Chapitre VII

Sourdine. Mes oreilles sont en sourdines. J'entends quelqu'un crier mon nom, mais je ne parviens pas à bouger. Comme si...je ne contrôlais rien. Je demande à mon cerveau de faire bouger mes doigts et sens avec bonheur mes doigts suivre la commande.

Petit à petit, je retrouve le contrôle de mon corps et distingue clairement la voix de Samantha m'appeler. Un grognement sourd sort de ma gorge tandis que je me frotte les tempes, comme si je venais de me prendre un coup à la tête.

Mes yeux retrouvent le monde des couleurs et au début, je ne vois que du vert. L'herbe, les arbres, les feuilles, tout est vert. Petit à petit, je vois à nouveau le ciel, ma veste et une silhouette humaine penchée au-dessus de moi.

Samantha est clairement inquiète, comme en témoigne l'éclat dans ses prunelles. Je fronce les sourcils, réalisant que je suis allongé et non assis. Et qu'elle est toujours au-dessus de moi. 

— Hum.... Tout... Tout va bien ?, je demande, incertain. 

La jeune femme fronce les sourcils et se relève, me tendant la main pour que je fasse de même. Je prends la main tendue et me sens être hissé jusqu'à ce que je me retrouve sur mes jambes. Je chancelle légèrement, avant de sourire lorsque mon équilibre revient. Tout cela ne dure que quelques secondes, jusqu'à ce que Samantha me pousse, extériorisant son stress ou sa colère, je ne saurais dire.    

— Tout va bien ? Non ! Je me suis réveillée et tu... Tu t'étouffais ! Je ne savais pas quoi faire, j'ai vraiment paniqué ! J'ai essayé de te réveiller, mais ça ne marchait pas ! Après, tu t'es calmé pendant quelques secondes, mais tu respirais à peine ! J'ai dû faire un massage cardiaque ! J'ai failli... J'ai failli crier ! Pour TOI !Bordel Thomas, j'avais pas besoin de ça, s'exclame-t-elle.

Instinctivement, je porte une main à ma gorge, soulagé de ne pas sentir de doigts ou la moindre trace de boursouflure.

Je me souviens de m'être senti étouffé. De doigts chauds sur ma gorge, essayant de me tuer. Je me souviens avoir senti l'air quitter mes poumons. Mais ça n'a pas duré.

Sans m'en rendre compte, j'inspire un peu plus d'air, comme par compensation. J'ai failli mourir. Et j'ai l'impression que ça ne me fait ni chaud ni froid.

Toujours fâchée, Samantha alterne les regards furieux en ma direction et les petits regards furtifs autour de nous, comme si elle s'attendait à voir quelqu'un surgit de l'ombre.

Je m'avance vers elle et pose mes mains sur les siennes, hésitant un peu avant de lui sourire. Si la démarche m'a paraît familière, elle reste peu naturelle.

— Je vais bien. Tout va bien. C'était une grosse séance, après plusieurs années d'arrêt... Forcément, tout n'allait pas se passer comme sur des roulettes ! Mais tout va bien, personne n'est mort, je lâche avec une pointe d'humour, espérant la voir sourire.

Mais la jeune femme ne semble pas le moins du monde réceptive à mon humour, se contentant de reculer, repousser mes mains et murmure quelque chose que je n'entends pas.

Elle passe une main dans ses cheveux libres et lève la tête vers le ciel, comme si elle formulait une prière. Fronçant alors les sourcils, je recule à mon tour, observant la Banshee d'un œil curieux.

Est-ce que c'est sa conversation avec Uriel qui l'a mise dans cette état ? Est-ce qu'elle a réussi à voir Uriel au final ? Non, parce que c'était pas gagné ! C'est peut-être ça le problème...

— Heu... Sam' ? Elle t'a dit quoi Uriel ? Enfin, est-ce que tu as vu Uriel ?, je demande, à la fois inquiet, curieux et surpris pas l'attitude de la jeune femme.

Finalement, la Banshee se tourne vers moi et secoue la tête. Ses yeux ne me regardent même pas, ce que je ne peux m'empêcher de trouver étrange.

— Rien de bien intéressant. Juste que l'Equilibre était bien rétabli, que les créatures du Chaos ne devraient plus nous poser de problèmes et qu'elle est vraiment fière des liens plus fraternels qui se sont tissés entre ses frères et sœurs encore en vie, répond-elle de manière laconique.

Je souris et me redresse un petit peu, pas peu fier d'avoir réussi à établir le contact entre les deux femmes. Mettant de côté le ton assez blasé de la jeune femme, je décide de me concentrer sur les bonnes nouvelles.

— Tu vois, on a réussi ! Il n'y a plus rien à craindre maintenant ! Je suis capable d'utiliser mes pouvoirs et je n'ai mis personne en danger. Un vrai héros, je termine. 

La jeune femme hausse un sourcil avant d'éclater de rire. Je souris encore plus grand, l'entendant enfin rire. Mes zygomatiques me font mal, mais je suis content de pouvoir agir comme un gamin. De retrouver mon petit côté enfantin.

— Oui, on a réussi. Mais tu es sûr que ça va ? Tu avais vraiment l'air... perturbé. Je veux dire, comme si quelqu'un t'étranglais. Et pas dans le style Blanche-Neige, plutôt gros film d'action, s'enquiert la jeune femme.

Je souris et hausse les épaules avec désinvolture.

— Je ne me souviens pas de grand-chose, pour être honnête. J'ai senti le manque d'air, mais c'est à peu près tout... C'est possible qu'un esprit malveillant ait tenté de me faire du mal, mais je n'étais pas physiquement présent dans mon corps, donc les dommages n'auraient pas été fatals, quoi qu'il arrive, j'explique.

La jeune femme fronce les sourcils et se bouche se tord en une grimace de surprise.

— Comment ça ?, demande-t-elle.

Je cligne des yeux.

— Quand un Oracle envoie quelqu'un en transe, il se met lui-même dans une sorte de transe psychique qui le déconnecte de son corps. Du coup, si un esprit l'attaque ou tente de le tuer, l'esprit de l'Oracle peut décider de se reconnecter à son corps et ça annule tout ce qu'un esprit aurait pu faire, je déclare.

La jeune femme soupire.

— Et... Et si l'esprit trouve un moyen de s'infiltrer dans le corps de l'Oracle ?, demande timidement la Banshee.

J'éclate de rire.

— C'est impossible. Et par là, je veux dire "Dieu impossible". Un esprit reste un esprit et ne peut remplacer celui d'une personne vivante. Ça n'est jamais arrivé et je doute que ça arrive un jour, je termine.

La jeune femme ne répond pas, terminant cette conversation sur un sourire plutôt étrange, comme si elle ne croyait pas mes explications. Pourtant, même Aoile pourrait lui dire la même chose. Dieu ne peut se permettre d'accepter de telles choses. Les esprits et les vivants ne cohabitent pas.

Reprenant ma veste, je la secoue avant de l'enfiler, sentant un petit vent frais se lever. A quelques mètres de nous, la lourde porte de l'entrepôt s'ouvre à nouveau et la bouille enfantine de Milo apparaît, sourire aux lèvres.

Il se précipite sur Samantha, qui passe d'ombrageuse à souriante en quelques millièmes de seconde et ouvre les bras pour attraper l'enfant. Aoile sort à son tour, plus lentement, refermant la porte d'un geste sec et maîtrisé.

Son regard se porte d'abord sur Samantha, avec laquelle elle semble échanger quelque chose que je ne saisis pas, avant de se poser sur moi. Je me raidis sans le vouloir lorsque les yeux orages d'Aoile me scrutent.

Il n'y a pas à discuter, cette couleur d'yeux met mal à l'aise quoi qu'il arrive. J'ai beau connaître Aoile depuis longtemps, j'ai horreur de la voir me regarder aussi longuement, comme si j'étais fautif de quelque chose.

L'hybride s'approche de moi tout en continuant d'échanger des regards rapides avec Samantha, tandis qu'une boule de poils chaude retrouve sa place dans ma poche, me sortant de mon malaise.

« Tout va bien Thom' ?», demande T'Shael.

Je caresse distraitement la tête du Brownie.

— Nickel, je souffle.

Arrivée à ma hauteur, l'hybride s'arrête et me défigure, provoquant un long soupir de ma part. Je lève une main en l'air, puis l'autre, ouvrant de grands yeux.

— Je vais bien, j'insiste.

La jeune femme croise les bras sur son torse.

— Je n'en doute pas. Mais tu as fourni un effort plutôt intense et tu ne sembles pas en ressentir le moindre effet, lâche-t-elle.

Je cligne des yeux. Hein ? Mais de quoi est-ce qu'elle parle ? Déjà, je n'ai aucune idée du taux d'énergie que cette séance m'a demandé... Et ensuite, je pensais qu'elle voulait parler de mon étranglement !

— J'en sais rien moi, c'est mon corps, il réagit comme il veut, je bougonne.

L'hybride lève un sourcil, peut satisfaite de ma réponse. Elle est droite, le regard inquisiteur et semblant sonder mon âme.

— Certes, ponctue-t-elle.

Je souffle, passablement énervé. Je sens T'Shael essayer de me calmer, ayant probablement peur que je ne laisse place à une autre de mes personnalités en cas de grosse colère. 

— Écoute, Sam' a pu voir Uriel, tout va bien dans le meilleur des mondes et je suis en pleine forme, d'accord ? Si ça se trouve, j'aurai des tas de courbatures demain, où je vais dormir pendant une semaine. On en sait rien ! D'ailleurs, on ne sait même pas quel taux d'énergie m'a été demandé, parce que personne n'avait fait ça avant moi ! Donc arrêtez d'être inquiètes pour un rien, ça devient lourd, j'éructe.

Il y a une part de vraie. J'en ai assez d'être vu comme un gamin dont il faut s'occuper, dans le style "boulet dont personne ne veut". Je sais que je n'ai pas évolué comme les autres, ni même avec eux...

Mais ce n'est pas une raison. Je suis capable de prendre soin de moi. Et les voir toujours inquiètes de ce que je vais dire, faire ou comment je vais réagir commence à me peser sur les nerfs.

Visiblement, j'ai touché un point sensible car Aoile baisse les bras et le regard, ébranlée par quelque chose. Elle bouge, faisant un pas en avant, puis deux en arrière, cherchant un équilibre qu'elle ne trouve pas.

Levant les yeux une nouvelle fois en ma direction, elle se mord la lèvre inférieure et hoche frénétiquement la tête, plissant les yeux. Ses épaules de haussent et elle recule de quelques pas, me laissant seul et à l'écart.

— D'accord. Pas de soucis. On va arrêter de faire comme si ta santé ou même toi compte à nos yeux et te laisser gérer tout seul, puisque tu le fais si bien, lâche froidement l'hybride.

Milo me regarde sans comprendre, tandis que Samantha semble plutôt m'analyser. Pas pour savoir si je vais bien ou non, mais plutôt pour comprendre pourquoi je réagis ainsi. Avec un soupir, je fais un pas en avant et me détend.

— Ok, d'accord, vous avez raison. Je suis désolé. C'est juste que... Je viens d'utiliser mes pouvoirs pour la première fois depuis presque cinq ans, pour envoyer Samantha dans une autre dimension, tout en sachant que la moindre boulette nous tuait tous les deux. Je me réveille et Sam' m'apprend qu'on a tenté de m'étrangler... C'est juste lourd à digérer, j'avoue.

Les deux jeunes femmes me sourient tandis que Milo vient me prendre la main, me tirant vers le trio qui m'attend. Ensemble, nous quittons les alentours de l'entrepôt pour déposer Milo chez ses parents adoptifs, tout en discutant de tout et de rien.

On traverse la ville pendant plusieurs minutes, chaque changement commenté par Aoile ou Samantha, qui semblent fières de l'évolution d'Idan après la guerre et ponctués par le rire de Milo quand un mot compliqué ou à consonnance rigolote est prononcé.

Finalement, il nous faut vingt-cinq minutes pour arriver jusqu'à la demeure où réside Milo, une grande maison sur trois étages, avec un énorme jardin et deux terrasses. Le couple nous salue avec entrain et Milo disparaît à l'intérieur en quelques secondes, accompagné de rire d'enfants.

Le couple est composé d'une jeune femme rousse très dynamique, avec de jolies lunettes rondes et un jean délavé par les années et d'un homme plus âgé qu'elle d'environ dix ans, aux cheveux gris et au ventre bedonnant, mais avec un visage jovial et presque enfantin par instant.

Je recule de quelques pas, laissant les deux filles discuter avec le couple pour observer Milo, désormais dans le jardin avec ses deux frères et sœurs d'adoption. Ils jouent avec une balle et dans un concert de rire qui pourraient presque me réchauffer le cœur.

Oui, presque. Un sourire narquois naît sur mon visage devant cet adorable tableau, que n'importe qui aurait adoré observer. Seul un cœur de pierre ne ressentirais rien face à tout ça. Malheureusement, je n'ai pas de cœur. Seulement un esprit.

Si seulement tu pouvais voir ça, Thomas...

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TIN TIN TIIIIIINNN !
Ça va vous ? 😂
Vous passez un bon mercredi? 👍
Je vous l'avoue, je ne sais pas si la fin du chapitre est claire ou non... x) 

Je sais, je sais. Deux chapitres ? Pourquoi pas attendre samedi ? 

Hum déjà, parce que j'ai prévu de bosser ce week-end, mais vraiment bosser sur mes cours et devoirs à rendre, donc je n'aurai pas trop trop le temps de revenir sur TMO x). Ensuite, parce que j'ai eu une énorme poussée d'inspiration pour "Felidae", qui avance à vitesse grand V grâce au NaNoWriMo :o ! Je pense que j'aurai (peut-être) fini les 15 premiers chapitres d'ici la fin du mois. Maaaaayyybeeee... xD 

Dernière raison  : ce sont les 17 ans de ma soeur. Alors, pour vous ça change rien, mais pour moi, ça fait une bonne raison de célébrer quelque chose, alors voilà :) Deux chapitres de TMO, pour compenser le fait que POTENTIELLEMENT, il n'y en aura pas samedi. C'est possible qu'il y en ai un, si je me bouge l'arrière-train demain et vendredi x) . 

Je ne sais pas trop si ce rythme vous plaît ou non ? 

Est-ce que les journées vous vont ?

Bisous bisous ! 

A samedi !




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