Chapitre 5 Rêves et Manoir


Après des jours entiers à me reposer, me voilà. De nouveau en pleine forme et préparée à faire face à n'importe quel nouveau défi se trouvant sur ma route. Bien que je me sois quelque peu reposée, les nuits ont été dures, froides et mouvementé. Je me réveille souvent en sursaut, transpirante et des fois comme paralysée. Le rêve continuant dans la vie réelle.

Les rêves sont propres à chacun... Dans le monde réel, ils représentent les ambitions des gens, suivant généralement leurs passions et défiant ainsi leurs peurs et leurs hontes. Mais dans le monde du sommeil, chaque rêve porte une signification particulière qu chacun interprète à chaque fois à sa façon.

Moi, mes rêves sont immaculés...

Je ne fais que me perdre dans un univers complètement blanc, avec de temps en temps des visages qui me semblent familiers me rendant visite. Malheureusement, je ne peux m'empêcher de les poursuivre sans jamais les atteindre. Ces visages appartenant sûrement au passé me parlent, sans que je ne puisse jamais les entendre. Le bruissement du vent étant le seul son que je perçois.

Après la découverte réelle de mon pouvoir, ces rêves semblent de plus en plus réels, et apparaissent de plus en plus souvent. J'ignore encore ce que veulent me dire les gens qui y sont représentés et encore moins qui ils sont.

Mais peu importe. Aujourd'hui une semaine c'est écoulé depuis que Gift m'a rendue visite chez Tel. C'est aujourd'hui qui déterminera le reste de ma vie. Le début de l'entraînement devrai débuter dans une petite heure.

Alors que je suis en train d'arriver, les mains dans les poches de ma tunique, non loin du point de rendez-vous un grand chêne, nu en cette saison, attire toute mon attention. Même sans feuilles, ces arbres sont vraiment les plus beaux et les plus solides que je connaissent... bien qu'ils ne fassent pas le poids contre mon saule pleureur. Cependant celui-ci à l'air parfaitement stable et très confortable.

- Allez dépêches, on va encore être en retard ! , insiste-t-elle.

La petite voix dans ma tête me faisant sortir de mes pensées admiratives, je m'engage donc dans le chemin menant au manoir Kanha.

Le portail de l'immense bâtisse faisant toujours barrage, je me tiens légèrement à l'écart des autres qui sont déjà arrivés. Je fais demi-tour et me perche dans le grand arbre que j'ai remarqué quelques secondes plus tôt, commençant à m'agripper aux branches les plus épaisses.

Ce genre d'exercice, serai pour beaucoup impossible, mais à force d'entraînement, la technique vient en fait tout naturellement. Je grimpe, choisissant minutieusement les branches sur lesquelles m'appuyer. Je recherche des yeux une fourche se formant à la base du tronc afin de m'y caler confortablement. Levant la tête, cherchant toujours de nouvelles prises, je l'aperçoit enfin... Dissimulée derrière d'autres branches, plus fines. La branche parfaite. Une des ramifications principales, assez basse pour être accessible mais demeurant tout de même assez haute pour avoir une vue d'ensemble sur les portes de la maison Kanha. Mes petits bras commencent à brûler et mes mains soutenant tout mon poids, sont parcourues d'atroces douleurs. Même avec la technique, je manque encore cruellement d'endurance.

- Allez encore un petit effort ! Après on pourra se poser tranquillement.

Le dernier effort est une véritable torture, mes bras sont en feu, mon petit cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et mes mains sont écorchées, avec, par endroits, des crevasses jusqu'au sang.

Mon siège rustique se trouve vers le centre de l'arbre, et est complètement dépourvu du moindre feuillage. Je plaque mon dos contre le tronc, cherchant le repos, un soupir de satisfaction quitte mes poumons. Mes pieds se balancent dans le vide, en même temps que mes cheveux ondulent sous la joie du vent hivernal. Cet air saisissant et vivifiant me fais frissonner d'excitation.

- Profites en tu l'as mérité...

En examinant les scènes se déroulant en contrebas, du sommet de mon perchoir, je ne distingue que deux petits groupes bien distincts. Les garçons d'un côté et les filles l'autre. Les groupes s'étant séparés, les uns des autres, de plusieurs mètres, comme s'ils avaient peur de se mélanger.

Je ne reconnais personne, peut être parce que je suis trop loin pour bien discerner leurs visages.Je ne devrais pas avoir trop de mal à m'entendre avec eux une fois en bas.

Après tout... ils ne sont là que grâce à moi, et seulement parce que je l'ai réclamé... Ce n'est que grâce à moi s'ils peuvent se présenter pour un avenir meilleur...

Ils ont déjà une dette envers moi avant même que tout commence.

- Prépare toi à descendre... ça ne devrait plus tarder maintenant. N'oublie pas... tout retard est interdit...

Comme pour répondre à sa mise en garde, la cloche se met à sonner, annonçant midi et par la même occasion, sonnant le début des hostilités.

Je descends très aisément de mon arbre, me laissant à peine glisser sur le côté, tombant parfaitement sur les autres branches, plus basses. Réitérant l'exploit à plusieurs reprises jusqu'en bas. À peine suis-je descendue que je me remet à courir souhaitant absolument être présente avant que les portes ne s'ouvrent. Un fort soulagement m'envahi quand je retrouve le portail en métal noir, encore fermé.

Après une courte attente et par surprise, les battants du portail, aussi grands et lourds que les portes servant à fermer la cité, s'ouvrirent violemment, poussés par deux immenses Trolls. Après avoir fait quelques pas, un mauvais pressentiment m'avertie.

- Danger !

Je m'arrête. Sur mes gardes. Un vent léger se fait sentir, plus froid que celui qui était présent jusqu'à maintenant. Ce vent se renforça, d'un coup, l'effet de surprise nous faisant tous reculer certains tombèrent même, fauchés par la violence du vent. Je m'engagea entre les portes, me baissant pour avancer plus facilement. Les plus sensibles à la magie l'avaient certainement déjà senti et décidèrent d'adopter la même posture que moi contrairement aux autres qui décidèrent de ramper. Désormais j'avance sans broncher feignant presque l'indifférence bien que le niveau de difficulté me laisse perplexe. Plus nous nous approchons de l'entrée du manoir, plus le vent devient violent, ma tête n'entendant plus qu'un seul mot résonnant comme une alarme.

- Danger... Danger...

Je dois avancer. Je dois continuer d'avancer. Je suis rendu à la tête du groupe. Le vent siffle dans mes oreilles. Tant bien que mal j'arrive à la hauteur des portes imposantes. Me voyant passer devant comme si de rien n'était, les autres se dévisagèrent, prenant très vite la suite, essayant même, de me doubler. C'est presque comme si le vent souhaitait nous garder à l'extérieur de l'enceinte de l'immense bâtisse.

Difficilement, nous nous appuyons désormais sur les portes, nous aidant de chaque interstices, chaque prises que nous décelons. En ayant pour seul objectif de nous hisser finalement à l'intérieur, un peu plus proche de notre destin.

Après ces longues secondes interminables, à se débattre comme nous le pouvions pour rentrer se mettre en sécurité. Les portes se refermèrent derrières nous aussi vite qu'elles s'étaient ouvertes, le vent disparaissant en même temps que le monde extérieur.

Sans rien pour nous soutenir beaucoup d'entre nous tombèrent, à bout de forces, la tête la première sur le chemin de terre menant à l'entrée, encore froid. Les autres s'assirent à bout de souffle, moi la première. Étant enfin en sécurités, je risque un regard sur mes mains, complètement entaillées et mon propres sang coulant dans de petites gouttes, rien de grave mais assez désagréable. Je me tourne ensuite vers ces inconnus, qui partageront le même sort que moi pendant les quatre prochains mois. Personne ne semble être effrayé ou même... traumatisé par cette dangereuse expérience. On pourrait presque lire dans leurs yeux qu'ils ont impatience et la détermination de pouvoir faire la même chose... un jour...

Mon regard se porte ensuite sur l'immense jardin que nous venons d'atteindre. Cet endroit est très beau et très reposant. Les arbres sont encore, toujours nus, mais certains, peu hauts et très larges sont encore remplis de ce qui semblerait être des aiguilles. Tout cela entouré d'un léger cours d'eau prenant sa source d'un peu plus loin... Cet endroit sera certainement encore plus magnifique au printemps, qu'il ne l'est déjà, avec toutes les fleurs et toutes les couleurs qui lui sont attribuées.

Des bruits de pas, puis un rire se fait entendre, me tirant de ma rêverie. Je me relève, péniblement, souhaitant voir le visage de celui qui nous nargue, sans apparemment, aucune retenue. Notre agresseur est à contre jour. Je ne peux que distinguer une immense silhouette imposante. Il entame la conversation avec le même ton moqueur.

- Heureusement pour vous que ce n'était qu'un sort de vent basique. Je ne pensais pas que vous auriez autant de mal à rentrer à cause de ce petit courant d'air les enfants.

Je ne reconnais pas cette voix grave, je ne l'ai jamais entendue. Afin d'élucider le mystère pour tout le monde, je lui pose une question qui semble peut être idiote mais me parait parfaitement nécessaire.

- Qui êtes-vous !?, m'énervai-je

- Eh bien ma Petite Pawa... On reconnais pas son vieil ami ? C'est moi Aaton !, se moqua-t-il dédaigneux.

- Mais je t'ai jamais entendu parler !, rappelai-je.

- J'en avais encore jamais eu l'utilité... D'habitude c'est Gift qui parle et moi qui frappe..., avoue-t-il un peu gêné.

S'adressant à tout le monde, il reprit une position plus stricte et une voix forte et assurée.

- A partir de maintenant je serai l'un de vos professeurs de combats et serai également en charge des chambres des garçons. Très bien, maintenant que tout est dit, suivez moi à l'intérieur, je vous emmène dans la salle où dès à présent vous prendrez vos repas.

Une fois le jardin traversé et les portes d'entrées passées. Nous nous engageons dans un dédale de couloirs se ressemblant tous. Aaton continue de parler sur le même ton, nous énonçant nos empois du temps.

- Les repas vous seront servis à 12:05 et 18:45 avec un petit déjeuné servi à 7:30. Vos cours du matins seront axés sur l'Histoire et les théories de la magie du 8:00 à 12:00. Vous mangerez puis reprendrez à 13:10 avec les cours de combats et de magie pratique jusqu'à 18:00. A la fin de vos cours vous retournerez dans vos chambres pendant 40 minutes avant d'aller manger. S'en suivra deux heures d'études obligatoires. N'oubliez pas que les repas sont servis à heures fixes tout retard entrainera des privations.

Devant le silence du grand géant un petit garçon brun s'empresse de prendre la parole.

- Et après les deux heures obligatoires on ferra quoi Aaton ?

- Je passerai dans vos chambre pour vous dire que c'est l'heure de dormir.

Une petite fille rousse cette fois pose une autre question.

- Et le réveil sera à quelle heure ?

- Quand vous voulez mais on passera dans les chambres vers 7:00 pour vous réveiller.

Cette fois c'est un garçon aux cheveux noir corbeaux qui élève la voix.

- Pendant combien de temps on va rester vivre ici ?

- Pendant 4 mois, ce qui nous fera jusqu'aux Praänan environ.

- Tu parles vous allez nous former pour vos privilèges oui...

Cette fois c'est à moi de poser une question.

- Tu connais qui seront nos autres professeurs ?

- Oui je les connais, mais ils vous seront présentés en temps et en heure pendant le repas.

- Et nous on les connais ou se sont de parfaits inconnus...?

- Non, vous les connaissez tous... Disons qu'ils sont... comment dire... Très qualifiés dans leurs domaines. Voila on y est les enfants !

- Tout est démesuré ici...

Il pousse les portes magnifiquement sculptés, grinçant de leurs grands ages, et une pièce immense avec une dizaine de mètres sous plafond s'offre à nous. C'est une pièce très spacieuse sobrement décorée avec un minimum de meuble. La rendant tout à fait fonctionnelle. En face de nous se dressent une immense table rectangulaire ,elle aussi en bois sculpté, entourée de dix-sept chaises qui y sont déjà tirées. Aaton reprends d'une voix douce et rassurante nous forçant à tendre l'oreille pour l'écouter.

- Allez vous asseoir s'il vous plait les enfants...

- On peut s'asseoir où on veut ?, demande la rouquine étonnée.

- Bien sur vous devrez juste garder vos places tant que vous serez ici, confirme le métisse.

Les autres tournent autour de la table en attendant que le premier décide de s'assoir. Les voyant marcher sans choisir, je décide prendre la chaise la plus proche de moi. Sans plus attendre, je me retrouve donc entre la rouquine et le garçon aux cheveux noir, les autres s'empressant de se mettre à coté de nous. Nous occupons donc toute une moité de table, et je me retrouve donc au parfait milieu de notre groupe. C'est à dire avec à ma gauche les trois filles et à ma droite les cinq garçons.

Ne nous ayant pas quittés des yeux et ayant donc assisté à cette petite scène, Aaton s'assied en face de nous posant ses coudes sur la table se soutenant le menton, prêt à refaire une annonce.

- D'après ce qui a déjà été décidé, le repas sera servi une fois que toute l'équipe pédagogique, les règles ainsi que vos emplois du temps vous seront présentés... et bien entendu les cours ne commenceront qu'a partir de demain.

J'entends des bruits de pas derrière moi, sans même me retourner je les reconnais. Je les connais ces pas là, peut être même un peu trop bien...

- Sur ces belles paroles mon cher frère je te serai grée de leur présenter l'équipe, ordonne-t-elle complaisante par habitude.

- Bien sur... Les enfants je vous présente... vos professeurs.

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