15.10.2048, part 2.

Observant les lumières de la ville, c'était à croire que Edimbourg ne s'éteignait jamais, il finit par détourner son regard des hauts immeubles qui avaient poussés comme des champignons, de pierre et d'acier semblait la devise.

A l'époque, en 2015, on pensait que la ville allait devenir une prometteuse capitale, l'Ecosse était sur le point d'obtenir son indépendance, et tout le centre ville avait été refait à neuf. Un plan audacieux avait permit d'allier ancien et moderne, et on avait simplement élevé les étages, augmenté les anciens immeubles.
La ville était magnifique ainsi. Des poutrelles d'aciers permettait de maintenir toute la structure. On avait surmonté les plus hauts immeubles de sculptures d'anges.
Certains avaient appelé ça le vieux New York, ou l'envol de l'ange.

Aujourd'hui, Edimbourg n'était qu'une cité parmi tant d'autres. Ses rêves en l'avenir s'étaient effondrés. Ses désirs, ses ambitions, n'étaient désormais plus que d'éviter la chute, d'éviter la noyage, alors elle survivait comme elle pouvait, faisant des efforts désespérés pour se maintenir hors de l'eau.
Et lui aussi. Lex avait parfois l'impression que lui et la ville étaient si proche. Il poussa un petit soupir en s'écartant de la fenêtre, pour s'effondrer dans un fauteuil.

Sa main vint frotter son front dans un geste plein de lassitude sans nul doute étonnant pour un jeune homme d'à peine vingt ans. Il soupira en laissant tomber sa main.

Son regard bascula sur la silhouette assoupie dans le canapé. Pourquoi avait-il sauvé cet homme ? Pourquoi avait-il amené ce parfait inconnu au corps abîmé, ensanglanté, chez lui ? C'était très risqué comme opération.
Lex était qu'un petit poisson, personne ne s'occupe de lui, parce qu'il n'avait aucune valeur, et c'était très bien ainsi. Mais en agissant ainsi, en sauvant cet homme, il mettait sa vie en danger.
Et brutalement il prit conscience que si cela s'avérait sans doute dangereux cela lui semblait également très excitant. Sa vie était d'une routine effarante depuis qu'il était ici, depuis qu'il était installé.

L'homme finit par ouvrir un œil. Cette action lui sembla douloureuse du point de vue où il était. Les traits de l'inconnu tressautèrent alors qu'une grimace se dessina puis un gémissement douloureux s'échappa de ses lèvres.
Lex n'en doutait pas un instant, cet homme avait sans nul doute de nombreuses blessures bien qu'il devait avouer qu'il l'estimait chanceux. Il avait survécu à cet accident, et sans doute a autre chose avant. L'inconnu se releva en grimaçant de douleur, et ouvrit des yeux surpris. Il détailla les lieux en revue.

Ne gagnant pas grand chose, Lex vivait dans un petit appartement délabré. Les fissures s'accumulaient sur les murs, et il soupçonnait des cafards de s'être installé dans sa minuscule cuisine. L'inconnu venait peut-être de la citadelle, songea soudainement Lex.
Il le supposa rien qu'au regard que l'inconnu portait sur le minable appartement, il y avait comme de la déception et du mépris dans ce regard. Comme si l'inconnu avait vécu dans le plus grand luxe et raffinement.

« Qui... où suis-je ? demanda l'inconnu.

Lex sourit amusé.

– Je m'appelle Lex, et vous êtes chez moi.

Il sourit un peu plus en regardant l'inconnu s'asseoir en se massant les côtes.

– Vous avez eu un accident, je vous ai sorti de votre voiture, lui indiqua-t-il mais il doutait que l'inconnu soit au proie à une amnésie.

– Où sommes nous exactement ? demanda l'inconnu avec un regard qui semblait détaillé les lieux.

Lex sentait de la nervosité et de l'inquiétude chez son invité. Ce dernier n'était peut-être pas sans reproche.

– Dans High Street. répondit Lex d'un air paisible.

Le jeune homme détaillait à présent son invité. Un torse puissant et musclé, un corps qui a été sculpté, une mâchoire carrée lui donnant un air volontaire, des yeux clairs, et vifs, des traits nobles, c'était plutôt le genre de personne à qui son physique peu commun lui donne un certain avantage, cumulé à cela un charme indéniable, l'inconnu devait plaire aux dames et convaincre facilement les hommes de le suivre.
Même avec son expression perdue, ses yeux affichant un léger désespoir, une vive inquiétude, même avec le petit mouvement régulier de sa mâchoire comme s'il grinçait des dents, même avec tout cela il demeurait sexy.
Lex fut jaloux de l'homme.

Lui passait pour le petit imbécile. Les filles le regardait de haut, et les hommes se montraient toujours légèrement condécendant avec lui. Comme s'il était encore trop jeune pour que son avis compte. Lex détestait ça. Il avait hâte d'être plus vieux.

L'inconnu lui lança un regard plein d'interrogation puis se leva doucement. Il fit quelques pas, s'arrêtant, nerveusement, puis il s'approcha de la fenêtre. Se plaquant contre le mur, il souleva le rideau de telle manière à ce qu'on ne puisse voir son visage.

– Vous êtiez poursuivit, n'est-ce pas ? demanda Lex à présent convaincu que l'inconnu fuyait quelque chose ou quelqu'un.

Ici, il n'y avait pas grand monde qui n'eut rien à se reprocher. Pour survivre, il vous fallait abandonner votre morale et votre éthique. Il n'y avait donc aucun jugement de sa voix, plutôt de la curiosité.

L'inconnu n'ouvrit pas la bouche, n'émit aucun son en réponse, il se contenta de plonger ses prunelles dans celles de Lex assez longtemps. Le jeune homme lu la réponse, comme une évidence, cet homme ressemblait tellement à un animal traqué, mais quelque chose lui disait qu'il était dangereux.

Observant la capsule volé dans les airs quelques instants puis retomber dans un bruit métallique, Lex surveillait assez étroitement son invité. Ce n'était pas de la méfiance qui brûlait dans ses prunelles mais de la curiosité.

Avant d'arriver à Edimbourg, Lex avait passé sa vie dans la campagne anglaise. Sa famille vivait dans une petite ville du comté de Nottingham. Son père et sa mère travaillaient dans les usines Pinxit jusqu'à ce qu'elles ferment. Il avait six ans lorsque l'usine ferma.
Sa vie avant semblait parfaite, du moins, comparé au reste de sa vie. Après la fermeture de l'usine, tout avait dérapé. Il avait fallu trouver de l'argent, et maman avait cru qu'elle pouvait intégré l'une de ces forces armées qui s'attaquent aux convois pour la citadelle.
Papa quand à lui, acceptait n'importe quel boulot, bien souvent illégal et sous payé. Il se souvenait de son frère aîné commençant à travaille à 12ans. Et de lui, surveillant la maison armé jusqu'au dent, avec pour mission de protéger sa petite sœur. Ils avaient vécu dans la peur, toujours à courir après l'argent, à manger, de quoi se chauffer, priant pour survivre à l'hiver.
Jusqu'à cette fameuse nuit. Non, il préférait ne pas y songer à nouveau.

Sa vie à Edimbourg était presque paisible. Excepté qu'il était seul. Peut-être qu'il avait seulement besoin d'une distraction. Son invité semblait tout prêt à lui en fournir une.

Enfin, s'il se mettait à parler.

C'était la deuxième bière qu'ils ouvraient, et pas un mot de la part de l'inconnu. A peine un vague merci murmuré du bout des lèvres, et quelques questions pratiques sur l'accident. Y avait-il eut des témoins ? Le véhicule était-il encore en état de marche ? Y avait-il une caméra de surveillance sur le lieu ? Mais rien de bien excitant n'était sorti de la bouche de son invité.

– Vous ne m'avez pas dit ce que vous fuyez, fit Lex tentant une fois de plus de percer le mystère se tenant devant lui à jour.

– Je ne peux pas vous répondre, et vous savez pertinemment pourquoi, répliqua l'inconnu d'un ton sec comme s'il s'adressait à un enfant demandant une requête impossible.

– Alors dites moi au moins d'où vous venez ! demanda alors Lex en se juchant sur son bar américain, ses mains posées à plat sur la surface de travail, ses bras tendus, portant son corps en avant.

Il savait bien que ce type là ne venait pas d'ici, ça se voyait comme le nez au milieu du visage.

– Je viens de la citadelle, vous êtes content ? répondit exaspéré l'invité avec un haussement d'épaule. Vous savez que le moindre renseignement que je vous fournirais sur moi-même pourrait vous être arraché par la torture ? 

Un criminel en fuite, un terroriste ou un doppelganger en fuite d'un camp de régression. Il n'y avait pas beaucoup de choix quand il était question de torture. Elle était autorisé en cas de danger de la société ou du gouvernement.
La police n'existait plus ou presque ici, pas dans le ghetto. La seule police efficace était les Blade Runner qui ont pour mission de rechercher les doppelganger, et l'on voit parfois des agents de l'autorité ou de l'armée à la recherche d'un évadé. Et c'est tout. Le reste se règle à la prime.

– J'en ai conscience. répondit Lex d'une voix lente, et posée.

Il n'avait pas l'intention de passer pour un idiot complètement inconscient, et savait que le ton de la voix avait son importance.

– Mais ne me suis-je pas impliqué de manière irraisonnée rien qu'en vous sauvant la vie ?

C'était intelligent, très intelligent de rappeler qu'il lui avait sauvé la vie. Une manière de lui rappeler qu'il lui en devait une.
L'inconnu n'apprécia pas. Il grimaça avant de soudainement, dans un accès de colère aussi brusque que soudain, lancer sa bouteille de bière contre le mur où elle s'éclata.
Lex sursauta devant un geste aussi brutal qu'inutile. Il avait grandit dans une famille où l'on peinait pour s'acheter la moindre chose, et gâcher ainsi de l'alcool aurait été très mal considéré chez lui.

L'inconnu baissa les yeux.

– Excusez-moi. » murmura-t-il avant de s'avancer vers la fenêtre, et ne plus moufter.

Lex n'obtient plus rien de lui et à vrai dire, n'osa pas insister. Son invité surprise pouvait se révéler plus dangereux qu'il ne l'aurait pensé. Il valait mieux pas trop le titiller.




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