Chapitre 16 (2)(corrigé)
- Vous n'êtes pas seulement venu pour Scotland Yard, n'est-ce pas, s'enquit la demoiselle.
- Pas tout à fait. J'étais réellement inquiet pour vous... À vrai dire je n'étais plus aussi certain de votre sécurité quand j'ai entendu que ce Wallace prenait les choses en main. Être trouvé à côté d'un cadavre n'augure en général rien de bon.
- En effet, nous passons en tête de liste des suspects. Il faudra redoubler de prudence, McColl n'a pas l'intention de nous lâcher, précisa Jane.
- Exact. Vous rappelez-vous des lettres subtilisées chez mon adorable comtesse ? l'interrogea-t-il.
- Comment les oublier, ironisa-t-elle.
- Je les ai comparées avec celles adressées à Judy Browler... Même type de papier, même écriture... Jane, les lettres sont identiques.
Jane sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Elle avait récupéré une lettre sur le cadavre d'Irène, en était-ce une similaire ? Les pensées s'organisèrent dans son esprit. L'émetteur de ces lettres aux prostituées... C'était bien lady Blackwood. Lady Emma Blackwood correspondait avec les victimes de Jack l'Éventreur. La jeune fille se sentit dans une position inconfortable. Leurs doutes semblaient fondés mais quelque chose lui échappait, une pièce importante manquait au puzzle qui commençait à prendre forme.
- Qu'y a-t-il ? l'interrogea Will.
- Je ne comprends pas, murmura-t-elle pour elle-même. Pourquoi lady Blackwood correspondrait-elle avec les cibles de l'Éventreur ? Cela n'a aucun sens Emma Blackwood ne peut être l'assassin.
- Vous seriez surprise de ce que peuvent faire certains individus lorsqu'ils laissent libre cours à leurs plus noirs désirs.
Jane le détailla avec un vif intérêt.
- Cela dit elle peut très bien n'être que la complice, compléta le jeune homme.
- Mais Will, ce n'est pas logique ! Qu'a-t-elle à gagner dans le meurtre de ces femmes ?
- Je ne sais pas. Nous en seront peut-être plus dans quelques jours, suggéra-t-il.
- Dans quelques jours ? répéta Jane.
- Vous avez dérobé une deuxième lettre, elle n'a rien à voir avec la première. Il s'agit d'une invitation à un bal costumé. Un bal donné par un certain Lord H. Stanbury, expliqua Will. Apparemment ma douce lady a quelques chances d'y assister. Ce serait une véritable aubaine pour nous de pouvoir s'y rendre !
Lord H. Stanbury... Un nom qui n'était pas entièrement inconnu à Jane. Il faisait aussi parti de l'adorable assemblée de vautours plus connue sous l'espèce portant le nom de « politiciens ». Un vieil homme bien redoutable, qui était sans aucun doute le plus affluant de la Chambre des Lords. Cela n'étonna nullement Jane que la lady entretienne des relations avec ce genre de personnage. Et s'il s'avérait que lady Blackwood fût bien impliquée dans l'affaire de l'assassin de Whitechapel, alors il était capital que les deux complices s'infiltrent dans ce monde sans merci pour comprendre de quoi il en retournait exactement.
Bien qu'elle n'en montrât rien, la jeune enquêtrice sembla dérangée par le fait que des personnalités importantes soient mêlées à cette agence. Naïve elle l'était, indubitablement, mais pas au point d'ignorer qu'il serait difficile, voire impossible, de coincer le meurtrier s'il appartenait à la classe aristocratique de Londres. Qui eut cru que les perles et le champagne des beaux quartiers seraient plus maléfiques que les couteaux aiguisés et les bières des rues malfamées ?
- Je dois y aller à présent, déclara Will.
- Quoi ?... Déjà ? lui demanda Jane.
Elle ne se sentait pas la force de retourner à cette fête idiote ; avec la vieille tante Alice qui la dévisageait, Mr Orpins qui ne cessait de se vanter de la même histoire depuis cinq ans, Nick qui lui coulait des regards en douce, sa cousine qui se plaisait dans le rôle de diva qu'elle n'aurait jamais, sa tante qui allait la réprimander sérieusement pour une telle humiliation publique, et maintenant voilà qu'à ce charmant tableau s'ajoutait un fiancé inutile.
- Allons, Jane. J'ai déjà bien agacé les Carroll et votre tante comme cela et je vous ai communiqué ce que je savais. Maintenant j'ai autre chose à faire, lui expliqua-t-il.
- Et que pouvez-vous donc avoir à faire de si important aussi tard ?
- Eh bien... hésita Will. Avancer dans votre enquête par exemple ?
- Bien. Je viens avec vous.
- Que... Quoi ? Non, c'est hors de question ! Ce n'est pas un endroit pour vous ! Rappelez-vous ce qui est arrivé pas plus tard cette nuit !
- J'ai dit que je venais. Alors je viens ! décréta la demoiselle.
- Je vous ai dit non !
Will se souvenait que trop bien s'être inquiété pour elle durant tout son interrogatoire. Il ne voulait plus avoir à revivre cela.
- Et moi je vous dis que si !
- Non.
- Si ! Ma décision est prise.
- Mais quelle tête de mule ! s'exaspéra-t-il. Vous allez me rendre fou ma parole !
- Parfait ! Je vous apporterais des gâteaux quand vous serez à l'asile. Rendez-vous dans trois heures !
- Diable ! Je vais l'étrangler...
- Serait-ce des menaces Mr O'Brien ?
- Oui, c'en sont !
- Je vous préviens William... tonna la jeune fille. Si vous ne m'attendez pas, je me lancerai à votre poursuite dans Whitechapel en prenant le risque de me faire attaquer. Et si cela arrive vous aurez ma mort sur la conscience !
- Que m'importe ! Je serais débarrassé de vous.
- William je ferais de votre vie un enfer, le menaça-t-elle un doigt accusateur pointé vers lui.
- C'est déjà le cas.
- Je vais vous...
- Jane ?
Bryan se tenait devant eux, un verre de champagne à la main. Ses prunelles noisette faisaient la navette entre Jane et son interlocuteur qui haussa un sourcil.
- Jane ? Est-ce que tout va bien ? demanda Bryan qui toisait Will.
- Bryan...
- Oui tout va bien Bryan ! Merci de vous en inquiéter, claironna le jeune homme.
- Je ne vous permets pas de m'appeler par mon prénom, gronda Bryan qui se plaça près de Jane.
- Oh, vous aurais-je froissé ? hasarda Will insolent.
- William ! intervint Jane. Tout va bien, Mr O'Brien et moi négocions notre prochain rendez-vous professionnel demain matin. N'est-ce pas Mr O'Brien ?
- Miss Warren ne concevait pas que je ne puisse être indisponible pour elle, s'exaspéra Will sous le regard courroucé de Jane. Oh ! Avez-vous vu l'heure ? C'est fou ce que le temps passe vite quand on s'amuse. Hélas le devoir m'appelle ailleurs, veillez sur Miss Warren, Mr Carroll, j'ai bien l'impression que la fatigue la gagne. (Il s'approcha de Bryan.) Peut-être aurons-nous le plaisir de nous recroiser bientôt, lui glissa-t-il, un sourire de diable sur les lèvres.
Il saisit le verre de champagne de Bryan qu'il vida d'une traite avant de le replacer, sous le regard médusé de son possesseur, entre ses mains vides.
- Il est vraiment excellent ce champagne ! le nargua Will. (Il fit une rapide courbette et épousseta sa veste.) Jane, Mr Carroll, au plaisir !
Les mains dans les poches, un air nonchalant détestable collé au visage, l'Irlandais s'en alla.
Quand il eut refermé la porte dans son dos, Bryan vint se placer face à Jane dont le regard se perdait dans le vide, l'esprit noyé par les intonations irritantes provenant du salon.
- Jane ? Cet individu vous a-t-il gênée ? J'ai l'impression qu'il était un peu trop familier avec vous... confessa le jeune Carroll.
- En effet... répondit Jane qui eut l'impression que la voix de son ami venait de loin.
- Je le trouve étrange, et imbu de lui-même aussi. Quelle attitude cavalière ! (Bryan cessa ses commentaires lorsque Jane lui jeta un drôle de regard. Elle ne portait peut-être pas Will dans son cœur, mais il restait son partenaire d'enquête.) Je veux dire, s'il vous importune je peux toujours faire en sorte qu'il ne vous gêne plus.
- Je vous remercie, mais je suis tout à fait capable de me débrouiller toute seule, lui intima la jeune fille.
- À votre convenance, répondit Bryan un brin déconcerté. Je... J'ignorais que vous étiez fiancée.
- Je ne le suis pas. Ma tante a décidé de cette union sans requérir mon avis. Je ne suis pas consentante à cela. Et ce n'est pas demain la veille que je le serai.
- Je vois, Jane je... Je vous ai toujours estimée, vous devez vous en douter, et je suis votre ami. J'ai bien sentit votre réticence à épouser cet homme. Si je puis être d'une utilité quelconque, j'aimerais que vous me le fassiez savoir.
- Et que sous-entendez-vous par une utilité quelconque, Bryan ? le questionna-t-elle.
- Je... commença timidement le jeune homme. Je veux dire que, si vous le désirez, vous pouvez vous confier à moi sans craintes. Je sais à quel point il est parfois seyant d'avoir une oreille bienveillante à ses côtés.
Jane lui accorda un regard emplit d'une agréable surprise. Sur ses lèvres naquit un sourire et dans les profondeurs de ses iris un éclat pétillant. Bryan fut aussitôt ravi par ce revirement qui l'enhardit. Il offrit son bras à la demoiselle qui y déposa sa main gantée comme un papillon s'y serait posé. Mais Bryan ne se doutait pas que ce papillon était déjà en train de projeter une sortie nocturne dans le dédale obscure des ruelles de Whitechapel.
Oui... Oui je sais j'avais dit que je publierais le samedi dorénavant. Mais Internet fonctionne malgré l'orage et j'avais vraiment besoin de faire un petit tour sur Wattpad et de voir vos commentaires et réactions !
Voilà la fin de ce chapitre 16, et par ailleurs, la fin également des chapitres courts que j'avais écris. A présent, préparez-vous parce qu'on va entamer les parties bien plus longues et plus denses aussi. On va dire que c'était le calme avant la tempête ! Ce que je veux dire c'est qu'on a passé la moitié de l'histoire, et même si je ne sais pas encore combien de chapitre cela prendra, vous sentirez à la cadence adoptée, que la fin se rapproche. Enfin ! Ne parlons pas de cela c'est encore trop prématuré si vous voulez mon avis ! J'ai réservé encore pas mal de choses pour notre duo ;) De même, nombre de mystères sont encore sans réponses me semble-t-il...
Bonne lecture et profitez bien de votre week-end !
Ceci est la version corrigée.
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