Une fois entré dans ce qu'ils appellent le "Périmètre de Corrosion", je vis enfin la porte menante a son confinement. Enfin, de la porte je n'en voyais que vaguement la forme. Tout était couvert de substance noirâtre, digne de 106. La seule chose se distinguant de cette masse corrosive était un étrange dispositif proche de la porte. Il semblait cassé, au vu des étincelles en sortant, et était inaccessible sans plonger dans la corrosion.

-Hey, interpellais-je Duchantier, une idée de ce que c'est là-bas ?

-Aucune, me répondit-il avec un temps de réflexion, et comptez pas sur moi pour aller vérifier !

Je m'accroupis à côté de la corrosion et fouilla ma sacoche pour sortir un pistolet a seringue légèrement modifier permettant des prélèvements, ainsi que des tubes d'échantillonnage. Tout mon matériel pour l'occasion était fait d'alliages de matériaux inoxydable de ma confection, qui devrait s'ils n'arrêtent pas la possible propagation de la corrosion, la ralentir suffisamment pour que je n'ai pas à m'en inquiéter de suite. J'entendais Duchantier grommeler derrière moi de faire attention, mais je n'y prêtais pas attention. C'était un moment unique dans ma vie, d'être aussi proche de la corrosion du Vieil Homme, si proche de sa Dimension...

Lorsque je remplissais le 5eme tube d'échantillonnage, l'un des gardes m'interpella
-Dr Escarra, nous allons devoir y aller.

-Mais voyons, dis-je en souriant, votre directeur m'a accordé dix minutes, et j'ai bien l'impression que-

-Nous avons été appelé pour une affaire urgente. Veuillez nous suivre.

-Vous savez, Mr Duchantier peux rester avec moi et-

-Docteur Edward Joaquim Escarra, s'écria d'une voix grave le second garde, veuillez nous suivre ou nous serons obligés d'utiliser la force, ce qui peux aller jusqu'à une neutralisation complète de votre personne.

Satané gardes, de vraies têtes de mules. Impossible de discuter avec eux. Je soupirai en me relevant, mis l'échantillon dans ma sacoche avec les autres et commença à suivre les gardes.

-Hey, me dit Lucas en me tapant sur l'épaule, ne fait pas cette tête, au moins t'as pu en récupérer un peu ! T'as l'air passionné de ce truc, je ne comprends pas pourquoi...

-Je ne m'attend pas à ce que tu comprennes, soupirais-je, votre boulot c'est de protéger le reste du personnel coute que coute, qu'importe les conséquences. Mon boulot, c'est d'apprendre et de comprendre les anomalies que nous gardons, comme ça devrait être pour tous les scientifiques de la Fondation. Si nous arrivions à comprendre SCP-106 et sa Dimension de Poche, imaginez les possibilités qui s'ouvrent à nous ! Pouvoir se déplacer malgré la matière et l'espace, ou le contrôle d'une Dimension parallèle... Tant de choses qui semble maintenant hors de portée à cause des deux... collègues.

-Ne leurs en voulez pas, ils ont simplement voulu sauver leur peau je pense. Et, malgré que vous le trouviez intéressant, vous ne pouvez pas nier sa dangerosité.

Je ne répondis pas. C'était évident que SCP-106 était une créature extrêmement dangereuse, mais au vu des enjeux de sa compréhension, c'était selon moi un risque à prendre. La seule bonne nouvelle de cette expédition était la récolte de mes 5 échantillons, ce qui sera amplement suffisant pour procéder à une multitude de tests et d'expériences. Je commençais déjà à y réfléchir quand la voix d'un des deux gardes me sorti de mes pensées.

-Garde Duchantier, vous allez devoir nous suivre. Dr Escarra, vous pouvez vous dirigez vers le laboratoire pour récolter les rapports sur SCP-106, et aller voir vos collègues de science si vous le souhaitez tant que vous ne provoquez pas de catastrophes. Duchantier reviendra vers vous après.

Suite à cela, ils me laissèrent seuls dans ces grands couloirs. Non pas que cela me dérangeait, j'allais pouvoir observer un peu plus ce site et les anomalies qu'il renferme.

Je me dirigeai comme je l'avais conseillé le garde vers le laboratoire du site. Il était facile à repérer, c'était l'endroit le plus mouvementé.

Des scientifiques sortaient et rentraient, écrivaient sur des ordinateurs, remplissaient une "boite à idée". J'aimerai bien qu'il y a autant d'activité sur mon site, mais je suppose que le Site-02 est "mieux en tout"...

-Excusez-moi mon cher, interpellais-je un scientifique penché sur ses notes, je cherche les rapports sur SCP-106...

-On as un dossier là-bas, dit-il en me pointant un bureau sans lever les yeux de sa feuille, allez le scanner si vous voulez.

Je me hâtai vers ce fameux dossier. Il y avait plein d'expérience différentes, même celles qui avait été refusé. "SCP-714 au doigt de SCP-106", qui avait eu l'idée d'une expérience pareille ? Je pris le dossier et me faufila vers le scanner.

Une fois la totalité des rapports scannés, même ceux ayant été refusé, je mis tout dans ma sacoche avant d'aller reposer l'original sur son bureau et de sortir du laboratoire. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas pour l'utilisation intense de papier. Il ne me restait plus qu'à me balader dans les couloirs en attendant le retour de Lucas.

Au détour d'un couloir je remarquai un scientifique qui n'était pas comme les autres. Un calepin en main, un bras gauche grisâtre, des cheveux en bataille et un morceau de scotch sur les lunettes.

-Ah, interpellais-je le scientifique, vous devez être Frédéric Michaud, l'un des deux... "héros" avec son collègue Archibald, qui nous as tous sauvé du terrible et de l'affreux monstre qu'est SCP-106. Quelle joie absolue de vous rencontrer !

-Oh vous savez, répondit-il, héro ou pas je suis simplement heureux d'avoir pu éliminer cette menace, et sans perdre un deuxième bras en plus, aha !

Cet imbécile n'a même pas compris le sarcasme dans ma phrase. Il est assez intelligent pour éliminer une entité surnaturelle mais pas assez pour savoir quand les gens se fichent de lui ?

-Vous savez je n'ai rien contre vous, Dr Michaud, dis-je avec le sourire toujours aux lèvres. J'ai simplement un problème avec vos actes et votre travail. Voyez-vous, même si vous ne vous en rendez surement pas compte, l'élimination de SCP-106 est bien plus un pas en arrière dans la science qu'autre chose, et la protection de votre cher directeur a votre égard ne change pas ce fait.

-Qu'est-ce que vous insinuez ?

Ça l'avait bien refroidi. Il me regardait en fronçant les sourcils et en serrant son poing gauche, ce fameux poing de métal. Je dois l'avouer, s'il est réellement le constructeur de son bras de métal, il est au moins doué en quelque chose de bien.

-Ce que j'insinue, c'est que vous empêchez la science d'avancer avec vos pitreries. Du peu de ce que l'on savait de sa "Dimension de Poche", c'était une merveille, imaginez donc ce que nous ne savions pas. La comprendre aurait tant aider, mais ce n'est plus une possibilité, et tout cela à cause de vous.

-Je vois, vous auriez donc préféré que des milliers d'autres meurs, comme vos collègues, vos amis, votre famille...

-Voyons Mr Michaud, dis-je en me retournant, nous savons très bien tous les deux qu'importe le nombre de mort s'il permet d'arriver à ses fins. Et le nombre de vies sauvées peuvent se compter en millions, voir en milliards, les milliers de morts ne sont donc rien dans la balance.

Il ne me répondit pas. Nous avions des objectifs différents, mais il ne pouvait pas me mettre sur le dos les morts que l'on pourrait m'attribuer aussi facilement. Lui aussi a du sang sur les mains. Le silence fut interrompu par un agent de sécurité arrivant vers moi.

-Mr Escarra, le véhicule de retour est prêt et Mr Duchantier vous attend, vous avez tous ce que vous avez besoin ?

-Bien sûr, je n'ai plus rien à faire ici. Au revoir, cher collègue ! Dis-je en saluant Michaud de la main.

-Au revoir, répondit-il d'un ton grave.

C'était amusant d'avoir pu rencontrer l'un des deux demeurés. Il est au moins au courant qu'il n'est pas acclamé par tout le monde pour ce qu'il a fait, il y repensera peut-être à deux fois avant de refaire le même coup. L'agent de sécurité m'emmenait jusqu'aux portes séparant la 'Light Containment Zone' de la 'Heavy Containement Zone'.

-Ah, te voilà enfin Escarra ! S'exclama Duchantier en me voyant arriver. J'ai cru que tu t'étais perdu. Oh d'ailleurs, tu ne m'as pas dit comment toi, tu t'appelais.

-Appelle moi Edward, même si 'Escarra' ne me dérange pas plus. J'ai simplement discuté avec un collègue après avoir quitté le laboratoire. Malgré les imprévus, cette petite expédition est loin d'avoir été inutile. Mais dis-moi, pourquoi être revenu ici ?

-Je pensais que tu as envie de terminer tes 'dix minutes d'accès' au confinement de SCP-106...

-Ne t'inquiète pas Lucas, ce que j'ai suffira. Nous pouvons repartir et sereinement.

Malheureusement, au moment où je commençai à me diriger vers le chemin du retour, une alerte retentit :

"ALERTE, ALERTE. SCP-457, désigné l'Homme de Feu, est sorti de son confinement lors d'une expérience. Toute personne en Light Containment Zone est priée de se diriger vers le bunker. N'approchez pas SCP-457 et faites attention aux objets inflammables autour de vous.

Restez prudents jusqu'à la résolution du problème par les Gardes du Site ainsi que le Dr. Michaud et le Dr. Doyle."