Le bonus des 20k, ou la vie en rose bonbon

Il est enfin là ! Eh oui, le fameux bonus des 20k lectures. Un petit condensé de ce que vous avez loupé pendant les neuf années où Linaëlle a vieilli. Je vous laisse apprécier, c'est tout rose et tout beau ;).


Depuis l'aube, toute la ville de Dopalis bruissait d'une activité inhabituelle. La journée d'été s'annonçait belle et chaude. Aujourd'hui, la famille royale célébrait le mariage de la Porteuse du Sang, et cela méritait une fête mémorable, dont on se souviendrait longtemps.

Dans les appartements de Linaëlle, avait lieu un ballet millimétré, dont Sophia était le chef d'orchestre, visant à rendre la jeune mariée la plus éblouissante possible. La principale concernée, assise sur une chaise, se laissait maquiller et coiffer, sous le regard attendrie et attentif d'Elmira et Meriem.

- Eh ! Attention à ce que vous faites ! s'exclama Sophia. La première qui marche sur l'ourlet de cette robe aura affaire à moi ! Et attention avec le maquillage !

- On se demande laquelle des deux est la plus nerveuse, plaisanta Meriem en observant le manège de la domestique.

- Probablement Sophia, enchérit Elmira.

Les deux femmes se sourirent, complice. Leur relation ne faisait que s'améliorer au fil du temps, bien qu'une pointe de rivalité s'interposait toujours entre elles.

Enfin, la styliste s'estima satisfaite et renvoya tout le monde en tapant des mains. Le calme soudain apaisa les oreilles de tout le monde. Sophia fit se lever sa protégé, tourna plusieurs fois autour, inspectant la robe sous ses moindres coutures.

- Tu admires ton œuvre ? la taquina Linaëlle.

- Je m'accorde quelques secondes d'autosatisfaction, confirma la domestique avec un clin d'œil.

- Est-ce que j'ai enfin le droit de voir le résultat alors ?

Sans la faire patienter d'avantage, Sophia retira d'un coup un peu théâtral l'immense drap qui recouvrait le large miroir en triptyque.

Linaëlle en resta stupéfaite. La jeune femme qui la regardait avec ébahissement dans le miroir lui ressemblait trait pour trait, pourtant, elle avait des difficultés à penser que c'était bien elle. Le maquillage sublimait ses yeux et ses lèvres, soulignait ses pommettes et son front. Ses cheveux, coiffés en plusieurs tresses regroupées en chignon, soutenait un diadème d'or sur lequel brillait plusieurs saphir d'un bleu profond, assortis à ceux des boucles d'oreilles et de la parure autour de son cou. Mais la jeune mariée n'avait d'yeux que pour sa tenue. Son amie s'était surpassée. Les heures passées à faire d'interminables essayages valaient largement le résultat final.

La robe, découpée dans de la soie bleue marine comme le voulait la tradition, épousait son corps à la perfection tout en lui laissant une agréable liberté de mouvement, malgré plusieurs jupons blancs. Le buste ajusté figurait des spirales d'or brodées avec une patience infinie, la dentelle du col et des manches possédait un motif fin et délicat. La jeune fille pivota, observant le laçage aux motifs complexes qui maintenait le vêtement et courrait presque jusqu'au bas de son dos.

- Sophia, elle est magnifique, souffla-t-elle les larmes aux yeux.

- Ne commence pas à pleurer maintenant ! Tu vas ruiner ton maquillage ! s'exclama la domestique en se précipitant sur la jeune femme, mouchoir en main.

Linaëlle rit, laissant son amie lui tamponner les yeux.

- Ah j'vous jure, qu'est ce que tu ne m'auras pas fait faire ! râla Sophia. Enfin si elle te plaît, c'est le plus important.

- Tu es la plus belle marié de toute la planète, ajouta-t-elle en embrassant la jeune femme sur le bout du nez. Maintenant, je dois te laisser, je vais me préparer. Et interdiction de pleurer !

Sur ses paroles, elle s'inclina devant les deux dirigeantes et s'en alla d'un pas allègre.

- Elle a raison, trésor, tu es belle comme le jour, la complimenta Elmira en souriant.

- Je n'aurais pas dit mieux, renchérit Meriem.

Linaëlle leur sourit. Les voir ensemble un jour comme celui-ci la remplissait de joie. Leur amitié était un symbole fort de la paix qui régnait entre ses deux pays.

- Je suis tellement heureuse de vous avoir toutes les deux près de moi aujourd'hui.

- Ton père ne va pas s'en remettre en te voyant, j'espère que tu en as conscience, plaisanta Elmira en lui prenant la main.

- Dans sa tête, je n'ai pas dépassé les dix ans. Forcément, ça va lui faire un choc.

- Cela je peux le comprendre, murmura Meriem.

La jeune femme tendit sa main libre pour nouer ses doigts à ceux de la Régente. Elle avait totalement adopté Adam, le caractère charmeur du jeune homme y étant pour beaucoup. Malgré tout, elle voyait toujours, comme Malvius, la petite fille qu'on lui avait enlevé et peinait à réaliser qu'aujourd'hui elle se mariait.

Fiona choisit ce moment pour entrer et informer les deux femmes qu'elle devait rejoindre le restant des invités qui se dirigeait vers le temple. Après une dernière étreinte, elles quittèrent la pièce.

- Tu es magnifique, complimenta Fiona.

- Merci.

La jeune femme lança de nouveau un regard à son reflet. Elle se demandait comment son futur mari allait réagir en la voyant.

- Il va te dévorer des yeux toute la journée, rit la magicienne qui suivait le cours de ses pensées.

Malgré le maquillage, Linaëlle rougit jusqu'à la racine des cheveux.

- Lui prêter allégeance ne te dérange pas ?

- Pourquoi donc voudrais-tu que cela me gêne ? Dans quelques heures, il sera ton époux, une part de toi. Il est suffisamment intelligent pour savoir que cela ne changera rien. Tu passeras toujours avant lui, même contre lui si il le faut, bien que je ne pense pas devoir m'interposer entre vous deux.

Elle avait posé une main sur son épaule en disant cela, et en regardant leur reflet Linaëlle y vit une image de ce qu'était leur relation. Fiona la soutenait toujours, envers et contre tout. Elle recouvrit sa main de la sienne et lui transmit tout l'amour et l'admiration qu'elle avait pour elle. Les yeux de la jeune vassale se mirent à briller et elle se blottit contre le dos de Linaëlle, posant son menton sur son épaule.

Les cloches du temple les sortirent de leur bulle. Il était temps pour la mariée de rejoindre son père. À pas majestueux, Linaëlle gagna le grand hall d'entrée. L'émotion de Malvius quand il la vit descendre les escaliers la fit sourire, émue. Le Roi la rejoignit et posa sur ses épaules la lourde cape grise et or des Porteurs du Sang, représentant le rang spécial de Linaëlle.

- Qu'est ce que tu as grandi, ma chérie, lui murmura son père en l'embrassant sur le front.

Il l'accompagna dans le carrosse qui ne servait que pour ces occasions, brillant comme un sou neuf.

La suite des évènements ne laissa qu'un tourbillon intense de souvenirs et de sensations à Linaëlle. Elle se rappelait les acclamations des gens qui la regardait passer, le silence admiratif quand elle avait fait son entrée dans le temple. Elle revoyait le regard d'Adam et les tâches de couleur sur son costumes à cause des vitraux. Elle s'entendait prononcer ses vœux, recevoir les siens, et l'embrasser tandis que les applaudissement raisonnaient dans tout le bâtiment. Elle se souvenait des larmes de ses parents, des exclamations de ses frères et sœurs. Elle avait rit, pleuré, dansé, mangé et but jusqu'à ce qu'Adam l'emmène loin de la fête pour la garder pour lui seul et lui offrir une nuit de noces inoubliable.

Delthéa s'était faite discrète pendant les semaines suivantes, mais la jeune femme n'avait pas le cœur de lui en vouloir. Quand elle avait de nouveau visité ses rêves, Linaëlle n'avait fait aucune remarque et elle n'en avait pas fait non plus.

Les saisons suivirent leur cycle, et le printemps revenait à Olmetho quand la jeune femme se leva précipitamment un matin, prise de nausées violentes.

- Mon cœur ? Tu vas bien ? s'inquiéta Adam qui ne la voyait jamais malade.

- Pourquoi sommes-nous malade, au juste ?

- Excellente question...

Elle revint dans la chambre, tremblante, et Adam se précipita pour l'enrouler dans une couverture et la serrer contre lui.

- Tu veux que j'appelle Emily ? s'enquit le jeune homme.

- Oui, s'il te plaît.

Elle ferma les yeux et s'appuya contre lui, son ventre protestait encore et elle avait des vertiges.

- Elle sera là dans quelques minutes, Amalicia va la déposer. Viens t'allonger un peu.

En douceur, il la ramena vers le lit, s'appuya contre les oreillers et la cala dans ses bras.

Quand la guérisseuse entra, elle avait repris un peu de couleur. Adam se leva à regrets pour se préparer pour la journée, laissant Emily examiner sa patiente. Au bout de quelques minutes, elle secoua doucement la tête et demanda :

- Tes règles n'auraient pas du retard, par hasard ?

La jeune fille s'accorda un instant de réflexion. Elle avait passé le dernier mois à étouffer une révolte chez la bourgeoisie qui s'insurgeait contre les nouveaux salaires des ouvriers. L'absence de saignements ne l'avait pas inquiétée outre mesure, puisque avec le stress et sa partie animale, elle avait parfois tendance à manquer des cycles.

- Je dois avoir un peu plus d'un mois de retard, je n'ai pas vraiment fait attention... Tu sais que c'est toujours un peu irrégulier.

Le sourire de la domestique fit se froncer les sourcils de Linaëlle.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- On va dire que tu n'es pas réveillée, Lin', mais franchement, je suis sûre que tu peux trouver la solution toute seule, s'amusa Emily. Je te donne un indice, c'est en partie la faute d'Adam.

- Mais qu'est ce que tu ra...

La jeune fille ne finit pas sa phrase, et resta bouche bée devant l'idée qui venait de lui traverser l'esprit. Elle porta la main à son ventre et son amie la recouvrit doucement de la sienne en confirmant son hypothèse d'un hochement de tête.

- Je suis enceinte ? souffla Linaëlle, incrédule.

- On dirait bien oui, sourit la guérisseuse.

- Oh mes Dieux... Je vais avoir un bébé, Emily !

- Tout à fait.

- Je vais être maman...

- Eh blondinette, ça va aller, tu as encore le temps de voir venir, la rassura son amie qui commençait à la voir s'inquiéter.

- Mais Victoire...

- Le cas de Victoire est particulier, l'interrompit immédiatement Emily. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal. Évite juste de te transformer en Dragonne durant ta grossesse, d'accord ?

- Elle a raison, ça peut être dangereux pour le petit.

- Je sais, grand père nous l'avait expliqué.

- Tu es plus solide que la compagne de ton frère grâce à moi, le petit ne risque rien.

- Je vais quand même te donner quelque chose si les nausées sont aussi violentes, réfléchit son amie. Tâche de manger un peu quand même en te levant et prends une collation vers la dixième heure, ça t'éviteras de faire un malaise.

Linaëlle opina du chef, autant pour sa Dragonne que pour la guérisseuse à son côté. Toute son attention était concentrée sur l'étincelle d'énergie qu'elle percevait au creux de son ventre.

La jeune femme passa le reste de la journée sur un petit nuage, ce qui n'échappa pas à Adam. Alors qu'ils se préparaient à retourner à Dopalis, le jeune homme déclara :

- Le fait d'avoir vomi ce matin à l'air de te mettre de bonne humeur.

- Ça risque de se reproduire souvent ces prochaines semaines, lui annonça sérieusement Linaëlle.

- Vraiment ? Emily sait pourquoi ?

La jeune femme rit, s'approcha et se blottit contre lui. Elle lui attrapa le poignet et posa la paume de sa main sur son ventre en murmurant.

- Tu vas être papa.

- Quoi ?! Je veux dire nous... Enfin tu... tu es enceinte ?

Linaëlle opina. Elle vit les yeux d'Adam s'embuer et il l'embrassa en chuchotant.

- C'est merveilleux...

- Tu trouveras ça moins merveilleux quand je vais te réveiller tous les matins, ironisa la jeune femme.

- Peu importe, du moment que lui et toi allez bien, souffla-t-il dans ses cheveux.

Ils restèrent enlacés, savourant la nouvelle qui bouleverserait leur vie dans quelques mois.

- Tu peux nous transporter à Dopalis dans ton état ? s'inquiéta soudainement Adam.

- Oui, ça ne risque rien rassure-toi, Amalicia me l'a encore redit la semaine dernière.

La jeune femme se tut brusquement, croisa le regard de son époux qui la regarda, un sourire aux lèvres.

- Elle savait... souffla Linaëlle.

- C'est très probable. Mais à ce rythme, on va finir par être en retard au dîner, mon cœur.

- Je nous ramène tout de suite.

D'un commun accord, les deux jeunes gens décidèrent d'attendre quelques semaines avant d'annoncer l'heureux évènement au reste de la famille.

Le lendemain, au réveil, Linaëlle fonça jusqu'à la pièce d'aisance. Adam l'attendait à la sortie et la ramena tendrement jusqu'au lit.

- Tu te sens capable de venir déjeuner avec tout le monde, ou tu préfères que je nous fasse apporter quelque chose ? s'enquit-il.

- Laisse-moi deux minutes et j'aviserais, souffla sa femme.

« Lin' ? Tout va bien ? » s'inquiéta Elmira.

« Oui, Maman, ça va, ne t'inquiète pas. » la rassura rapidement la jeune femme.

Néanmoins, la Reine ne fut pas dupe et moins d'une minute après leur communication, elle se tenait à son chevet.

- Tu sais pourtant que tu ne peux pas mentir, trésor. Je vais appeler Emily, décida-t-elle.

- Ce n'est pas la peine, elle ne pourra rien faire, protesta Linaëlle en se redressant.

Ignorant son vertige qui faisait tanguer le lit, elle ajouta :

- Je vais déjà mieux, regarde.

Elle affronta le regard curieux de sa mère, sachant d'avance qu'elle ne pourrait pas lui cacher la situation.

- C'est quelque chose de commun dans mon état, avoua-t-elle doucement.

Elmira commença par froncer les sourcils avant d'écarquiller les yeux.

- Tu es... enceinte ? hésita-t-elle.

Linaëlle opina doucement, faisant se remplir de larmes les yeux d'acier.

- Oh mon trésor, murmura Elmira en l'enlaçant.

« Attendez, Linaëlle, tu es enceinte ?! » explosa Malvius dans leur esprit.

« Mais c'est super, Lin' ! » s'enthousiasmèrent Sollia et Kalioska presque à l'unisson.

« Adam ! » s'exclama le Roi.

« Oui ? »

« Qu'est ce que tu as fais ? »

« Mais... » balbutia le jeune homme, surpris.

« Malvius, arrête un peu. » s'interposa Elmira.

« Mais enfin... elle est enceinte ! »

« Oui, ce sont des choses qui arrivent chez les jeunes couples mariés. » constata Elmira en levant les yeux au ciel.

« Je crois que ce qui le gène le plus, c'est de savoir qu'il risque d'être grand-père dans quelques mois. » gloussa Cassildey.

« Tu peux parler, je te signale qu'on va aussi devenir oncle et tante ! » lui rappela Énora.

Devant l'ébahissement muet de Cassildey et les marmottements de protestation de Malvius, Linaëlle ne put retenir un fou rire qui se propagea jusqu'à sa mère et ses sœurs.

« Il n'empêche qu'Adam... »

« Malvius, je ne veux entendre aucun commentaire de ta part, je te rappelle que Xavier... »

« Je ne veux pas entendre ça ! » protesta le concerné. « Surtout pas au réveil ! D'ailleurs jamais ce serait bien ! »

« Oh ça va, Xav, on sait tous que tu es né un tout peu plus de huit mois après le mariage hein. » ricana Sollia.

« En tout cas, félicitation à vous deux. » se dépêcha de dire Victoire, coupant net les chamailleries entre les deux aînés

Après une cascade de félicitation, les jeunes gens purent enfin rejoindre la table du petit-déjeuner que présidait Malvius, encore surpris par la nouvelle.

Les mois passèrent doucement, Linaëlle jonglant de mieux en mieux entre ses différents rôles malgré sa grossesse et les demandes répétées de ses deux mères de ralentir le rythme. Les fêtes de la nouvelle année se terminaient, d'un côté comme de l'autre, et la jeune femme profitait d'un calme mérité après trois jours de banquets bruyants.

Le sujet principal de ses inquiétudes actuelles étudiait l'arbre généalogique de la famille impériale. Azra approchait de ses quinze ans et suscitait bien des convoitises, maintenant qu'elle affichait des courbes de plus en plus féminines et une vivacité d'esprit rafraîchissante. Linaëlle refusait des demandes de fiançailles toutes les semaines et elle savait qu'elle devrait prendre position avant que les choses ne s'enveniment. Néanmoins elle attendait les rapports de ses agents avant de faire une sélection dans la liste trop longue des prétendants de sa sœur et d'envisager de lui présenter certains d'entre eux.

Elle écrivait une énième lettre de refus polie quand une douleur la fit grimacer et porter une main à son ventre gonflé.

L'évènement se reproduisit plusieurs fois avant qu'Azra, de l'autre côté de la large table, ne lève les yeux de son livre pour demander :

- Ça ne va pas, Farima ?

- Ce n'est rien, c'est le bébé qui s'agite, l'apaisa Linaëlle.

L'adolescente reprit sa lecture avec un petit sourire émerveillé. Elle attendait avec impatience de pouvoir serrer le poupon dans ses bras.

Une douleur plus forte que les autres obligea la jeune femme à s'interrompre.

- Ce n'est pas comme d'habitude.

- Je vois ça... Tu crois qu'il va arriver ?

- Il a l'air décidé en tout cas.

- Linaëlle ? appela Azra, inquiète.

- Va chercher Émily, souffla sa sœur. Dit lui qu'il y a urgence.

- C'est le bébé ? Tu vas accoucher ?

La jeune femme opina et sa cadette détala aussitôt en courant. Même si elle n'était pas certaine de son affirmation, la situation n'était pas normale, et il valait mieux que la guérisseuse l'examine. Cette dernière la suivait partout depuis presque un mois et elle déboula en trombe dans la pièce, Azra sur les talons.

- Comment te sens-tu, demanda-t-elle en remontant la robe de la jeune femme pour poser ses mains lumineuse sur son ventre dénudé.

- Pour l'instant, ça va, répondit Linaëlle en observant ses gestes.

- Alors il vaut mieux que tu fasses le trajet jusqu'à tes appartements tant que les contractions ne sont pas trop rapprochées.

- Contractions ? répéta sa patiente.

Devinant la panique sous-jacente, Émily envoya Azra prévenir Adam et aida la jeune femme à se lever.

- Regarde-moi, Linaëlle. Tout va bien se passer, je suis là. Ta mère et Amalicia vont probablement arriver plus vite que leurs ombres, tu n'as rien à craindre, d'accord ? Tout va bien et tout va continuer d'aller bien.

La jeune femme déglutit et approuva de la tête. Une contraction la fit grimacer et elle porta les mains à son ventre. La guérisseuse attendit qu'elle passe avant de la conduire à sa chambre sans cesser de la rassurer. Elle l'aida à se déshabiller, lui laissant uniquement une longue chemise ample et la laissa s'asseoir sur le bord du lit le temps de réclamer du matériel.

- Tu préfères t'allonger, t'asseoir, marcher ? s'enquit-elle en revenant vers elle.

- Je ne sais pas, murmura Linaëlle. Je n'ai encore jamais accouché de ma vie.

- Ça je le sais, Lin', mais ça va durer un moment, et c'est toi qui doit me dire comment tu te sens le plus à l'aise, lui expliqua Émily en s'installant près d'elle.

Après réflexion, la jeune femme s'adossa aux oreillers. Émily posa les mains sur son ventre, attentive à des choses qu'elle seule pouvait comprendre.

Une demie-heure s'écoula avant qu'Amalicia et Elmira n'arrivent. La Reine s'installa au chevet de sa fille et lui prit la main tandis que la magicienne interrogeait la guérisseuse.

La présence d'Elmira apaisa aussitôt Linaëlle. L'aura de sa mère irradiait de calme et de tendresse, chassant la peur et les incertitudes de sa fille.

- Respire et reste calme, trésor, tout va bien se passer, il n'y a aucune raison de paniquer, la rassura la Reine.

- D'autant plus que tu t'en sors très bien, enchérit Amalicia. Ce petit ne pourrait pas venir au monde dans de meilleures conditions.

À force de paroles rassurantes, les trois femmes eurent raison des craintes de la plus jeune. Elles la firent se redresser, marcher, esquisser des pas de danses, tout pour lui changer les idées tandis que les heures filaient, que la nuit tombait et que les contractions se rapprochaient et devenaient plus douloureuses.

Quelque part dans son esprit, la présence d'Adam la soutenait également, bien que son époux ne communique pas avec elle pour ne pas troubler le bébé.

Quand elle perdit les eaux, Émily la fit s'allonger, l'ausculta et hocha la tête.

- Les choses sérieuses vont commencer, respire et reste détendue.

Linaëlle déglutit, soudain inquiète. Elmira s'installa au plus près d'elle et lui prit la main en murmurant des paroles rassurantes.

- Juste quelques secondes, Elmira, l'interrompit Amalicia.

La Reine leva un sourcil interrogateur.

- Si vous voulez tenir sa main, je vais placer un sort de protection afin d'éviter que si sa dragonne se mêle de l'affaire, elle ne vous broie pas les os, je n'ai pas envie de résoudre des casse-têtes osseux aujourd'hui.

Avec un sourire, Elmira lui tendit ses mains et la magicienne incanta. Un voile bleu glissa sur les mains de la Reine avant de disparaître. Celle-ci agita les doigts et remercia la Directrice avant de reprendre ceux de sa fille.

Contraction après contraction, Linaëlle avait de plus en plus de mal à supporter la douleur. La Dragonne dans son esprit protestait violemment contre ce qu'elle subissait, impuissante à faire face à ces vagues qui l'emportaient elle aussi. Elmira restait près d'elle, océan de calme dans lequel elle puisait pour ne pas crier.

- Encore un peu de courage, tu y es presque, l'encouragea Émily entre ses jambes. Dès que tu sens la prochaine arriver, tu pousses de toutes tes forces.

La jeune femme ne se le fait pas dire deux fois et sa Dragonne rugit dans sa tête, devinant qu'elle va enfin pouvoir aider.

Moins d'un quart d'heure plus tard, Émily se redressa dans son champ de vision et des pleurs de nourrisson envahirent la pièce. La guérisseuse s'empressa de le nettoyer et de couper le cordon avant de le tendre à Amalicia qui posa brièvement une main sur son front, un immense sourire aux lèvres.

- C'est un beau garçon en pleine santé, annonça-t-elle.

Le bébé continua de vagir jusqu'à ce que la magicienne le dépose doucement sur la poitrine de sa mère qui l'accueillit en larmes.

- Bonjour, toi, souffla la jeune femme.

Spontanément, elle se tendit vers le lien neuf qu'ils partageaient. L'esprit du nouveau-né était encore flou, vierge, et totalement déboussolé. Mais chaque inspiration lui faisait prendre conscience d'une odeur chaude et rassurante, et son corps lui apprenait qu'il trouvait la position et l'endroit confortable. Il cessa bientôt de se lamenter sans se douter de l'émotion qu'il venait de provoquer chez Linaëlle.

La jeune femme pleurait doucement, bouleversé par le petit monde de sensations qu'elle venait de percevoir et qui rassurait tellement son bébé, son fils à elle.

Elmira se pencha, effleura la petite tête d'un baiser et fit de même avec celle de sa fille.

- Il est magnifique, mon trésor, fit-elle en souriant.

À court de mots, Linaëlle ne put que hocher la tête, admirant le petit être qui se reposait sur elle.

Tandis qu'Émily l'aidait à expulser le placenta, la Reine prit le nouveau née pour l'emballer dans des langes propres et le garda dans ses bras le temps que la guérisseuse aide la jeune femme à se rafraichir et se changer.

- Vous voilà grand-mère d'un petit prince que tout son entourage va gâter, s'amusa Amalicia en la rejoignant pour admirer le bébé.

- Il a de la chance ce petit, tous les enfants devraient pouvoir grandir comme lui, dans une famille aimante.

La magicienne soupira doucement et caressa du bout du doigt la joue du bébé.

- Oui, vous avez raison, certaines choses sont injustes.

Elmira releva les yeux sur elle mais n'eut pas le temps de l'interroger. Émily avait terminé et la Reine ramena son petit-fils à sa mère qui souriait.

Amalicia ouvrit la porte, permettant à Adam qui piétinait derrière la porte de rejoindre sa femme. Elmira recula, lui offrant sa place et le jeune homme resta ébahi devant son fils. Du coin de l'œil, Linaëlle la vit s'éclipser en compagnie des deux autres femmes, laissant quand même la porte entrouverte.

- Bonjour, bonhomme, trouva-t-il finalement la force d'articuler.

Réagissant à sa voix, le nourrisson s'agita faiblement, révélant un immense sourire sur le visage de ses parent.

- Il est tellement beau, regarde-le, s'émerveilla Adam.

- Tu veux le prendre dans tes bras ? offrit sa femme.

Il tendit les bras en réponse et la jeune femme y déposa précautionneusement le petit corps endormi.

- Ouah... J'ai du mal à réaliser qu'il est là, que c'est mon fils, notre fils, à nous, articula le jeune homme en frôlant du bout des doigts le petit toupet de cheveux blonds.

- Tu n'as pas changé d'avis pour le prénom ? s'enquit Linaëlle.

- Non, je suis d'accord avec toi, ça lui ira parfaitement, approuva Adam.

Il posa un baiser sur le front du nourrisson et déclara :

- Bienvenue, Jayden Ol'Darith, premier des enfants de Linaëlle et Adam Ol'Darith.

Épuisée, Linaëlle s'endormit rapidement. Son mari s'installa dans la bergère, son fils dans les bras, voulant profiter de cette toute nouvelle paternité.

La vingt-et-unième heure sonnait quand Meriem passa la tête dans l'embrasure de la porte. Adam posa un doigt sur ses lèvres, indiquant du menton sa femme endormie. Il se leva avec son fragile fardeau dans les bras et rejoignit sa belle-mère dans le salon attenant.

- Elle va bien ? s'inquiéta la Régente.

- On ne peut mieux, elle est juste fatiguée.

- Oui c'est normal, se rassura la femme.

Adam lui sourit.

- Vous voulez prendre Jayden ?

- Ja... s'étrangla Meriem en posant les yeux sur le nourrisson.

Adam confirma d'un mouvement de menton. La Régente recula de quelques pas et se laissa tomber dans le divan. Elle porta la main à ses lèvres tremblantes et balbutia :

- Il ... Vous... Oh mes Dieux...

- Linaëlle y tient vraiment et je la soutiens mais si vous ne vous sentez pas de ...

- Si, bien sûr que si, c'est juste... c'est la surprise, je ... Non, c'est un très beau prénom et je suis enchantée qu'il le porte, se reprit la femme.

Elle tendit les bras et le jeune homme lui confia le nourrisson.

- Puisse-tu vivre une longue vie heureuse, petit Jayden.

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