Bonus 100 abonnés + nouvel an : Elmira et Malvius (partie 1)
Je vous avais dit qu'il y aurait un bonus pour les 5k mais finalement avec Noël et nouvel an... et les 100 abonnés ! et bien c'était l'occasion !
Bon le titre dit tout je crois, les votes se sont largement prononcés en faveur de notre couple royal préféré ! Et ce qui va suivre est la partie 1 parce que comment dire... le brouillon en lui même faisait déjà plus de 2000 mots, la version présente en fait plus de 5000... Je me suis peut être un peu emballée !
Mais comme vous adorez Elmira, je ne pense pas que vous vous en plaindrez ! Maintenant, je me tais et je vous laisse lire ^^.
- Prête, Capitaine ?
- Je suis prête, Commandant.
- Bien, approuva l'homme. Souvenez-vous de parler seulement quand je vous y autorise ou quand on vous adresse la parole. Même si je vous ai désigné comme mon successeur officiel, vous n'avez pas droit de parole au Conseil de guerre.
Elmira acquiesça d'un signe de tête. Les deux militaires circulaient dans les couloirs du palais de Dopalis. Fraîchement promue au grade de Capitaine, Elmira avait en plus accédé au poste privilégié de bras droit du Commandant Dorian, ce qui lui assurait de prendre sa succession quand le temps serait venu. Ses vingts ans à peine entamés, la jeune femme devait cette promotion à plusieurs actions stratégiques ayant permis de sauver de nombreuses vies lors de la bataille des Pics du Dragon.
Néanmoins, la décision du Commandant des Argrims de prendre la jeune femme sous son aile avait fait grincer des dents dans les hautes sphères de l'armée. Un poste aussi important occupé par une femme, si ce n'était pas impossible, restait un fait rare. Et la jeunesse et l'inexpérience d'Elmira constituait un handicap de plus.
« Ils sont incapables de voir en vous le potentiel que moi je perçois. » avait affirmé le Commandant à la sortie de la réunion de la veille. « Heureusement pour nous, le Roi n'est pas aussi aveugle que les autres. »
En effet, le Roi Althis avait donné son aval au Commandant, au grand damn de son conseiller. Le mage Iatus était celui qui avait émis les objections les plus virulentes à son égard. Elmira n'appréciait pas du tout cet homme rabougri qui se cachait dans l'ombre du Roi, mais elle devait faire avec.
Ils parvinrent finalement à destination. Elmira remarqua aussitôt que le Prince Héritier Malvius accompagnait son père. Seul personne de la pièce de l'âge d'Elmira, il semblait prendre son rôle très au sérieux. Il écoutait attentivement les débats et ses remarques restaient toujours pertinentes. Elmira avait entendu les domestiques murmurer à son propos qu'il serait un aussi bon souverain que son père mais n'avais pas encore d'avis à son sujet.
Le regard du Prince sur elle lui permit de se rendre compte qu'elle le dévisageait depuis son entrée. Elle s'administra une gifle mentale pour son manque de respect du protocole. Elle se détourna et fut immédiatement prise à parti par Cassandre, l'unique Commandante en fonction actuellement.
- Alors, prête pour une nouvelle séance d'interminables démonstrations de virilité ? plaisanta-t-elle.
- Vous exagérez, Cassandre, bougonna Dorian de l'autre côté.
- À peine mon ami, à peine, rit la femme en jouant avec sa longue tresse brune. Si vous compariez moins vos exploits, nous pourrions peut être avancer sur des questions plus essentielles comme le ravitaillement ou les transferts de mages...
- Je suis d'accord avec la Commandante des Dragons, affirma Elmira.
Dorian lui jeta un regard blessé.
- Vous me décevez, Capitaine, je ne m'attendais pas à ce que vous plantiez un couteau dans le dos ainsi.
- Solidarité féminine mon cher, vous ne pouvez pas comprendre, se moqua Cassandre en posant une main amicale sur l'épaule de la jeune femme.
Cette dernière lui renvoya un regard complice. Elle n'était pas d'un naturel très ouvert, mais cette femme pétillante avait su gagner sa confiance en deux phrases et une pique destinée à Dorian.
L'ensemble des participants étant arrivés, la réunion commença. Elmira écouta, enregistrant soigneusement les informations qui portaient sur son bataillon. Le conseil se termina en fin d'après-midi et Elmira mit directement le cap sur les écuries extérieures, après avoir promis qu'elle serait à l'heure au dîner.
Arrivée à destination, la jeune femme se dirigea vers la partie destinée aux Argrims.
- Bonsoir toi, lança-t-elle a une grande louve noire en entrant dans une stalle.
L'animal se leva aussitôt pour venir frotter sa grande tête contre la sienne. Elmira lui rendit ses caresses en la gratouillant derrière les oreilles. Elle enfouit sa tête dans la fourrure de son cou et laissa son parfum sauvage chasser sa fatigue.
- Je ne peux pas aller courir avec toi ce soir, annonça à regrets la jeune femme. Ce sera pour une autre fois... Au pire, tu peux y aller seule, tu es une grande fille, hein ma belle ?
La louve émit un petit grognement avant de réclamer de nouvelles caresses. Brusquement elle s'écarta et huma l'air.
- Qu'est-ce que tu as senti, chuchota Elmira en se retournant.
- Je crois que c'est moi qui la perturbe, déclara le Prince Héritier.
Elmira sursauta en se rendant compte qu'il était négligemment appuyé contre le mur, bras croisés.
- Comment s'appelle-t-elle ? demanda-t-il.
- Glarwîng, Votre Majesté, répondit poliment Elmira.
- Ah, comme la dragonne de la légende, approuva-t-il d'un signe de tête. Vous n'êtes pas originaire des Îles Corjarés pourtant.
- En effet Votre Majesté, mais une personne chère à mon cœur l'était et me racontait souvent cette histoire, souffla Elmira en se détournant.
- Mes excuses, dit-il après un silence.
- Vous ne pouviez pas savoir...
Le silence les enveloppa tandis qu'Elmira entreprenait de brosser la fourrure de la louve. Celle-ci perdait son pelage d'été pour laisser place à celui, plus dru et plus chaud, d'hiver. Aussi les soins d'Elmira lui faisaient le plus grand bien. Du coin de l'œil, la militaire surveillait le Prince qui ne faisait pas mine de vouloir s'en aller. Elle s'interrogeait sur cet intérêt pour elle quand il lui demanda :
- Vous êtes dans l'armée depuis longtemps, Capitaine ?
- Ça fera trois ans en fin d'année Votre Majesté, répondit doucement Elmira.
- Et quel âge avez-vous ?
- Bientôt vingt-et-un ans.
- Comment une jeune femme de dix-huit ans en est-elle arrivée à s'engager dans l'armée ?
Elmira s'interrompit dans sa tâche et le regarda franchement.
- Cela ne vous concerne pas ... Votre Majesté.
- Ne vous énervez pas, fit-il en levant les mains. Je voulais simplement faire connaissance, Capitaine.
- Allez donc faire connaissance avec des gens qui en ont envie, répliqua vertement la jeune femme.
- Un jour nous serons amenés à travailler ensemble pour le bien de ce pays, insista-t-il. Il vaudrait peut-être être mieux que nous nous connaissions, qu'en pensez-vous ?
- Donc le fait que vous m'ayez suivi jusqu'à la limite de la ville n'est que pûrement stratégique. ironisa Elmira.
- J'ai peut-être aussi l'envie de fréquenter des gens de mon âge qui ne passent pas leur temps à me servir des flatteries, répliqua Malvius.
- Donc je suis une excuse pour échapper à vos responsabilités... de mieux en mieux.
- Puisque vous le prenez comme ça, je m'en vais, annonça-t-il crânement en se décollant du mur.
- Je préfère être seule que mal accompagnée, affirma platement la jeune femme.
Il ne dit rien et s'en alla d'un pas un peu trop vif pour ne pas avoir été agacé par sa dernière pique. Au bout d'un moment, la jeune femme soupira et appuya sa tête contre l'encolure de Glarwîng.
- Pour le respect du protocole, c'est raté, murmura-t-elle. J'ai intérêt à m'excuser avant qu'il ne se plaigne de mon comportement...
Les semaines passèrent et ramenèrent peu à peu l'hiver avec elle. Elmira avait présenté ses excuses au Prince, qui les avaient acceptées. Néanmoins ils entretenaient une relation étrange, à mi-chemin entre la provocation et l'amitié. Elle l'envoyait souvent promener et pourtant il recherchait souvent sa compagnie, tandis qu'il tentait par tous les moyens d'en savoir plus sur elle et de la tirer de sa mélancolie quand elle se renfermait sur elle-même. Ils formaient un duo explosif et les rumeurs allaient bon train sur ce potentiel futur couple, bien que les principaux concernés ne soient pas au courant.
La jeune femme profita de ce temps à la Cour pour se familiariser avec l'étiquette. D'origine modeste, elle avait fort à faire pour combler ses lacunes. Le Commandant Dorian lui fut un soutien précieux, lui servant même de professeur de danse à l'occasion.
La neige recouvrait la ville et Elmira avait décidé de profiter du beau temps avec Glarwîng. La jeune femme et sa compagne à fourrure avait remonté le fleuve Émeraude et la louve était partie chasser, abandonnant son amie sur la rive. Aussi proche de la capitale, de nombreux bateaux de pêche et de marchandises circulaient sur l'eau paresseuse. Emballée dans une cape fourrée, Elmira observait le trafic maritime, respirant à plein poumons l'air glacé.
- Vous êtes difficile à trouver, Capitaine, déclara soudain une voix toute proche.
La jeune femme ne prit même pas le temps d'analyser l'information. Elle bondit sur ses pieds, pivota et se jeta sur le propriétaire de la voix, dague au clair, les envoyant tous les deux rouler dans la neige. Elle eut rapidement le dessus et immobilisa son adversaire, sa lame à quelques millimètres de sa gorge, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre.
- Capitaine ! Cessez cela immédiatement ! protesta l'homme coincé sous elle.
- Votre Majesté ?! S'horrifia Elmira en l'identifiant.
- Par le sang des Dragons, la prochaine fois je m'annoncerais, gronda le Prince Héritier.
- Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas ... balbutia la jeune femme en se redressant.
- Ne vous excusez pas, c'est de ma faute, l'apaisa-t-il en se redressant à son tour. Ça m'apprendra à essayer de surprendre une militaire, plaisanta-t-il.
Ils se relevèrent et la jeune femme rengaina son arme avant d'ôter la neige de ses vêtements.
- Puis-je me permettre de demander ce que vous faites ici, Votre Majesté ? l'interrogea-t-elle.
- Je vous cherchais. Des nouvelles importantes du front sont arrivées et mon père veut vous voir avant que vous ne repartiez.
- Ah...
La nouvelle ne la surprenait pas outre mesure, elle s'y attendait. Malgré tout son cœur se serra et la peur qu'elle avait réussi à oublier ces derniers temps refit surface.
- Je dois attendre Glarwîng avant de rentrer, annonça-t-elle. Impossible de partir sans elle.
Le Prince Héritier passa une main dans ses cheveux. Son regard se perdit brièvement dans le vague et il annonça :
- Bien, nous allons l'attendre ensemble.
- Vous ne portez pas une tenue pour affronter le froid, remarqua soudain la jeune femme.
En effet, le jeune homme ne portait qu'un costume de Cour et une cape bien trop fine pour la saison.
- Ne vous en faites pas pour moi, l'assura le Prince. Le froid ne m'atteint pas.
La militaire haussa un sourcil sceptique. Pour la convaincre, le jeune homme prit sa main dans la sienne. Chaude, sa poigne surprit Elmira qui lui abandonna sa main.
- Vous voyez ? reprit-il.
- Je constate en effet, répondit Elmira.
- Si votre louve tarde trop, vous ne mourrez pas de froid, ironisa-t-il.
Cette remarque fit réagir la jeune femme qui retira sa main.
- J'ai l'habitude de supporter des températures plus fraîches, rétorqua-t-elle en se détournant.
Elle s'éloigna vers la rive, s'adossa contre un arbre et reprit son observation. Seulement quelques secondes plus tard, elle entendit des pas et le Prince se porta à sa hauteur.
- J'ai dit quelque chose de mal ? s'enquéra-t-il.
- Je n'aime pas vraiment vos insinuations, murmura Elmira. Ce ne sont pas des choses avec lesquelles j'aime plaisanter.
- Je ne voulais nullement vous contrarier, j'oublie souvent que vous n'êtes pas comme les autres.
- Pas comme les autres ? répéta-elle.
- Les femmes de votre âge et que je fréquente ne pensent qu'à faire bonne impression et à se trouver un bon mari... expliqua le jeune homme. Vous vous inquiétez des stocks d'armes et de provisions, vous mettez au point des stratégies et vous combattez au front la majorité de votre temps... vous êtes différente.
- Et comment suis-je censé le prendre ? Lança-t-elle en lui jetant un regard en coin.
- Voyez ça comme un compliment.
- Hmmm... Vous avez une piètre opinion de vos prétendantes si j'ai bien compris.
- Nous sommes en guerre et elles s'en soucient autant que de leurs premiers souliers, soupira le Prince. Et en dehors des modes vestimentaires et de la généalogie pour me montrer qu'elles ne me sont pas apparentées, la plupart n'ont aucune conversation.
- Donc vous préférez discuter avec moi qui vous envoie sur les roses, ricana Elmira.
- Ça me change des gens qui me prennent pour un demi-Dieu... ou de ceux qui me voient comme un imbécile incapable de discerner leurs manœuvres politiques... avoua-t-il. Au moins vous êtes franche avec moi.
- Vu ainsi, effectivement c'est plus agréable...
Ils contemplèrent en silence le soleil qui se couchait. La température fraîchissait et Elmira, pourtant soigneusement emmitouflée dans sa cape, ne put s'empêcher de frissonner. Le Prince s'en aperçu et se glissa près d'elle. Sans qu'elle comprenne comment, elle se retrouva enveloppée avec lui dans la cape, coincée entre son torse et l'arbre.
- Je vous ai dit que... commença-t-elle en lui lançant un regard noir.
- Tempêtez autant que vous voulez, je ne laisserai pas votre fierté vous faire attrapez du mal, l'interrompit-il.
- Je ne suis pas une petite chose fragile ! Protesta-t-elle en essayant sans succès de le repousser.
- Je le sais bien, mais même les grandes choses fortes ont besoin de d'aide parfois, murmura-t-il en souriant devant sa tentative.
Elle ferma les yeux et crispa ses mains sur ses épaules. Le jeune homme sentit immédiatement le changement dans son humeur.
- J'ai encore commis une maladresse ? demanda-t-il.
- Il faut croire que vous avez un don pour ça, chuchota-t-elle.
- Je ne sais jamais sur quel pied danser avec vous... s'excusa-t-il.
Elle émit un bruit qui pouvait être aussi bien un rire qu'un sanglot et posa finalement sa tête sur son épaule. Curieux, le Prince mourrait d'envie de lui poser des questions mais renonça et se contenta de la serrer contre lui. Elle le déboussolait, cette Capitaine qui semblait tellement forte et fière mais brisée à l'intérieur. Il devinait qu'elle avait enduré des épreuves difficiles pour parvenir jusqu'ici et pour une raison inconnue, il n'aspirait qu'à la consoler.
Dans les bras du jeune homme, Elmira réfléchissait. Derrière le masque du Prince Héritier aimable et droit, elle voyait maintenant le garçon un peu maladroit et surtout solitaire. Il lui rappelait un autre jeune homme, au sourire éclatant et à la peau mâte qu'elle croyait avoir oublié depuis longtemps. Elle se rendit compte que d'une certaine façon il lui ressemblait. Tous les deux restaient seuls avec leur amertume, au milieu d'autres qui ne les comprenaient pas.
La militaire finit par se détendre et profiter de l'étreinte que lui offrait le Prince. La chaleur qu'il dégageait se révélait finalement agréable.
- Cela vous arrive souvent de capturer des jeunes filles ainsi ? l'interrogea-t-elle, joueuse.
- Seulement celles qui vont se promener toutes seules dans la neige et le froid, répondit-il en entrant dans son manège.
Elle eut un petit rire et releva la tête, se retrouvant à nouveau à quelques centimètres de son visage. Son cœur loupa un battement et accéléra brusquement quand il posa son front sur le sien. Elle ferma les yeux, essayant de comprendre ce qui lui arrivait.
- Qu'est-ce que vous faites ? murmura la jeune femme, troublée.
- J'aimerais vérifier quelque chose, répondit-il sur le même ton.
Elle sentait son souffle sur son visage, avait une conscience aigüe de ses bras qui l'enlaçaient. Son propre souffle s'accéléra et quand il posa ses lèvres sur les siennes, un millier de papillons prirent leur envol dans sa poitrine.
Il s'écarta légèrement et chuchota :
- C'est bien ce que je pensais...
Elmira, encore perturbée, plongea ses yeux dans les siens. Elle allait dire quelque chose mais il s'empara de nouveau de ses lèvres. Leur baiser se fit plus profond, plus intime. Malgré les sensations qu'il provoquait en elle, la jeune femme se dégagea.
- Non, protesta-t-elle.
Devant l'air ahuri du Prince, elle balbutia :
- Je ne suis pas... Je ne veux pas... Vous...
Incapable de préciser sa pensée, elle le repoussa violemment et il manqua de tomber au sol. Elle s'éloigna et passa une main sur sa nuque, essayant de mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle devait s'écarter de lui. Il voulait l'entraîner sur un chemin qu'elle s'était juré de ne jamais emprunter, et elle devait avouer que la proposition était tentante. Elle s'assena une claque mentale. Elle ne devait pas penser ainsi.
- Je ne compte pas vous utiliser ainsi ! s'écria-t-il dans son dos.
Elle ne l'avait pas entendu approcher, mais quand sa phrase résonna à ses oreilles, son sang ne fit qu'un tour.
- Sortez de ma tête ! Vous n'avez pas le droit ! S'énerva-t-elle en pivotant.
- Arrêtez de tout voir comme une agression à votre égard, j'essaye simplement de vous comprendre, se justifia-t-il.
- Je n'ai pas ... commença-t-elle.
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