Chapitre 2 Les galets, le pendentif et la flèche
Aujourd'hui je pense que l'on peut dire que je suis populaire. Mais comme tout le monde ça n'a jamais été comme ça ... Du moins au début. Que se soit bien clair entre nous, j'ai pas l'intention de vous faire une description sans fin de ma vie dans un flashback émouvant et éloquent. Je vais juste vous dire comment et où j'ai grandi et comment j'en suis arrivée là.
Mon histoire commence à être intéressante, il me semble, un joli mois d'hiver, un très beau mois de janvier. Je me réveille en lisière de forêt, saisie par le froid, dans une petite plaine, où l'on trouve un petit bassin, se remplissant à l'aide d'une grande cascade prenant source au cœur des montagnes. Cette plaine je me la suis aménagée toute seule. C'est un peu mon petit coin de paradis, perdu entre de dense forêts et d'immenses montagnes.
Je joue souvent quand je suis dans cet endroit là, je me prends des galets que je fais léviter au dessus de ma tête. Je les fais tourner, virevolter et danser dans les airs dans une splendide valse. Les petites pierres m'obéissent comme un orchestre obéit à son maestro.
Allongée et abritée sous mon saule pleureur, comme d'habitude, je joue avec la terre, les petits galets, mais j'ai envie de tenter ... quelque chose de plus gros. Déjà essayons de briser ce rocher. Pour une plus grande efficacité, je pose mes deux mains dessus et me concentre du mieux que je le peux.
...
Mais rien ne se passe.
Bon ... C'est pas grave, on essaiera plus tard. Je me retourne pour me caler contre le tronc de mon arbre. En me retournant quelque chose m'éblouit. C'est le petit pendentif en saphir que m'a léguée ma grand-mère, le jour de sa mort. Mais s'il m'éblouit alors que je suis là c'est que ... Je me retourne vers une marque laissée au sol que je trace pour m'indiquer l'heure de quitter mon jardin secret. Je cherche alors la marque des yeux et l'aperçoit, largement dépassée les rayons de l'astre diurne.
Désormais le temps joue contre moi et j'ai déjà un très gros désavantage. Je récupère mon pendentif en quatrième vitesse et me précipite vers la forêt où deux chemins me ramènent chez moi
- Le premier, le chemin de droite est celui d'où je viens, un chemin long avec des détours mais très sécurisé.
- Le second, le chemin de gauche est le plus court, le plus direct, mais aussi le plus dangereux. Il coupe à travers de nombreux territoires de monstres dangereux.
Je suis obligée, je ne veux pas expérimenter ce qu'ils me feraient si j'arrive en retard. Je prends le chemin de gauche peu importe ce qu'il s'y passera.
Après dix bonnes minutes à zigzaguer entre les arbres tout en évitant les monstres et les animaux peuplant la forêt, je retrouve enfin Kassa, une cité, une petite cité, une toute petite cité. C'est une très jolie cité, pas tellement peuplé, mais elle est aussi très éloignée de tout. À tel point que la première ville, cité, où tout autre trace de civilisation, est à 3 jours de marche.
Enfin arrivée devant les deux immenses portes en acier et en Onyx, séparant Kassa du reste du monde, j'ai ma vision d'horreur de la journée. Deux personnes, les individus les plus hauts placés de notre cité. Deux tyrans qui m'attendent, les bras croisés sur leurs poitrines tapant frénétiquement du pied ... d'énervement bien entendu mais surtout d'impatience.
Le premier et le plus impressionnant est Aaton Kanha. C'est un homme légèrement basané de près de deux mètres dix et aux muscles saillants. Il n'as pas de cheveux et de longues et larges cicatrices marque sa peau. Il ne parle jamais et aucune de ses "cibles" ne l'ont entendu ou en tout cas ne sont plus là pour le dire. Le pire c'est que la famille Kanha est réputée pour être une famille de tueur et tout le monde en à peur. Des deux présent c'est lui qui me fait le plus peur. Silencieux et très dangereux, un peu comme la mort en fin de compte.
L'autre s'appelle Gift Kanha, sa sœur, sa grande sœur. Elle n'est pas grande du tout elle, à vue de nez peut être un mètre quarante tout au plus. C'est une très petite femme assez, disons le, imposante de par sa rondeur. Loin d'être intimidante, elle parle fort pour impressionner son interlocuteur. C'est également elle qui aboie les directives à Aaton, qui se devra de les exécuter parfaitement le plus vite possible.
Beaucoup disent que c'est un duo "muscle-cerveau" mais je soupçonne Aaton d'être beaucoup plus intelligent que ce qu'il veut bien nous laisser croire. Ce qui le rends d'autant plus effrayant et Gift encore moins utile. Mais les deux ne se quittent jamais, peu importe les situations auxquelles ils sont confrontés.
La plus grande ... pas plus grande que moi ... commence à me "parler". Si "parler" était similaire à déblatérer un ensemble de son en hurlant.
- T'as vu l'heure ?! T'es en retard ! Tout le monde c'est remis au travail sauf toi ! ,me rappelle Gift avec sa manière bien à elle de "parler".
- De combien ? ,lui dis-je encore à bout de souffle.
- Comment ça de combien ? T'es en retard c'est tout ! On s'en moque de combien de temps tu l'es ! , repliqua-t-elle étonnée de ma question.
- Combien ! ,insistai-je toujours sur les rotules.
- Maintenant, avec notre petite conversation ça fait ... Trente secondes, dit elle avec un immense sourire plaqué sur son visage.
Je me relève et la regarde dans les yeux, désespérée.
- Mais j'étais à l'heure du coup ! Et au pire vous me punirez pas pour si peu se serait injuste !
- Deux chose, premièrement, n'oublie pas à qui tu t'adresses ma p'tite et deuxièmement, en effet je ne peux pas te punir, me rassure-t-elle avec un sourire sadique. Mais j'espère bien que tu comprends que ... pour l'exemple et ma notoriété, je ne puisse te permettre de t'en sortir ainsi. n'oubliez pas que je suis la loi et instaurer l'injustice est ce que je préfère, me nargue-t-elle en imitant un faux accent bourgeois.
- Quoi ! Mais tu ne peux !
- À bon. Et qu'est ce qui m'en empêche ! Toi ? Mais qu'est-ce que tu crois ?! C'est pas une gamine de sept ans qui me dira ce que je peux faire ou non ! C'est moi qui contrôle la cité ! Quand tu auras ta propre cité tu pourras me dire quoi faire pour la mienne, me crie-t-elle avec dédain et mépris.
Soudain toute souriante avec un éclair de génie dans les yeux.
- J'ai une idée ! Aaton, mon petit frère adoré, va me faire des braises bien chaudes sur la place publique s'il te plaît. J'irai acheter une flèche à la boutique, demande-t-elle heureuse de son idée.
Cette idée quel qu'elle soit ne m'enchante pas mais alors pas du tout je sens que je vais souffrir et que se sera pire que d'habitude. Trente coup de fouets maintenant ça va mais faut que mes bourreaux innovent maintenant pour que je crie de douleur.
- Qu'est ce que tu as encore bien pu inventer pour me faire crier ? ,dis-je sur la défensive.
- On va tester quelque chose de nouveau ! On va chauffer la pointe de la flèche à blanc grâce aux braises et te la coller sur le corps, n'importe où ! ,s'extasie-t-elle.
- Mais ça existe déjà. Ça s'appelle "le fer". Je te pensais plus créative que ça ma petite Gift, me moquais-je.
Ma dernière réponse ne lui a pas plu du tout. Ses yeux ont changé d'intensité. Ces yeux là je déteste les voir. Rien que d'y penser mon dos me fait mal.
Voyant l'état dans lequel c'est mise sa sœur, Aaton s'écarte de quelques pas. Gift s'approche de moi nonchalamment. Une fois à porté, elle touche mes cheveux blancs, doucement, et perd ses doigts dans mes mèches grises, un sourire heureux sur son visage. Elle me caresse la joue, comme ma mère le faisait ... avant. Je n'ose plus bouger, j'ai peur de sa réaction, je préfère rester indifférente. Mais que fait elle ? Maintenant je ne comprends plus rien à la situation, elle m'époussette la tunique et arrange le col de ma tunique.
Elle recule de deux pas et sans prévenir prend de l'élan et m'enfonce son poing dans le ventre. Je me plie en deux en cherchant de l'air. Elle m'assène ensuite un crochet du droit dans le menton. Je vacille et me rééquilibre comme je peux. Je n'ai pas le temps de penser mais je ne peux pas riposter, je ne veux pas riposter ce serai pire. Je dois la laisser faire.
Elle m'enchaîne avec un uppercut dans le nez qui me fait me relever de force. Je sens le sang affluer et une large goutte couler de mon nez vers ma bouche. Gift ne s'arrête pas et m'agrippe les cheveux à pleine main pour me basculer en arrière. Elle me gifle comme pour me vexer, mais c'est sans effet.
- C'est déjà terminé ? ,lui soufflai-je en la regardant dans les yeux avec un large air de défi.
Elle répond à mes simples mots avec une violente gifle sur la joue, à vous en briser la mâchoire. Le tout en gardant ce rictus toujours plus sadique, qui demeure collé à son visage.
- Si je dis que c'est nouveau, alors c'est nouveau. Tu n'as rien à redire, me toise-t-elle avec son air supérieur.
Elle reprend en examinant la babiole pendant à mon cou, un air assez surpris.
- Je le reconnais, c'est celui de ta grand-mère n'est ce pas ? Une magnifique femme et une mage d'exception. Certainement la meilleure que j'ai pu connaître. Comment va-t-elle ? ,me demande-t-elle.
Comme si elle n'en savais rien du tout.
- Elle est morte il y a trois ans parce qu'elle voulait s'aider de la magie pour accomplir ses corvées, lui dis-je comme une évidence.
Elle acquieça et continua en m'expliquant finalement pourquoi elle en était morte.
- Oui en effet, vois tu ... la magie est un don formidable mais s'en servir à son âge ce n'était plus très ... comment dire ... Raisonnable. Pour son bien et pour lui rendre service, nous l'avons donc empêché de s'en servir. À tout jamais. Puis je ne sais pas comment mais tout le monde à compter de ce moment là a compris que la magie était interdite.
- Vous êtes des monstres ! ,chuchotai-je les larmes aux yeux.
Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit d'autre elle m'arrache le pendentif bleu. Et Aaton prévoyant ma violente réaction, se précipite vers nous. Avant que je ne puisse ne serait-ce que pousser un cri de colère ou de surprise une violente douleur s'installe dans tout mon corps, chassant l'air de mes poumons. Le monde deviens progressivement flou et s'assombrit pour complètement disparaître. Je lui hurle une phrase qui ne sortira que dans un souffle.
- ... rends la moi ...
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