PARTI 1: ce qu'il s'est passé

Cela faisait quelques mois que Sirius Black avait réussi à s'échapper. Pour la plus grande joie d'Harry Potter, son parrain avait passé l'été avec lui, comme une famille, au manoir Black. Il y avait également le meilleur ami d'Harry, Ron Weasley, et sa famille, comme ils en avaient la tradition depuis la première année d'Harry. Remus aussi été là, et ils formaient la famille qu'ils auraient dû toujours former. Pour la première fois, Harry se sentait chez lui et aimé. Puis, Harry a dû retourner à Poudlard avec ses amis, le cœur léger. De ton côté Remus, Tonks avait déjà jeté le grappin sur toi, mais tu gardais tes distances avec elle, même si Sirius te charriait souvent.

Moi, de mon côté, je venais de quitter Poudlard, le monde n'était pas sûr, mais j'avais commencé des études d'alchimie, ça me plaisait. Personne ne croyait au retour de Voldemort, mais il y avait des tensions, et les meurtres avaient repris.

Lors de cette année, on organisa le tournoi des trois sorciers à Poudlard, avec les écoles de Beauxbatons et de Dumstrang comme écoles invitées. Le règlement interdisait aux élèves de moins de 17 ans de participer, cependant, quelqu'un mis le nom d'Harry dans la coupe. Ce fut un énorme scandale lorsque, en plus des noms des trois champions, le nom d'Harry sortit. Cette année fut l'année du tournoi des quatre sorciers.

Du côté de Sirius et Remus, vous effectuiez des missions pour Dumbledore, beaucoup de repérage et de pistage de mangemorts. Dumbledore se doutait que les mangemorts préparaient quelque chose de peu net, et il redoutait plus que tout le retour du maître des ténèbres.

Harry sortit victorieux de la première épreuve du tournoi, grâce à son talent sur un balai, il récupéra sans mal l'œuf que gardait son dragon. Puis, vint la deuxième épreuve, où Harry se retrouva presque pris au dépourvu : chaque champion devait aller sauver une personne chère à ses yeux au fond du lac. Lorsqu'Harry est arrivé là où les prisonniers étaient, il a paniqué. Son meilleur ami était là, sûrement pour lui, mais sa meilleure amie aussi, Hermione était là parce qu'elle était la copine d'un autre champion, Viktor Krum, et la fille dont Harry était amoureux était aussi là, parce qu'elle était aussi la copine d'un de ses concurrents, Cédric Digory. Finalement, ses adversaire ont sauvé Cho et Hermione, et lui a réussi à sauver Ron et Gabrielle, la petite sœur de Fleur Delacour. Fleur Delacour, qui deviendra la femme de Bill Weasley, et la mère de Victoire Weasley.

Sirius et Remus étaient inquiets de ces épreuves. Mais ils avaient d'autres préoccupations. On avait constaté de nombreux enlèvements de familles de sang-de-bourbe ou de sang-mêlé. Mes parents et moi ont faisait partie de ces familles enlevées. En fait, il s'agissait d'un entraînement et de test de passage pour ceux qui voulaient intégrer les rangs du seigneur. J'avais assisté à la mort de ses parents, et j'étais retenue prisonnière dans une petite maison proche du Pré-au-Lard. Comme beaucoup, j'ai été torturé durant un certain temps, et peu habituée, j'avais cru que j'allais mourir là-bas. Et un miracle s'est produit : avec des aurors membres de l'ordre du Phoenix, vous êtes intervenus et vous m'avez sauvé. C'est bête, mais la première chose que j'ai dite à Sirius, c'est : « Est-ce que je peux enfin mourir ? ». Il avait souri, et m'avait assuré que je n'allais pas mourir, bien au contraire.

Mes blessures n'étaient pas aussi graves que ça, je m'étais vite remise. Cependant, je n'avais plus de famille, nulle part où aller, et j'agissais ridiculement comme un oisillon apeuré. Remus et Sirius m'avaient alors gardé avec eux, au Square Grimmauld, là où défilaient tous les aurors et amis de Dumbledore. J'étais là, sans être là. Je passais des heures assise sur le canapé, à fixer le vide. Quelques fois, nous jouions aux échecs avec Remus. D'autres fois, Sirius me faisait la lecture. Souvent, vous me racontiez les quatre-cent coups que vous aviez faits avec James. Mais vous ne parliez jamais de Peter. Ce nom était tabou, personne n'osait le prononcer. Et puis, Sirius m'a parlé de ses douze années passées à Azkaban, en devenant fou, fou de tristesse et de rage. J'ai appris comment tu t'étais sauvé grâce à ton animagus, comment tu avais retrouvé Peter avec Remus grâce à la carte des maraudeurs qu'Harry avait. Comment il t'avait échappé. Puis vous m'avez parlé - beaucoup parlé - d'Harry. De combien il ressemblait à James, mais il avait les yeux de sa mère. De son arrogance à la hauteur de son père, de son talent incontestable pour s'attirer des ennuis et voler sur un balai, digne héritier des maraudeurs. Vous me parliez aussi de Ginny Weasley, qui était déjà folle amoureuse d'Harry alors que celui-ci ne la remarquait à peine, tout comme James avait mis des années avant de remarquer Lily, et vous faisiez même des paris pour savoir dans combien de temps Harry s'apercevrait que Ginny était la femme de sa vie. On en a passé, des soirées, à discuter du passé et de votre bon vieux temps. Je crois que c'est ce qui me redonnait un peu le sourire. James et Lily étaient morts, Peter aussi pour vous, et pourtant, même si vous aviez perdu votre famille, vous aviez réussi à vous relever. Ça me redonnait un peu d'espoir, et j'ai commencé à aller mieux, à arrêter de penser à la mort de mes parents, à l'arrêt de mes études et à toutes ces choses négatives qui m'étaient arrivées.

Le tournoi des trois - ou plutôt quatre - sorciers s'est très mal terminé. Harry et son ami Cédric ont décidé de gagner ensemble et ont saisi la coupe ensemble. Il s'agissait d'un portauloin qui les a menés dans le cimetière où gisait le père de Voldemort. Là-bas, Cédric a été tué, et grâce à un rituel, Peter a ramené à la vie le seigneur des Ténèbres. Celui-ci a encore essayé de tuer Harry, mais grâce à Lily, Harry a réussi à s'en sortir. Quand il est retourné à Poudlard, avec son ami mort, peu de personnes l'ont cru. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai vraiment compris qu'on était en guerre. Le seigneur des ténèbres, même si presque personne n'y croyait, était de retour, et la terreur n'allait pas cesser de sitôt. Remus et Sirius, vous étiez très inquiets, surtout pour Harry. Il était de nouveau en danger. Nous avons passé un été triste. J'étais toujours là, dans votre ombre. Harry ne me connaissait pas, mais Ron oui, j'étais sortie quelques mois avec Percy, un de ses frères aînés. Les gens accusaient Harry de mentir et Dumbledore d'être complètement fou.

Mais c'était un été très beau aussi. Harry et Sirius étaient heureux de former une famille. C'était aussi très drôle de voir Ginny tourner autour d'Harry sans qu'il ne s'en aperçoive. Et Ron qui ne voyait pas à quel point Hermione était amoureuse de lui, mais qui se préoccupait uniquement de surveiller sa frangine. A la fin de l'été, Harry et Hermione sont allé avec les Weasley voir la coupe du monde de Quidditch, et il y a eu une attaque. Personne n'a été blessé, mais les gens ont commencé à vraiment se demander si le seigneur des Ténèbres n'était pas de retour. Puis Harry est retourné à Poudlard avec ses amis. Et toi et moi, on s'était rapproché même si tu préférais garder tes distances, pour diverses raisons que je trouvais stupides.

Cette année, Dolores Ombrage était nommée professeur de DCFM par le Ministère. Dumbledore n'avait pas du tout confiance en le Ministère, il soupçonnait déjà que les mangemorts l'avaient infiltré. Cette année fut assez terrible pour Harry et ses amis. Dolores imposa des règles aussi strictes que ridicules, l'usage de la baguette était interdite à ses cours et en dehors des autres cours, les élèves devaient se tenir à distance les uns des autres, pas le droit de former de groupes ... Finalement, Harry a décidé de formé l'AD pour enseigner à ceux qui le souhaitaient comment se défendre. Il leur a appris à faire des patronus et à se battre, au cas où Voldemort serait réellement de retour. Il était toujours très entouré d'Hermione et des Weasley, mais avait aussi de fidèles camarades comme Neville Londubat ou Luna Lovegood. Il a fait un travail remarquable, défiant sans cesse l'autorité de Dolores et subissant les retenues à un rythme effréné.

Moi, j'étais toujours au Square Grimmauld, m'inquiétant à chaque nouvelle mission que Dumbledore vous donnait. J'avais fini par prendre non seulement une place importante dans votre vie, mais aussi par avoir des sentiments. C'est toujours bizarre quand je dis qu'à 19 ans, j'étais sincèrement amoureuse d'un homme de 16 ans mon aîné, durement marqué par les 12 années qu'il avait passé enfermer. Car oui, Sirius, je suis tombée amoureuse de toi, et je ne crois pas me tromper en disant que tu m'aimais aussi. Tu avais, certes, seize années de plus que moi, mais non seulement les épreuves m'avaient rendues adulte, mais tu étais aussi resté, d'une certaine façon, le jeune homme de vingt ans qui avait perdu ses plus proches amis. Notre attirance mutuelle était non seulement palpable, mais les coups de la vie nous rapprochaient aussi.

Ho, ne te méprends pas, on a joué un moment au chat et à la souris. Tu ignorais volontairement mes tentatives désespérées de me rapprocher de toi, te tournant paniqué vers Remus qui nous observait sans rien dire. De toute façon, Remus était mal placé pour nous juger, Nymphadora n'arrêtait pas de le harceler, et il ne pouvait plus nier qu'il était lui aussi tombé amoureux d'une femme de treize ans son cadet.

Peu avant noël, je me suis lassée de ce jeu stupide. Tu avais fini par m'ignorer, parce que peu importe comment tu traitais les filles quand tu étais à Poudlard, tu étais un homme bien, et un homme bien ne peut non seulement pas accepter de profiter d'une jeune fille beaucoup plus jeune que lui, mais également de céder à ses pulsions sous prétexte qu'on était en guerre, que les gens mourraient, et qu'il fallait vivre le plus possible. Non, tu étais trop honnête pour ça, mais moi non. Alors un soir, où je n'arrivais pas à dormir, je suis descendu dans la cuisine. Tu n'as pas mis longtemps à me rejoindre, veillant sur mon sommeil irrégulier comme je veillais sur le tien si agité. Tu étais gêné, et j'avais fait exprès de ne porter qu'un t-shirt à toi et une culotte. J'étais assise sur le plan de travail, une tasse de chocolat chaud fumante. Tu n'avais pas osé m'accorder un seul regard, te contentant de me demander si tout allait bien. Sans réponse, tu avais finis par plonger ton regard si sombre dans le mien si claire. Tu avais tremblé, je me souviens, tu tremblais tellement tu avais peur de ce qui allait se passer, mais moi, je ne bougeais pas d'un pouce. Pour la première fois, je savais ce que je voulais, et je n'avais pas peur. On allait peut-être mourir demain, alors je suis descendue du plan de travail, et me suis approchée de toi, et sur la pointe des pieds, j'ai déposé un baiser sur tes lèvres. On s'est enflammé l'un pour l'autre, et tu m'as passionnément rendu mon baiser. Je suppose que j'étais la première femme que tu touchais depuis presque plus de quatorze ans, mais je brûlais contre toi.

Nous étions à bout de souffle sur la table de la cuisine quand Remus est entré à son tour de la cuisine, inquiet d'entendre un bruit de vaisselle cassée venant de la cuisine. Je crois que tu as perdu plus de vingt ans en voyant que Remus nous avait surpris. On aurait dit que ton père t'avait surpris, ou pire, que mon père nous avait surpris en train de fricoter ensemble. Je crois que tu n'as jamais été aussi gêné de ta vie. Alors tu as bredouillé des excuses et tu t'es presque enfuie, sous le regard moqueur de Remus que tu encourageais sans cesse à déclarer sa flamme à Tonk.

Dès le lendemain, tu as essayé de m'éviter, mais je n'avais pas l'intention de me laisser faire. En fin d'après-midi, Remus est sorti faire des courses, et j'ai réussi à te coincer dans le salon. Tu n'osais même pas me regarder tellement tu avais honte de t'être laissé aller la veille. J'avais l'impression que tu étais adolescent et que j'étais ta mère qui allait te gronder. On s'est assis sur le canapé, et on a mis les choses au clair. Tu refusais catégoriquement qu'on entame une relation. Déjà, tu étais beaucoup trop vieux pour moi, mais c'était aussi vrai que j'avais beaucoup vieilli ces derniers temps. J'avais beau avoir l'apparence d'une jeune fille de 19 ans, j'étais comme une femme de plus de trente ans dans ma tête, et ça se ressentait dans mes gestes et paroles. Ensuite, tu ne voulais pas faire les mêmes bêtises que James et Lily. Tu avais peur qu'on s'attache, qu'on fasse des erreurs et qu'on finisse par mourir. C'était la guerre dehors, c'était dur, il y avait des morts, et c'était sans arrêt dangereux. Tu voyais bien la lueur d'inquiétude et de peur dans mes yeux à chaque fois que toi et Remus, vous partiez en mission. Je ne savais jamais quand vous reviendrez ni si vous reviendrez. Mais qu'on soit ensemble ou non, cette lueur ne quitterait jamais mes yeux, tu le savais et ne pouvais rien objecter à cela. Enfin, tu ne pouvais pas faire ça à Harry. Tu étais sa seule famille, et tu ne pouvais pas te permettre d'être égoïste et de lui tourner le dos, au moment où il avait le plus besoin de toi. Alors j'ai accepté : j'ai décidé que toi et moi, on vivrait au jour le jour, et que personne n'avait besoin de savoir pour nous. Il y avait nous d'un côté, et puis toi et moi pour le reste du monde.

On a passé des jours entiers à lire sur ton canapé en riant, et des nuits entières à vibrer. Harry et ses amis sont venus passer noël avec nous, et personne n'a su pour nous. On ne se cachait pas, on évitait juste de se montrer, et ça fonctionnait bien. Tu disais souvent à Remus, lorsqu'il repoussait Tonks : « pour vivre heureux, vivons caché ! », et ça le faisait sourire, même s'il repoussait toujours Tonks.

J'ai fêté mes 20 ans, et on était heureux. Vraiment. Tu m'as dit que j'étais la première femme que tu as aimé, et que je serai certainement la dernière. On était amoureux, vraiment. Je ne pouvais pas passer une nuit sans tes bras, et les jours de mission étaient pour moi les pires.

Remus a fini par accepter de sortir avec Tonks quand on a officialisé auprès de lui notre relation. Il était très heureux pour nous, même s'il savait déjà. Et nous étions très heureux aussi. C'était, malgré la guerre, une époque douce et pleine de douceur. J'étais jeune, et tu étais non seulement celui qui m'avait sauvé, mais aussi celui qui faisait que mon monde n'arrêtait pas de tourner. Tu m'avais redonné de l'espoir, de l'amour et de la force pour affronter ce monde dévasté. Très vite, Tonks s'est mise à passer plus de temps au Square Grimmauld que chez elle. Tu chambrais beaucoup Remus et ta cousine, mais on était bien tous les quatre.

Vers la fin de Février, on prenait un bain, tous les deux, au calme. On était en février 1996. J'étais juste bien, contre toi. Et tu as alors fait la chose la plus surprenante au monde. Tu as sorti un écrin de ton pantalon étalé par terre, et tu m'as demandé si je voulais non seulement officialiser notre relation aux yeux de tous - même d'Harry - mais si j'acceptais également de te faire l'honneur de devenir ta femme. Tu as fait de moi la femme la plus heureuse du monde en me demandant ma main, et je n'ai pas pu répondre tellement j'étais heureuse.

Nous l'avons tout de suite annoncé à Remus et Tonk qui étaient vraiment très heureux pour nous, mais tu as préféré attendre l'été pour l'annoncer à Harry, qu'il finisse son année et rentre pour les vacances. C'est assez drôle, parce que tout le monde, y compris toi et moi, disait tout le temps que tu n'étais pas le genre d'homme à te marier, que ce genre d'engagement te faisait trop peur. Mais tu étais heureux de m'épouser, et j'étais heureuse d'avoir l'espoir de fonder une famille avec toi. Tu me promettais du bonheur et une chance de vivre en se fichant de la guerre.

C'est assez drôle, parce que dans notre relation, il y a énormément de choses que nous n'avions pas prévu. Tu n'avais jamais prévu de me céder et de m'aimer et me chérir comme tu l'as fait. Je n'avais pas non plus l'intention de vivre une relation aussi tendre et passionnelle avec toi. Mais on avait été rattrapé par nos sentiments, et on était les premiers surpris de constater à quel point on était complémentaires et nécessaires l'un à l'autre.

Vers la mi-mai, tu étais très inquiet pour Harry, mais nous étions tous rassuré que l'année scolaire se termine bientôt. Nous étions tellement absorbés par cette guerre - et le reste du temps par notre amour - que nous n'avons pas vu les signes avant-coureurs. C'est Tonks qui m'a mis la puce à l'oreille lorsqu'elle confié qu'elle essayait de convaincre Remus de l'épouser et de fonder une famille. Tu n'as pas pu m'accompagner à St Mangouste - tu étais toujours considéré comme un fugitif dangereux.

Lorsque je suis rentrée, tu m'attendais, anxieux de savoir si c'était vrai, si nous avions vraiment fait ça. J'avais peur de te le dire, mais je l'ai fait : j'étais enceinte de trois mois, et notre enfant se portait très bien.

Je pense que je ne m'étais pas attendue à ça, mais tu as explosé de joie. Tu n'avais jamais envisagé d'être père, mais tu étais l'homme le plus heureux du monde de devenir papa. Tu étais fier que je porte ton enfant, et tu avais hâte de l'annoncer avec notre mariage à Harry, dans seulement un peu plus d'un mois.

Nous avons passé un mois fabuleux. Tu étais persuadé que c'était un garçon, et tu n'arrêtais pas de me décrire comment était James avec Lily quand elle attendait Harry. Je riais beaucoup, et je t'affirmais que c'était une fille, une maman peut sentir ce genre de chose, mais non, tu étais persuadé que j'attendais un James Junior. Merlin, ce que tu étais impatient de l'annoncer à Harry ! Tu n'as pas pu t'empêcher de l'annoncer à Remus et Tonk, et même à Molly et Arthur Weasley, tellement tu étais heureux d'être père. Tu avais même commencé à vider la chambre à côté de la tienne, celle qui appartenait à Regulus, ton frère, pour y faire la chambre du bébé. Rien n'aurait pu ternir notre bonheur.

Rien, si ce n'est ce 17 Juin 1996. J'étais enceinte de quatre mois. Tu étais angoissé parce qu'Harry avait des problèmes. Et puis, ce que je craignais le plus s'est produit : l'ordre a été convoqué d'urgence, Harry et ses amis étaient partis au Ministère en pensant te secourir, et ils étaient en danger. Je ne t'ai pas supplié de rester : mais il s'agissait d'Harry, il était en danger, et Harry était comme ton fils, tu aurais tout fait pour lui. Alors tu es parti, avec Remus et Tonk.

Je me suis rongé les sangs jusqu'au matin, comme à chaque fois, impossible de dormir. Et puis j'ai reçu la gazette au même moment que Remus et Tonk sont rentrés. La Gazette disait que Voldemort était bien de retour et qu'Harry n'avait pas menti. Je me suis tourné vers vous, et j'ai demandé si Sirius était resté avec Harry. Remus, tu n'osais même pas me regarder dans les yeux. J'avais compris, mais je ne voulais ni le croire ni l'accepter. Alors j'ai répété, je vous ai demandé plusieurs fois où était Sirius, s'il allait bien, et quand est-ce qu'il allait rentrer. Tonks a craqué et m'a simplement prise dans ses bras. Je me suis effondrée.

J'ai passé plusieurs semaines sans avoir la force de me lever de mon lit. Avec ta mort, Sirius, c'était mon monde qui était détruit. Je continuais de manger pour notre enfant, la seule chose qui me restait, mais j'étais complètement dévastée. Je n'ai jamais été aussi triste de toute ma vie. Je ne pouvais pas accepter ça. Avec ta mort, c'était toutes les promesses que tu m'avais faite qu'on me retirait. Je n'avais plus l'espoir d'un avenir meilleur, ni même de trouver un endroit où je me sentirai bien.

Je ne demandais pas à vivre une longue et merveilleuse vie auprès de toi, je ne voulais que quelques mois de plus avec toi. Je n'étais pas assez naïve pour penser qu'on aurait vécu heureux durant de longues années, mais j'avais eu l'espérance qu'on pourrait au moins connaître le bonheur d'être uni à jamais par les liens sacrés du mariage. J'avais même cru un instant que j'aurai le bonheur de te donner un fils, que je pourrai voir ton regard fier quand tu tiendrais ton enfant dans les bras pour la première fois. Mais tout ça m'était violemment arraché, comme un sort terrible de la vie, un coup qui me mettait à terre et m'empêchait de me relever tellement ça faisait mal.

Ce qui m'a décidé à me lever - ou plutôt ce qui m'a forcé à quitter mon lit - c'est Tonks et Remus qui m'ont traîné de force chez les Weasley, où Harry, Ron et Hermione passaient leur vacances. C'était en Juillet, et j'affichais un ventre déjà bien rebondi par mes cinq mois de grossesse.

Lorsque je suis arrivé, Harry semblait très triste, alors il a essayé d'être joyeux et m'a demandé qui était l'heureux papa. A ce moment-là, ma tristesse s'est transformée en colère et en rage. J'en voulais au monde entier de m'avoir fait ça, de m'avoir privé du seul homme que j'avais un jour aimé et que j'aimerai jamais. Alors j'ai lancé un regard noir à Harry, en disant que le futur papa était également mon fiancé, et que malheureusement il ne verrait jamais son enfant à cause de son abruti de fiel qui l'avait fait tuer. J'ai même accusé Harry de provoquer la mort de tous ceux qui l'approchaient. Ça l'a énormément blessé, et c'était le but.

J'étais très en colère contre lui, il me fallait un coupable, et c'était contre lui que ma rage se tournait. C'était plus facile de lui en vouloir. Tout ce que j'éprouvais après toute cette tristesse, c'était une immense injustice, et rien ne m'aidait à mieux supporter ce vide qu'en étant méchante avec Harry.

Remus et Tonks m'ont réprimés, pas trop sévèrement, mais un peu quand même, parce qu'Harry était non seulement très triste de la mort de son parrain, mais aussi de n'apprendre que maintenant pour ma relation avec Sirius, de ne pas avoir pu se réjouir avec Sirius de tous ses bonheurs.

Après quelques jours, Harry et moi avions eu une longue discussion. Il s'était excusé, mais il n'avait pas à la faire, et je me suis excusée aussi. Alors on avait partagé des souvenirs de Sirius pendant des heures, se réconfortant mutuellement en revoyant le sourire si beau de Sirius. J'avais même confié à Harry que j'étais persuadé d'attendre une fille, mais que je donnerai n'importe quoi pour que ce soit un petit James Sirius Junior.

Tout le monde m'entourait d'amour et d'attentions, prenant bien soin de moi et du bébé. Je me sentais mieux d'être autant entouré, et je commençais à être un peu rassurée. J'étais même heureuse lorsque Remus a annoncé qu'il allait épouser Tonks.

Malheureusement, les choses se sont passées encore une fois différemment de ce à quoi je m'attendais. Vers la fin du mois d'Août, j'étais allé faire des achats sur le Chemin de Traverse pour le bébé. J'avais croisé Bill Weasley qui faisait également des achats. On a discuté un moment, lorsque le Chemin de Traverse a été attaqué. C'était un groupe de mangemorts menés par Fenrir Greyback. Nous avions tenté de nous enfuir, mais le loup-garou nous était tombé dessus. Il avait reconnu Bill Weasley - ou du moins, il croyait que c'était son frère, Ron - et surtout, il avait senti l'odeur de Sirius Black sur moi, même plusieurs mois après sa mort.

Ils nous ont enlevé. Fenrir a défiguré Bill qui avait tenté de s'interposer, mais heureusement, il n'est pas devenu un loup-garou. Et puis, il s'est attaqué à moi. J'étais enceinte de presque huit mois, et les conclusions n'ont pas été longues à arriver.

Je me suis réveillé treize mois plus tard. Harry, Ron et Hermione étaient traqués et en fuite. Ils cherchaient les horcruxes pour les détruire et tuer Voldemort. Dumbledore était mort. Les mangemorts tuaient et torturaient presque en toute impunité.

A mon réveil, Remus et Tonks étaient là. La première chose que j'avais demandé, c'était où était mon bébé. Et puis, je m'étais souvenue. J'avais encore cette horrible sensation des griffes de Greyback sur ma peau, et de ses crocs dans mes entrailles. Vous savez, il paraît que c'est Remus qui m'a retrouvé, et que toutes les nuits il faisait des cauchemars sur ce qu'il avait vu ce jour-là. Bill s'était évanoui avant que Greyback ne s'attaque à moi, mais il m'a affirmé m'entendre encore crier dans ses cauchemars. Toujours est-il que j'étais là, treize mois plus tard, sans Sirius et sans notre enfant.

Les médicomages avaient fait un très bon travail. J'ai perdu l'usage de nombreux organes tellement ils étaient abîmés, mais grâce à la magie, ils ont plus ou moins réparé tout ça. D'ailleurs, si Bill a été défiguré, je l'ai été aussi, mais heureusement, aucun de nous n'était devenu un loup-garou. Tonks m'a raconté qu'à mon arrivé à l'hôpital, les médicomages ne pensaient pas pouvoir me sauver, et que c'était un miracle que je sois toujours en vie. Remus m'a confié que quand on lui avait annoncé que je risquais de ne pas m'en sortir, il avait été soulagé et il avait même pensé que c'était peut-être mieux que je meure. Il a toujours eu honte d'avoir pensé ça, mais je ne lui en ai jamais voulu, parce que moi aussi, j'aurais préféré ne pas m'en sortir.

Remus et Tonks étaient très confus, parce que je venais de me réveiller, et que Tonks affichait un joli ventre rebondi, alors que j'avais perdu mon enfant. Mais j'ai tout de suite été heureuse pour eux. Sirius m'avait appris à être heureuse pour les autres. Il - tu - appelait ça le « bonheur par procuration ». J'étais vraiment heureuse, et j'ai même rassuré Remus qui n'était toujours pas sûr que ce soit une bonne idée d'avoir un enfant.

J'ai passé de long mois en convalescence. Puisque c'est Harry qui vous intéresse, je dirais qu'Harry a voyagé avec ses amis, qu'ils ont affronté de terribles épreuves, mais ils ont été très courageux. Ils ont vécu aussi des moments très difficiles, ils ont assisté à la torture d'Hermione par Bellatrix Lestrange. Harry était très attaché à un elfe de maison, Dobby, et Dobby s'est sacrifié pour eux. Ils sont également retournés à Poudlard, où ils ont constaté que Ginny, Neville et Luna menaient une résistance et subissaient de nombreuses tortures. Ils ont tous été très courageux.

J'ai aidé Nymphadora à accoucher avec Molly. J'étais sincèrement heureuse d'être là, et je n'oublierai jamais le regard que tu avais, Remus, lorsque je t'ai mis pour la première fois ton fils dans les bras. Ted était un très beau bébé, et ses cheveux étaient déjà hésitants entre le rose et le bleu. Je crois que c'est pour ça qu'il les porte souvent violet.

Malheureusement, le bonheur a été de courte durée. La grande bataille s'annonçait, Harry était à Poudlard, prêt à se battre, et il avait besoin de toutes les forces possibles. L'ordre du Phoenix est allé à Poudlard, et je suis venue me battre avec vous.

Il s'est passé énormément de chose en très peu de temps, ce 2 mai 1998. Rogue est mort, en confiant ses secrets à Harry, lui donnant ainsi la clé pour tuer Voldemort. Harry était un horcruxe, et le seul moyen de tuer Voldemort, c'était de détruire tous les horcruxes. Harry a donc fait face à la mort et s'est sacrifié.

J'étais là lorsque Hagrid a porté ce que nous croyons être le cadavre d'Harry. J'ai vu Ginny crier son désespoir. J'avais aussi vu Hermione tuer Fenrir alors qu'il dévorait Colin Crivey, un enfant de même pas quinze ans. J'ai aussi vu les Weasley perdre Fred, un des jumeaux. J'étais malheureusement là aussi, lorsque Remus est tombé en prenant un sort à la place de Tonks et que Tonks est tombée en prenant un sort destiné à Remus. Vous êtes tombé main dans la main, et je n'ai même pas pu intervenir. Mais Harry ne nous avait pas abandonné.

Harry avait la pierre de résurrection, ce qui lui a permis de vaincre la mort. Il m'a dit qu'avant d'affronter la mort, il vous avait tous vu, James, Lily, Sirius et Remus. Il m'a aussi dit que Remus et Sirius semblaient être beaucoup plus jeune. Harry a toujours pensé que c'était parce que les maraudeurs étaient tous morts le 31 Octobre 1981, et je pense qu'il avait en partie raison. Vous êtes resté prêt de lui, près de son cœur, et vous l'avez aidé à affronter cette épreuve.

J'ai vu Molly Weasley protéger sa fille, Ginny, et mettre fin à la vie de Bellatrix Lestrange. J'ai vu aussi Neville Londubat détruire le dernier horcruxes, Nagini, le serpent de Voldemort. Et enfin, j'ai vu Harry, tuer le seigneur de Ténèbres.

Harry a mis fin à la guerre, mais pas au malheur ni à la tristesse. Il y a eu beaucoup de morts, beaucoup d'enfants. C'était terrible. Je me souviens d'une nuit où j'ai dormi au Terrier, avec Harry, Hermione et les Weasley, quelques mois après la guerre. Je ne sais pas combien de fois dans la nuit j'ai été réveillé par des cris à cause de cauchemars. Personne n'en n'est sorti indemne. Les séquelles ont été lourdes et longues à disparaître.

Avec Harry et Andromeda, on s'est occupé du petit Teddy du mieux qu'on a pu. J'ai vécu quelque temps avec Harry au Square Grimmauld, mais nous avons décidé de vendre cet endroit.

Harry s'est installé avec Ginny quelques mois plus tard. Elle est devenue joueuse de Quidditch et reporteur sportive, alors qu'Harry s'est tourné vers une carrière d'auror. J'ai repris des études d'alchimie. Environ deux ans après ce 2 Mai 1998, quand est née Victoire Weasley, Hermione et moi avons eu l'idée de former un institut. Nous voulions effectuer des recherches sur différents domaines, mais surtout sur le retour dans le passé. Nous n'avons pas eu les accords nécessaires, malgré l'appui d'Harry, alors nous avons créé un institut clandestin. Nous avons très vite défini le but de nos recherches : nous voulions remonter dans le passé, suffisamment loin pour essayer d'éviter la guerre.

Nous avons mis plus de dix ans avant de rendre possible ce voyage dans le temps. Nous n'avions aucune garantie que ça allait marcher, et nous savions que non seulement une seule personne pourrait potentiellement voyager, mais qu'elle ne pourrait pas non plus revenir. Nous avons très méticuleusement décidé que c'était moi qui reviendrais dans le passé. J'étais la seule à n'avoir rien à perdre dans le futur. Nous avons également défini que c'était un très gros risque de modifier le passé, que non seulement je risquais d'empêcher certaines choses comme des naissances, mais que je risquais également de changer le futur en quelque chose de pire. Nous avons alors pris la décision de vous confier ce choix.

Avant de finir mon récit, il faut que je vous dise quand même comment est l'avenir d'où je viens. Harry a épousé Ginny, et ils ont trois adorables enfants. Il y a James Sirius qui ressemble énormément à son père et à son grand-père, il y a Albus Severus, qui ressemble beaucoup plus aux Weasley, et il y a Lily Luna, qui ressemble autant à sa mère qu'à ses grand-mères. Là d'où je viens, dans 31 ans, ils sont heureux. Presque plus personne ne se réveille la nuit. Les enfants n'ont pas la moindre idée de ce qu'est la guerre. La paix règne, et le monde sorcier est paisible.

Mais cela ne veut pas pour autant dire que nous oublions. Harry est toujours orphelin, les maraudeurs - Peter est mort durant la guerre, en tentant de se racheter en aidant Harry - n'existent plus. Les Weasley ont toujours perdu un fils. La famille Black ne compte plus que trois descendants, Teddy, Drago Malfoy et son fils, Scorpius Malfoy. Dumbledore et Rogue sont morts en héros. Les jeunes Potter ne connaîtront jamais le reste de la famille Potter. Pétunia est toujours malade d'avoir perdue sa sœur à cause de la magie, et même si son fils, Dudley, a fait la paix avec Harry, ils ne formeront jamais une famille.

Le nombre de morts de la guerre s'élève à plusieurs milliers. Et vous n'êtes pas là pour savourer le bonheur d'être en famille, dans trente-et-un ans. »

FIN DE LA PARTIE I

Alors, elle leur posa alors la question, celle qui l'avait amenée ici, la seule qui était vraiment cruciale :

- Maintenant que je vous ai dévoilé tout ça, il faut prendre une décision. Est-ce que vous voulez oublier tout ça, faire comme si je n'étais jamais venue et que je ne vous avais rien dit, continuer de vivre en sachant ce qu'il va se passer, ou est-ce que vous voulez prendre le risque que tout ça s'efface, que tout ce pour quoi vos enfants se sont battus disparaissent, leur bonheur, leur fin heureuse, tout en sachant qu'il y a une infime chance pour que aucun de tous ces malheurs n'arrivent, pour que des enfants vivent, que vos enfants ne se battent pas ?

Les quatre autres personnes se regardèrent et réfléchirent un instant, encore sous le choc d'autant de révélations, avant que la rouquine ose murmurer timidement :

- Moi je suis prête à changer le futur. Je crois que ... ça vaut le coup. Ça vaut le coup d'essayer de changer le futur, quitte à risquer... le futur d'où tu viens.

Les trois jeunes hommes autour de la table acquiescèrent, d'accord avec les dires de la rouquine. La brune se redressa sur sa chaise :

- Très bien. Parfait.

D'un geste aussi rapide qu'inattendu, elle dégaina sa baguette et un sort vert traversa la pièce, faisant sursauter les quatre jeunes gens. Elle se leva avant qu'ils n'aient eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, elle attrapa le rat mort qu'elle venait de tuer d'un sort impardonnable et le déposa sur la table, devant ses meilleurs amis qui le reconnurent tout de suite malgré sa forme :

- Très bien. Parce que maintenant, c'est trop tard pour revenir en arrière. Le futur est déjà changé. »

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