Chapitre VI
J'ai accepté. Alors je sais, ça n'étonne probablement personne d'autre que moi, mais j'ai accepté. Une part de moi veut se mettre ce défi pour occuper notre cerveau et éviter tout incident regrettable, tandis qu'une autre partie, encore plus infime que la précédente, veut simplement savoir si nous en sommes capable. Quand a la majorité de mon cerveau malade, il est contre cette décision. Ce qui, encore une fois, ne surprend personne.
Quelque part, il n'y a rien de compliqué. Tout ce que j'ai à faire, c'est de laisser mes pouvoirs s'infiltrer dans mes veines, jusqu'à ce que mes yeux deviennent blancs et que Samantha puisse y chercher ce qu'elle veut trouver. L'un des seuls détails qui peuvent tout faire rater, c'est que mon esprit doit être totalement vide, ou concentré sur ce que la personne veut trouver. Autant vous dire qu'en cet instant... C'est raté.
Mais j'ai toujours été le genre de garçon à accepter des défis qu'il ne peut réaliser. Tout simplement parce que j'adore sentir l'adrénaline prendre possession de mon cerveau, de mes muscles et de tout mon système veineux. Je suis comme un drogué, impression chèque réaction de mon corps lorsque mon cerveau, se sentant libéré de toute pression, prends des décisions complètement irrationnelles.
Certes, sur Idan, il n'y avait pas de grosse soirée à l'américaine, avec des tas de gosses, une piscine, des gobelets rouges et parfois des substances illicites. Pas non plus de fille canon en maillot de bain, ou tout ce que la télé peut nous montrer comme connerie. On est même très loin de ce genre de stéréotype... Mais les soirées... Ah, nos soirées... Disons qu'on savait s'amuser.
Est-ce que c'est pour ça que j'ai accepté de contacter une Archange décédée, habitant potentiellement dans une réalité parallèle ? Probablement. Est-ce que je suis la personne la plus stupide de l'univers ? Sans aucun doute. Vais-je donc expliquer calmement à Samantha que je suis incapable de faire ce qu'elle me demande et que même si je pouvais le faire, le jeu n'en vaut pas la chandelle ? Pas du tout.
— Tout est prêt ? Est-ce que tu as besoin de quelque chose de spécial ?, me demande Samantha, me sortant de mes réflexions.
Tout en lui offrant un sourire plus que bancal, je roule des yeux et me laisse choir sur le sol en un mouvement peu gracieux.
— Des couilles, je réponds du tac-au-tac.
La jeune femme se fige et je l'entends tousser discrètement, essayer en d'effacer sans grand succès le sourire amusé qui naît sur ses lèvres. Et me lance un regard de travers et vient gentiment me frapper l'arrière du crâne, dans un mouvement aussi affectueux qu'enfantin. Je glousse avec elle, appréciant cet instant.
— Je demandais ça pour la séance, pas en général, répond-elle sur le même ton, avec une pointe d'ironie, sauce Aoile.
Je hausse un sourcil, amusé de voir à quel point elles s'imitent l'une l'autre lorsqu'elle ne sont pas ensemble. S'en est presque écœurant, en réalité. Mon cœur se serre et je refoule une pensée amère sur Arrynn et son comportement pour sourire à la jeune femme.
— J'avais compris, je rétorque.
Samantha secoue la tête et je l'entends soupirer, m'observant comme si j'étais un nouvel enfant dont il faudrait s'occuper. Je me contente de basculer en arrière, laissant ma tête reposer dans l'herbe avec bonheur. Fermant les yeux quelques secondes, je prends le temps d'apprécier le doux fumet de la nature et la fraîche brise de cette fin d'après-midi. Un sourire naît sur mes lèvres jusqu'à ce que Samantha brise ce charme bucolique :
— Il y a probablement des dizaines de milliers de bestioles qui grouillent dans les hautes herbes tu sais ?
Je relève la tête d'un geste brusque, faisant reculer la Banshee. La fusillant du regard, je soupire et me passe une main nerveuse dans les cheveux, essayant de ne pas sentir un quelconque animal y passer.
— C'est nécessaire ?, je grogne, désormais peu enclin à m'asseoir par terre.
Je me relève et dépose précautionneusement ma veste sur l'herbe avant de m'asseoir dessus, tandis que Samantha, désireuse de se racheter, se pose face à moi.
— Désolée, déformation parentale. J'ai passé tellement de temps à faire comprendre à Milo que non, les hautes herbes ne regorgeaient pas de raptors que j'ai préféré lui parler des petites bêtes qui y grouillent, m'explique-t-elle.
Je fronce les sourcils et ma bouche s'entrouvre légèrement.
— Tu as laissé Milo regarder "Jurassic Park" ? Il a neuf ans, je proteste.
Devant mon air à la fois choqué et ahuri, Samantha lève les mains vers moi pour couper court à une discussion sur ce sujet. La jeune femme soupire et se force à me sourire.
— Ce n'était pas mon idée, précise-t-elle.
Je lève les yeux au ciel. "Sérieusement", dit mon visage à la jeune femme tandis qu'elle hoche lentement la tête. Quelque part, j'aurai dû m'en douter. Je pense que Milo est malin et qu'il peut faire faire n'importe quoi à n'importe qui, en utilisant simplement les bons arguments. Et ce n'est pas la réponse de la jeune Banshee qui me prouve le contraire :
— D'après lui, c'était nécessaire pour comprendre son cours d'Histoire. Et tu connais Aoile, elle n'est pas vraiment allée vérifier...
J'éclate de rire et approuve de la tête. C'est typiquement Aoile. Mais qui peut lui en vouloir ? On aurait tous fait pareil à sa place je pense... Alors que j'allais renchérir, Samantha me coupe net dans mon élan :
— Bref ! Passons au problème. Que faut-il que je fasse pour entrer en contact avec Uriel ? Est-ce que ça demande une invocation spéciale, des bougies, un truc ?
Je plisse les yeux, perdu.
— Une...invocation ? Mais qu'est-ce que ? De quoi tu parles ? Je suis un Oracle Sam', pas une magicienne vaudoue, je réponds.
La jeune femme croise les bras sur son torse, visiblement vexée par ma réponse. En même temps... Qu'est-ce que c'est que ces questions ?
— Excuse-moi de ne pas tout connaître sur les Oracles, lâche-t-elle avec un humour...douteux.
Je lève les yeux au ciel. Samantha n'a jamais vraiment été la plus grande humoriste que je connaisse, c'est un fait. Mais je sais aussi qu'elle en sait bien plus sur la magie qu'elle ne le dit et que cette demande n'avait pour but que de me tester. Dommage, je suis toujours rôdé et un peu malin.
— S'il y a une appellation différente c'est pour une bonne raison... De toute façon non, on a pas besoin d'invoquer quoi que ce soit, si ce n'est une grosse dose de courage et une pincée de bonne volonté. Oh et heu... A moins de vouloir mettre le feu à la forêt ou tes vêtements, je te déconseille d'allumer ne serait-ce qu'un briquet, je termine.
La jeune femme lève les yeux au ciel et son visage se crispe, signe qu'elle se concentre. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai cette...fascination pour les visages concentrés. Chacun en a un différent. Il y a ceux qui n'ont plus conscience de rien et qui se lâche totalement, en tirant la langue, parlant tout seul, ce genre de chose. Et il y a ceux qui sont presque plus concentrés sur "comment avoir un visage concentré", qu'ils oublient de se concentrer. Un claquement de doigts impérieux me ramène à la réalité et je croise les yeux moqueurs de Samantha.
— Je croyais que c'était à moi de me mettre en transe ?, se moque-t-elle.
Je ris à sa pique et la laisse se mettre dans l'état d'esprit qu'elle désire. Face à moi, je la vois cligner des yeux et souffler, comme si elle s'apprête à faire un marathon. Une certaine appréhension fait place à la confiance habituelle que j'ai lorsque je tente ce genre de chose. Après tout, je m'apprête juste à changer de dimension. Potentiellement.
— Focalises-toi sur Uriel. Pense à elle, ou à quelque chose qui te revient à son propos. Fait le vide dans ta tête et remplit ce vide par Uriel, lui dis-je, me forçant à penser à autre chose.
La jeune femme laisse échapper un rire mais se recompose si vite un visage plus concentré que je crois à une hallucination auditive. Décidément, il n'y a rien qui va chez moi. Je ne peux pas penser que ça va rater, sinon je risque de laisser l'esprit de Samantha dériver dans un néant que je ne contrôle....potentiellement toute sa vie. Qui, du coup, sera courte. Me reconnectant au présent, je prend conscience du silence qui m'entoure. Samantha est désormais pleinement concentrée, les yeux clôt, sans doute pour se focaliser sur Uriel. Expirant longuement, je tends mes bras vers la Banshee, paume vers le ciel et laisse mes pouvoirs affluer.
Lentement, je sens le bout de mes doigts chauffer et j'observe avec un petit sourire victorieux les fines lignes blanches qui se dessinent sous ma peau. Elles remontent doucement vers mes poignet, passant sous les manches de mon haut pour grimper sur mon torse, mon cou et venir se connecter à mes tempes, qui transmettent la couleur à mes yeux. Le temps que Samantha ouvrent les siens, elle plonge directement dans les miens et l'univers autour de nous disparaît. Aucun de nous n'est conscient de ce qu'il se passe réellement aux alentours. Une licorne pourrait surgir qu'on ne la remarquerait pas.
Nos corps sont connectés à la terre, mais nos esprits sont ailleurs. Enfin, celui de Samantha. La Banshee est toujours physiquement face à moi, mais ses yeux devenus tout aussi blanc que les miens m'indiquent qu'elle n'est plus... Avec moi. Je suis tout seul. Je ne sais pas si elle est parvenue à entrer en contact avec Uriel, ni même si Uriel va lui répondre, si elle y est arrivée. Je suis entre les deux. Entre Idan et Uriel, entre réalité et psychisme. Mais au moins, je suis seul. Et c'est agréable. Enfin, je crois. Je ne sens rien affluer dans ma tête, personne qui essaie de prendre le contrôle.
— Thomas, Thomas, Thomas, siffle une voix sur ma droite.
C'est moi. Enfin, c'est presque moi. Si on ne tient pas compte du fait qu'il n'ait pas de lunettes, que ses cheveux soient en bataille et que ses yeux sont entièrement noirs, comme ceux d'un démon. Mais c'est bien moi. Même taille, même corpulence, même timbre de voix... N'importe qui tomberait dans le panneau. Mais pas moi. Je sais qui il est. C'est ma version...colérique. Plus fort, plus instable, plus revanchard, il est exactement la pire chose qui puisse m'arriver à cet instant précis. Mais comme je ne suis pas connecté à mon corps, il ne peut pas prendre le contrôle.
— Oui... Thomas ?, je réponds, plutôt mal à l'aise à l'idée de me parler tout seul.
Ce dernier m'offre un sourire digne du plus grand psychopathe que la Terre ait pu porter et fait un pas en ma direction, observant désormais Samantha, à quelques pas de lui. Je m'avance également, prêt à frapper s'il tente quoi que ce soit. Mon double se tourne alors vers moi, moqueur.
— Tu vas faire quoi ? Te frapper ? Avec un peu de chance, tu vas te faire mal. Au pire des cas, passer pour un abruti fini, puisque je ne suis qu'une projection de ton esprit, ricane-t-il.
Je souffle. C'est ma journée, c'est ça ? Le festival des moqueries ? Vous savez, ça serait bien de prévenir quand c'est le cas. Non parce que depuis mon retour, je m'en prends plein la gueule et ça ne semble déranger absolument personne ! En plus maintenant c'est même pire, c'est-à-dire que je m'auto-clash. Parfait.
— Moi aussi je suis heureux de te voir, soufflé-je.
Colère-Thomas hausse un sourcil, visiblement peu touché par ma tentative d'ironie. Fléchissant les genoux, il prend la mine d'un parent admiratif de son enfant pour me répondre :
— Mais c'est un bon garçon ça ! Un bon petit Dauphinateur tout mimi !
Ai-je précisé vouloir mourir ? Je jette un œil à la Banshee, histoire de voir si sa discussion avec Uriel se termine, mais elle ne semble pas vraiment sur le point de revenir à elle. Génial. De mieux en mieux. Je vais devoir rester et essayer d'ignorer ma propre image. Mon double observe également la Banshee et je l'entends se mettre à rire, ce qui me donne la chair de poule. Il ne parvient plus à s'arrêter mais je lui tourne le dos, histoire de ne plus voir son...mon visage.
Erreur. A peine ais-je tourné mon dos que je sens deux mains m'attraper le cou, me faisant suffoquer. Comment ? C'est impossible ! Il ne peut pas interagir physiquement avec moi alors que je ne suis qu'un esprit ! Non seulement ce n'est pas possible, mais c'est tout bonnement..bah impossible. Ça défie tout ce que l'Univers a pu écrire ! Tout ce que Dieu lui-même a pu écrire. Et j'ai pu avoir des preuves qu'un Dieu existe. Alors il ne peut pas....réécrire les règles. Même pour le faire chier !
— Mais tu oublies, Thomas, que tu es mort. Si tu peux encore fouler ce sol, c'est grâce à nous. Tu n'as plus rien d'humanoïde. Tu n'obéis plus aux codes crées par Dieu. Tu es mort. Nous, en revanche, sommes en vie. Et nous te gardons en vie, pour que nous puissions jouir d'une vie. Nous sommes une créature unique, Thomas. C'est peut-être un jeu, mais il n'y a plus de règles, ricane-t-il tandis que j'essaye de retrouver une respiration normale.
Avec horreur, j'aperçois les paupières de Samantha commencer à bouger. Si elle se réveille, si elle rompt le contact... Ma gorge est en feu mais j'essaie tout de même de crier, de lui demander de reste une minute de plus en connexion. Mes pieds se mettent à bouger, comme mes mains. Ma bouche s'ouvre pour hurler tandis que je vois les yeux de la jeune femme devenir vert... Et tout s'éteint.
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"You lost..."
Hey guys !
Comment ça va ?
Chapitre 6, yes ! Bon sang. Je peux vous le dire, je l'ai écris samedi soir, en même temps que le chapitre final et l'épilogue. J'ai eu une grooosse montée d'inspiration et j'ai tout fait d'un seul coup, histoire de boucler tout ça avant que ça ne parte.
Accrochez-vous, parce que cette partie va être un peu longue. Mais il faut que je vous en fasse part, parce que vous êtes là depuis le début de la saga et que si je ne le faisais pas, ça n'aurait aucun sens, ni pour vous ni pour moi. Donc voilà, GROS PAVÉ EN APPROCHE !
Je n'en peux plus. J'y arrive plus. Si je suis honnête, je pense savoir ce qui ne va pas. Quand j'ai écrit TLB, je pensais que ça serait un tome unique et j'ai commencé l'histoire ainsi. Puis, je me suis rendue compte que ça serait trop en un tome, donc j'en ai fais deux.
Mais comme une amie m'a dit, le tome 3 est peut-être "de trop". Qui plus est, avec l'Angleterre qui ne m'aide pas à avoir le moral, "Felidae" qui est tout bonnement mon amoureuse du moment (XD) et d'autres trucs perso, j'ai du mal à entrer dans l'histoire.
Pourquoi ? Parce qu'elle est dure. Au niveau émotionnel. Thomas, pour le moment, ça va. Mais il a un soucis au cerveau et ça va lui revenir dans la tronche avec violence. Et je n'ai pas envie de me déprimer encore plus avec lui. J'ai la fin en tête, je sais comment se finit l'histoire du trio et je crois que je n'ai pas envie de leur dire au-revoir....
Mais au-delà de ça, il y a encore plus "grave", si je peux le dire ainsi. J'ai commencé TLB en 2017, soit il y a bientôt deux ans de cela. Et j'ai ÉNORMÉMENT changé en deux ans. L'histoire actuelle ne correspond plus ni à mon style, ni à mon niveau. Et j'ai du mal à y revenir.
Surtout que si je le faisais, c'était pour mes lecteurs, pour mon public ! Mais s'ils s'en vont, à quoi bon ? Si eux aussi en ont marre, à quoi bon ? Autant poster un message, raconter la fin et laisser l'histoire comme ça ! Je ne veux pas le faire parce que Thomas est mon perso' favoris et que la fin de son tome se doit d'être aussi parfaite que le personnage. D'être bien amenée.
Mais je n'ai plus envie de me forcer à écrire "bien" pour des lecteurs qui s'en fichent et quittent le navire en pleine mer. Alors je l'annonce ici, pour tout le monde : le chapitre 20 sera le dernier. Le tome III fait la moitié des précédents. Pour toutes ces raisons.
Et je compte prendre assez d'avance pour poster le mercredi et le samedi, à partir du 14 Novembre. Donc ce tome sera fini avant Noël, avant la nouvelle année. En 2019, on commence une nouvelle page de mon histoire. Et j'espère que vous serez au rendez-vous 🧡
Bisous à tous 🧡
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