Chapitre 12 (3) (corrigé)

- Pour la énième fois Miss Warren, je vous conjure de me dire la vérité ! s'exaspéra McColl.

Cela faisait presque une heure que Jane tenait tête à l'inspecteur en lui répétant inlassablement la même version des faits. Repoussant chaque fois plus les limites de sa patience. Will avait eu raison sur un point ; McColl lui avait épargné tout traitement violent et s'occupait de son cas personnellement. Il n'aurait jamais osé la maltraiter en tant que jeune femme de bonne famille, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Quant à Will... Maintenant Will était pris dans les filets de Scotland Yard et Jane redoutait le pire. Elle brûlait d'envie de lui demander ce qu'il allait faire de son acolyte.

Elle avait tant bien que mal essayé de plaider sa cause, d'atténuer sa responsabilité dans les faits mais l'inspecteur demeurait inflexible. Le malfrat était bien connu de la police locale et quand bien même les preuves manquaient, du moins cette fois-ci, Scotland Yard garderait sans doute sa proie bien au chaud afin de lui faire porter le chapeau en cas de récidive. Jane n'en laissa rien paraitre mais elle avait peur, non pas peur pour elle, mais peur que sa famille soit impliquée et, surtout, elle avait peur pour Will. Elle ne pouvait accepter l'idée que l'on fasse du mal délibérément à un individu pris par un malheureux concours de circonstance. Mais McColl perdait patience, cette affaire le poussait dans ses retranchements et le cas Sébastian Wallace n'aidait guère !

- Miss Warren, je ne suis pas un idiot, et vous n'êtes pas insouciante au point d'ignorer que j'ai des soupçons sur vous. Si vous voulez mon avis, je ne crois pas que vous soyez capable de tuer de sang froid qui que ce soit. Et puis si c'était bel et bien le cas, je n'arrive pas non plus à percevoir l'intérêt que vous auriez à assassiner des prostituées. En revanche votre perpétuelle présence sur mon chemin est, comment dire... tout sauf hasardeuse. Vous semblez cacher quelque chose, et je suis convaincu que quelqu'un d'autre tire les ficelles, ce criminel par exemple ? Je ne peux ignorer votre présence un peu trop active dans cette affaire, et vous pourriez vous retrouver derrière les barreaux d'un claquement de doigts si je le souhaitais. Néanmoins... Si vous acceptiez de vous montrer un peu plus coopérative peut-être que je pourrais réviser mon jugement... Si vous voyez ce que je veux dire ? dit-il d'un ton conspirateur.

- Non, je ne vois pas, rétorqua la jeune fille têtue.

McColl ferma les yeux et joignit les mains, il respira de nouveau calmement avant de reprendre d'un ton le plus posé possible, essayant de se contrôler.

- Ce que je veux dire, c'est que je sais que cet homme a une influence sur vous. Que vous a-t-il promis ? De l'argent ? De l'aventure ?... De l'amour ?

Lorsque ce dernier mot eut franchi les lèvres de l'inspecteur, Jane piqua un fard. De l'amour ? Entre Will et elle ? Mon Dieu ! Voilà qui était absurde ! Si elle avait engagé Will c'était uniquement pour ses talents de voleur et sa bonne connaissance des bas-fonds de Londres. Rien de plus. Surtout parce qu'on lui avait ri au nez lorsqu'elle avait proposé son aide. Mais visiblement, McColl ne pouvait envisager qu'elle soit le cerveau de l'opération.

- De l'amour ? Quelle idée ridicule inspecteur ! pouffa-t-elle.

McColl sourit devant la réaction de la jeune fille. Il crut qu'il avait vu juste. Alors que Jane était indignée qu'il la croie si naïve et si influençable. Elle qui s'était lancée à la poursuite d'un tueur en série ! Comme si elle avait besoin de ce genre de promesses niaises pour atteindre ses objectifs ! Elle le prit comme une attaque personnelle et toisa l'homme qui lui faisait face dans la petite salle d'interrogatoire.

- Vous me décevez, inspecteur. Me croyez-vous donc si stupide au point de tomber dans les bras du premier inconnu qui passe ? C'est que vos recherches à mon sujet sont bien infructueuses alors.

C'en était assez pour l'inspecteur. Son sourire s'évanouit aussi vite qu'il était venu et dans un grand fracas, il abattit son poing massif sur la table. Jane sursauta, néanmoins elle s'efforça de garder contenance devant l'homme à la moustache sévère. Il se redressa lentement sur sa chaise et se fit plus menaçant sous la lumière vacillante. Il roula des épaules et sortit calmement sa pipe de la poche de sa veste, il lissa sa moustache sans regarder la prisonnière et alluma son objet en bois tandis qu'une odeur âpre de tabac se propageait entre les quatre murs.

Lorsqu'il recracha la fumée, une expression de dégoût se peignit sur le visage de la jeune demoiselle dont le petit nez se retroussa. « Voilà, nous y sommes enfin. Il a tout compte fait l'intention de me faire parler. » Se dit-elle. Elle avait vu juste. McColl afficha un rictus machiavélique avant que la porte ne s'ouvre brusquement, mettant fin au supplice avant même qu'il n'ait commencé.

- Inspecteur ! On a besoin de vous dans la salle 4B ! s'écria un policier. L'étranger fait des siennes...

« L'étranger ? » Ça ne pouvait être que Will. L'inspecteur vociféra contre les occupants de la fameuse salle 4B avant de se lever abruptement en jurant. Il feinta la tranquillité en s'adressant à sa prisonnière :

- Voilà qui est fâcheux. Je n'en n'aurai pas pour très longtemps, veuillez m'excuser Miss Warren, je reviens immédiatement, déclara-t-il en claquant la porte derrière lui.

Dès que l'impétueux inspecteur eût fermé la porte derrière lui, Jane se rua sur la poignée. En vain.

Celle-ci était fermée à clé.


Dix minutes. Voilà environs le temps qui s'était écoulé depuis que Jane était seule dans cette minuscule salle d'interrogatoire, ce qui avait laissé le temps à son cœur de lâcher à plusieurs reprises. La jeune fille tambourinait du bout des doigts la table abîmée, l'estomac noué, elle ne cessait de s'agiter sur sa chaise qui grinçait sous son poids. Qu'est-ce qui pouvait donc retenir McColl aussi longtemps ? Pourvu que Will ne fasse pas de bêtises...

Au moment même où elle recommençait à divaguer elle entendit un cliquetis. La porte s'ouvrit brusquement et une ombre se faufila, refermant la porte dans son dos dans la précipitation. Jane se redressa immédiatement, l'inspecteur McColl revenait enfin de la mystérieuse salle 4B, où il avait dû mater son petit monde. Il devait être éreinté. Jane retint son souffle.

- Satané verrou... râla une voix masculine.

Ça par exemple ! Cette voix... Ce n'était pas celle de l'inspecteur ! Mais qui était donc son mystérieux visiteur ?

Une tignasse blonde apparut sous la faible lumière, perçant l'obscurité accablante. Cette masse bouclée appartenait à un homme, il était relativement jeune, peut-être à peine plus âgé que Will de quelques années. Les traits de son visage étaient délicats, sa chevelure bouclée avait quelque chose d'angélique, lui donnant l'air d'un chérubin. Jane eut l'impression de voir le Dorian Gray d'Oscar Wilde en chair et en os. Ses grands yeux verts brillaient de détermination, à l'affût. Manifestement il n'avait pas le droit d'être ici. Et pour cause, ce n'était pas un policier, il portait une chemise couleur crème froissée, sans doute l'avait-il enfilée à la hâte, et un gilet en jacquard bleu roi d'assez bon goût. Un civil ? Le mystérieux jeune homme jeta plusieurs coups d'œil autour de lui et s'assied hâtivement sur la chaise face à Jane qui resta coite de surprise. Elle remarqua ses doigts tâchés d'encre quand il croisa les mains. Un journaliste ?

Quand son regard croisa le sien Jane sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Cet homme était scandaleusement charismatique. Il haussa les sourcils à la vue de la jeune fille qui lui faisait face et l'examina rapidement. De toute évidence il ne s'attendait pas à trouver une femme ici, et il ne cacha pas sa déception.

- Pardonnez-moi, commença-t-il, j'ai dû me tromper c'est étrange. Est-ce bien vous qui étiez dans Commercial Road ?

Le moins que l'on puisse dire c'était qu'il était direct. Jane opina derechef tandis que l'étrange personnage fronçait les sourcils.

- Mais... Mais vous êtes une femme...? s'étonna ce dernier.

« Quoi ? Il se fiche de moi ? »

- Évidemment que je suis une femme ! Croyez-vous que je porte un corset et un jupon uniquement pour mon bon plaisir, monsieur ?! rétorqua-t-elle vexée par le manque de tact de son interlocuteur.

- Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire, veuillez m'excuser, c'était idiot comme remarque, je suis juste... étonné de me retrouver face à une jeune demoiselle si charmante.

Voilà qu'il essayait de se tirer de ce mauvais pas par une galipette, le malappris ! Et cela fonctionnait. Jane ne put empêcher un petit sourire ravis de naître sur ses lèvres, charmée par le personnage.

- De toute évidence vous ne savez pas reconnaître une femme quand vous en voyez une, mais vous êtes incroyablement habile pour retourner la situation à votre avantage, déclara-t-elle avec un demi-sourire. Remarquez, c'est là votre métier de journaliste qui veut cela, j'imagine, continua Jane en désignant du menton les doigts noircis par l'encre. À qui ai-je l'honneur ?

Les lèvres de l'individu s'étirèrent en un large sourire face à la perspicacité de son interlocutrice. À son tour il fut agréablement surpris par cette jeune fille rencontrée par hasard dans une salle d'interrogatoire miteuse de Scotland Yard. Un petit rire agréable lui échappa.

- Voilà que j'en oublie mes bonnes manières. Je m'appelle Simon Palmer, je suis journaliste au Daily Telegraph. À votre service milady.

Simon Palmer. Jane n'en croyait toujours pas ses oreilles. La vedette du périodique le Daily Telegraph était là, juste en face d'elle, et il l'écoutait avec la plus grande attention. Elle qui avait dévoré tous ses articles et en particulier ceux sur Jack l'Éventreur. Sa compagnie était tellement agréable qu'elle ne savait plus si elle avait hâte de sortir d'ici ou si elle préférait rester encore un peu.


En observateur expérimenté qu'il était, le brillant journaliste avait très vite compris le pouvoir qu'il détenait sur la jeune fille. À la seconde où elle avait ouvert la bouche, il avait su qu'elle était spéciale. Emportée par son excitation, elle avait rapidement expliqué à Mr Palmer qui elle était, ce qu'elle cherchait et comment elle en était arrivée là. Elle lui avait indiqué que l'homme arrêté avec elle était son partenaire. Loin d'être amusé ou catastrophé qu'une jeune lady courre les rues comme un garçon manqué à la recherche d'un tueur, Simon Palmer fut irrévocablement captivé par cette demoiselle singulière et ses méthodes peu conventionnelles. Bon sang cette fille avait recueilli un nombre d'informations en un temps record ! Si McColl était assez bête pour ne pas voir le potentiel de cette jeune fille, eh bien Simon était tout à fait différent. Sa connaissance de l'humain lui indiqua qu'il avait affaire à une personnalité coriace et entêtée, négligée par ses pairs et... Incroyablement utile pour ce que Simon avait en tête. Mais d'abord, il fallait qu'il la fasse sortir d'ici.

Quant à la demoiselle en question, elle usa de ses charmes pour convaincre sans trop de mal Palmer de faire aussi sortir Will. Ce qu'il accepta à contre cœur. Faire évader Miss Warren fut plutôt aisé, en revanche, la tâche se compliqua pour Mr O'Brien. D'une part parce que le personnage était si désagréable, si odieux qu'il ne l'aidait pas, et d'autre part parce que Scotland Yard ne voulait pas relâcher son coupable idéal.

Durant ce court laps de temps, Jane refusa d'abandonner Will à son sort, clamant à qui voulait bien l'entendre que tout était de sa faute et qu'elle était la seule responsable de ce malentendu. Or cela était loin de suffire, et elle fut renvoyée chez elle sous menace de l'incarcération. Ce fut donc bredouille qu'elle rentra à la villa Blancksfair alors que le soleil commençait à pointer le bout de son nez et avec lui, celui des ouvriers des docks également. Mais elle ne se résigna point, cela non, elle sortirait Will de là, comme il l'aurait fait avec elle !

Si elle prévoyait un nouveau plan avec minutie, elle n'avait certainement pas prévu de se faire renverser par un homme qui sortait de chez elle l'air plutôt pressé . Elle poussa un petit cri de surprise quand elle se trouva projetée à terre pendant que le rustre se relevait sans même s'excuser et s'enfuyait à vive allure sans même se retourner. Un cambrioleur ? Elle entreprit de se lancer à sa poursuite, et au diable les jupes et les talons, lorsque du grabuge arriva jusqu'à ses oreilles. Apparemment toute la maisonnée s'était réveillée.

Jane se releva en hâte et pénétra par la porte grande ouverte, où elle se retrouva nez à nez avec Benny qui l'attrapa par les épaules.

- Benny ? Enfin que se passe-t-il ? Et qui était-ce ? l'interrogea-t-elle inquiète.

- Mademoiselle Jane ! Que faites-vous encore vêtue de la sorte ? Ne me dites pas que... (Des bruits de pas précipités dans les escaliers leur parvinrent.) Vite, il faut vous cacher ! Si Mrs Blancksfair vous trouve dans cette tenue, j'ai bien peur que tout soit fini pour vous comme pour moi !

- Benny ?! cria la voix forte de la maîtresse de maison.

- Par pitié mademoiselle Jane, cachez-vous ! la supplia le vieil homme.

Le cœur battant, elle se précipita dans le salon pour se glisser derrière le canapé massif en priant pour qu'on ne remarque pas son absence. Le bruit des raclements de chaussures sur le sol se firent crescendo et la jeune fille sentit la cadence de son cœur redoubler alors qu'elle se retrouvait plongée in medias res dans le feu de l'action, face à un individu bien plus dangereux que McColl ou Wallace.

- Benny ! cria tante Helen. Quel est la raison de tout ce raffut ?! Qui était cet homme ?!

Jane entendit les gémissements de Julie qui se plaignait d'avoir mal à la tête.

- Comment se fait-il que ce mufle se trouvait dans MA maison, en pleine nuit pour tenter de nous voler ? Ce-ce... Ce scélérat a frappé ma fille ! J'exige des explications ! hurla-t-elle de plus belle.

- Que se passe-t-il ? intervint la petite voix paniquée de Béatrice.

- Béatrice ! Pouvez-vous m'expliquer ce désordre ? La porte n'était-elle pas censée être verrouillée conformément à mes ordres ? reprit Helen avec force.

- Si madame mais je...

- Il suffit !

Jane se mordit la lèvre. Tante Helen était furieuse. Que s'était-il passé ? Que faisait cet homme dans leur maison ? Que voulait-il ? McColl l'avait-il faite suivre à son insu ?

- Mr Blancksfair, reprit Benny avec tout le calme et le courage que des années d'expériences lui conféraient. Je... Nous n'avons aucune idée quant à l'identité de cet homme. Quand j'ai entendu le vacarme, j'ai bondis sur mes pieds et lorsque je me suis mis en travers de son chemin, le malotru m'a poussé à terre pour s'enfuir, expliqua-t-il. Il y a de forte chance que ce soit un voleur.

- Un voleur ! Juste ciel ! s'écria la maîtresse de maison alors que sa voix grimpait dans les aigus. Dieu tout puissant, par où cet individu a-t-il pu entrer ? Il est sorti par la porte d'entrée, sûrement là où il a dû entrer. Pourquoi la porte n'était-elle pas verrouillée !

- Elle l'était madame, je m'en suis occupé personnellement, répondit le majordome avec calme.

- Eh bien elle ne l'était pas manifestement ! (Elle passa une main fatiguée sur son visage. Puis elle jeta quelques coups d'œil dans son dos.) Et Jane ? Où est-elle ? L'on ne va tout de même pas me faire croire qu'elle n'a rien entendu ?!

Tante Helen appela sa nièce. Une fois. Deux fois. Cette dernière toujours planquée, déglutit. Alors que Mrs Blancksfair s'apprêtait à aller la chercher dans son propre lit, furieuse, Benny s'interposa.

- Mademoiselle Jane était exténuée hier soir, elle a besoin de sommeil. Laissons la dormir, cela vaut mieux. Il ne faudrait pas la perturber dans son sommeil, la pauvre enfant dort déjà si peu. Nous l'en informerons à son réveil, suggéra-t-il.

- Allons vous ne pensez pas qu'elle a un sommeil de plomb au point de ne s'être rendue compte de rien ? Jane ! Pour l'amour du Ciel ! Est-elle sourde ? s'impatienta Mrs Blancksfair.

Tante Helen resserra sa robe de chambre autour d'elle et se dirigea vers le grand escalier. Elle s'offusqua quand Benny s'interposa entre sa maîtresse et le grand escalier pour lui barrer la route. Outrée, elle l'interrogea du regard.

- Enfin Benny, que signifie ceci ?

- Madame, je suis désolé, je ne peux vous laisser passer. Vous... Vous ne vous êtes pas encore remise du choc, tenta-t-il. Vous êtes pâle, laissez-moi vous apporter une tasse de thé.

- Je vous prie de vous écarter Benny, ordonna-t-elle. Je veux voir ma nièce.

Le ton était en train de monter. La scène était très déplaisante aux yeux des autres habitants de la villa. Béatrice avait plaqué ses mains sur sa bouche, inquiète de la bravade du majordome. Julie triturait nerveusement les rubans de sa chemise de nuit en satin, implorant Benny du regard de céder à la demande de sa mère. Quant à la principale intéressée à l'origine de l'orage qui se profilait sur le seuil de la villa, elle ne put demeurer inactive plus longtemps et se releva derechef, bien décidée à chasser les obscurs nuages chargés d'éclairs que l'on nommait tante Helen.

- Tante Helen ! interpella Jane au moment où tous les regards convergèrent vers elle.

Un silence de plomb tomba, rendant tout cela encore plus pesant que ce ne l'était déjà. Julie ouvrit la bouche de surprise, Benny serra les poings dans son dos, Béatrice blêmit. Quant à tante Helen... Les yeux écarquillés, décoiffée, les traits tirés, elle changea de couleur quand elle découvrit sa nièce, vêtue de pied en cap, bel et bien réveillée, les joues rosies par l'air frais de la nuit.

- Jane ? lâcha Julie stupéfaite.

Jane glissa un regard vers sa tante. Mrs Blancksfair était verte de rage.

- Alors depuis tout ce temps tu étais là, déclara froidement tante Helen. Que tu es matinale ! releva-t-elle avec sarcasme. Et je suppose que tu ne sais rien toi non plus, puisque tu viens tout juste de sortir du lit, n'est-ce pas ? Où étais-tu ? J'attends tes explications.

Jane eut un mouvement de recul avant de se ressaisir. « Tu n'as pas ployé devant un enquêteur de Scotland Yard ce n'est certainement pas le moment de s'avouer vaincue maintenant ! »

- Je ne sais rien, déclara Jane. Je voulais sortir et cet homme m'a bousculée...

- Tu voulais sortir ou venais-tu de rentrer ? l'interrompit sa tante.

- Je...

- Inutile de me mentir, renâcla-t-elle.

- Oui j'étais sortie, avoua finalement Jane. J'étais sortie parce que je n'en peux plus de cette maison où j'étouffe, c'est le seul moment que je possède pour me tenir loin de vous. C'est le seul moment où je peux enfin respirer sans avoir peur de recevoir des représailles en retour ! Mais je suis rentrée. Et j'ai été bousculée par cet homme qui sortait de la maison et je vous jure que je ne sais rien. Benny était aussi déboussolé que moi, il a menti pour me protéger.

Elle avait dit ces derniers mots avec rancœur, sur le ton du défi. Sur le visage de sa tante, ne tempête agita ses traits.

- Tu m'as désobéie, déclara froidement.

Les yeux de tante Helen lançaient des éclairs. Julie scrutait sa cousine avec un mélange d'appréhension et d'intérêt. La belle rousse n'était pas dupe. Ces sorties nocturnes, l'homme qui s'enfuit avant le lever du jour... Tout cela, ça sentait l'amourette à plein nez ! Son flair aiguisé ne la trompait jamais à ce sujet. Cette fois-ci Miss Blancksfair ne doutait plus, sa jeune cousine frivole avait bel et bien un amant.

Tante Helen la dévisagea avec honte et déception, un mépris extrême se peignit sur la toile si fade de son visage. Jane refusait de devenir ce portrait sans couleurs. Jamais elle ne se soumettrait, elle se battrait pour sa liberté. Quitte à renier tout ce qui faisait partie de sa vie.

- C'en est assez Jane. Jamais plus tu ne me défieras, tu m'entends ? J'estime que ma patience a atteint ses limites. Aujourd'hui tu rencontreras ton fiancé. Ce soir même.

Bonsoir mes doux lecteurs ! Oui oui... Je sais.. Presque trois semaines sans nouvelles quelconques, mais j'ai une excuse ! Absolument, pour ma défense, figurez-vous que dans le village où j'ai passé mes vacances (comme depuis je ne sais plus combien d'années) ils ont eu la brillante idée de refaire tout le réseau. Donc oui, des travaux. Et non pas de réseau... Même avec toute la meilleure volonté du monde mon cher réseau est demeuré quasi introuvable (enfin c'était laborieux).

Mais je suis revenue ! Et avec la dernière partie du chapitre 12 (un peu beaucoup longue) qui est censée vous faire cogiter un peu jusqu'à la semaine prochaine.

J'ai également une petite surprise pour vous qui arrivera au prochain chapitre ! Et non je n'ai pas fait que faire la crevette sur la plage durant ces quelques jours...

En espérant qu'elle saura vous plaire ! En attendant, vous connaissez la musique : à vos claviers !


Ceci est la version corrigée.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top