Chapitre 7 : Remèdes et lames (partie 1)
Linaëlle reprit conscience avec un mal de tête carabiné. Elle ouvrit lentement les yeux pour se rendre compte qu'elle se trouvait dans une chambre qu'elle ne connaissait pas. Grande et bien éclairée grâce une fenêtre et une baie vitrée, elle ne pouvait se trouver dans les quartiers des serviteurs. Les rayons du soleil entraient à flot par les ouvertures. Par la fenêtre entrouverte, Linaëlle entendit la cloche du temple sonner. Elle compta trois sonneries. On était donc en milieu d'après-midi. Elle avait dormi un bout de temps.
Linaëlle se redressa lentement malgré les protestations de son crâne et examina le décor qui l'entourait. Hormis le lit qu'elle occupait, le mobilier consistait en deux fauteuils usés qui avait dû être noirs un jour, une table basse et un lit de camp actuellement occupé. Une masse de cheveux châtains émergeait de sous les draps que l'enfant identifia comme étant ceux de Sophia. La porte de la chambre s'ouvrit sur une copie conforme de la dormeuse mais en plus âgée. Emily approchait la vingtaine et la seule différence notable avec sa sœur était son visage couvert de tâches de rousseur, qu'elle détestait au plus haut point. Bien moins maladroite que sa cadette, elle se livrait à une démonstration d'équilibriste en portant un plateau sur sa tête, un autre sur son bras droit et un paquet de linge sous l'autre. Elle lâcha le paquet informe aux pieds du lit et déposa les plateaux sur la table basse. Ceci fait, elle se retourna vers le lit et adressa un sourire à Linaëlle.
- Alors blondinette, on se décide à revenir parmi nous ? Tu nous as fait une sacré frousse, tu sais?
Elle parlait doucement pour ne pas réveiller sa sœur mais cela suffit à arracher une grimace à Linaëlle devant la protestation de son crâne. Elle se rallongea et ferma les yeux, tentant d'apaiser le martèlement de ses tempes. Presque aussitôt, deux mains vinrent se poser sur la zone douloureuse et la douleur diminua nettement. Elle poussa un soupir de soulagement et remercia Emily du bout des lèvres.
- Désolé, chuchota celle-ci.
- C'est pas grave, tu pouvais pas savoir, fit sa patiente en rouvrant les yeux.
- Hmmm, Si en fait j'aurais dû faire attention. En tout cas je réitère ce que j'ai dit, tu nous as fait la frousse de notre vie.
- A qui ? demanda Linaëlle.
- A tout le monde, Milo, Manahau, l'ensemble de la famille royale, moi et surtout Sophia. Elle s'en voulait terriblement qu'il te soit arrivé quelque chose d'aussi grave. Elle a veillé sur toi nuit et jour mais malgré tout, le venin gagnait la partie. Tu étais bien partie pour rejoindre le monde d'après jusqu'à hier matin où la marque des Dieux est apparue sur ton épaule à la place de ta morsure. A partir de là, la fièvre a disparu et le poison du flamhur a été éliminé. Personne n'a compris pourquoi.
- Hier matin ? s'étonna l'enfant.
- Oui, ça fait presque une semaine que tu es inconsciente.
Linaëlle planta son regard dans celui de la jeune femme pour savoir si elle se moquait d'elle. Mais pour une fois, le visage d'Emily était grave. Elle ne plaisantait pas du tout. Assise sur le lit près d'elle, les mains toujours posées sur sa tête, elle observait sa patiente avec curiosité. C'est ce moment que choisit l'estomac de la fillette pour se rappeler à son bon souvenir, émettant un grondement sonore qui leur tira un sourire complice. Emily mit fin au traitement et prit l'un des plateaux se trouvant sur la table basse. Dessus trônait une assiette colossale de purée de légumes accompagnée de galettes de riz. Un pichet d'eau et un verre emplit d'une boisson verdâtre complétaient le repas qui lui était visiblement destiné. Emily posa le plateau sur les genoux de la convalescente qui s'était redressée en position assise. Linaëlle fronça le nez en apercevant la boisson étrange.
- C'est quoi ? interrogea-t-elle en tendant la main vers le verre.
- Fortifiant spécial contre le venin de flamhur pour aider ton mal de tête à se dissiper. Mal de tête dû à la disparition de ton énergie magique.
Comme Linaëlle la regardait sans comprendre, elle expliqua :
- Le venin de flamhur annihile la magie en détruisant la source de ton énergie magique. Qui se trouve être dans ton cerveau. D'où la migraine qui t'attendait au réveil. Je l'ai en partie traitée magiquement mais il faut compléter cela avec des médicaments plus ...traditionnels.
L'enfant prit le verre et observa le liquide étrange. Il dégageait une odeur encore plus repoussante que sa couleur. Elle regarda Emily avec un air accusateur. La jeune femme se contenta de hausser un sourcil et de l'encourager :
- Aller, tout d'un seul coup sans respirer.
Linaëlle regarda une dernière fois le contenu du verre. Cinq gorgées ? Peut-être six ? Puis elle ferma les yeux et se résolut à tout boire. Le remède lui laissa un goût affreux dans la bouche, à mi-chemin entre l'amer et le moisi. Elle eut un haut-le-cœur comme son estomac se rebellait violemment. On lui avait promis des galettes de riz, pas un truc imbuvable ! Sous le regard amusé d'Emily, elle se rinça la bouche avec un nouveau verre, d'eau cette fois, et entreprit d'avaler l'assiette se trouvant devant elle. Cette dernière ne fit pas long feu face à l'appétit dévorant de la fillette. Emily rapprocha un fauteuil et fit un sort aux gâteaux se trouvant sur le deuxième plateau pendant ce temps là.
Une fois repue, Linaëlle s'intéressa aux évènements qui avait eu lieu pendant sa semaine d'inconscience. Quand elle posa la question à Emily, celle-ci fit la grimace.
- Disons qu'il y a eu pas mal de retournements de situation, fit-elle, évasive.
- Pas mal de retournements de situation ? Tu plaisantes j'espère ! On a frôlé la guerre civile !
La voix qui venait de s'exprimer tentait de se dépêtrer sans grands résultats du draps où elle s'était emberlificotée. Sophia finit par s'étaler par terre provoquant le rire de sa sœur. Linaëlle se contenta d'un sourire. Les paroles de la plus jeune des deux sœurs l'ayant franchement perturbée. Inconsciente de la réaction qu'elle avait provoqué, Sophia se dirigea vers le restant de gâteaux secs et les fit promptement disparaître dans son estomac. Complètement décoiffée et visiblement en pyjama, elle ignorait totalement ses deux comparses.
- Sinon, bonjour à toi aussi, dit Emily toujours hilare.
- Monchour choeurette, postillonna la gourmande.
- Oh, je t'en prie Sophia quand même ! s'exclama sa sœur devant son manque de manière. Et puis tient puisque tu as réussi à la paniquer complètement, c'est toi qui va lui expliquer ce qu'il s'est passé pendant qu'elle partait faire un tour au pays des songes.
- Pardon ?
Le cerveau de Sophia, légèrement embrumé par son réveil enregistra alors deux choses. Premièrement, sa protégée était réveillée et se portait bien, autant que possible après ce qu'elle avait subi. Deuxièmement, ladite protégée la regardait avec les yeux écarquillés, se demandant ce qui allait encore lui tomber sur le coin du nez. Enfin, elle ne le pensait probablement pas comme ça, mais c'était l'idée générale. Tandis qu'Emily se couvrait les yeux avec une main, agacée par le manque de subtilité de sa cadette, Sophia s'assit en tailleur sur le lit occupé par Linaëlle. Elle posa les coudes sur ses chevilles et sa tête sur ses mains. Elle cherchait visiblement ces mots.
- Bon alors ... Je pense qu'avant il faut que je t'explique quelque chose à propos de Iatus, le conseiller du roi, commença-t-elle.
Linaëlle se renfrogna, l'homme lui était clairement antipathique.
- Il y a une vingtaine d'années de cela, continua l'adolescente, Iatus est arrivé à Dopalis en tant que mage itinérant. Son savoir s'étendait dans bien des domaines : architecture, guérison, invocation, et j'en passe. Quelques mois plus tard, alors qu'on commençait à parler de lui, une maladie se répandit en ville. Les malades avaient de fortes poussées de fièvres, toussaient à s'en arracher les poumons et crachaient du sang. Les premiers symptômes étaient bénins mais quand certains ont commencé à vomir leur propre sang, tout le monde s'est inquiété. Beaucoup mourraient que se soit à cause de la fièvre ou de la déshydratation, sans qu'aucun des guérisseurs de la ville ne trouve un remède. Pour empêcher la propagation, on mit la ville en quarantaine. La maladie touchait aussi bien les nobles que les gens du peuple si bien que toute la famille royale finit par tomber malade, excepté le Roi. Désespéré, celui-ci promis une forte récompense à quiconque trouverait un remède. Iatus se présenta alors au palais. En quelques jours, il mit au point un remède et sauva la population. Malheureusement, pour la reine Alma et les deux princesses Tillia et Emrica, il était trop tard. Seul le prince Malvius survécut. Le chagrin du Roi fut terrible. Pendant des semaines, il disparut, laissant le royaume à l'abandon. Quand il revint, Iatus lui annonça que la maladie était courante en Elmakan, que sans doute elle avait été apporté depuis ce pays. Alors le chagrin du Roi devient une colère froide. Une colère dirigée contre un pays tout entier : l'empire d'Elmakan. Cinq ans plus tard, il déclarait la guerre qui dure encore aujourd'hui avec Iatus devenu son plus fidèle conseiller. Le Roi lui faisait une confiance aveugle...jusqu'à la semaine dernière.
Sophia se tut et un silence pesant s'installa. Emily contemplait ses mains posées sur ses genoux tandis que sa sœur se prenait d'une passion soudaine pour les plis du drap. Timidement, Linaëlle demanda :
- Qu'est ce qu'il s'est passé la semaine dernière ?
Et voilà, je suis de retour ! Du coup le chapitre est plus long que d'habitude pour me faire pardonner ^^. Je suis actuellement en plein doute sur le scénario, alors je ne vous promets pas la suite dans l'immédiat, mais elle arrivera assez vite puisque je suis enfin en VACANCESs !!!
Edit : coupé en deux le 12/10/17
Voili voilou, bonne lecture à vous et n'hésitez pas à commenter ou même à voter ^^.
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