Chapitre 6 : Afrym Delthéa
Tout n'était que confusion. Souffrance, colère, peur, tristesse tourbillonnaient dans l'esprit de la jeune Elmakaise. Si la souffrance la rendait inconsciente la plupart du temps, elle sentait la présence des gens autour d'elle. Elmira venait souvent, Xavier et Sollia aussi. Elle crut sentir plusieurs fois la présence de Malvius et peut être même celle du roi. Une seule présence lui paraissait constante, celle de Sophia. A toutes heure du jour ou de la nuit, elle était là, à la limite de son esprit. La notion du temps lui échappait totalement mais elle crut se réveiller plusieurs fois. Ou alors la fièvre la faisait délirer. Elle voulait que ça s'arrête. Elle voulait rentrer chez elle. Elle voulait retrouver sa famille. Le tourbillon des émotions se faisait toujours plus intense.
« Arrêtez !!! » hurla-t-elle dans sa propre tête.
Et tout s'arrêta. Elle eut l'impression de tomber et atterrit sur les fesses. Où ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle se trouvait dans un immense blanc. Pas de sol ni de plafond, juste le blanc à perte de vue. Comme elle se redressait et faisait un tour sur elle même pour tenter de se repérer, une voix féminine se fit entendre :
- Eh bien, quelle voix ! Tu as dû faire sursauter tout le panthéon avec un cri pareil.
- Où êtes-vous ? demanda la fillette en pivotant sur elle-même mais ne voyant personne.
- Lève les yeux, Linaëlle, lui répondit la voix.
La fillette s'exécuta. Au-dessus d'elle se trouvait une étrange sphère de lumière multicolore. La luminosité intense s'en dégageant l'éblouissait. Elle pencha légèrement la tête sur le côté et dit :
- Ça ne me renseigne toujours pas sur où vous êtes.
Un rire cristallin se fit entendre. La sphère descendit lentement vers elle et disparut. À sa place se tenait une femme magnifique. Elle avait de long cheveux blanc qui lui tombaient au creux des reins. Sa silhouette souple et élancée était soulignée par une robe immaculée très simple lui arrivant aux genoux. Accrochée à sa taille, une ceinture argenté faite d'étoiles à huit branches entremêlées. Son visage aux traits fins n'avait pas d'âge. Mais ce qui retenait surtout l'attention, c'était ses iris aux couleurs changeantes comme la sphère un instant plus tôt. Il émanait d'elle une aura pleine de tendresse et de bonté.
- C'est mieux ainsi ? demanda-t-elle d'une voix chantante.
La petite fille hocha la tête affirmativement, impressionnée. De nombreuses questions tourbillonnaient dans sa tête mais elle ne savait pas par où commencer. La femme rit à nouveau :
- Il y a autant de questions dans ta tête que de feuilles sur un arbre. Malheureusement, ajouta-t-elle en redevenant sérieuse, nous avons peu de temps avant que tu te réveilles.
- Je suis en train de rêver ?
- En quelque sorte... C'est un peu compliqué à expliquer mais ici nous sommes à la frontière du temps et de l'espace. C'est un lieu à mi-chemin entre ton monde et le mien. Viens, marchons un peu et je tâcherait de répondre à quelque unes de tes questions.
La femme se détourna et Linaëlle la suivit, marchant à sa hauteur. Elle avait la curieuse sensation de marcher dans le vide et pourtant elle sentait quelque chose de solide sous ses pieds.
- Sais-tu qui je suis ? lui demanda la femme.
- Une dame très jolie ? tenta la petite fille.
La dame en question s'esclaffa.
- Tu es vraiment adorable, fit-elle en ébouriffant les cheveux de la petite Elmakaise. Je m'appelle Delthéa. Cela te dit quelque chose ?
- Il y a une déesse qui s'appelle comme cela, murmura Linaëlle.
Delthéa hocha la tête en souriant devant la surprise de l'enfant.
- Oui c'est moi. Et toi, tu es une drôle de petite fille pour avoir réussit à atteindre cet endroit. Comment as-tu réussi cet exploit dit moi ?
- Euh... Je ne sais pas vraiment... fit Linaëlle hésitante. Le flamhurs m'a mordu et après...
- Hmmm, je vois. C'est un sacré don que tu as là petite demoiselle. Je me demande si...
Delthéa ne finit pas sa phrase. Elle s'arrêta et prit l'enfant par le bras droit, relevant la manche de sa tunique pour regarder la trace de morsure laisser par Ordeth, le flamhur du roi. Huit traces de crocs disposée en cercle couronnaient l'épaule de Linaëlle. Rouge et enflée, la blessure n'était pas belle à voir. Etrangement la fillette n'en souffrait pas.
- C'est normal, dit la déesse. Ici, tu ne ressens pas les blessures de ton corps physique.
Comme l'enfant la regardait sans comprendre elle sourit. Son sourire avait quelque chose de rassurant.
- Tu es un peu jeune pour comprendre ce principe. Néanmoins, Il faut tout de même faire quelque chose pour cette blessure sinon cela risque de te faire mal quand tu te réveilleras.
Joignant le geste à la parole, la femme passa ses doigts sur l'épaule de Linaëlle et aussitôt, celle-ci désenfla. Linaëlle contempla son épaule sur laquelle s'inscrivait lentement une étoile à huit branches, une branche pour chaque cicatrice de croc, comme un tatouage à l'encre noire. Elle releva les yeux et son regard croisa celui, satisfait, de la déesse.
- Une petite aide de ma part, lui dit celle-ci. Et un souvenir pour que tu te rappelles cette rencontre, jeune Tis'shamar.
- Tis'shamar ? répéta la fillette intriguée.
- C'est ce que tu es, mais je ne peux t'expliquer ce que c'est, tu devras le découvrir par toi même.
La petite fille se renfrogna un peu. Cette réponse ne satisfaisait pas du tout sa curiosité enfantine. La déesse continua de suivre le fil de ses pensées tout en s'asseyant dans un confortable canapé aussi blanc que le vide alentour. Linaëlle fronça les sourcils et regarda la déesse d'un air accusateur. Delthéa se contenta de hausser les épaules en souriant et de lui faire signe de s'assoir près d'elle. L'enfant ne se fit pas prier mais préféra grimper sur les genoux de la déesse en se blottissant entre ses bras.
D'abord surprise, la femme finit par rendre son étreinte à la fillette. S'aventurant précautionneusement dans son esprit, elle prit conscience des bouleversement qui avaient secoué sans ménagement sa vie ces derniers mois. Elle lui accorda donc volontiers ce moment de tendresse loin de la tempête. Cependant, la déesse pressentait qu'elle aurait un rôle important à jouer dans sa vie plus tard. A cause de ce pressentiment, elle l'avait marquée. Cette marque lui servirait de protection et lui éviterait certains ennuis.
- Il faut que je t'explique quelque chose au sujet de ton étoile, chuchota la déesse.
- Qu'est ce que c'est exactement ? lui demanda Linaëlle.
- C'est un symbole qui représente les Dieux, répondit Delthéa toujours sur le même ton. Plus précisément, c'est mon symbole. Cette marque indique que tu es Afrym Delthéa, liée à moi-même. C'est un grand honneur d'être marqué par un dieu ou une déesse. Mais surtout, cela engage tes sentiments vis-à-vis de ton protecteur. Plus la confiance et l'amour du marqué sont grands, plus grande sera la puissance du dieu et inversement. Néanmoins, c'est un risque que nous prenons rarement car certains dieux ont été détruits par ces liens quand leurs marqué les ont trahis ou pire, ce sont mis à les haïr. Malgré tout, j'ai choisi de prendre ce risque. Il faut croire que tu as un don pour attirer les sentiments des gens, positifs ou négatifs d'ailleurs. Alors je t'aiderais autant qu'il me seras permis Afrymia.
- Pourquoi "permis" ? Vous êtes une déesse vous pouvez faire tout ce que vous voulez non ?
- C'est justement ça le problème vois-tu, en tant que dieu nous pouvons faire tout ce que nous voulons en théorie. Mais il y a des règles que même nous nous devons respectez. De plus certaines expériences nous on malheureusement appris à nous méfier des mortels, soupira la déesse. D'ailleurs, si mes semblables apprennent que tu es là, nous allons avoir des ennuis. Tu ne devrais pas être ici, du moins pas encore, c'est trop tôt. Il faudra que j'en touche deux mots à Eladriel, il a fait preuve de négligence...
- Toutes mes excuses ma Dame, mais je crains que l'affaire soit plus compliquée que je ne l'envisageait au premier abord. J'aurais dû vous adresser un rapport bien plus tôt.
Bien sûr c'est ici que je fais mon entrée en scène ! Mais je raconterai tout de même la scène du point de vue de ma petite Tis'shamar.
L'homme qui venait de parler se trouvait en-dessous d'elles. Il arrivait en montant les marches d'un escalier qui n'était pas là un instant auparavant. Cela ne perturba même plus Linaëlle, elle commençait à s'habituer. Comme la femme, il était vêtu d'une longue tunique blanche mais sa ceinture se composait de croissants de lune. Ses cheveux blancs comportaient des mèches brunes et il avait des yeux vairons, l'un bleu et l'autre ambré.
- Il semblerait, poursuivit-il, que nous ayons à faire face au même problème que la dernière fois.
- Tu es sûr de toi, Eladriel ? l'interrogea la déesse.
- Certain, ils sont de retour et ont une détestable influence sur le roi de Malatir. Je ne m'en suis pas aperçu avant d'envoyer cette jeune demoiselle dans la gueule du loup et la seule solution que j'ai trouvé a été de l'envoyer ici.
- Je te pardonne volontiers ton erreur puisque elle m'a permis de rencontrer notre jeune amie, fit la déesse en adressant un sourire affectueux à sa marquée. Cependant, si ils sont vraiment là, nous devons avertir les autres séance tenante, décida-t-elle.
Elle se leva et déposa une Linaëlle complètement égarée par leur discussion sur le sol.
- Dommage que nous n'ayons pas le temps de discuter un peu plus toi et moi, lui dit-elle. Il faut que tu retournes d'où tu viens maintenant.
La petite fille fit la moue, elle n'avait aucune envie de retourner là-bas. Il y avait tout un tas d'émotions négatives qui l'y attendait.
- Allons, Linaëlle, la rabroua gentiment Delthéa, tu es bien trop petite pour avoir des pensées comme celles-ci.
Elle s'agenouilla à la hauteur de l'enfant et l'embrassa sur le front. Linaëlle ressentit un agréable picotement là où les lèvres de sa protectrice avait effleuré sa peau. Celle-ci l'enlaça un cours instant, l'enveloppant de chaleur et d'amour. Pour la première fois depuis des mois, la petite Elmakaise se sentait en totale sécurité. Elle aurait voulu que ce moment s'éternise mais Delthéa lui murmura à l'oreille :
- Va, maintenant, mes pensées t'accompagnent. Et souviens-toi toujours que tant que ton cœur est à moi, il ne peut rien t'arriver de mal.
Elle s'écarta légèrement, posa ses mains sur les épaules de la fillette et la poussa en arrière. Linaëlle bascula dans le vide. Elle tombait mais n'avait pas peur, elle savait que Delthéa ne pourrait jamais lui faire de mal.
- Sans vouloir vous offenser ma dame, vous prenez un risque considérable en marquant cette enfant, dit-je.
- Je sais Eladriel mais j'ai beaucoup de mal à me détacher du monde des mortels, contrairement aux autres. Ils sont incroyables. Et même si ils ont des côtés sombres, ils sont tellement merveilleux. Tu le sais mieux que personne, non ?
- Oh je le sais bien ! Mais vous vous méprenez, je ne parlait pas du risque qu'elle vous abandonne, je parlai de celui que les autres membres du panthéon l'apprenne.
- Laisse-moi me soucier de cela, me répondit-elle en me tapotant affectueusement la joue. Pour l'instant, nous avons des choses importantes à faire. Je dois convoquer le Conseil. Nous devons rapidement prendre une décision avant qu'une catastrophe se reproduise. Je ne veux pas d'une nouvelle Destruction, murmura-t-elle en frissonnant.
Bonjour à tous ! Un nouveau chapitre un peu plus court que les autres dont il faudra hélas vous contentez pendant un moment parce que la semaine prochaine c'est le bac *raclement de gorge*... Mais ne vous inquiétez pas, je ne vous abandonne pas !
Plein de bisous et m**** à tous ceux qui passent le bac ou d'autres examens !
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