Chapitre 14 (1) (corrigé)

Média : William (Will) O'Brien.
Chose promise, chose due ! Voilà quelques petits croquis (vite réalisés j'en conviens mais manque de temps..) de Will tel que je l'imagine. Dans ses traits je ne voulais pas qu'on y voit uniquement le séduisant malfrat, mais aussi son attitude qui, selon moi, est le plus caractéristique du personnage. J'espère avoir bien rendu tout ça ! :D

Les atours du serpent

« Mesdames, souriez afin que plus tard,

vos rides soient bien placées. »

Madame de Maintenon


Julie était rayonnante dans sa robe de bal en lamé de soie et organza blanche. Ce soir tous les regards étaient braqués sur elle, c'était la reine de la soirée. Dans un coin du salon superbement décoré pour l'occasion, Jane regardait avec une admiration honteuse sa cousine évoluer dans son élément tel un poisson dans l'eau. C'était la belle rousse le véritable joyau de la soirée, son sourire éclatant valait bien plus que les parures de perles de la tante Alice Blancksfair, ou que les divines pierres exotiques, une somptueuse parure d'émeraudes des Indes sur lesquelles lorgnaient quelques dames, qu'exhibait fièrement Mary Carroll.

Cette soirée était l'occasion de retrouvailles, de réjouissances, de célébration... En réalité Jane n'y voyait que frasques, mascarade, hypocrisie. Tous ces gens bien apprêtés dans son salon qui se jetaient des faux compliments à la figure afin de se noyer dans une auto complaisance purement égocentrique, la jeune fille les avaient en horreur. Tous ces messieurs qui, coupe de cristal de Baccarat en main, faisaient tournoyer leur champagne en vantant leur réussite avec une fausse modestie. Et ces dames qui se souriaient avec courtoisie derrière leur éventail participant, sans qu'elles aient besoin d'une quelconque permission, à la bonne propagation des derniers ragots.

La jeune demoiselle contemplait tout ce spectacle d'un air absent. Si quiconque dans l'assemblée avait pu lire en elle, il aurait vu sans mal le tumulte intérieur qui l'agitait. Elle serrait son verre un peu trop fort, si bien que ses tremblements en venaient à remuer le liquide pétillant à l'intérieur. Elle s'était isolée, la tête dans les nuages. De sombres nuages chargés de pluie, prêts à déchaîner un déluge sur le premier imprudent un peu trop vaillant. Tel un vieillard aigri, elle ruminait dans son coin, marmonnant pour elle-même. Pestiférant des mots vulgaires appris aux côtés du très subtil Will, maudissant mariage, famille, froufrous et compagnie. Ainsi, elle ne remarqua pas que Bryan Carroll s'était rapproché d'elle, impeccable dans son costume, une coupe de champagne entre ses doigts délicats de violoniste.

- Bonsoir Jane, cela fait un moment que je vous cherche ! lança-t-il, radieux dans son costume de soirée. J'espérais que vous ne vous étiez pas volatilisée.

- Bonsoir... répondit Jane avec un sourire forcé.

Elle avait beau s'efforcer de cacher son malaise et son irritabilité, elle n'était pas encore au point manifestement, car Bryan fut étonné de sa mauvaise humeur.

- Que se passe-t-il Jane ? Vous me semblez bien faible, s'inquiéta le jeune homme.

Il avança imprudemment la main dans un vague désir de réconfort, mais se rendant compte de ce qu'il s'apprêtait à faire il se rétracta immédiatement. Voilà maintenant qu'il allait oser la toucher, en public, sans lui demander la permission qui plus est ! Ce manque d'inattention aurait pu être nuisible à sa personne et à celle de Jane, un homme ne pouvait toucher une femme qui n'était pas sa fiancée ou sa sœur. Mais il était tellement distrait ces derniers temps... Tout comme la petite demoiselle apparemment. Bryan n'était pas aveugle, les cernes foncés de la jeune fille et son air épuisé n'étaient pas passés inaperçus malgré la couche de poudre appliquée avec soin par Béatrice afin de dissimuler ses imperfections. D'ailleurs, il était vrai qu'elle n'avait pas dormi depuis presque une journée entière, et ses nuits blanches à répétition n'y aidaient pas beaucoup. Elle se sentait faible, néanmoins elle tenait le coup. Non pas par respect pour les invités, elle n'avait que faire de tous ces bonhommes artificieux, non plus pour tante Helen qu'elle rêvait de ridiculiser en fichant en l'air tous ses efforts, mais plus pour sa cousine. Malgré les différents qui les opposaient, Jane n'avait pas le cœur à gâcher la soirée d'anniversaire de Julie. Alors elle tenait bon, même si la belle rousse n'avait que faire de ses efforts.

- Vous savez, Jane, reprit Bryan sur le ton de la confession. Je sais que ce ne sont pas là des choses qu'un gentleman peut dire à une jeune femme mais... Je prends le risque, je tiens à ce que vous sachiez que je suis votre ami, et en tant que tel vous pouvez vous confier à moi sans craintes.

Jane lui lança un regard curieux, mélange d'étonnement et de plaisir malicieux. Elle n'avait eu que très peu d'amis dans sa vie, par nature solitaire, souvent perdue dans son monde imaginaire. Les gentilles dames de la bonne société aussi douces que des vipères ne voyaient pas d'un très bon œil les jeunes filles insoumises. La plus part du temps, ses éclats contestataires ne passaient que rarement inaperçus, malgré les trésors d'ingéniosité que déployait Mrs Blancksfair. Il n'était donc guère étonnant d'entendre que Miss Jane Warren était une jeune femme vulgaire et les plus mauvaises allaient jusqu'à parler d'elle comme d'une fille concupiscente, aux désirs les plus osés. En fait, dans leur esprit si formaliste, Jane était une future fille de mauvaise vie. Cette dernière, ayant parfaitement conscience que les commérages à son sujet allaient bon train, c'était avec un certain entrain qu'elle continuait à tourmenter son monde et avec le sourire s'il-vous plaît !

Les gens pensaient qu'elle finirait vieille fille, recluse à la campagne, loin de toute civilisation. Ils auraient l'air bien bête quand ils l'apprendraient mariée !

- Vous êtes bien aimable Bryan, lui dit-elle avec un petit sourire amical, et sachez que je prends vos sentiments d'amitié à mon égard avec joie. Depuis notre enfance je trouve que vous êtes l'une des meilleures personnes ici-bas, lui confia-t-elle.

Bryan ne s'attendait pas à ce qu'elle accepte ses confessions, puisqu'aucun son ne sortit de ses lèvres entrouvertes, ses yeux couleur ambre illuminés par un éclat de ravissement.

Quant à Jane, son sourire s'évanouit lorsque ses prunelles fatiguées se posèrent sur un joli petit couple qui n'était guère à son goût : Nick déposait un baiser sur la main gantée de Julie, gloussant avec délectation comme une sotte. Jane fronça les sourcils devant cette vision qui lui déplut fortement. Nick lui offrit son bras que Julie accepta sans attendre qu'on ne lui propose une seconde fois, et rosit de plaisir en y glissant sa main. Nick posa sa main sur celle de Julie et se pencha pour lui murmurer quelque chose dans l'oreille, l'effet fut immédiat et la demoiselle rougit de plus belle alors qu'un sourire radieux éclairait son visage. Voilà qui allait en faire jaser plus d'un. Tante Helen, en tant que tutrice et chaperon de sa fille, aurait dû intervenir immédiatement, cela dit elle n'en fit rien, à la grande surprise de Jane qui constata avec effroi que sa tante couvait le jeune couple du regard. Il n'y avait qu'une seule explication pour qu'elle laisse ainsi Julie s'exposer aux commérages ; elle avait dans l'idée de lier Julie et Nick Carroll, ce gredin de première qui ne pensait qu'à loucher allègrement sur les décolletés des dames et jouer les Casanova à deux sous. La romanesque Julie ivre d'amour et de bonheur descendrait vite de son petit nuage quand le masque tombera. Voilà un couple qui serait bien mal assorti.

Alors que Jane bouillait intérieurement, Nick croisa son regard foudroyant et afficha son plus beau sourire d'hypocrite royal qu'il était. Cela ne servit qu'à faire enrager de nouveau la demoiselle qui voyait indéniablement le jeune homme comme un danger pour sa cousine. Ne pouvant rester à sa place, elle prit congé auprès de Bryan qui s'étonna de sa réaction.

- Veuillez m'excuser, je viens subitement de me rappeler qu'il fallait impérativement que je parle à ma cousine. Cela ne peut attendre. Nous nous retrouverons au cours de cette soirée.

Avant que le jeune homme n'ait pu protester, elle s'en alla d'un pas décidé vers ce qu'elle venait d'élire comme étant le « couple le plus odieux de cette sordide soirée ». Une fois arrivée à leur hauteur, le couple cessa de badiner et Nick salua poliment Jane.

- Bien le bonsoir Jane, vous êtes ravissante ce soir et...

- Merci Nick, éluda-t-elle avec dédain comme si le remercier lui brûlait la langue d'un acide âpre. Puis-je te parler un instant Julie ? Je voudrais te parler de quelque chose d'important.

- Cela ne peut pas attendre ? s'enquit Julie.

- Je crains que non, insista Jane.

- Très bien. Je reviens tout de suite Nick.

Jane dédia à son tour à Nick le même sourire hypocrite, elle glissa un bras sous celui de sa cousine afin de la conduire tranquillement hors de la portée des griffes de l'aîné Carroll.

- Enfin que se passe-t-il Jane ? lui demanda Julie inquiète.

- Julie, j'aimerais que tu sois honnête avec moi, que penses-tu de Nick Carroll ?

- Je te demande pardon ? Jane, ce ne sont pas là des choses dont on discute ! s'indigna la rousse.

- Si tu ne m'en parles pas à qui comptes-tu le faire ? Cesse donc de me voir comme une ennemie Julie.

Dans sa robe de princesse blanche, Julie détourna son regard brun aux longs cils recourbés, devait-elle vraiment se confier à sa cousine ? En son for intérieur elle savait qu'il s'agissait d'une mauvaise idée, néanmoins elle céda à la demande de Jane, ne serait-ce que pour avoir la paix.

- Très bien. Si tu veux tout savoir j'apprécie Nick. C'est un gentleman charmant, fortuné, élégant et bien élevé.

- Julie, tu sais très bien que ce n'est pas de cela que je veux parler. Que ressens-tu quand tu es à ses côté ? l'interrogea Jane. De la joie ?... De l'amour ?

- Je te demande pardon ? Jane, je... C'est impoli ! Il n'est pas question de sentiments, enfin tu...

- Julie ! S'il te plaît, dis-moi la vérité.

Julie fronça les sourcils, créant un pli hideux sur son front. La colère ne lui seyait guère.

- Je...bredouilla-t-elle. Tu es vraiment inconvenante Jane. Très bien. Nick me plaît si tu veux tout savoir. je le trouve séduisant et amusant, c'est un gentleman comme l'on en trouve peu et... Je suppose que je serais heureuse si mère convenait d'une union avec lui... avoua Julie en virant à l'écarlate.

Jane eut l'impression que sa mâchoire venait de se décrocher. C'était bien ce qu'elle craignait. Alors Julie éprouvait quelque chose pour Nick. L'abominable Nick. Celui-là même qui la poussait dans la boue quand elle était petite où déposait des sauterelles sur ses livres. Ses doutes étaient fondés et le monstre avait séduit sa cousine. Il fallait impérativement qu'elle mette en garde Julie contre le danger. Nick n'était peut-être pas aussi nuisible que l'Éventreur, toutefois il demeurait un risque pour le cœur fragile et naïf d'une jeune fille peu aguerrie en ce qui concernait la nature masculine. Elle-même peu experte, en avait suffisamment appris en observant pour deviner que Nick était loin d'être le preux chevalier idéalisé par Julie. Pour autant devait-elle lui avouer avoir vu l'aîné des Carroll lui jeter des regards insistants lors de leur soirée au théâtre ? Certainement pas ! Cela dit elle ne pouvait décemment pas rester les bras croisés à contempler la brebis se jeter dans la gueule du loup.

- Julie, commença-t-elle, il faut que tu saches que Nick Carroll a beau convenir à tous tes critères, il est bien loin d'être l'homme que tu crois.

- Qu'est-ce que tu en sais ? s'offusqua la jolie rousse.

- Ce... Il n'est pas celui que tu crois, déclara Jane avec douceur pour ne pas brusquer son interlocutrice. Sois prudente Lili, il joue avec ta naïveté et tes sentiments naissants. Il sait qu'il te plaît, il en a conscience et il en joue avec ardeur. Je ne lui fais pas confiance. Comprends-moi, j'ai peur qu'il ne t'arrive malheur.

- Tu plaisantes j'espère ? gronda la jeune femme. Je rêve ou ça ressemble franchement à de la jalousie ? Je ne sais pas ce qui se passe dans ta petite tête, mais je te préviens, tu n'as pas intérêt à t'interposer entre Nick et moi !

- Julie ! Écoutes-moi par pitié...

- As-tu au moins seulement des preuves de ce que tu avances ? la coupa la jeune femme avec circonspection. Ce ne sont pas tes affaires. D'ailleurs tu ferais mieux de t'occuper des tiennes. En l'occurrence, ton pathétique mariage avec cet idiot de...

- Jane ! se fit délicatement entendre une voix par-dessus le vacarme que faisaient les invités.

Et un miracle fut, j'ai pu publier ce chapitre !

Mes craintes se sont avérées exactes, cette année va être assez rude pour moi... Beaucoup de choses à faire et très peu de temps... En espérant que je trouve la foi et le temps !

Quoi qu'il en soit, nous quittons pour quelques temps le monde sombre et malfamé de la rue pour la brillance des beaux salons... Me connaissant, vous devinez sans doute que cela ne va pas être tout simple que de survivre dans une soirée mondaine ! ;)

J'espère que le petit dessin de Will vous plait ! Que le jeune homme est à la auteur de vos espérances (même si j'ai été vraiment pressée pour le faire) ainsi que ce chapitre !

J'attends vos avis avec impatience ! <3


Ceci est la version corrigée.

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