Chapitre XVI
La mort est l'état irréversible d'un organisme biologique ayant cessé de vivre. Cet état se caractérise par une rupture définitive dans la cohérence des processus vitaux de l'organisme considéré. Chez l'être humain, le fait que le cœur puisse arrêter de battre pendant un moment avant d'être réanimé pose la question de la limite, ou de la transition entre vie et mort.
D'un point de vue médico-légal la mort d'un être humain commence à partir de l'instant où toutes les fonctions vitales sont suspendues : arrêt du cœur, de la respiration, du flux sanguin, des activités cérébrales. Médicalement, certains états mènent irrémédiablement à la mort, alors même que les cellules et certains organes continuent à remplir leurs fonctions.
Dans la plupart des cas, le décès est constaté par un médecin par des signes cliniques caractérisant un prolongé. Cela peut être un échec des tentatives de par une , ou bien la constatation par un à domicile pour une personne que l'on sait en fin de vie (personne âgée ou bien souffrant d'une maladie diagnostiquée).
Pour un Oracle, la mort n'est pas vue comme une fin, mais comme le début de toute chose. Lorsqu'un être meurt, son esprit reste autour des vivants qui l'ont aimés, afin de pouvoir communiquer avec eux malgré tout. N'étant pas une Banshee, je ne sais pas ce qu'advient vraiment de l'esprit lorsqu'il franchit la fine barrière entre le monde des morts et le nôtre.
Mais parfois, lorsque j'essaye d'entrer en contact avec un être décédé, il se trouve que son esprit rôde autour de l'humain qui veut lui parler. Je me souviens encore de ce couple dont le mari est mort d'une blessure. La femme est venue voir Elyane et lorsque nous sommes entrés, elle et moi, en transe, j'ai pu voir l'esprit du mari tenir la main de sa femme, comme s'il était réellement à côté d'elle.
Mais le plus beau, c'est qu'elle le savait. Elle le sentait, je crois. En tout cas, apprendre cela ne l'a pas ébranlée pour un sous. Elle a juste souris et elle a fait mine de serrer doucement la main de son défunt mari, comme s'il n'était jamais parti. Comme si la mort n'était qu'une simple distance, une barrière venant de notre esprit.
Et j'ai appris à mes dépends que la Mort n'est en rien une fin mais peut être déjouée, annulée. Que ça n'est pas irréversible, si nous sommes prêt à en accepter le prix. La mort est cynique, par contre. Si elle refuse de me toucher, elle emporte un à un les seules personnes qui me sont chères. Ma mère. Ma sœur. Mon meilleur ami. A qui le tour ?
Je n'irai pas jusqu'à dire que j'aurai voulu que ça soit moi, ou des conneries de ce genre. Il n'est pas bon de souhaiter une mort, que ça soit la sienne ou celle de quelqu'un d'autre. On ne joue pas avec la mort. Pas éternellement. Je crois qu'il serait tant que je l'accepte, moi aussi. Ou je risque de jouer avec ce qui ne m'appartient pas.
Je suis né avec la lourde tâche d'accompagner les vivants dans le deuil et pourtant me voilà incapable d'en faire de même. Oui, j'aurai probablement dû mourir ce jour-là quand le portail s'est ouvert mais je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même d'avoir prétendu aller bien alors que la situation était hors de contrôle.
Aurais-je pu sauver T'Shael si j'avais ouvert la bouche ? Si je m'étais battu plus fort ? Oui. Non. Sûrement. Peut-être bien. Probablement. Aucune idée. Je n'ai pas de réponse à cette question. Les choses se seraient passées d'une autre manière mais le résultat aurait peut-être été le même. Quoi qu'il advienne, quelqu'un aurait fini blessé. Ou mort.
Je ne peux pas m'enlever l'idée de la tête que si j'avais fait autrement, les choses auraient été différentes. Mais je ne peux pas non plus me dire que tout aurait été rose si j'avais refusé de broyer du noir. Je vis dans un monde où les couleurs se mélangent et où le bonheur côtoie la douleur, pour le meilleur comme pour le pire.
Doucement, ma main se resserre douloureusement sur elle-même, enserrant avec elle mon t-shirt tâché. Mes yeux observent un point inconnu au-delà de la fenêtre tandis que mes genoux effleurent mon menton avec hésitation. Le froid pénètre ma peau par mes pieds nus et fait frissonner mes bras découverts sans que mon cerveau ne s'en alarme.
Je ne saurais même pas dire avec certitude où je suis. Je me souviens qu'Aoile m'a ramené dans la maison, mais dans quelle pièce... C'est trop m'en demander. Je me suis contenté de me mettre pieds nus, retirer mon pull sur lequel il y avait du sang et je me suis posé sur le rebord de la fenêtre pour observer l'extérieur.
Petit à petit, les larmes se sont taries, mon cerveau s'est éteint, tout comme la petite flamme qui allumait mes yeux. Le froid a engourdi mes sens et il ne reste à présent plus rien du Thomas hystérique qui pleurait et tremblait dans une forêt semi-détruite. Je ne sais même pas si Aoile est dans les parages ou si elle est partie retrouver Samantha.
Je sais que mon cerveau ne dit plus rien. Les autres "moi" se sont tus, comme par respect. Pour autant, je sais que le combat finira par reprendre. Et j'ai décidé de ne pas le mener. De les laisser se consumer entre eux, tuant ce corps à petit feu dans leur querelle. Ce n'est plus une question de force mentale ou d'envie. Je suis fatigué de jouer.
Chaque jour que je passe à respirer est une journée de moins pour mes proches. Combien de temps avant que la Mort n'emporte Samantha, Aoile ou pire, Milo ? Combien de temps avant que je ne devienne un paria ? Un présage de mauvais augure ? Je ne suis plus un Oracle. L'ais-je seulement été ? Je n'ai pas eu le temps d'exercer, au final. J'ai été ramené comme Faucheuse, au service de la Mort elle-même.
— Tu veux en parler ?
La douce voix de l'hybride rompt le fil de mes pensées. Retrouvant une certaine netteté de l'image, je remarque la nuit est tombée à l'extérieur. Je tourne la tête lentement, comme si en plus d'avoir été éteint, mon cerveau avait cessé de remplir ses fonctions. Le regard assombri de la jeune femme me transperce de part en part, bloquant une seconde l'air passant dans mes poumons.
— Pour dire quoi ?, je souffle en retard.
Aoile accuse le coup, baissant la tête vers le parquet du salon -finalement j'ai réussi à me souvenir de ça- tandis que je continue de l'observer. Elle ne s'est pas changée non plus, à en croire ses vêtements. Et sa position m'indique qu'elle n'a pas plus bougé que moi cet après-midi. Nous devions être beaux tiens, assis à regarder le vide comme deux légumes dans leur cagette.
J'entends la jeune femme soupirer et passer une main sur son visage, essayant probablement de réveiller son cerveau aussi endormi que le mien. Je ne tente rien, le regard toujours posé sur elle, comme si en détacher mes yeux me coûteraient trop d'énergie. Hormis ma tête, mon corps refuse obstinément de changer de position. Pourtant, je commence à sentir le froid.
— A quel point Samantha avait raison ? Est-ce qu'il y avait toujours une partie de toi ou est-ce que je me suis faite bernée par l'un de tes....colocataires ?, demande la jeune femme.
Je peux sentir la colère derrière ses mots. Mais je sais aussi contre qui elle est dirigée. Je sais aussi qu'elle a tort de s'en vouloir. Elle n'avait aucun moyen de savoir que ce n'était pas moi. De plus, avec ses antécédents -nos antécédents- elle s'en serait voulue de ne pas me faire confiance également, ou de ne pas avoir réussir à m'aider à guérir. La vérité, c'est qu'il n'existe pas de guérison possible.
— Sur toute la ligne, je réponds laconiquement.
J'aimerai être capable d'élaborer. D'expliquer. De lui dire tout ce que je pense. De lui avouer qu'elle n'a pas à se sentir coupable. Mais je ne veux pas. Je n'ai pas envie de le faire. Je préfère avoir des réponses simples. Ne pas parler. Ne pas entendre ma voix, cette même voix qui parlait avec T'Shael. Celle-ci même qui a prononcé son prénom au moment où il mourrait. J'aimerai me dire que ça n'était pas moi. Mais c'était mon corps.
C'était moi. L'esprit était peut-être différent, mais le corps restait le même. J'ai tué T'Shael. Je peux essayer de m'en dédouaner, me trouver des excuses... Mais c'était moi. Possédé peut-être, mais ça restait moi. J'aurai pu me battre plus fort et reprendre le dessus... Non, non ! Je m'étais promis de ne pas aller sur ce terrain. Allez Thomas. Je peux le faire. Je dois le faire. T'Shael aurait voulu que je ne culpabilise pas.
L'hybride face à moi s'est refermée sur elle-même, la mine encore plus sombre. Je peux presque voir la rage transpirer à grosses gouttes de son visage tandis qu'elle fusille le sol du regard. Peut-elle voir son reflet sur le bois vernis ? Est-ce pour cela qu'elle semble prête à frapper ce pauvre sol de toutes ses forces ? Le silence s'épaissit tandis que j'essaye de bouger un ongle, sans grande conviction.
— J'aurai dû le savoir, lâche-t-elle finalement, après de longues secondes.
J'étouffe un rire sec et douloureux qui se termine en toux, attirant l'oeil curieux et alerte de la Princesse des Enfers.
— Je ne vois pas comment, je rétorque.
La jeune femme se lève, frappant ses mains sur ses genoux au passage pour marquer son énervement.
— Samantha n'a pas hésité une seule seconde, elle rétorque.
Je lève les yeux au ciel.
— Elle a eu de la chance, je proteste avec véhémence.
La jeune femme se tourne vers moi et ma respiration se bloque à nouveau lorsque je regarde ses yeux rouges et les veines apparentes de son cou. Clairement, je viens de toucher une corde sensible. Et je ne pourrais pas m'en sortir avec une nouvelle phrase de six mots.
— De la chance ?, répète-t-elle.
Je soupire, baissant la tête.
— Elle était là lorsque l'autre a pris le dessus. Je suppose qu'elle avait ses doutes dès le départ et l'autre n'a fait que les renforcer... Samantha était au bon endroit au bon moment, c'est pour ça qu'elle a compris aussi vite ! Lucifer n'a rien vu, Milo non pl-
— Milo est un gosse, m'arrête la jeune femme.
Son ton est coupant mais moins colérique. Elle commence à comprendre que Sam' a bénéficié de "chance" en quelque sorte, ayant été témoin du changement de personnalité. Je fronce alors les sourcils, levant à nouveau les yeux vers la jeune femme, dont les yeux ont repris leurs couleurs habituelles.
— Comment tu t'en ai rendues compte ?, je demande.
La jeune femme se laisse à nouveau choir dans le canapé, laissant un puissant soupir sortir de sa gorge.
— Lilith était là lorsque le changement s'est a nouveau fait. Elle m'a tout raconté, avoue-t-elle.
Je lui adresse un sourire, reconnaissant de ne pas l'entendre parler de T'Shael. Je ne préfère pas en parler, d'ailleurs. Je ne sais pas encore comment je réagirais si quelqu'un osait... C'est trop récent, trop frais dans ma mémoire. Je vais avoir besoin de beaucoup plus de temps pour digérer tout cela.
Un mouvement attire mon regard du côté du canapé alors je bouge de nouveau la tête dans cette direction. Aoile s'est tournée vers moi, le regard songeur. La blonde aux pointes roses se redresse et me tend la main, que j'attrape sans une seconde d'hésitation, la faisant sourire. Un vrai sourire de reconnaissance de sa part.
— Samantha nous attend dehors, si tu penses être capable de sortir, souffle-t-elle.
Je me mets debout, grimaçant en entendant certains de mes muscles craquer, suivant le mouvement indiqué par la jeune femme.
— Je ne savais pas qu'elle était déjà de retour, je réponds.
Aoile hoche la tête.
— Elle et Milo sont revenus plus tôt cet après-midi, mais je ne voulais pas te déranger. Tu avais besoin de temps et d'espace, donc heu... Je t'en ai laissé. Et je ne savais pas non plus comment me comporter envers toi... J'avais honte de ne pas avoir pu te reconnaître. Je te faisais des déclarations, disant te voir comme un petit frère et ça n'était même pas toi. Tu ne peux pas savoir à quel point je me suis sentie mal d'apprendre tout ça de la bouche de Lilith, pour ne rien arranger, confesse-t-elle.
Je lui serre tendrement la main, hésitant encore à lui faire un vrai câlin.
— Ouais j'imagine que ça doit faire mal au cul, je souffle, la faisant rire.
Rire qui s'arrête lorsqu'un petit coup se fait entendre contre la porte, nous faisant bondir dans cette direction. Le regard émeraude pétillant de Samantha me fait sourire et je la laisse rentrer dans la pièce, sous le regard hésitant de sa compagne. Je recule de quelques pas, sans oublier de donner un coup de coude à l'hybride pour qu'elle prenne les devants.
Après une hésitation de quelques secondes de la part des deux jeunes femmes, elles tombent dans les bras l'une de l'autre. Aoile murmure quelque chose à l'oreille de Samantha qui en rit, avant de se détacher pour sceller ce retour d'un baiser passionné qui me fait sourire. Bon sang, je suis vraiment devenu l'oncle célibataire des soirées de Noël...
Aoile s'écarte et me fait signe d'approcher, ce que je fais sans attendre pour plaquer le petit corps de Samantha contre moi. L'espace d'un instant, je ressens la nostalgie de la première année, lorsque notre trio était la seule chose capable de sauver le monde d'un danger imminent... Qui aurait pu croire que des années plus tard, nous serions ledit danger ? Une larme roule le long de ma joue, provoquant le départ de sa jumelle dans l'oeil de la Banshee.
Aoile ferme le câlin, nous faisant rire. Innocents, purs et heureux, voilà les trois mots que j'aimerai garder lorsque l'image de notre trio sera plastifiée dans les livres d'histoires. C'est cette image que je veux garder. Trois amis que les aléas d'une vie chaotique ont rapprochés au point de créer une famille. Je ne sais pas ce que nous réservera demain, mais si aujourd'hui doit marquer la fin de ces années de bonheur, je veux que cette image reste.
— Heureuse de retrouver le Dauphinateur, souffle la brune.
L'oeil humide, je souris et acquiesce d'un simple sourire.
— Heureux de revoir, petite Banshee, je répond sur le même ton.
Aoile lève les yeux au ciel et me frappe à l'arrière de crâne, nous faisant rire une fois de plus. Nos sourires se répondent et on peut presque sentir le bonheur flotter dans l'air autour de nous... Jusqu'à ce que.
Parce qu'il y a toujours un "jusqu'à ce que". ll y a toujours un soucis, un pépin, qui arrive lorsque le bonheur et la joie sont à leur comble. Et nous ne sommes pas en dehors des règles et des principes. Alors évidemment, le bonheur cesse au moment même où je m'effondre sur le sol, en proie à l'une des plus grosses migraines de ma vie.
Les sourires fondent, le bonheur retombe et les expressions horrifiées et apeurées prennent la place du rire et des taquineries d'enfants. Encore une fois, l'enfance est balayée d'un revers de manche tandis que les problèmes reprennent leur place dans nos vies. Je lève des yeux sereins mais de nouveau éteints vers mes amies, qui ne disent rien mais comprennent d'un seul regard ce qui se passe.
Les esprits s'agitent et le corps, progressivement, se détruit. Je commence à tousser, admirant mon propre sang qui coule sur mes doigts à chaque contractions de ma gorge enflammée. Samantha m'attrape la main et la serre, sans un mot de plus, tandis qu'Aoile est déjà un petit peu plus paniquée et essaye de trouver une solution.
— Aoile, arrête de t'agiter, ça n'aide pas, souffle doucement la Banshee.
Je hoche doucement la tête, arrêtant quelques minutes de tousser et cracher du sang.
— On doit pouvoir faire quelque chose ! J'ai une amie sorcière qui pourrait nous aider, s'agite l'hybride.
Je pose ma main sur la sienne et secoue la tête.
— Tu es sûr ? Médée est douée dans son domaine, tu sais, lâche Aoile avec un sourire en coin.
Samantha accuse le coup et lève un sourcil, tandis que ses lèvres bougent en silence pour répéter le prénom qu'Aoile vient de prononcer. La Banshee est partagée entre excitation et surprise, tout en dévisageant sa petite-amie, tandis que je réitère mon geste. Je sens une vague de chaleur traverser mon corps et le salon s'assombrit jusqu'à devenir totalement noir et que je perde connaissance.
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Salut tout le monde !
Comment allez-vous ?
Les vacances se passent bien ?
Noël fut bon ?
J'espère que vous avez eu tout ce que vous vouliez ! De mon côté, c'était beaucoup de surprises mais de bonnes surprises ! Entre deux figurines "Iron-Man" de plus pour ma collection et deux cahier "Captain Marvel" pour écrire de nouvelles histoires, j'ai aussi eu un kigurumi "Renne de Noël" assez sympa, des bottines et des chaussons (et d'autres petits truc). J'ai même pu me remettre à écrire, notamment pour "Felidae" parce que j'ai eu de l'inspiration pendant les fêtes pour quelques scènes !
Quant à TMO, je suis revenue dessus ce matin et je n'ai pas arrêté d'écrire depuis. Seulement, au lieu des vingt chapitres.... Vous en aurez dix-sept. J'ai relu mes plans et ça ne m'inspirait pas. Je veux finir cette histoire, la boucler correctement et offrir à mes personnages les fins qu'ils méritent. Or, les plans que j'avais fait me permettait de le faire, mais en brodant trois chapitres qui n'étaient pas forcément nécessaire. Je vous l'ai dis, je n'ai plus la même pêche qu'au début pour cette histoire et je suis contente de pouvoir la boucler aujourd'hui (je posterai la fin dans la soirée également). J'espère que vous aurez aimé cet Univers et que vous serez toujours là le jour où je reprendrais cette histoire pour la peaufiner.
En attendant, vous pouvez toujours découvrir "Felidae" qui a presque atteint les 100 vues ( :o ) sur mon profil. Merci pour tout, merci pour eux, on découvre la fin dans la prochaine partie.... Et passez une bonne fin d'année avec vos familles.
Gros bisous !
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