Chapitre 39 : Souvenirs et avenir (partie 2)
Un bruit alerta Linaëlle une seconde avant qu'une voix ne les interrompe.
- Delthéa, tu ...
La Déesse bondit hors du lit pour dévisager l'intruse. Son âme sœur la rejoignit, rouge écarlate, mais certainement pas autant que Gabrön, dont le regard passait de l'une à l'autre, atrocement gênée.
- Toutes mes excuses, j'aurais dû frapper ! s'exclama-t-elle.
- Tu aurais dû, effectivement, appuya Delthéa. Tu voulais quelque chose ?
- Je... en fait, je vois que vous n'êtes toujours pas au courant, donc... il faut que je vous dise...
- Oui ?
Gabrön inspira avant de lâcher :
- Linaëlle est enceinte. D'Adam. Et de toi.
- Quoi ?! s'écrièrent-elle à l'unisson.
- Mais comment je peux être enceinte de Delthéa ? ajouta Linaëlle.
Sa Déesse pivota vers elle et posa une main sur son bas-ventre. Il y eut plusieurs seconde de silence avant qu'elle n'attire son âme sœur contre elle.
- Tu attends des jumelles...
La jeune femme en resta muette, remplaça la main de son âme sœur par la sienne. Ses sens magiques lui confirmèrent ce que disais les divinités. Deux étincelles d'énergie nichaient en elle, attendant de pouvoir grandir.
- Mais... Ça n'a pas de sens ! s'exclama Linaëlle. J'ai utilisé un sort de contraception à chaque fois que Adam et moi... Je m'en serais rendu compte ! Et en plus comment toi tu pourrais...
- Elles ont environ un mois. Tu es sûre de ne jamais avoir oublié ? l'interrogea doucement Delthéa.
La jeune femme n'eut pas besoin de réfléchir longtemps.
- La nuit où tu m'as dit que la faille allait s'ouvrir...
La Déesse hocha la tête.
- Oui, ça expliquerait tout... Tu es revenue me voir après.
- Mais qu'est ce que c'est que cette histoire ? s'énerva Linaëlle. Je ne peux pas être enceinte de toi ! C'est physiquement impossible !
- Le plus étonnant, c'est que Delthéa ne s'en soit pas rendu compte avant, se manifesta Gabrön.
La concernée lui jeta un regard contrarié.
- Tu veux bien nous laisser seules, ma sœur ?
- Euh... oui, pardon... fit l'elfe en sortant aussitôt en prenant soin de fermer la porte derrière elle.
- Théa, tu veux bien m'expliquer ? s'agaça la jeune femme.
- Bien sûr, excuse-moi... Je suis surprise.
- Et moi donc, bougonna son âme sœur.
Sa Déesse lui sourit, s'assit sur le lit et l'attira près d'elle.
- Bon, le fait que tu es enceinte ne pose pas de problème ?
- Merci, ça va, ricana Linaëlle. Je sais encore comment on fait des bébés... enfin, normalement.
Delthéa eut un petit rire.
- Rassure-toi, tes informations sont seulement incomplètes.
- Quand même, être enceinte d'un mois sans le savoir... Pourtant j'ai déjà eu deux enfants !
- Avec l'angoisse, ça ne m'étonne pas que tu sois passée à côté de certains indices, voir même qu'ils ne se soient pas manifestés.
- Hmmm... fit la jeune femme, attendant qu'elle poursuive.
- En réalité, tu n'es pas vraiment enceinte de moi. Les immortels, quelque soit leur sexe, ne peuvent avoir des enfants que si ils sont en harmonie avec leur moitié. Gabrön et Dagmar ont mis des siècles à avoir des enfants à cause de cela, même en essayant très régulièrement.
- Quel rapport avec nous ?
- J'y viens, Liédiska. Donc quand tu es revenue vers moi cette nuit là, les bébés ont été mis en route quand nous étions ensemble. Et l'une des deux s'est visiblement imprégnée de mon essence.
- Ce qui veut dire ?
- Concrètement, deux choses. Premièrement, nous nous entendons encore mieux que je ne le pensais, sourit-elle en embrassant son front. Deuxièmement, tu portes deux petites filles, jumelles, mais une est une Déesse.
Linaëlle la dévisagea et elle lui rendit un regard très sérieux.
- Et ça ne pose pas de soucis ?
- Heureusement jusqu'ici non. Mais pour continuer à se développer, elle va avoir besoin d'un environnement adapté, expliqua Delthéa en posant une main sur son propre ventre.
- Tu veux dire... toi ? Tu vas... la porter ? s'abasourdit son âme sœur.
- Il le faut, sinon, les deux mourront.
La jeune femme se laissa tomber à la renverse sur le matelas et passa une main sur ses yeux.
- J'ai l'impression d'avoir couru de Dopalis jusqu'à Gimolkan. Trop de souvenirs, d'émotions... de tout.
- Tu ne m'as même pas demandé comment j'allais faire pour récupérer notre fille.
Linaëlle rit, incrédule.
- Notre fille. Tu imagines un peu ?
- Disons que je ne m'attendais pas à aborder la question avec toi avant quelques siècles. Et encore.
- Mais... Il faut un homme pour ça, on est d'accord ?
- Tant que tu n'es pas déifiée, c'est préférable.
La jeune femme lui lança un regard perdu qui la fit rire doucement.
- Ne t'inquiète pas, je t'expliquerais ça, un jour. Je suis une Déesse quand même, si je n'avais pas le droit à quelques privilèges, ce serait le comble.
Son âme sœur soupira, vidée, tandis que Delthéa s'allongeait sur le côté.
- Comment vas-tu faire alors ? demanda finalement la jeune femme en s'étirant.
La Déesse lui sourit avant de se placer à califourchon sur elle. Linaëlle l'observa, curieuse, tandis qu'elle faufilait ses mains sous ses vêtements. Elle se pencha et l'embrassa langoureusement, ranimant le feu qu'elle avait commencé à attiser quelques instants plus tôt.
- Tu vas voir, il n'y a rien de plus simple, Liédiska, chuchota-t-elle. En plus, ça te fera oublier ta fatigue.
Linaëlle s'étira et soupira de satisfaction. La Dragonne dans sa poitrine émit un ronronnement amusé, l'humeur de la jeune femme déteignant sur elle. Elle se redressa sur un coude pour observer Delthéa, allongée sur le dos et une main posée sur le ventre, les yeux clos.
- Ça va ? s'enquit Linaëlle.
- Oui, répondit la Déesse en ouvrant les yeux pour la regarder. Il va me falloir un peu de temps pour m'habituer à sa présence.
La jeune femme sourit, alla chercher un baiser tendre sur ses lèvres. Elle ne se souvenait même plus de quand elles avaient fait l'échange. Elle se blottit contre son amante, la main posée sur la sienne, une partie d'elle n'en revenant toujours pas.
- Fiona le savait... Elle m'a fait promettre de ne pas donner son prénom à ma fille... chuchota-t-elle.
Delthéa passa un bras autour de ses épaules, la serrant un peu plus contre elle.
- Je suppose qu'il vaut mieux que je ne dise à personne que tu as la deuxième...
- Oui, il faut garder le secret. Un jour quand elles seront plus âgées, il faudra leur expliquer la situation, car il est quasiment sûr qu'il existe un lien entre les deux. Mais jusque là, rien ne doit filtrer.
Linaëlle hocha la tête et s'aperçut soudain des larmes qui roulaient sur les tempes de sa Déesse.
- Théa ? s'inquiéta-t-elle en se redressant.
Son âme sœur noua ses bras autour de son cou pour l'embrasser.
- Te rends-tu seulement compte du cadeau que tu me fais ? hoqueta Delthéa en retombant sur l'oreiller.
- Ce sont donc des larmes de joie ? demanda la jeune femme.
Son amante opina, l'attira contre elle. Linaëlle lui caressa doucement les cheveux. Plus jamais sa Déesse ne serait seule. Même si ici, elle était entourée par les autres divinités, son cœur aspirait à tout autre chose. Ce bébé balayait sa solitude et lui offrait la preuve irréfutable de son amour.
- Cesseras-tu un jour de douter ? murmura la jeune femme.
- Maintenant, oui, répondit Delthéa.
Du pouce, Linaëlle effaça ses larmes et lui embrassa le bout du nez, la faisant sourire. Elle caressa sa joue en retour et souffla :
- Nous avons encore du temps avant que tu ne doives repartir.
- Tout ce que tu veux, Liédiska, s'amusa la jeune femme.
La Déesse écarquilla les yeux avant qu'elle ne l'embrasse, avant de se laisser aller au bonheur qui remplissait son cœur.
Linaëlle prit une violente inspiration en ouvrant grand les yeux. Elle distingua une toile de tente avant qu'une masse de cheveux roux n'obscurcisse son champ de vision
- Tu es revenue, Linaëlle, tu es revenue, mes Dieux merci, sanglotaient la propriétaire de la chevelure en question.
- Léane, laisse-la respirer, bon sang ! s'exclama Victor derrière elle.
La jeune fille se redressa brusquement, confuse, mais son ancienne professeur s'assit et l'attira fermement dans ses bras.
- Tout va bien, je suis là, mes petits. Et vous ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle en se tournant vers Victor.
- Les elfes nous ont retrouvés inconscients dans la journée qui a suivi la fermeture, expliqua le jeune homme. Heureusement, ils se sont occupés de nous. Quand on s'est réveillé, tu étais morte mais Ayalïn disait qu'il fallait attendre, que tu allais revenir... Personne n'y croyait, mais ta blessure s'est mise à guérir, et tu as recommencé à respirer... C'est miraculeux.
- Je vous raconterais plus tard, lui sourit Linaëlle en continuant de bercer Léane qui s'apaisait. Les autres vont bien ?
- Ils se reposent, on était les moins amochés, c'est pour ça qu'on t'a veillé. Mais tout le monde s'en remettra.
Il finissait sa phrase quand Ayalïn passa la tête par l'ouverture de la tente.
- Merci d'avoir veillé sur eux, déclara Linaëlle en ancienne langue.
L'elfe haussa les épaules, gênée.
- Les laisser mourir le nez dans la boue aurait-été un bien piètre remerciement pour ce que vous avez accompli. J'avais espoir que tu reviendrais parmi les vivants, je ne m'étais pas trompée.
- Combien de temps ?
- Nous vous avons récupérés hier, et le soir tombe. Ton amie tenait beaucoup à toi, tu as guéri très vite.
Fiona. Pendant une seconde, la jeune femme avait oublié sa vassale. Une vague de tristesse monta en elle, mais elle la réprima. Ce n'est pas en pleurant qu'elle honorerait son sacrifice.
- Vous avez des nouvelles de l'extérieur ? interrogea Linaëlle.
Ayalïn secoua la tête et Léane renifla avant d'annoncer :
- Nos connexions aux autres sont rompus à cause de la puissance du sort. Il est probable que nous soyons déjà tous portés disparus. Heureusement, on sera rentré avant la fin du mois du délai.
La jeune femme hocha la tête, se leva, passa une tenue propre et sortit à la suite de l'elfe.
Dehors, Gaöffey la salua d'un mouvement de tête, et elle lui rendit la pareille. Il lui offrit une étrange galette de légumes, qu'elle trouva particulièrement bonne et nourrissante. Après s'être restaurer, elle s'assura de la santé de ses autres protégés. Leur bonheur de la retrouver était particulièrement contagieux, et le campement baignait dans une ambiance presque euphorique. Même les elfes semblaient plus ouverts que d'habitude. Peut être cela venait-il aussi du fait que l'angoisse qui régnait en ces lieux s'était évaporée.
En allant vérifier la faille, Linaëlle constata que le mur d'écaille était d'un beau vert émeraude, et que rien ne filtrait de la surface opaque.
- C'est terminé, nous avons réussi.
- Oui... J'ai encore du mal à réaliser.
- Nous rentrons demain ?
- Il est inutile d'attendre plus longtemps, surtout que nous avons toujours le Tirfamil. Il y a déjà trop longtemps que nous sommes parties.
La Dragonne approuva d'ungrognement. Avec un profond sentiment de devoir accompli, la jeune femme tournale dos à la faille, un grand sourire aux lèvres.
Plop vous ! Toujours là ? Perso je me suis éclatée à écrire cette partie ^^.
Plus que deux parties avant la fin ! Ça me fait tout bizarre d'annoncer ça.
Un gros bisous à tous, et à ... très vite ^^.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top