».
- Yo... Je ne vous ai toujours pas remercié pour la dernière fois, avoua-t-elle en battant des cils.
- Mais vous venez de le faire à l'instant, lui sourit-il.
- Pero... C'est que j'ai une dette envers vous, lui avoua la gitane. Vous m'avez sauvé la vie. Je ne sais comment vous remercier, alors... J'ai pensé qu'un peu d'argent...
- Je vous arrête tout de suite Nokomis, tonna fermement Will. Je suis certes un homme cupide et intéressé, mais je ne vous ai pas sauvé pour que vous me donniez de l'argent. J'estime devoir recevoir une somme en échange d'un travail. Or il n'y avait aucun contrat. Fin de l'histoire.
Il tourna les talons et entendit la gitane taper du pied dans son dos.
- Señor Will ! Calláte y escúchame ! Vous avez sauvé mi vida, y por eso j'aurai une dette envers vous toute ma vie. Y odio eso. J'aimerais vraiment vous remercier. Et... comme l'argent n'a pas l'air de vous intéresser...
La jeune femme rabattit sa capuche sur ses épaules, laissant apparaitre sa tignasse noire et secoua doucement la tête. Elle inspira et posa sur le jeune homme un regard doux, s'avançant vers lui avec une démarche sensuelle.
- Mais j'ai autre chose à offrir... souffla-t-elle.
Elle joignit le geste à la parole ; sous le regard surpris de Will, elle saisit les mains du jeune homme et les placèrent dans le creux de ses reins avant de se rapprocher dangereusement de lui. « Décidément elle y tient à son poignard ! » se dit Will en sentant la main de la gitane s'aventurer près de son pantalon.
L'Irlandais s'amusa du manège de la bohémienne, une idée lui vint et il la laissa faire avec délice. Il haussa un sourcil et sentit Nokomis perdre de l'assurance. Toujours plus près du jeune homme, elle fit glisser ses mains jusque dans le bas de son dos et il émit un petit rire railleur. Face au regard indigné de la jeune femme, il prit les choses en mains. « D'accord, tu veux jouer ? On va jouer ! » Pensa-t-il. Il plaqua contre son torse la voyante qui eut un hoquet de surprise, il prit son visage en coupe et s'approcha lentement de ses lèvres. Il la sentit tressaillir contre lui et se crisper. Elle ferma les yeux et attendit la suite des évènements tel un prisonnier qui patiente devant sa sentence.
Goguenard, il s'éloigna alors prestement de sa cible. Alors que Nokomis clignait des yeux, noyée dans l'incompréhension, Will se jouait gentiment d'elle et cela ne plut guère à la jeune femme qui se sentit humiliée, sans avoir pu récupérer sa précieuse arme.
- Je ne vous conseille pas de jouer à ce petit jeu avec moi, Nokomis. Je suis loin d'être un saint.
L'Espagnole le contempla avec des yeux ronds. Venait-il vraiment de la repousser ?
- Alors... Porqué ?
- Allons Nokomis... Vous n'en n'avez pas envie, alors je ne vous toucherai pas. Ceci n'est plaisant seulement lorsque c'est réciproque et ici ça n'est pas le cas. Je me trompe ? lui demanda-t-il avec le sourire.
Rouge de honte, la jeune femme opina, confirmant les propos du jeune homme. Will soupira, il sortit le poignard de sa poche et le rendit à sa propriétaire d'origine.
- Vous êtes une diseuse de bonne aventure, ou voyante ou que sais-je. Mais vous n'êtes sûrement pas un assassin.
Dites-moi, qu'avez-vous pensé de ce début de chapitre ? Je n'ai pas voulu là mettre en avant la bonté de Will, pas de méprise ! Si j'avais voulu faire cela, je l'aurais fait aider dans un orphelinat et ça m'aurait pris seulement trois lignes x) Vous l'aurez compris, Will a un minimum de respect pour les femmes mais ce n'est pas cela le plus intéressant... Vous vous rappelez du chapitre 13 où Nokomis cachait un couteau lorsqu'elle avait rencontré Jane qui s'était enfuie ? Et bien voilà... Je vous laisse cogiter et je vous souhaite un agréable week-end de 3 jours ! ;)
Ceci est la version corrigée.
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