La jeune femme soupira, après tout, quelques heures à se détendre n'allaient faire de mal à personne non ? Elle finit par hocher la tête pour accepter la proposition de Sophie. La copine de Julien sauta de joie, elle proposa à Eliane de partir dans quelques heures. Celle-ci acquiesça et croisa le regard perçant de Renard. L'homme renard était assis sur un tabouret et était adossé à l'îlot central. Que lui voulait-il ? Celui-ci s'exclama :

-- Attends... Eliane a accepté d'aller prendre du bon temps, de se reposer, de se détendre ? Mais quoi ? Tu es sûre que lors de ton affrontement contre l'Architecte des Cauchemars, il ne t'aurait pas lancé un sort de gentillesse ?

La jeune assassin sentit ses joues rougir, elle prit un coussin et le lui lança. Elle s'écria :

-- Arrête de dire des bêtises !

-- Ne t'inquiètes pas, dit il en souriant, ça fait plaisir de voir que tu te détends un peu et que tu souris. Maintenant tu vois, je suis presque content d'avoir croisé votre route... Je me sens un peu moins seul...

Renard afficha un sourire apaisé sur son visage. Eliane le regarda incrédule, il se sentait moins seul ? Quel lourd passé cachait il ? La jeune femme réfléchit un instant. Elle ne l'avait jamais vu sous cette facette. Le silence fut coupé par un cri. La jeune assassin se tourna et vis Lorcan debout dans le salon qui trépignait d'impatience et qui marchait l'air attristé.

-- Il est mort ! Gandalf est mort ! S'écria le vieux magicien en pointant la télévision du doigt, j'ai envie de pleurer !

Julien rit, amusé par la réaction de Lorcan. Eliane fut prise d'un petit rire. Elle se détourna et partit se préparer pour sa sortie avec Sophie.

La copine de Julien lui prêta une tenue confortable, Eliane s'habilla rapidement et la rejoint. Les deux jeunes femmes sortirent de l'appartement, descendirent les escaliers, et arrivèrent dans les rues de Chicago. Sophie décida d'emmener la jeune femme dans un café très célèbre appelé « Hard rock café ». Eliane fut surprise par la taille et la beauté du lieu. Elle regarda quelques instants l'instrument de musique géant qui ornait le toit du café.

Sophie lui paya une boisson, elles discutèrent pendant une heure entière de leurs mondes respectifs. De leurs différences et ressemblances. Au fur et à mesure, la discussion prit une tournure plus profonde. Elles commencèrent à parler de leurs peurs, leurs peines, leurs buts... Eliane se rendit compte de quelque chose. Leurs deux vies étaient si différentes, celle de Sophie semblait tellement plus simple, plus douce, moins dangereuse, moins stressante... Cependant elle avait aussi beaucoup de stress, de responsabilités, de pression.

Sophie lui raconta que ses parents lui mettaient énormément la pression. Qu'ils espéraient qu'elle se marierai rapidement, qu'elle aurait bientôt un enfant avec Julien. Mais que eux, ils ne le souhaitaient pas encore. Ils n'étaient même pas encore fiancés.

Eliane lui expliqua à quel point sa mère voulait qu'elle soit parfaite. Qu'elle réussisse chacune de ses missions, qu'elle soit toujours la première. Qu'elle se démarque des autres...

Les deux jeunes femmes continuèrent de parler encore une vingtaine de minutes, puis sortirent du café. Sophie lui fit visiter la ville, les plus beaux endroits, lui montra ses lieux préférés. Lorsqu'elles eurent regardés le coucher de soleil depuis le pont et que l'obscurité prit place, elles rentrèrent à l'appartement.

Lorsque Eliane passa la porte et arriva dans le salon, elle aperçut Lorcan qui sautait de joie en regardant la télévision. Julien, en les voyant, leur demanda :

-- Hey ! Votre après midi s'est bien passée ?

-- Oh oui ! S'exclama Sophie, c'était super sympa ! Et vous ? Lorcan a apprécié la saga que tu voulais lui montrer ?

Julien afficha un sourire en coin et répondit :

-- Je crois que oui, on aurait dit qu'il vivait chaque action en même temps que les personnages !

Lorcan se tourna vers ses camarades et s'écria en fermant les yeux solennellement :

-- Je deviendrais aussi fort que ce magicien...

Eliane tourna la tête pour chercher ses compagnons du regard et aperçut Renard et Kaël qui jouaient aux cartes. Elle remarqua directement que l'homme renard venait de cacher une carte dans sa manche et Kaël ne semblait pas l'avoir vu. Il était trop occupé à ruminer car il était en train de perdre.

Peu après, alors qu'ils commençaient tous à avoir faim, Sophie et Julien se mirent en cuisine. Pendant ce temps là, Eliane était assise sur le canapé, enroulée dans une couverture, et elle écoutait Lorcan qui lui racontait l'intégralité du film qu'il avait vu. Renard et Kaël étaient toujours en train de jouer aux cartes. Une heure plus tard, un cri strident provenant de la cuisine brisa la quiétude du salon :

-- JULIEN !! Le four bon sang !!

Eliane huma l'air et perçut une forte odeur de brûlé. Elle se leva, retira sa couverture qui lui tenait chaud à contre cœur, et se dirigea vers la cuisine. Lorsqu'elle arriva, elle aperçut Sophie qui était en train de secouer une serviette au dessus d'un plat à l'apparence fort douteuse. Julien, en retrait, la regardait d'un air désolé. La jeune assassin demanda ce qu'il s'était passé. Le jeune homme lui répondit, l'air penaud :

-- Il se peut que j'ai.... Oublié de sortir le plat du four...

-- Bon.... Le repas qu'on a fait est fichu, conclut Sophie, on commande quelque chose Julien ?

Son copain hocha la tête et sortit son téléphone de sa poche, il se mit à chercher un numéro puis l'appela. Une cinquantaine de minutes plus tard, lorsque le livreur toqua à la porte et leur apporta leur commande. Ils s'installèrent tous les six dans le salon et entamèrent leur repas.

Sophie et Julien prirent le temps de leur présenter les différents plats qu'ils avaient commandés, puis ils commencèrent à manger.

Ils terminèrent la soirée tous entassés dans le canapé, à regarder paisiblement un film. Eliane qui s'était installée dans le coin pour ne pas être trop avec les autres jeta un coup d'œil à ses camarades.

Aurait elle cru un jour passer une soirée, voire une journée comme celle-ci ? Certainement pas. Et pourtant elle était bien là, dans un autre monde, en train de regarder un « film » avec ses camarades de mission....

Un bruit sourd et désagréable la sortit de ses pensées. Un ronflement.... La jeune femme tourna rapidement la tête avec une expression agacée. Elle aperçut Lorcan qui s'était endormi et qui ronflait à côté d'elle.

Elle repensa à la fois où il avait ronflé et les avaient tous réveillés. Une moue agacée remplaça son expression neutre, elle murmura :

-- Lorcan... La dernière fois je t'avais dit que si tu t'avisais de ronfler une nouvelle fois je te ferai ta fête... En tout cas tu l'auras bien cherchée celle là !

Eliane le poussa légèrement, le vieux magicien tomba sur le sol dans un cri. Il se releva, réveillé bien entendu et s'exclama :

-- Et ! Qui m'a poussé ? Faut pas me déranger quand je dors !

Kaël rétorqua, amusé :

-- Alors comme ça on fait la sieste le vieux ?

Lorcan regarda tout ses compagnons un par un, et s'arrêta sur la jeune assassin qui n'avait pas réussi à rester de marbre. Un sourire en coin apparut sur son visage. Il attrapa un coussin qu'il lui lança en pleine tête. Eliane sentit le tissu entrer en collision avec son visage et retomber sur le sol. Au lieu de s'énerver, elle éclata de rire.

Renard la regarda amusée, puis se prit aussi un coussin de la part de Lorcan. Il riposta en lui lançant la couverture dont il s'était enroulé précédemment. Soudainement, pour les calmer, Sophie sortit son téléphone de sa poche et s'écria en riant :

-- Rapprochez vous qu'on fasse une photo ! Je veux avoir un souvenir de cette soirée !

Eliane, Renard et Kaël se rapprochèrent de Sophie, et fixèrent l'objectif. Lorcan, ne voulant pas rater la photo se jeta sur le canapé, écrasant Renard et Eliane au passage. La jeune femme grommela et lança :

-- Rah ! Lorcan, la vache ! Tu pèses un âne mort !

-- Et ! Renchérit Renard, mon frêle corps ne peut pas supporter un tel poids ! Dégage l'enclume !

-- Roh... Vous êtes vraiment des petites natures... Conclut Lorcan, sans pour autant bouger ne serait ce que d'un centimètre.

Eliane soupira, elle tourna la tête vers la caméra et sourit. Sophie appuya sur le bouton, un compte à rebours s'afficha. Ces quelques secondes qui suffirent à faire éternuer Lorcan qui tomba de ses camarades et s'écrasa sur Julien. Provoquant ainsi un rire collectif, et une photo inoubliable.