Chapitre XIV

Les minutes sont devenues des heures, qui ont évoluées en jours. Les nuits succèdent aux jours, les arbres grandissent et l'herbe verdoie chaque matin un peu plus. Hier, j'ai même pu voir le nouveau phœnix faire son premier tour de l'île. 

Je ne sais plus quel âge il a, en fait. Je ne me souviens plus. Probablement quelques mois. Peut-être un an, au final. Je n'en sais rien. Je ne sais plus. Je crois que je m'en fiche, au final. C'est même plus que certain. Il était juste joli à observer, volant au ras des arbres quitte à les enflammer.

Parfois, lors de mes balades, je croise quelques habitants qui me posent des questions sur ce que je deviens. Que dois-je répondre, hormis que la solitude me pèse désormais ? Je ne sais même pas où T'Shael se cache ! Est-ce qu'il est parti avec Samantha ? C'est possible. 

Je ne sais plus depuis combien de temps Milo est parti. Une semaine ? Peut-être deux ? Je suis nul pour compter ce genre de chose sans un calendrier. Depuis son départ, Aoile est introuvable, me laissant seul dans la petite maison devenue silencieuse. 

Je ne saurais dire si je m'ennuie ou si j'apprécie cette solitude. Disons que j'y suis habitué, même si je ne me souviens pas de la dernière fois où j'étais effectivement tout seul, que ça soit dans ma tête ou ailleurs.

Seul avec mes livres, ruminant sur mon sort. Qu'est-ce qui a raté pour que Samantha refuse de me croire ? Que Milo s'en aille ? Qu'Aoile s'isole ? Mon but était de les diviser, pas de m'isoler ! Thomas pouvait faire ça tout seul, pour être honnête. 

Une grimace fleurit sur mon visage. Suis-je en train de devenir comme lui ? Je crois que je sens pointer des remords ! Le plan n'a pas fonctionné comme prévu, mais il a marché ! Samantha ne reviendra probablement pas tant qu'elle me pensera...différent. 

Et si elle et Aoile ne règle pas leur conflit, alors j'ai le champ libre pour éliminer le véritable possesseur de ce corps ! Lâchant mon livre, je me pose sur le sol pour me concentrer sur mon esprit, cherchant à me retrouver avec les autres. 

Je fais le vide dans mon esprit, me focalisant uniquement sur mon cerveau. Laissant mes yeux virer au blanc sous mes paupières, je garde en tête mon reflet, aka Thomas, afin de ne pas rester coincé dans une autre dimension.

— Tu en as mis du temps, pour revenir. Doit-on s'inquiéter de tes motivations ? Ou est-ce que tu as rencontré une jolie fille ?, se moque soudainement Cynique-Thomas, me faisant sursauter. 

Je réponds avec un mouvement d'épaule et en levant les yeux au ciel. Je me lève, appréciant de pouvoir à nouveau me déplacer comme un esprit, sans sentir une attache au sol ou à un corps. Cynique m'observe, son éternel sourire sur le visage. 

— Dois-je te féliciter pour avoir séparé les deux filles, ou m'inquiéter de te voir t'en préoccuper ? Parce que tu as l'air....soucieux, souffle-t-il d'un air mauvais. 

D'un seul coup, toute ma colère afflue et je me tourne vers lui, l'air menaçant. Il recule, pas impressionné. Son sourire est toujours là et ses yeux se remettent à briller, tandis qu'il applaudit lentement mon accès de rage. 

Mon propre sourire vient faire écho au sien, appréciant de sentir à nouveau cette puissance latente dans mes muscles. Comme si je l'avais bridée trop longtemps. Derrière moi, un bruit de sanglot étouffé me parvient, tandis que Dépressif apparaît. 

— Elles ne sont plus ensembles ! C'est tellement triste... Vous pensez qu'elles arriveront à se réconcilier ? Et Milo ? Est-ce qu'il va revenir ? Il est tellement mignon, il ne faudrait pas qu'il se fasse mal ! Oh, je l'espère tellem-, commence-t-il avant que Cynique ne lui assène une claque monumentale. 

Dépressif éclate en sanglot tandis que Cynique éclate de rire. Quant à moi, j'observe simplement la scène avec indifférence. A côté de moi, un soupir de désapprobation se fait entendre, tandis que Thomas apparaît à son tour, les bras croisé. 

Le jeune homme est pâle, il semble fatigué. A force de se battre continuellement contre moi, ses forces s'amenuisent. La seule raison pour laquelle il est encore en vie, c'est parce qu'il est toujours lié à ce corps. Mais cette fatigue qui grandit en lui peut être mon moyen de l'effacer définitivement.

Thomas avance et s'approche de Dépressif, posant une main sur son épaule, fusillant Cynique du regard. Je m'avance à mon tour, le sourire aux lèvres. Cette scène est presque touchante, en fait. On dirait presque qu'il veut protéger l'autre tête à claque.

— Qu'est-ce que tu fais ? Tu penses que tu peux le faire arrêter de pleurer ?, je demande.  

Le jeune homme me snobe du regard. C'est peut-être la première fois que je le vois me lancer ce regard mauvais. Visiblement, cette fois, j'ai peut-être réussi à l'énerver pour de bon. Assez pour qu'il tienne quelques jours de plus. 

— Boucle-là. Je crois que ça vaudra mieux pour tout le monde. Tu peux essayer de briser des couples si ça te chante, mais ça ne durera pas. Tu ne sais pas par quoi elles sont passées pour en arriver là. Moi oui. C'est pour ça que ton plan n'arrête pas de rater : tu n'y connais rien. Tu essayes de survivre comme un aveugle dans une meute de loups ! Tu penses m'avoir en jouant sur la durée, mais au final, c'est toi qu'on aura à l'usure, crache-t-il avant de s'effacer avec Dépressif.

J'échange un regard ahuri avec Cynique, qui semble aussi surpris que moi par ce retournement de situation. Mais d'où vient cette haine dans ce garçon ? Probablement de moi. Comment est-il parvenu à se nourrir de ma haine ? 

A force d'y penser, je ne remarque pas mon esprit s'effacer jusqu'à ce que je me rende compte que je suis de retour dans mon corps et que mes fesses me font mal. Depuis combien de temps suis-je assis ? Selon l'horloge, une heure et demi. 

Une heure et demi ? C'est beaucoup trop ! Je sens mes yeux se fermer, signe que la fatigue prend le dessus. Cette ordure ! Il savait probablement combien de temps je venais de passer dans notre tête et il en a joué....

Je ne m'attendais pas à ce déferlement de haine de la part d'un garçon aussi chétif que lui. Peu-être que l'on se nourrit bel et bien les uns des autres, et qu'en prenant sa place, j'ai aussi hérité des attaches qui le relie aux filles et au garçon, tandis qu'il se nourrit de ma haine. 

Mais ce choc m'a laissé sur le derrière et je ne pense pas être capable de repartir dans mon esprit aujourd'hui. Cela me laisserait fatigué et trop vulnérable, il pourrait potentiellement reprendre le contrôle. 

Il veut m'avoir à l'usure ? Alors il devra attendre. On verra bien qui mourra avant qui. Un sourire naît sur mes lèvres tandis que je me remets debout, pile au moment où Aoile entre dans la pièce, l'air épuisée. 

Je fronce les sourcils, m'approchant de l'hybride qui sourit en tombant sur mon lit, les yeux rivés vers le plafond. Je fais quelques pas hésitants vers elle, sans trop savoir ni quoi lui dire, ni quoi faire. 

— Aoile ?, je demande. 

Cette dernière soupire de nouveau et se relève, s'asseyant en tailleur sur mes draps, ses yeux rivés sur les romans étalés sur le reste du matelas. 

— Une semaine et demi et je n'ai aucune nouvelle de mon père, de Milo ou de Sam'. C'est normal ? Non. Ce n'est pas normal. Pas vrai ?, questionne-t-elle. 

Je me fige sous l'assaut de questions, pas préparé. Je ne savais pas qu'Aoile, étant hybride, puisse avoir ce genre de questionnement digne d'une fillette amoureuse qui attend une réponse à un SMS de la part de son "crush". 

— Je pense que tu t'inquiètes beaucoup trop, je réponds. 

La jeune femme émet un son que j'identifie comme étant un rire un peu faux, avant de se remettre debout. Elle m'adresse un petit sourire avant de glisser ses mains dans les poches de son jean, l'air concentré et les yeux rivés sur un point invisible.

— Je crois que vu ce que j'ai osé dire, m'inquiéter comme je le fais n'est ps vraiment superflux non, avoue-t-elle, amère. 

Je grimace. Quelque part, elle n'a pas tort. Attend, quoi ? "Elle n'a pas tort" ? C'est exactement ce que Thomas pourrait penser ! Tu n'as pas tort non plus, tu sais. Je serre les poings, sentant la colère prendre le dessus. 

Comme je le pensais, il a profité de ma fatigue pour reprendre le dessus, pouvant à présenter commencer à me parler comme s'il partageait le même cortex cérébral. Je serre les dents et me détourne, ne voulant pas qu'Aoile se doute de quoi que ce soit. 

  — Je suis certain que vous finirez pas vous réconciliez, je souffle. 

La jeune femme soupire encore une fois. Puis, elle s'avance et je sens sa main se poser sur mon épaule, alors je me tourne vers elle. Son regard froid se pose sur moi. Elle recule et croise les bras, les sourcils froncés. 

— Et hum... Je peux savoir pourquoi tu lui as sorti...ça ? Je veux dire... Je sais que vous avez une histoire assez lourde, mais lui mettre sur le dos ton problème... Ca ne va rien résoudre. Je n'y avais pas fait plus attention que ça parce que j'étais en colère, mais tu as clairement autant dépassé les bornes que moi, déclare-t-elle. 

Je m'éclaircis la gorge, mal à l'aise. Je ne peux clairement pas lui expliquer la véritable raison, sinon tout mon plan tombe à l'eau. Avec un sourire gêné, je fixe le sol et lâche un gros soupir, essayant d'avoir l'air aussi fatigué qu'elle.

Quel acteur !, se moque Thomas dans le fond de mon crâne, manquant quelques secondes de me faire sortir de mon "rôle". Je couvre rapidement la grimace qui a découlé de cette interruption intempestive et me frotte les yeux.

— Disons que sur le moment, j'étais en colère aussi. Elle semblait dire que j'étais différent, que ça n'était pas moi... Comme si elle refusait de me voir grandir, au final. Et j'ai trouvé ça dérangeant, dégoûtant. Je voulais simplement qu'elle me voit comme l'adulte que je suis, c'est tout, je confesse.

La jeune femme me sourit et me prend dans ses bras quelques secondes, tandis que je lâche un soupir de soulagement presque inaudible. Elle y croit ! Un petit bruit la sort de ce moment et la jeune femme baisse aussitôt les yeux.

De sa poche, elle sort un appareil téléphonique, autrement appelé téléphone portable, sur lequel est affiché le nom de son père. Lucifer a un portable ? Depuis quand ? Reculant d'un pas,j'observe l'hybride du coin de l'oeil.

Dans ses yeux, je peux lire l'indécision et la culpabilité. Elle a peur de ce qu'elle va entendre. De ce qu'il pourrait lui dire. Et je comprends. Je ne sympathise pas pour autant. Arrête de mentir, personne n'y croit. Je serre de nouveau les dents.

Avec précaution, la jeune femme appuie sur la touche verte et porte l'appareil à ses oreilles, prenant une grande inspiration. De mon côté, je m'éloigne encore, ne voulant observer que le regard de la jeune femme, afin de deviner ce qu'il se passe.

Au départ plutôt stressée, la jeune femme commence à se détendre et finit même par sourire tandis qu'un cri de joie émane du téléphone, que je devine être Milo. Je ne sais pas qui lui parle, si c'est réellement son père, mais l'hybride raccroche avec un énorme sourire et les larmes aux yeux avant de m'annoncer une véritable bombe :

— Samantha rentre. Elle va revenir !

Je t'ai dis qu'on t'aurais à l'usure, mon "pote".

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Coucou tout le monde !
Comment ça va ?
Vous avez passé un bon week-end et un bon début de semaine ? Vous avez pu profiter de tout ce temps pour avancer dans vos lectures et vos romans ?

Je suis désolée de poster aussi tardivement, je n'avais juste pas écrit ce chapitre en fait. Mon weekend fut complet et ultra chouette donc j'en ai profité mais je n'ai pas pensé à écrire... Et du coup, voilà quoi 😂 ! J'espère que vous aimerez ce chapitre malgré tout, c'est un peu un one shot... :/ Promis, je m'y prendrai à l'avance après !

Du coup, je vais essayer d'en écrire deux pour ce samedi, parce que je ne suis pas sûre de pouvoir en poster un mercredi prochain :/. Mais bon, plus que sept parties avant la fin de cette trilogie, selon Wattpad ! Vous êtes prêts à connaître le dénouement de tout ça ? Savoir qui va gagner sur qui, si Sam' & Aoile vont se réconcilier ? Moi oui ❤️

En plus, j'ai récupéré aujourd'hui les Fan-Arts OFFICIELS (de l'artiste avec laquelle je me suis associée, Aka Laedde) pour mon prochain roman de SF : Felidae ! #Surexcitée

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