Chapitre XXXIV
Lorsque je quitte le bureau de ma tante, je ne peux m'empêcher de regarder en arrière. Mes jambes ne parviennent pas à avancer, mon cerveau oppose trop de résistance. Alors lentement, je détourne les yeux du couloir vide du Palais pour porter mon regard sur Uriel.
J'ai comme un besoin irrépressible de savoir qu'elle sera assez forte pour encaisser cette perte. La voir ainsi me brise le cœur, mais rester à ses côtés ne fera qu'empirer la situation. Ses yeux mouillés refont les contours du visage de son grand frère, tandis que ses muscles crispés témoignent de la douleur qu'elle ressent. Je ne peux la voir que jusqu'à la taille, le reste étant caché par l'imposant corps devant elle.
Sur le bureau gît Gabriel, encore plus pâle qu'à son arrivé. Le sang de ses plaies a arrêté de couler tandis que ses ailes se déplient pour venir toucher le sol, de part et d'autre de la table. Sa tête a légèrement tourné, observant dorénavant le paysage qui s'étend derrière Uriel, à travers la baie vitrée.
Mais ses yeux sont clos et je ne sais pas s'il respire toujours. Hypnotisée par ce tableau, je ne parviens pas à esquisser le moindre mouvement. Je vois Uriel bouger le bras pour venir prendre le pouls de son frère.
Elle ferme les yeux, pousse un soupir si léger que je crois l'avoir imaginé avant de retirer sa main, un triste sourire sur les lèvres. Passant une main sur le visage de Gabriel, je la vois bouger les lèvres sans comprendre ce qu'elle dit.
Puis, ses jolis yeux dorés passent de la plus profonde des tristesses à une rage sans nom. Fermant les poings, elle laisse ses ailes s'ouvrir dans un claquement sec. Sa colère semble prendre le pas sur tous autres sentiments et d'un œil ahuri, je vois ses veines se colorer de la même couleur que son regard.
Devant moi, son corps entier s'illumine d'un or brûlant avant qu'elle ne relâche toute cette puissance dans un cri. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il m'arrive qu'une onde de choc me propulse hors du Palais pour venir m'écraser dans la rue, heureusement vide.
Sonnée, je reste au sol un moment, essayant de reprendre le contrôle de mes muscles et de mes sens. Mes oreilles résonnent toujours, comme si le cri m'avait suivi jusqu'ici. Lentement, je me mets à genoux, tournant la tête vers le Palais.
Ou devrais-je dire, où se tenait le Palais il y a quelques secondes.
Devant moi se dresse une ruine, un Palais dont le premier étage a été entièrement rasé. Seul le hall se tient encore debout, désormais à ciel ouvert. Des pans entiers de murs ont disparus, réduits en une fine couche de poussière dispersée par le vent.
Les murs restants sont inégalement coupés, renforçant l'idée d'une ruine. Uriel a fait ça ? Mais comment ? Je n'avais jamais vu autant de puissance en une seule personne. Je savais que les Archanges avaient un pouvoir enfoui, quelque chose qui les rendait supérieurs aux Anges, mais je ne pensais pas qu'il s'agit de....ça.
Et pourtant, je pensais que quelqu'un comme mon Père en aurait fait usage bien avant, s'il avait pu atteindre un tel pouvoir. D'ailleurs, où est ma tante ?
En levant les yeux, je peux répondre à ma question. Uriel est encore là, se maintenant en l'air grâce aux battements, très lents, de ses ailes. Dans ses bras, elle tient le corps sans vie de son frère aîné, dont les ailes commencent à s'effriter.
Je vois de la poussière s'envoler autour d'eux, alors j'en déduis que ce sont ses ailes, que je n'aperçois presque plus. Alors c'est à ça que ça ressemble, la véritable mort d'un Archange ? Des perles salées viennent dévaler mes joues, réalisant que je viens de perdre un oncle.
Certes, je ne l'avais que brièvement connu et je doute qu'il se souvenait de moi, mais il reste un membre de ma famille, aussi dysfonctionnelle soit-elle. Quelque part sur l'île, Ramiel attend des nouvelles de son frère, sans savoir qu'il a perdu la vie. Lucifer, Ezekiel et Michael continuent de vivre, sans savoir qu'ils viennent de perdre un frère.
— Oh mon Dieu, que s'est-il passé ici ?, demande une voix dans mon dos.
Me retournant, les sens encore trop groggy pour me perdre de réaliser quoi que ce soit, je tombe nez-à-nez avec Penthésilée. Cette dernière, entièrement armée, regarde avec effarement les restes du Palais, sans penser à lever les yeux. Puis, ses prunelles croisent les miennes et elle m'offre un sourire compatissant, sans trop savoir non plus comment réagir.
— Uriel est là ?, somme-t-elle pour changer de sujet.
J'ouvre la bouche pour lui répondre mais me retiens, glissant un œil morne derrière moi, à l'endroit où je croyais avoir laissé ma tante. Ma tristesse naissante se transforme en surprise lorsque je la vois avancer vers Penthésilée, le corps de Gabriel toujours dans ses bras.
La surprise fige également l'Amazone, qui ne sait comment réagir devant ce tableau incongru. S'arrêtant à quelques mètres de nous, Uriel offre un regard vide à la Reine des Amazones, sans pour autant disposer du corps qu'elle offre à la vue de tous.
Je jette un œil au visage fermé et blanc de Gabriel, ainsi que sur ses bras, qui commencent à disparaître en fine particules. Ma tante baisse les yeux vers le corps et sourit tristement, avant de le poser sur le sol. S'agenouillant devant lui, elle pose une main sur son torse et, nous ignorant complètement, commence à fredonner l'air d'une chanson que je ne connais pas.
Sans bouger, pendant quelques minutes, personne ne parle, écoutant l'air hypnotisant d'Uriel. Cette dernière continue sa litanie jusqu'à ce que le corps est entièrement disparu, emporté par le vent.
— Poussière tu as été, poussière tu seras, murmure-t-elle.
Puis, se relevant aussi dignement que possible, elle fait face, impassible, à la Reine des Amazones. Cette dernière, clignant plusieurs fois des paupières, reporte son attention sur l'Archange.
Entre les deux, je me contente de fixer l'endroit où se tenait le corps de Gabriel, sans comprendre ce à quoi je viens d'assister. Est-ce que tous les Archanges se dématérialisent en mourant ? Ou est-ce que c'est propre à certains ?
Absorbée par mes pensées, je n'entends pas ma tante me rappeler à l'ordre. Finalement, lorsque Penthésilée me touche plutôt fermement l'épaule, je sursaute et repousse violemment sa main, comme s'il s'agissait de celle d'un ennemi.
Comprenant que ma tante a à me parler, je me tourne vers cette dernière pour affronter son regard glacial. Ses prunelles sont toujours dorées, mais c'est un doré froid et effrayant.
— Tu as désobéi à un ordre direct, commence Uriel.
Je ne réponds pas, me contentant d'approuver.
— Tu as potentiellement mis en danger des vies civiles, tout cela pour regarder un homme mourir. Un de nos frères, qui plus est, continue ma tante.
Serrant les poings, je baisse les yeux, prête à encaisser la suite. A mes côtés, je sens Penthésilée se tendre, comme si elle avait deviné le reste du sermon. J'entends Uriel s'approcher de moi et me relever la tête, posant deux doigts sous mon menton. Je découvre alors que ses yeux ne sont plus aussi froids qu'auparavant.
— Merci de t'être inquiétée pour moi. Je sais que j'ai agi étrangement ces derniers temps. J'ai eu tort de vouloir vous écarter, toi et Ramiel. Je sais que ma sœur n'aurait pas supporté de voir cela de ses propres yeux. Et toi... Toi Aoile, tu as déjà vu trop de proches perdre la vie. Je ne voulais pas t'infliger ça une nouvelle fois, m'avoue-t-elle.
Son attention me bouleverse et je la prends dans mes bras pour lui montrer toute ma gratitude. Ce contact ne dure que quelques secondes mais je sais qu'à cet instant, nous sommes bien plus proches que nous ne l'avons jamais été.
Je sens la main d'Uriel passer sur mon visage et je comprends qu'elle a essuyé une larme. Et d'un coup, toute l'attention se porte sur la Reine des Amazones, qui nous observe d'un œil énamouré.
— Malheureusement, je ne peux vous promettre qu'une seule chose : cette mort est loin d'être la dernière. Au contraire, elle n'est que la première d'une trop longue liste que je ne saurais dresser, reprend Uriel d'un ton grave.
Penthésilée se redresse et son visage recouvre son air grave.
— Les Amazones sont nées par la guerre, il n'est rien de plus noble que de mourir en guerrières, ajoute-t-elle.
Hochant la tête et tend son bras vers ma tante, sans un mot. Cette dernière fait de même, attrapant l'avant-bras de Penthésilée, qui l'imite. Elles se regardent dans les yeux pendant quelques secondes avant de rompre le contact.
Avec un bref signe de la tête, Penthésilée siffle une simple note et en quelques minutes, une myriade d'Amazones en armure débarque dans le cœur de ville. Certaines sont à cheval, avec une épée dans le dos, un bouclier accroché à la selle de leur destrier.
Ces derniers sont eux aussi vêtus d'une "armure" au niveau du cou et du ventre. Les cheveux des guerrières sont tressés en une simple natte tandis que leurs armures brillent de mille feux. Leurs visages sont fermés et grave.
Les cavalières ont un ruban or tressés avec leurs cheveux, tandis que les bataillons d'infanterie n'ont rien. D'autres n'ont pas d'épée mais un javelot ou un arc, en fonction de leurs entraînements.
L'une d'elle tient par la bride un magnifique étalon blanc, celui de Penthésilée. Cette dernière se remet en selle à une vitesse stupéfiante et en quelques gestes, fait bouger toute son armée vers la côte. Je les regarde partir avec envie.
Si j'avais pu choisir n'importe quelle espèce pour venir sur Terre, j'aurai probablement choisi les Amazones. Elles dégagent cette classe et ce respect naturel qui me donne envie de les suivre partout où elles vont. Elles ne craignent pas la Mort, ni rien d'autres. Seulement l'idée de mourir ailleurs que sur un champ de bataille.
— Aoile, va retrouver tes amis. Sam' va avoir besoin de notre aide pour fermer le portail, mais rien que pour y accéder, nous aurons besoin de combattants. Penthésilée se charge de défendre les frontières de l'île au niveau du sol, tandis qu'Hector et les Dragons protégeront les airs. Les Anges ne vont pas tarder à amener un renfort aérien et terrien. Mais si le portail ne se ferme pas, ils mourront tous, m'annonce ma tante.
Je fronce les sourcils, me tournant vers ma tante. Sa requête me fait oublier les Amazones, bien que je puisse encore les apercevoir en contrebas, désormais. Comment se déplacent-elles aussi élégamment, même en courant ?
— Quoi, c'est aussi simple que ça ? On retrouve le portail, on le ferme et les créatures s'en vont ? Pourquoi n'avoir rien dit avant ? On aurait pu mettre fin à tout ça avant même que ça ne commence, je proteste.
Je croise les bras, déçue de l'entendre dire cela. Le portail, nous aurions pu aller le fermer à n'importe quel moment ! Pourquoi n'a-t-elle rien dit ? Uriel lève un sourcil, visiblement amusée par ma réponse.
— La dernière fois que vous êtes allez vers le portail, Thomas, Lucifer et Ezekiel sont morts. Vous avez raté, me rappelle-t-elle.
Je soupire. Ce genre de réponse fait mal à mon amour-propre. Du moins, le peu qu'il me reste après tous ces mois à me plier en quatre pour le Conseil.
— Et je n'ai jamais dit que ça serait aussi simple. Je ne sais pas ce qui nous attend, mais un portail ne se ferme pas à coup de "s'il te plaît" ou de keenigs ! Il faudra sans doute nous préparer à d'autres pertes, termine Uriel.
Ouvrant la bouche pour poser une dernière question, Uriel me coupe la parole en ouvrant ses ailes une nouvelle fois. Aillant peur qu'elle ne me projette une nouvelle fois à dix mètres, je recule prudemment et attend patiemment sa dernière demande.
— Et cette fois, obéit à ma demande. S'il te plaît.
Et d'un geste élégant, elle disparaît dans le ciel, juste avant un nouveau passage d'Hector. Ce dernier semble de plus en plus nerveux en vol, manquant de changer de trajectoire ou de se prendre un arbre à force de voler trop bas.
Pour un peu, il me ferait peur ! L'oiseau continue de crier de temps à autre, quand il pense qu'on ne l'entend pas assez. Avec une grimace, je m'envole à mon tour. Me concentrant sur le Lien, je cherche Samantha. La ville est déserte, ce qui me force à regarder plus haut, dans la montagne.
La maison des Oracles est un bon moyen de se cacher, mais c'est l'endroit le plus simple à trouver pour les créatures du Chaos. J'aperçois pourtant quelques personnes y courir, comme s'ils pensaient pouvoir échapper à un funeste destin. Quiconque a une âme y restera, si le portail n'est pas fermé.
Je me pose au bas de la montagne, cherchant un endroit dans lequel Samantha aurait pu aller se cacher. Elle a vécu parmi un groupe d'humains pendant des mois, se cachant des créatures. Alors où... La réponse me frappe si fort que j'aurai pu pousser un cri de douleur.
Archibald ! C'est la seule personne ici à vivre dans une cave souterraine, un endroit que les créatures ne peuvent atteindre ! Si elle devait se cacher quelque part, ça serait là-bas ! Fermant mes ailes dans mon dos, je me faufile en courant vers la maison que nous partageons avec Thomas.
La seule entrée que je connais s'y trouve, alors j'irai par là. Sans peine, j'aperçois à quelques mètres la maison et m'y dirige avec le sourire. Elle est bien cachée par la végétation ! A quelques mètres de la porte, je me fige. Un cri puissant et déchirant brise le silence qui régnait depuis quelques secondes.
Me retournant d'un seul coup, je fais un bond en arrière et me plaque sur le ventre tandis que la terre tremble. Comme vidé de toute substance vitale, l'imposant corps d'un phœnix gît à présent sur le sol, balayant tous arbres autour de lui.
Les yeux ronds, la respiration courte, j'observe avec horreur et tristesse les yeux . Des mèches de cheveux me bloquent la vue mais je n'y prête aucune attention, trop occupée à détailler le corps du plus bel oiseau n'ayant jamais volé dans ce ciel.
Levant les yeux, j'aperçois une ombre survoler l'île et mon cœur déjà brisé se serre. Les créatures sont là et elles ont déjà fait des victimes. J'entends des cris résonner dans la montagne et me redresse avec discrétion.
Je ne veux pas quitter Hector. Je ne veux pas le laisser seul. Il ne méritait pas de finir ainsi. Une larme roule sur ma joue tandis que je passe la main sur son immense bec. J'aimerai pouvoir le forcer à se relever, mais je sais qu'il ne le fera pas. Plus jamais.
Je me détache du Phoenix à contrecœur pour entrer dans la maison. Mes jambes ne me portent plus et je suis obligée de prendre appui sur les murs. La respiration sifflante, les joues mouillées, je hoquette. J'aperçois le passage pour le souterrain ouvert, mais c'est si flou...
Les larmes brouillent ma vue et j'amorce ma descente complètement vide. Les créatures n'ont peut-être pas pris mon âme, mais elles ont bien entamé le travail. Que restera-t-il d'Idan que j'ai connu lorsque je sortirais de cette cave ?
Cette pensée finit de m'achever et je manque la dernière marche, m'étalant de tout mon long sur le sol. Autrefois, j'aurai ris. Il y a quelques jours, j'aurai même lâché un juron, ou une insulte envers les escaliers. Mais pas aujourd'hui.
Cette fois, je laisse la tristesse me gagner et je relâche toute la pression. Comme remontant d'une autre ère, je laisse les diverses morts et rejets auxquels j'ai assisté remonter à la surface.
Garm, mon chien fidèle. Mon rejet par les autres Archanges. La première "mort" de mon père. La mort de ce petit garçon, que j'ai tué pour faire plaisir à Penthésilée. Les miennes, aussi nombreuses que douloureuses. Un nouveau rejet par Uriel.
La mort de Thomas. Celle d'Ezekiel. Une nouvelle "mort" de mon père, que je croyais définitive. Celle de ma mère. Le rejet du Conseil, des Démons. La mort de Gabriel. Celle d'Hector. Me roulant en boule, je laisse les larmes gagner du terrain.
Je ne sais plus où je suis, ni ce que j'y fais. Je ne sais plus pourquoi je me suis rendue ici, ni ceux que je suis censée retrouver. Il n'y a que moi et ma douleur. Moi et la noirceur. Moi et la mort. Et quelque part, j'espère qu'un jour, elle m'emmènera aussi.
Même si je sais que c'est impossible. Je l'ai touchée du bout des doigts tellement de fois... Et elle aussi, elle m'a rejetée.
— Aoile, crie une voix lointaine, transperçant ma tête douloureuse comme une balle à travers une glace.
J'ouvre les yeux, observant d'abord la noirceur. Il fait sombre, je ne vois rien. Puis, petit à petit, je distingue des yeux. Pas qu'une seule paire. Des centaines. Peut-être même des milliers ? Je ne sais pas. Je ne peux pas les compter.
Je me redresse d'un coup, m'asseyant sur mes talons. Lentement, je sèche mes larmes et prend conscience d'où je suis et de qui s'y trouve. Je pensais n'y trouver qu'Archibald, Samantha, Thomas et T'Shael. Peut-être même Elyane et cette stupide Arrynn, qui sait.
Mais il y a tout Idan, ou presque. Et tous ont assisté à ma crise de larmes. J'hésite vraiment à lâcher un juron quand je me rends compte qu'une main est posée sur mon épaule. Tournant la tête, mes yeux plongent dans ceux, inquiets, de Samantha.
Cette dernière est accroupie, m'observant longuement, cherchant sans doute la cause de ces larmes. Je soupire, ferme les yeux et me relève. Geste qu'elle accompagne également, sans lâcher mon épaule.
— Viens, murmure-t-elle avant de m'amener à l'écart, dans une autre pièce.
Dans cette nouvelle alcôve, j'y retrouve Archibald, T'Shael, Thomas et Elyane. Arrynn n'y est pas, ce qui me soulage, quelque part. Elle aurait probablement fait une remarque sur mes yeux rougis. Thomas les remarque mais ne dit rien, se contentant de froncer les sourcils et se tourner vers T'Shael. Archibald est trop plongé dans un roman pour se rendre compte de quoi que ce soit.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?, chuchote Sam'.
Je me tourne vers elle, sans savoir si j'aurai le cœur de tout expliquer. Je me mords la lèvre inférieure et hoche la tête frénétiquement.
— Le bruit qu'on a entendu avant de devoir se séparer... C'était Gabriel. Mon oncle Gabriel. L'Archange Gabriel. Il était blessé et... c'était trop... Trop grave pour qu'on puisse... Puisse... P..., je commence, incapable de continuer.
Les détails me reviennent, comme de violents spasmes. Je ferme les yeux et tourne la tête sur le côté, incapable d'aligner deux mots cohérents. Mais je n'ai pas besoin. Je sens Sam' poser ses mains sur mes joues alors j'ouvre les yeux, croisant son regard émeraude. Ils brillent de larmes, eux aussi, mais rien ne coule.
— Je l'ai senti. Lui et Hector, lâche-t-elle.
Le silence se fait tandis qu'elle retire ses mains.
— Quand ils sont morts j'ai... C'était comme une vision. J'ai crié tellement fort que ça m'a plongé dans une sorte de transe... Et je les ai vus. Ils étaient moins...en chair, on va dire. Pas comme des fantômes en tout cas. Entre les deux. Plus pâle qu'un vivant, mais moins....fantomatique qu'un mort. Ils étaient tous les deux-là. J'ai pris la main de l'homme et j'ai posé mon autre main sur la tête d'Hector et...on a été englouti dans une très forte lumière. Un peu comme si nous venions de nous réveiller et qu'on baignait dans les rayons du soleil. Et je me suis réveillée ici, dans cette cave, raconte Samantha.
Je lui prends la main, enserrant mes doigts dans les siens. Nos regards se croisent une nouvelle fois et je hoche doucement la tête, avant de venir poser mon front sur le sien. C'est plus qu'une simple marque d'affection.
C'est une preuve de mon indéfectible soutien et de l'amour que je lui porte. J'ai besoin qu'elle le sache, même si je ne sais comment le lui dire. Et je pense qu'elle le comprend, car elle ne demande rien de plus. Laissant mon autre main presser son dos, je la prends contre moi sans desserrer nos mains.
— C'est fini. Je te le promets, je susurre dans son oreille.
Sa tête vient de caler sur mon épaule et je la sens trembler contre moi. Jamais elle ne m'avait vu aussi vulnérable, du moins, pas à mon souvenir. Aujourd'hui, j'ai relevé une nouvelle facette de moi-même, plus humaine. J'entends Thomas pester dans mon dos, ce qui me fait sourire. Samantha semble avoir relevé également car je la sens rire contre mon épaule. Puis, elle s'arrête, sans pour autant bouger.
— Tu ne peux pas me promettre ça en tant de guerre A', souffle-t-elle.
Je soupire.
— Je peux essayer.
La jeune femme resserre sa prise et je ne l'en empêche pas, restant ainsi quelques secondes. Puis, la demande de ma tante resurgit. Alors que je décide de rompre le contact, Samantha me repousse violemment tout en se prenant la tête.
Elle recule de quelques pas devant mes yeux médusés. A son regard, je comprends aussitôt qu'elle sent d'autres créatures mourir sur cette île. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche, je la prend dans mes bras de force et l'entoure de mes ailes.
A peine quelques secondes plus tard, la Banshee hurle. Son cri est plus puissant que d'ordinaire, faisant sortir de leur torpeur les trois compères qui nous observaient depuis quelques minutes. Archibald relève la tête tandis que Thomas recule contre le mur.
Ce n'est que lorsque Samantha tombe, inconsciente, dans mes bras, que le trio d'hommes autour de moi ne s'approche, m'obligeant à rentrer mes ailes. Thomas s'accroupit à mon niveau, sans savoir quoi faire. Il pose sa main sur son front, me faisant grogner.
— Elle n'est pas malade, Monsieur le médecin, je me moque.
Ce dernier retire sa main, piqué au vif.
— Alors elle fait quoi ? Une sieste forcée ?
Je lève les yeux au ciel.
— Bon sang Thomas, c'est une Banshee !
Il fronce les sourcils.
— Et ? C'est toujours Sam' !
Je cligne des yeux.
— Comment ça, "et" ? Quel est le premier rôle d'une Banshee ?
Thomas ouvre de grands yeux, sans répondre, tandis qu'Archibald plisse le nez.
— Accompagner les âmes vers le Royaume des Morts, répond-t-il.
Je grommelle quelques propos injurieux dans ma barbe avant de sonner une cloche dans le vide.
— Ding ding, un point pour Monsieur Le Relou !
Ignorant les protestations d'Archibald, qui n'a probablement pas compris le sens du terme "relou", ainsi que celles de Thomas qui n'aime pas être prit pour un débile, mon attention se porte sur Samantha.
Elle semble si paisible, si ce n'est pour ses yeux ouverts devenus entièrement verts. A son poignet, le bracelet hérité de sa mère s'est étendu sur la longueur de son bras, tandis que les yeux du serpent brillent plus fort qu'à l'accoutumé.
Samantha tressaute légèrement, comme si elle faisait un mauvais rêve. Tout cela ne dure pas plus de cinq minutes, avant que ses yeux ne reprennent une forme plus humaine et qu'elle ne se réveille, prenant une grande inspiration. Ses yeux grands ouverts disent tout ce qu'elle n'arrive pas à formuler.
— C'est fini, je répète.
Elle hoche la tête et je remarque que son bracelet a repris sa forme normale. Serrant ma main dans la sienne, la Banshee s'approche de moi pour me murmurer à l'oreille :
— Je t'en prie, emmène-moi loin de l'île.
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Hellow !
Comment ça va ?
Le chapitre vous a plu ?
Damn, les morts 😭😭 Je suis une vilaine fille (noté que mon téléphone me proposait "verrues" et pas fille. B.I.T.C.H.).
J'aimerai vous écrire plus mais malheureusement mon téléphone ne me le permet plus... Je n'ai plus accès au tactile en bas de mon écran, donc adieu barre espace, point, émoji et numéros... C'est pas facile et assez pénible, mais je ne pourrais pas changer avant mon anniversaire (en septembre). Donc je dois tout faire sur PC. Et aussi, désolé de l'HEURE à laquelle je publie ce chapitre, je voulais le faire le soir, à minuit, sauf que... Je n'avais pas rédigé la petite note de fin de chapitre !!
Donc comme toujours, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Est-ce que vous trouvez que les personnages évoluent dans le bon sens ? Que pensez-vous va arriver pas la suite ? Dans tous les cas, j'ai adoré l'écrire même si ça m'a brisé le coeur de devoir tuer quelques personnages.... Et encore, je n'ai pas écris les prochains chapitres ! Je crois que j'ai peur.... x) Pas vous ?
-> Aoile dans ce chapitre ? Que pensez-vous de son évolution générale ? Sa manière de réagir ? Vous pensez qu'elle va quitter l'île ou rester pour se battre ?
-> Samantha ici ? On aperçoit que ses dons et de sa façon de réagir quand une créature meurt... Vous en pensiez quoi ? Vous imaginiez ça comment ?
-> Hector ? Il va vous manquer ? :'( Moi oui. J'adorai cet animal...
-> Uriel & Penthésilée, le combo de reines ? Vous les aimez ? Vous en pensez quoi, de leurs interactions dans ce chapitre ? Que pensez-vous qu'elles vont faire maintenant ? Et quand arrivera Lilith ? x)
Sur ce, on se dit à mercredi prochain pour le chapitre 35 ! On arrive très, très vite aux derniers chapitres de ce tome. Moi qui pensait le finir en septembre... Wow. Je m'impressionne toute seule x) . Lisez bien, profitez de cette belle journée :D !
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