Chapitre 13 (1) (corrigé)

Bien le bonsoir mes doux lecteurs ! Je vous avais suggéré que j'avais une surprise pour vous au chapitre précédent... Et bien tadaaa !! Voici des dessins (cartoon/Disney/je ne sais pas quoi) de Jane et Will ;) mes vacances m'ont inspirée et j'ai dessiné tous les personnages de l'histoire sous cette forme aussi. Je suis très fière de ces petits dessins ! J'espère réellement un jour pouvoir les animer... Si vous les aimez sous cette forme, je peux vous en mettre souvent (ceux-ci étaient les premiers, depuis j'en ai dessiné d'autres et le trait est plus "sûr" si je puis dire ainsi). Enfin j'ai vraiment hâte d'avoir vos avis parce que je suis très fière d'eux ! :D
A présent je vous laisse avec le chapitre 13... :)

---------------------------------------------------------


Le prix de la liberté

« À vaincre sans péril on triomphe sans gloire »

Pierre Corneille, Le Cid


La nouvelle était tombée comme une sentence irréversible. Les fiançailles seront programmées très rapidement. Jane devrait faire face à son destin, ce soir même, lors de la réception en l'honneur de l'anniversaire de Julie. Cette pensée lui donna la nausée. La tête lui tourna et elle s'appuya sur le divan pour soutenir son petit corps tremblotant. « Comment... Comment peut-elle oser me faire une chose pareille ? » Elle n'en revenait pas, il y a quelques heures encore elle se trouvait dans une salle d'interrogatoire à plaider pour son innocence et celle de Will et voilà que maintenant on lui annonçait de but en blanc qu'un inconnu la conduirait jusqu'à l'autel dans les prochains mois. C'était inconcevable. Pour l'amour du Ciel elle n'avait que dix-huit ans ! Elle ne pouvait pas déjà épouser un parfait inconnu ! Pas alors qu'ils ne s'étaient jamais adressé la parole, pas alors qu'ils n'avaient pris le temps de se connaître, pas alors qu'il ne lui avait jamais fait la cour, pas alors qu'il ne lui avait jamais volé un baiser, ou ne lui avait tenu la main. Elle ne savait même pas à quoi il ressemblait !

Elle secoua la tête. Impossible. C'était tout bonnement impossible.

Non. Elle refusait d'y croire. Tante Helen ne pouvait pas lui faire ça. Et elle n'avait pas dit son dernier mot. Oh ça non ! Elle ne se soumettrait pas aussi facilement ! Sa tante avait décidé de la marier ? Soit. Cela ne voulait pas dire qu'elle acceptait. Elle avait son mot à dire dans cette histoire, et au diable ces idiots à qui cela ne plairait pas ! Elle ne se laisserait pas passer la corde au cou aussi docilement. Que sa tante essaie donc de l'enchaîner, elle n'était pas au bout de ses peines, Jane lui ferait payer ce qu'elle jugeait comme une haute trahison venant de la part de sa tante. Et elle commençait dès maintenant.

- Vous n'avez pas le droit...

- Oh que si. J'en ai parfaitement le droit ma chère, riposta Helen. Je ne te demande plus d'être aimable, je sais que tu ne comptes pas te plier à ma volonté. Mais crois-moi ma petite, tu t'y plieras, de grès ou de force, mais tu t'y plieras, déclara-t-elle sans sourciller.

- C'est ce que nous verrons, répliqua Jane d'un ton acide.

Animée par une ambition vengeresse qu'elle ne se connaissait pas, Jane se dirigea d'un pas furieux vers la porte, bousculant d'un coup d'épaule Julie au passage.

- Jane ? Où vas-tu ? s'inquiéta Julie.

- Mademoiselle Jane ? s'enquit Benny.

Hélas Jane n'entendait plus, elle ne sentait plus que l'appel de la rue en face d'elle qui l'invitait à fuir. Ce qu'elle fit, s'élançant à grandes enjambées sur les pavés.

- Jane ! s'écria Julie désemparée.

- Cela suffit Julie, tonna fermement sa mère.

Julie lui lança un regard effaré.

- Mais mère ? Vous ne faites rien ?! s'étrangla la jeune rousse.

- Seigneur Julie ! Que veux-tu donc que je fasse ? Je ne vais tout de même pas m'élancer à sa poursuite dans la rue !

- Nous pourrions au moins prévenir la police ! s'égosilla sa fille.

- Mademoiselle Julie a raison, Mrs Blancksfair... intervint Benny.

Helen lança un regard assassin au majordome.

- C'est inutile. Elle reviendra d'elle-même, déclara Helen d'un calme olympien.

- Mais enfin comment pouvez-vous en être aussi sûre ? s'inquiéta Julie.

- Eh bien, c'est une jeune femme de salon. Elle n'a ni fortune ni connaissances, elle se rendra bientôt à l'évidence que c'est la chose la plus intelligente à faire. Je ne lui donne pas une journée, conclut Mrs Blancksfair, le regard rivé sur la rue faiblement éclairée par le soleil levant, contemplant la silhouette de sa nièce s'effacer au loin.

Julie coula un regard en biais vers sa mère. Mrs Blancksfair avait beau afficher une expression sereine, la jeune femme savait parfaitement que derrière ce masque sa mère craignait le pire. La presse mondaine se ferait une joie de s'emparer du fait divers, une jeune fille qui fuguait de chez elle faisait toujours couler de l'encre et quelques commérages au passage. La réputation de Jane serait fichue, la sienne en serait affectée également, elle serait « la cousine de la fille qui s'est enfuie, qui sait qu'elle influence elle a dû avoir sur elle ». Les mauvaises langues se feraient la gorge chaude, c'était certain. Julie ne pouvait que prier pour que Jane prenne la bonne décision.

Le soleil se levait tranquillement sur la Tamise. En cette fin du mois de mars les beaux jours se faisaient plus longs, et avec eux la vie et la chaleur revenaient petit à petit. Alors que le printemps s'éveillait comme un bouton de rose sur le point d'éclore après de nombreuses nuits glaciales, Jane se sentait comme une condamnée. Non pas que la fin du monde soit proche, mais c'était tout de même une fin, la sienne, la fin de son monde. Elle avait la vague impression que sa tante avait allumé un grand brasier au cœur de son jardin, et que celui-ci en feu dégageait une senteur toxique, détruisant peu à peu la moindre espérance de renouveau. Comme si les lierres indomptables et féroces que la jeune fille cultivait en elle se tordaient de douleur sous les flammes corrosives du destin.

Que faire ? Pour une fois aucune réponse ne lui vint. Elle s'était enfuie de chez elle comme une voleuse suite à l'appel de la liberté que lui conférait la rue. « Et maintenant ? » Telle était la question. Que faire à présent ? Elle ne s'imaginait pas rentrer chez elle et courber misérablement l'échine devant sa tante. Mais elle ne s'imaginait certainement pas non plus vivre sous un pont de la charité. Certes, elle était plus débrouillarde qu'une grande partie des jeunes filles de sa connaissance, mais face à la misère quotidienne qu'était-elle ? Rien. Un misérable microbe. Un cafard parmi les autres de l'East End.

Elle soupira, lasse et anéantie. Les ondulations échappées de sa coiffure s'élevant au rythme de la douce brise matinale. Sa fuite était indéniablement un fiasco. Elle, la jeune fille cérébrale et débordante d'imagination n'avait pas pris le temps de réfléchir à une meilleure solution et avait agis sur un coup de tête, uniquement poussée par ses émotions. Mais tout de même... Cette annonce avait été si soudaine ! Elle secoua la tête. Non, elle trouverait un moyen. Il le fallait.

Le monde commençait à affluer autour d'elle. Les derniers ouvriers se rendaient dans les usines, les pêcheurs partaient sur leur barque et quelques hommes en costume hélaient des voitures pour traverser Londres. La fourmilière de Londres commençait à grouiller de ses travailleuses et cette scène, dont Jane avait été rarement le témoin, la fascina. Son regard parcourut les visages de cette foule matinale. Comme si son corps l'avait senti venir avant même qu'elle ne le remarque, son regard fut attiré par un individu qui se hâtait rapidement de l'autre côté de la route. Il avait l'air pressé alors qu'il boitait. L'air irascible il essuya rageusement la commissure de sa lèvre ensanglantée. Cet individu qui avait accaparé son attention, Jane le reconnut à sa chevelure charbonneuse et à son allure de félin malgré sa démarche claudicante.

« William ! » Elle fit quelques pas dans sa direction, un sourire aux lèvres, impatiente d'aller à sa rencontre, mais c'était sans compter son petit cœur qui se serra quand elle nota avec tristesse à quel point il était amoché. Un sentiment de culpabilité l'envahit sur le champ, tout cela était de sa faute encore ! Si seulement elle avait pu réagir avant... Ils se seraient enfuis avant d'être surpris, ils seraient rentrés sains et saufs, et surtout elle n'aurait jamais croisé sa tante ! Cette stupide annonce aurait été repoussée et à l'heure actuelle elle serait en train de dormir paisiblement sous sa couette. « Ah ! Idiote ! » Se fustigea-t-elle. Elle resserra sa cape autour de ses épaules et suivit du regard la silhouette élancée de Will se fondre dans la masse. Au moins Simon Palmer avait tenu parole. Mais Jane avait le sentiment que Scotland Yard ne le lâcherait pas. Ils étaient pris dans un étau invisible. Tout cela à cause d'elle.

« Bien, maintenant on lève la tête, on inspire et on réfléchit. » Lui souffla une petite voix encourageante. Elle eut l'idée de suivre Will et de lui demander asile, mais c'était impossible. Jane ne tenait pas à s'imposer comme un poids supplémentaire, elle avait déjà beaucoup trop honte d'avoir fui sur un coup de tête et de ce qu'il avait pu endurer. Il fallait qu'elle trouve autre chose. Ce fut ainsi qu'elle décida dans un premier temps de se rendre dans le seul lieu qu'elle appréciait.

Un petit tintement de clochette retentit, le son produit fut aussi doux qu'une goutte de pluie s'écrasant sur un pétale de fleur. Aussitôt l'odeur du vieux cuir envahit les narines de la nouvelle arrivante. Les plaintes légères du vieux bois sous ses pieds et le bruissement des feuilles soulevées par le souffle délicat de la brise matinale lui conférèrent un sentiment d'apaisement. Alors que la jeune fille fermait les yeux, elle relâcha toute la tension de ces derniers jours ; ses épaules s'affaissèrent et elle inspira profondément cet air comme s'il envahissait ses poumons pour la première fois. Là, elle se sentait enfin chez elle. Un sourire de bien-être étira ses lèvres quand une voix rocailleuse la sortit de sa torpeur.

- Eh ! V'la notre cliente préférée qui vient nous rendre visite ! s'écria Miss Doyle. Ça fait un bail que j't'avais pas vue tiens !

- Bonjour Miss Doyle, répondit Jane avec un sourire si adorable qu'on aurait décroché les étoiles pour le garder rien que pour soi. Je suis vraiment désolée, je me sens coupable. J'ai quelque peu négligé mes visites ces temps-ci.

- Bah je t'excuse va ! Je veux bien croire que t'aies des amis plus importants que la vieille Miss Doyle ! Mais dis-moi, il est où mon fiancé ? s'enquit la vieille dame.

- Ah, vous parlez sans doute de William ? Je regrette il n'est pas avec moi aujourd'hui, répondit Jane avec un petit sourire triste.

La bibliothécaire ne remarqua pas la lueur accablée dans son regard.

- Dommage, moi qui m'étais fait une beauté rien que pour lui !

Jane rit de bon cœur devant l'air taquin de la bibliothécaire. Hélas son sourire s'évanouit bien vite au souvenir de son compagnon blessé. Cette fois-ci cela ne passa pas inaperçu, et Miss Doyle ne put tenir sa langue bien longtemps.

- Jane chérie, tout va bien ? s'enquit-elle.

- Non Miss Doyle, non en fait plus rien ne va ... avoua la jeune fille.

La vieille dame s'approcha soigneusement de sa jeune amie, elle prit sa main délicate entre ses doigts fripés. Ce simple contact apaisant suffit à délier la langue de Jane, qui lui confia la raison de son air chagriné. Elle évita soigneusement de lui parler des évènements liés à son enquête et de Will, elle ne lui narra que le récit de sa fuite suite à la décision irrévocable de sa tante. La bibliothécaire âgée l'écoutait attentivement, ne perdant aucune miette de ce qui sortait de la bouche de la jeune fille échevelée. Jane acheva son récit par son vœu de ne pas céder à sa tante, quitte à ne jamais revenir. Miss Doyle la contemplait avec pitié et compassion, combien de jeunes femmes avait-elle connue au cours de sa longue carrière dans l'obligation d'épouser un parfait inconnu choisi avec soin par les parents ? Miss Doyle n'avait jamais connu l'accablement de cette situation, ni le bonheur d'un mariage heureux, toutefois elle demeurait assez docte et sage pour savoir que sa petite Jane commettait une énorme erreur.

Après avoir écouté son récit, la vieille dame se munit d'un châle usé jusqu'à la corde et d'un bonnet ridicule. Elle ouvrit la porte de son commerce et tendit la main à la jeune femme.

- Suis-moi, lui intima-t-elle.

Fin de ce début de chapitre transitif ! J'espère néanmoins que cela vous aura plus !

La dernière fois je n'ai pas pensé à vous demander : aimez-vous les titres de chapitre sous forme de citation ? Personnellement je trouve que c'est pas trop mal, enfin ça changeait un peu d'ordinaire. :)

J'attends vos réactions à présent et rendez-vous pour la suite ! :D


Ceci est la version corrigée.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top