Bonus 100 abonnés + nouvel an : Elmira et Malvius (partie 2)
Il s'approcha encore et la bâillonna de sa main. Elle lui jeta un regard furieux mais il l'ignora et déclara :
- Écoutez, je ne veux pas me fâchez avec vous... Si vous ne partagez pas mes sentiments, alors soit, je n'insisterai pas. Mais soyez sûr que je ne compte pas vous humilier comme vous le pensez.
Lentement il ôta sa main et elle se détourna. Quel crédit pouvait-elle accorder à ses paroles exactement ? Elle ne le connaissait pas assez pour appréhender ses habitudes en matière de femmes. Avait-elle envie d'aller plus loin avec lui ? Oui, sans doute. Mais quelle place lui réserverait-il dans sa vie ? L'oublierait-il avec d'autres quand elle serait partie au front ? Et par les Dieux pourquoi se posait-elle autant de question alors qu'il l'avait juste embrassé ?! Non pas seulement, il avait aussi dit que ...
Elmira ? fit-il doucement.
Elle frissonna, mais pas à cause du froid. L'entendre prononcer son prénom la rendait toute chose.
- Si vous ne m'aimez pas je comprendrais, vous pouvez me le dire, reprit-il comme elle ne disait rien.
Alors qu'il terminait sa phrase, Glarwîng sortit de derrière un bosquet. Elmira avança à sa rencontre, profitant de la diversion. La louve vint frotter sa lourde tête contre l'épaule de sa compagne. Humant l'air, l'animal perçut immédiatement le trouble de la jeune femme et voulut s'interposer entre elle et la seule source de danger visible, c'est à dire le Prince Héritier. Elmira l'apaisa d'une caresse et tapota doucement sur son épaule. Obéissante, la louve se coucha et la jeune femme grimpa sur elle. Alors que sa monture se redressait, le Prince tenta :
- Vous ne m'avez pas répondu !
- Je crois... que nous avons besoin de temps, se contenta-t-elle de répondre.
- Donc vous partagez mes sentiments ? Cria-t-il alors que Glarwîng s'élançait.
La jeune femme ne répondit pas et le planta là. Elle pensait déjà aux combats qui l'attendaient, elle aurait tout le temps de réfléchir plus tard.
Elmira poussa un hurlement rageur en plantant son épée dans le défaut de la cuirasse d'un soldat elmakais qui attaquait son Commandant dans le dos. Son adversaire s'effondra et elle dégagea sa lame du corps sans vie. La bataille faisait rage autour d'elle. Dos à dos avec le Commandant Dorian, elle combattait sur une petite butte qui leur permettait d'avoir une vue d'ensemble de la situation. Situation catastrophique pour les Malatiriens. Les Elmakais avaient lancé l'offensive juste après l'aube, ils leur étaient largement supérieurs en nombre et les avaient acculés entre le bras Ouest de l'Erfé et le nord de la forêt d'Amon, leur coupant toute retraite.
Essoufflée, blessée à la hanche et à l'épaule, enragée par les combats, la jeune femme s'élança vers un nouvel adversaire. Attaque, parade, feinte et l'épée termina son chemin dans la gorge de l'ennemi. Le sang éclaboussa pour la énième fois la cote de mailles de la Capitaine qui pivota à la recherche d'un nouveau soldat elmakais. Du coin de l'œil, elle surveillait Glarwîng qui envoya valser un autre homme d'un revers de patte jusqu'en bas de la pente.
- Elmira... vous devez... vous échapper... et rassembler ceux qui le peuvent... Nous sommes vaincus... le bataillon ne peut pas perdre... un autre officier... aujourd'hui, ahana le Commandant en se tournant brièvement vers elle avant de reporter son attention sur leurs adversaires.
- Je ne vous abandonnerai pas, Commandant ! hurla la jeune femme par dessus le fracas des combats.
- J'ordonne qu'on sonne la retraite, Capitaine ! Les mages feront diversion !
- Venez avec moi ! Glarwîng ...
- Glarwîng ne pourra pas prendre deux cavaliers dans son état ! L'interrompit son supérieur. Vous devez y aller maintenant !
- Mais ...
- C'est un ordre, Capitaine ! rugit le Commandant.
Elmira lui lança un dernier regard et il hocha la tête, déterminé. Elle siffla Glarwîng et se hissa sur son dos. Blessée au flanc et le museau ensanglanté, la louve galopa néanmoins avec détermination au travers des combats. Devant elle, les trompes sonnaient, rappelant les soldats de Malatir. Les mages commencèrent à créer des champs de force pour mettre les survivants à l'abri et à envoyer des illusions se battre.
La réponse des elmakais ne se fit pas attendre. Une pluie de flèches s'abattit sur le champ de bataille, visant à blesser un maximum de fuyards. Glarwîng trébucha sur un soldat qui s'effondrait, et s'écroula à son tour précipitant sa cavalière au sol. Sonnée la jeune femme resta allongée sur le dos, immobile. Un cri rageur la ramena à la réalité. Un soldat ennemi brandissait une épée courte au-dessus d'elle. Elle roula et évita d'extrême justesse la lame qui se planta dans le sol.
Le temps qu'elle se redresse et saisisse sa dague, il lui faisait de nouveau face. Il n'était pas en meilleur état qu'elle alors Elmira fonça, se glissa sous sa garde et planta sa dague dans son aine. L'homme lui lança un regard presque étonné et la Capitaine ressentit une vive douleur dans la poitrine. Elle avait mal calculé son coup et il avait réussi à planter son épée à la jonction entre sa cote de maille et ses épaulières. L'Elmakais tomba à genoux, l'entraînant avec lui. Et la dernière chose que vit la jeune femme avant de perdre conscience fut le visage vide du soldat qui l'avait tué.
Elmira reprit péniblement conscience et papillona des yeux. Les murs de pierre grise de la petite pièce ne lui étaient nullement familiers. Allongée dans un lit d'appoint, la jeune femme remua doucement ses membres, s'assurant de leur bon fonctionnement. Ses plaies avaient probablement été guéries magiquement. La porte s'ouvrit sur Manahau, une des éclaireuses du bataillon, un bras en écharpe et un plateaux-repas dans l'autre main.
- Heureuse de vous voir réveillée, Commandante.
Elmira tiqua à la mention du grade. Les souvenirs lui revenaient peu à peu. Dorian ne s'en était donc pas sorti.
- Où sommes-nous Manahau ? demanda-t-elle en se redressant pour réceptionner le plateau.
Chez le duc Ol'Almir, enfin dans un des forts frontaliers sous sa responsabilité, répondit l'éclaireuse. On vous a ramené ici il y a deux jours. Les lieux ont été reconvertis en hôpital de campagne sur ordre du Roi. Le Prince Héritier a débarqué ici hier accompagné par un groupe de mages guérisseurs. Il s'est beaucoup inquiété pour vous...
Elmira esquiva les yeux interrogateurs de la femme et se concentra sur sa nourriture. Quatre mois s'étaient écoulés depuis son retour au front, et ses sentiments pour le Prince restaient confus. Il avait saisi chaque occasion de l'apercevoir, mais elle l'évitait consciencieusement ou s'arrangeait pour ne pas lui parler seul à seule.
Elle mit le problème de côté et demanda plutôt à Manahau un rapport complet sur l'état du bataillon. La moitié des fantassins et cavaliers étaient morts, plusieurs mages capturés, et la majorité de l'équipement perdu. La situation la plus dramatique se trouvaient néanmoins du côté des Argrims. Les trois-quarts de la meute avaient disparus dans la bataille, veillant les cadavres de leurs compagnons jusqu'à la mort. Glarwîng se trouvait dans ce cas. Elmira pleura amèrement ses pertes sur l'épaule de son amie. Celle-ci la consola de son mieux et la laissa se reposer.
Elle dormait profondément quand Malvius entra dans la chambre. D'un geste, il vit léviter une nouvelle bûche dans le feu qui s'éteignait et s'assit sur la chaise bancale près du lit. Les coudes sur les genoux et les mains sous le menton, il l'observait dormir, perdu dans ses pensées.
Son père voulait qu'il se choisisse une fiancée. Quand le jeune homme lui avait expliqué que son cœur était déjà pris, le Roi Althis n'avait pas parut étonné. À la grande surprise de son fils, il approuvait cette relation. Néanmoins, il fallait que la nouvelle Commandante se laisse apprivoiser, elle éprouvait des sentiments pour lui, il l'avait lu dans son esprit. Mais elle restait méfiante et distante avec lui. Intrigué, il avait demandé des explications à son père. Althis avait éclairé son héritier à propos du passé de la jeune femme. À la lumière de ses informations, il comprenait mieux maintenant ses réactions face à certaines situations.
Le soleil descendait sur l'horizon quand Elmira émergea finalement d'un sommeil réparateur. Elle n'avait pas aussi bien dormi depuis longtemps. La magie alliée à la nourriture et au sommeil avaient complètement guéri son corps. Même si son cœur restait meurtri, elle pourrais reprendre le commandement de ses hommes dès le lendemain. Ouvrant les yeux, elle croisa le regard bleu océan du Prince Héritier. Elle se redressa et fronça les sourcils mais il ne lui laissa pas le temps de parler :
- Je suis heureux de vous voir en forme.
- C'est bien aimable de vous inquiéter pour moi mais je vous assure que ce n'est pas nécessaire, le rembarra-t-elle.
- Je m'inquiète toujours pour les gens que j'aime.
Elmira détourna la tête. Voilà qu'il recommençait avec cette histoire ! Elle devait mettre les choses au clair avec lui. Prenant une inspiration, elle débita d'un trait :
- Votre Majesté, je vous ai déjà expliqué que je ne comptait pas devenir votre amante.
- Ce n'est nullement dans mes intentions, répondit-il doucement.
Comme elle le fixait sans comprendre, il continua :
- Mon père m'a demandé de trouver une épouse... Je lui ai dit que je l'avais déjà trouvé.
La jeune femme remonta ses jambes contre sa poitrine. Pourquoi savoir qu'il allait se marier avec une autre lui faisait aussi mal ? Elle s'efforça de chasser toute peine de sa voix quand elle répondit :
- J'en suis heureuse pour vous.
- Elmira... souffla-t-il.
Il tendit une main vers elle mais elle s'écarta.
- Si vous voulez me demander de devenir votre maîtresse, c'est non également, gronda-t-elle.
- Vous êtes peut-être une excellente stratège militaire, mais vous êtes un peu lente à comprendre, s'amusa-t-il.
Comme elle se hérissait et s'apprêtait à lui répondre vertement, il s'assit à côté d'elle et avant qu'elle puisse s'éloigner, il lui dit :
- C'est vous que je veux épouser.
La jeune femme en resta pantoise. Elle le fixa un long moment avant que ses paroles ne prennent sens dans son esprit.
- Vous vous fichez de moi ?! s'exclama-t-elle.
- Je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie, articula-t-il lentement.
Le désordre le plus complet régnait dans son cœur et son esprit. Elmira était complètement perdue.
- Mais... s'étrangla-t-elle. Je n'ai pas de titre de noblesse et votre père ne sera certainement pas d'accord et...
- En réalité vous êtes une future noble, expliqua le Prince. Accéder au grade de Commandant garantit un titre à la hauteur de vos exploits quand vous prendrez votre retraite de l'armée. Quant à mon père, il avait déjà compris ce qu'il se passait avant que vous ne quittiez Dopalis. Si il avait voulu s'y opposer, il vous l'aurait fait comprendre. Tout ce qu'il manque en réalité, c'est savoir si vous acceptez ma proposition.
Elmira soupira et prit sa tête entre ses mains. Tout cela allait bien trop vite à son goût. Elle n'était même pas sûre de l'aimer vraiment. Elle avait des sentiments pour lui c'était certain, mais de là se marier avec lui...
- Je ne sais pas... avoua-t-elle finalement en nouant ses bras autour de ses genoux. Vous épouser revient à accepter de diriger un jour ce royaume avec vous. Je ne sais pas si je serais à la hauteur de la tâche.
- Régner s'apprend, vous aurez tout le temps nécessaire quand vous serez revenu à Dopalis avec moi.
- Qu'est ce que vous racontez encore ? Je ne peux pas rentrer à la capitale, mes soldats ont besoin de moi !
- Si vous devenez Princesse Héritière, vous quitterez l'armée, il n'y a pas de raison que vous continuiez à risquer votre vie ! s'étonna le Prince.
- Bien sûr que si au contraire ! Que vont penser les gens à votre avis ? Que je me suis engagée juste pour vous mettre le grappin dessus ! Il est hors de question que je quitte l'armée maintenant ! Pas au milieu de la guerre alors que mon bataillon vient de se faire décimer ! S'écria-t-elle.
« Elle a raison, Malvius. Cesse de te mettre des œillères et prend un peu de recul sur la situation. »
La voix résonnait dans sa tête et fit violemment sursauter la jeune femme.
« Père ? » s'étonna le Prince. « Que faites-vous ici ? »
« Je t'empêche de faire des bêtises, mon fils. Bonsoir, Commandante. »
« Bonsoir, Votre Altesse. » le salua Elmira.
« Je vous emprunte Malvius un instant. » annonça le Roi.
Les voix cessèrent de résonner dans sa tête. Malvius à son côté avait les yeux dans le vague. Cela ne dura que quelques instants avant que le Roi ne revienne vers elle.
« Maintenant dites-moi franchement, Commandante, qu'est ce qui vous empêche d'épouser mon fils ? Il me semble que vous partagez ses sentiments, je me trompe ? »
La gêne d'Elmira provoqua un rire amusé chez le Roi.
Je n'ai aucune connaissance de l'étiquette ou de comment gérer un royaume... » avoua-t-elle. « Mon éducation à moi s'est limitée savoir lire, écrire et compter et ensuite à savoir me battre. »
« Vous oubliez les stratégies apprises au contact de Dorian et le fait que vous gérez l'approvisionnement du bataillon depuis plusieurs mois déjà. » compléta-t-il.
« Mais... »
« Vous apprenez vite et bien et vous savez vous adapter, sinon vous ne seriez pas parvenu là où vous êtes maintenant. Et votre future expérience à la tête des Argrims ne pourra être que bénéfique. Entre un royaume et un bataillon, les seules différences sont la taille et les impôts. Pour les traditions, vous apprendrez, ce ne sera pas un problème pour vous. »
« Je crois que vous me surestimez, Votre Altesse. » s'effraya la jeune femme.
« Sottises. » assena le Roi. « Vous êtes bien plus capable que vous ne le pensez. »
Sur ces paroles, il disparut brusquement de son horizon mental. Elmira cligna plusieurs fois des yeux et plongea dans les iris océan du Prince Héritier. Il paraissait inquiet, mais son visage s'éclaira quand elle lui sourit.
- Votre père est plutôt direct, commenta-t-elle.
- Je crois qu'il préfère vous voir à mes côtés plutôt qu'une héritière naïve et influençable...
Si vous êtes d'accord bien sûr ? ajouta-t-il.
- Je veux juste vérifier quelque chose...
- Quoi donc ? s'inquiéta-t-il.
Elle émit un petit rire, appuya ses mains contre son torse et l'embrassa. Elle le sentit sourire contre ses lèvres quand il comprit. Il glissa une main sur sa taille et l'autre alla se perdre dans ses cheveux, tandis qu'elle nouait ses bras autour de son cou. Ils s'embrassèrent longuement puis Malvius quitta ses lèvres pour déposer une ligne de baiser sur sa mâchoire, son cou... il l'installa à califourchon sur lui et continua son exploration. Il s'approchait de sa poitrine quand elle se dégagea.
Essoufflée, Elmira posa ses mains sur ses épaules, mettant de la distance entre leurs corps, et secoua lentement la tête de droite à gauche.
- Je crois que j'ai suffisamment validé mon hypothèse, chuchota-t-elle.
- Peut-on connaître la conclusion ? s'amusa-t-il.
Elle se blottie contre lui et murmura dans son oreille :
- Je t'aime.
Il la serra plus fort et répondit :
- Moi aussi, je t'aime.
Après un silence, il murmura :
- Ça veut dire que tu acceptes de m'épouser ?
Elle pouffa.
- Bien sûr que oui, andouille.
Un bruit étrange lui fit froncer les sourcils.
- Tu... ronronnes ?
Aussitôt le bruit s'interrompit.
- Ça te dérange ?
- Non non c'est seulement... intrigant. Tous les métamorphe-dragons ronronnent ?
- Seulement certains... il paraît que ma grand-mère le faisait aussi.
- Hmmm...
Il recommença et le bruit apaisant emplit le silence. L'un contre l'autre, ils regardèrent le soleil se coucher à travers la fenêtre. Quand Malvius reposa les yeux sur sa fiancée, il s'aperçut qu'elle dormait, appuyé sur son torse. Un large sourire étira ses lèvres et il s'allongea, l'entraînant avec lui. Il allait enfin pouvoir profiter d'une bonne nuit de sommeil, sachant qu'elle allait bien et que ses sentiments étaient réciproques.
Voilà ! Alors ils sont pas mignon ? Bon c'est pas parfait mais c'est un bon début je trouve ^^.
Une bonne année à ceux à qui je ne l'ai pas encore souhaité et je vous dit à vendredi pour la suite des aventures de Linaëlle !
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