Un vampire-garou et des Spaghettis
Gudule se réveilla en sursaut, écrasant la peluche spaghetti qui protesta d'un vif « Râ-men ».
« Nous sommes arrivés ! Clama Magouille.
On n'y voyait rien, car un blizzard tourbillonnait autour de l'hélicoptère.
Gudule songea que ça diminuerait les coûts en effets spéciaux pour l'adaptation de ses Chroniques en film, ce qui était une bonne chose.
Mais le vent se leva et les nuages moutonneux s'écartèrent, révélant un splendide bâtiment qui s'accrochait entre les pics montagneux.
Donc finalement, non.
Le monastère respirait le calme et la quiétude. Un peu moins lorsque l'hélicoptère se posa dans la cour principale, au milieu de faux cerisiers en fleur dont les pétales en plastique s'envolèrent.
Ils descendirent.
« Vous ne nous accompagnez pas ? Demanda-t-il à Magouille.
— J'ai fait mon job, expliqua le marchand. Je vais me réapprovisionner en tapis, puis je repars. J'ai un hélicoptère à revendre.
— C'était un plaisir, cher confrère, dit Robert en lui serrant la main.
— De même.
Gudule trépignait. L'huître-ninja lui emboîta le pas et ils arrivèrent devant une vieille porte de bois entrouverte.
— Il y a quelqu'un ? Demanda-t-il.
Une ombre se coula dans l'embrasure et fondit sur Gudule. Des canines acérées et rougeâtres luisirent à la lumière des flambeaux bon marché accrochés au mur. Inspirée par la présence d'un vent miséreux, une cape noire claqua.
Gudule analysa la situation. Il disposait d'un lance-patates non chargé et d'une peluche de monstre spaghetti. Un monstre denté et griffu fondait sur lui. Il ne voyait qu'une seule possibilité. Se défendre avec l'aura pastafarique que rayonnait la peluche – il paraît que ça fait fuir les ornithorynques zombies – prendre ses jambes à son cou, et laisser à Robert le soin de régler la situation.
Toutefois, il n'en eut pas le temps. Écartant le FSM, une main glaciale empoigna vigoureusement la sienne et la secoua.
— Bonjour, enchanté, bienvenue au Bhoutan. Je suis Gorzül.
— Ah, euh, bonjour.
L'assistant de @JBSchrottenloher était encore plus effrayant que ce que Gudule s'imaginait. Il avait le teint encore plus cadavérique qu'un mannequin recouvert de crème anti-rides, ou que le héros d'un film de Tim Burton.
— Entrez, ne restez pas dehors.
Un peu d'ombre se prélassait dans la vaste salle, habitée en tout et pour tout par deux moines qui jouaient au scrabble et une boutique de souvenirs vendant des cartes postales du brouillard.
— Guduuuuuuuule !
@JBSchrottenloher écarta son assistant personnel, se jeta sur Gudule, lui serra la main, salua Robert, tout en mangeant des gâteaux.
— Mais qu'est-ce que vous faites là ? S'exclama Gudule.
— Ah ? Euh, bonne question. Au fait, je te présente Gorzül, je crois que vous ne vous êtes jamais rencontrés. Gorzül m'aide dans les réécritures, écritures, dialogues, commentaires, publicité, etc.
Gudule comprit soudain l'apparence du vampire. Il ne devait plus dormir depuis des mois.
— Nous nous trouvons ici dans le temple de Shangri-pala. Ils font des formations pour apprendre à se transformer en chameau ! Regardez plutôt !
@JBSchrottenloher ne se transforma pas en chameau.
— Oui, euh, hum, ça ne marche pas toujours.
— Sinon, expliqua Gorzül, nous sommes ici à l'abri de Rodolphe-Albert, un lieu parfait pour écrire en attendant que le monde soit libéré de sa coupe – a fortiori Wattpad.
— Vous en avez profité pour finir le cycle des Voyageurs ? S'exclama Gudule, de petites étoiles brillant dans ses yeux mouillés dignes d'une photo du calendrier de la SPA.
— Oui, euh, hum, c'est en cours. Mais j'ai aussi fait plusieurs spin-off, notamment sur l'histoire de Césape.
— Il plante des choux et sauve le monde, résuma Gorzül.
— C'est très original ! Plaida JB. Jusqu'à présent, jamais un héros de fiction n'avait à la fois planté des choux et sauvé le monde. Ah, et il mange des poires, aussi.
— Euh, dit Gudule.
Cela aurait dû se poursuivre par une phrase, mais il manquait d'inspiration. Il agita donc la tête et regarda autour de lui.
— CN se trouve ici ?
— On pense, dit JB.
— C'est-à-dire qu'on n'est pas sûrs, dit Gorzül.
— Comment avez-vous retrouvé sa trace ?
Le vampire-garou désigna le magasin de souvenirs. Là-bas, entre les cartes postales grisonnantes, s'étalaient dans des bacs des dizaines de peluches du Monstre Spaghetti semblables à celle de Gudule.
— Nous avons reçu une peluche similaire à celle-ci, dit Gorzül. Envoyée également du Bhoutan. Il est donc fort probable que CN soit enfermé quelque part dans ce temple pour travailler, et qu'il n'ait pas vu le temps passer.
— Ça lui ressemble bien, dit Gudule.
— Nous avons décidé de fouiller l'intégralité du temple. Nous avons effectivement obtenu des moines l'emplacement de la cellule de méditation où CN s'est enfermé. Il y a juste un seul problème. Le seul moyen d'ouvrir est de résoudre une énigme. Or plus personne ne fait de maths depuis que Rodolphe-Albert est au pouvoir. Nous avons donc attendu ta présence pour y arriver.
— Je vois, dit Gudule.
Les deux moines interrompirent leur jeu et les guidèrent à travers les couloirs.
— Notre temple abrite de nombreuses divinités à la retraite, expliqua l'un.
Ils croisèrent un groupe disparate qui cheminait dans l'autre sens, résonnant d'un brouhaha multilingue.
— Des touristes ? Demanda Robert.
— Non, les enfants de Zeus qui lui rendent visite.
— Le Monstre Spaghetti est-il aussi ici ? S'exclama Gudule.
Les moines se regardèrent.
— C'est fort possible. Il faut qu'on vérifie sur les registres.
Gudule les arrêta, surpris. Il venait d'apercevoir un spaghetti derrière une porte entrouverte. Guidé par son instinct, il la poussa légèrement.
— Gudule... Gudule... ainsi, tu es venu...
— Euh...
— Oh, et tu as même apporté un souvenir, comme c'est gentil !
Le Monstre Spaghetti Volant leur apparut alors dans toute sa majesté divine.
Il flottait à un mètre du sol, confortablement installé dans sa cellule de méditation, brassant l'éther de ses appendices nouilleux, et promenant ses yeux globuleux sur les arrivants.
— Fichtre, dit Robert.
— Remarquable, dit Gorzül.
— Scronch, scronch, mâcha JB (le scribe retranscrit ici une onomatopée peu fidèle du véritable bruit de mastication, mais vous voyez l'idée).
— Vous existez vraiment ! S'exclama Gudule.
— Hum, oui, dit le Monstre Spaghetti, rougissant un peu de tant d'attention.
Il étendit un appendice nouilleux en direction de Gudule et sa voix divine se teinta de solennité :
— Gudule ! La foi pastafariste est tombée en désuétude et le monde vit sous la coupe d'une betterave !
— Un navet, expliqua Gudule.
— Hum, un navet ! Je fais de toi mon prophète et mon héros pour libérer la Terre de son influence néfaste et répandre de par le monde la vérité pastafariste !
— Euh, d'accord.
— Pour t'aider dans tes actions héroïques, sache que je serai toujours avec toi, par l'intermédiaire de ton totem !
Il désigna la peluche, qui dit « Râ-men ».
— Ce sera ton porte-bonheur, et elle pourra t'aider dans les situations difficiles !
— Super.
— Maintenant, as-tu des questions ?
Gudule se gratta la tête. Difficile de trouver une question à poser dans un moment aussi inattendu.
— C'est vraiment vous qui avez créé l'univers ?
— Voilà une question à laquelle je ne peux pas répondre pour l'instant. Aie confiance, Gudule ! Salut ! Je pars en vacances aux Caraïbes !
Il disparut dans une glorieuse lumière.
— Je ne suis pas sûr de ce qui vient de se passer, mais la cellule de CN est par ici », dit JB.
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