Chapitre XXXV

Mon doigt effleure tendrement le mur en ruine de la station. Nous sommes arrivés depuis quelques minutes et aucun de nous n'ose prononcer le moindre son. Dans ce vieil arrêt de métro de la ligne 10, située entre Sèvres Babylon et Mabillon dans le 6ème arrondissement, il n'y a que nous quatre, silencieux et effrayé par la Faille qui se dresse devant nous. Face à mes yeux, dans le tunnel sombre et détérioré de la station, deux yeux privés de vie me fixent, paralysant entièrement mon corps.

Quelques flashs de mon rêve me reviennent en mémoire et quelques larmes viennent perler aux coins de mes yeux quand je me souviens de la douleur que ces créatures infligent à leurs victimes. Je ne sais pas si je suis prête à affronter de tels monstres, mais je ne peux les laisser briser d'autres vies.

Ce n'est pas ce que mes parents auraient voulu. L'air dans ce tunnel est contaminé par le souffre émanant de la Faille, m'obligeant enfin à détourner les yeux pour respirer dans le creux de mon coude. J'entends Thomas tousser dans mon dos, alors que Lucifer et Aoile sont silencieux.

— Dioxyde de carbone. Je n'ai pas envie de mourir, grogne Thomas entre deux toux.

Je me tourne vers lui, dos à la Faille, les sourcils froncés. Moi qui pensais que l'air était teinté de soufre, je ne pensais pas que c'était en réalité du dioxyde de carbone ! Si nous en respirons pendant plus de quinze minutes, les conséquences sur notre santé seraient irréparables et surtout mortelles. D'ici quelques minutes, nous perdrons connaissance, avant que notre cœur s'arrête, à moins de trouver un moyen de filtrer notre air.

Mais comment vaincre des monstres que nous ne pouvons combattre ? Mes yeux doivent être teintés de détresse car Aoile finit par bouger et m'encercle de ses ailes, me permettant de respirer normalement à nouveau. Je tousse quelques secondes, la main d'Aoile contre mon dos, avant d'aspirer goulûment l'air frais qui m'entoure. Derrière nous, un hurlement guttural provoque en moi des frissons. Mon cœur se noue et j'ai presque envie de vomir de peur. Je me retiens en me focalisant sur autre chose.

— Comment tes ailes peuvent-elles filtrer l'air ? Je demande, la voix légèrement enrouée.

Aoile, l'air soucieuse, me fixe de ses prunelles désormais rouges. Depuis que nous avons quitté Idan, elle n'a pas changé de tenue et sa couronne métallique m'impressionne toujours autant. C'est un rappel constant de sa position hiérarchique et surtout de sa constitution hors-norme. Elle ne répond pas et mes oreilles captent des murmures émanant de la Faille. Des murmures humains, des voix humaines me chuchotant des choses. Des voix qu'il me semble reconnaître et je décide de porter toute mon attention là-dessus.

Sortant du cocon protecteur que forme les ailes de mon amie, j'écoute les voix qui me parviennent désormais plus fort. Je refuse de bouger, de m'approcher des voix, ne sachant pas si c'est un traquenard ou des esprits venus m'aider des profondeurs de la Terre. Une main agrippant mon bras avec force me détourne de cette berceuse mystique pour me replonger dans le temps présent.

— Est-ce que tout va bien Sam ? Me demande Lucifer, aussi soucieux que sa fille.

Je réalise alors que mes trois compères m'observent fixement, visiblement inquiet pour ma santé mentale. Je ne sais pas si je serais capable de leur expliquer correctement ce que je viens de vivre. Nulle part je n'ai lu ou entendu que les Banshees peuvent entendre des voix venus d'autres-mondes. Mais peut-être qu'eux oui.

— J'ai juste entendu des gens me parler. Des voix...je pense que c'était dans mon crâne, je soupire.

Je n'ose élever la voix, de peur que les monstres m'entendent depuis la Faille. Je sais que cela peut paraître idiot, mais je ressens une présence plus humaine de l'autre côté de cette Faille. Une présence presque familière, qui m'attire et qui semble également m'attendre... Quand à savoir si cette présence me veut du mal, ou du bien, je ne saurais le dire... Elle est simplement du mauvais côté du gouffre.

— Probablement les autres Banshees qui tentent de communiquer avec toi. Je ne suis pas Archibald, mais il me semble que c'est...positif ? Enfin d'après le vieux, lâche Thomas, brisant la glace.

Je hausse un sourcil dans sa direction à la mention du "vieux" totalement inapproprié tandis qu'Aoile retient assez mal son sourire. Je sais qu'elle n'aime pas Archibald à cause de ses origines divines, mais de là à se moquer de lui ouvertement, dans son dos... C'est quelque peu grossier. Lucifer met fin à tout ce charivari en frappant Thomas à l'arrière du crâne avec une force maîtrisée. Le jeune homme gémit et pose sa main sur la zone d'impact.

— Un peu de respect je te prie. Si Archibald est vieux, Aoile et moi sommes des reliques. Donc range cette expression dans ce qu'il reste de ton cerveau, se moque le Roi des Enfers.  

Un nouveau hurlement nous force à reporter notre attention sur la Faille. Mes yeux papillonnent légèrement et je me vois obligée de reculer de quelques pas, alertant Aoile de mon mal-être. Aussitôt, ses ailes se referment devant mon nez avant de redevenir transparente, afin que je profite de la vue. Une grande bouffée d'air plus tard, nos quatre paires d'yeux sont obnubilées par la Faille, de laquelle émerge lentement une forme sombre et indistinct, comme une sorte de liquide couleur Cif citron.

— Banshee...a 'tighinn thugam, a' leanabh Chaos¹..., s'élève dans l'air cette voix, venue de nul part et partout à la fois.

Je frissonne quand je me rends compte que je comprends parfaitement ce qu'elle dit. Cette voix désincarnée parle gaélique et je comprends tout. Pourtant, je suis certaine de n'avoir jamais appris cette langue. Thomas tente de répéter les syllabes mais n'y parviens pas, s'en est presque risible.

— Chan e nighean Chaos a th'annam. Chan e nighean duine a th'annam², je réponds dans un gaélique parfait.

Au fond de moi, je sais que ce n'est pas moi qui répond. Quelque part, les voix que j'ai entendu tout à l'heure sont entrées en moi et contrôle quelques parties de mon corps. Thomas me regarde sans comprendre, tandis qu'Aoile fixe la forme face à nous. Lucifer pose ses yeux rougeâtres sur moi et souris.

— Archibald t'a donné un "Gaélique pour les nuls" ? Parce que je ne crois pas t'avoir jamais entendu parler gaélique, souffle Thomas avec une pointe d'admiration.

Je hausse les épaules, essayant de passer ma détresse via mon regard généralement inexpressif. Aoile ressère son étreinte autour de moi, me rapprochant de son torse. Je me gratte l'arrière du crâne, gênée, portant mon attention sur Lucifer. Ce dernier continue de m'étudier tandis qu'Aoile ne bouge pas d'un pouce.

— Je crois que Samantha n'est plus seule dans sa tête. D'autres Banshees semblent avoir implanté des souvenirs, réponds gravement Lucifer à ma place.

Je fronce les sourcils, à la fois surprise de l'entendre mettre des mots sur une sensation que je ressens, et à la fois sidérée que ça puisse être une option. La silhouette étrange émet un son, plus proche de l'ultrason que d'un bruit humain. Lucifer grimace légèrement, réactif à ce son, tandis que cela ne me fait rien. Malgré mon ouïe de Banshee ultra puissante et sensible, ce bruit hors-norme ne me fait absolument rien. Au contraire, il semble presque m'apaiser, retirant mon stress et la peur que je ressens à l'égard de la Faille. De son côté, Aoile a plutôt l'air de réagir également, mais de manière beaucoup plus violente. Je la regarde avec effarement reculer, les mains sur le crâne, essayant tant bien que mal de ne pas hurler de douleur face à nous. 

A quelques pas de nous, la forme étrange continue son tintamarre de bruit et Aoile est au bord de la rupture. Lucifer est impuissant, protégeant Thomas du gaz toxique de l'air tandis que mon amie semble être percutée par une mauvaise migraine. Je fais un pas vers Aoile, consciente que d'ici quelques minutes, je risque la mort par empoisonnement, et inquiète quant à la santé de mon amie. Lucifer semble lui crier quelque chose que personne n'entends, envelopper dans le bruit infernal de la créature. Aoile s'est entourée de ses ailes pour se protéger du son mais visiblement, cela ne marche pas très bien. Elle parvient tout de même à se relever et ses yeux se braquent sur moi d'une manière assez effrayante. Je me retourne et découvre la forme jaune citron à mes côtés, avant de sentir mes doigts de faire découvrir d'une substance étrangère.

— Sam ? Demande la voix paniquée de Thomas.

Elle va vite, je regarde avec impuissance mon bras disparaître. C'est doux, comme du coton. Pourtant, après quelques secondes, une profonde douleur me scinde en deux. Je hurle, cri auquel fait écho celui d'Aoile à quelques pas de moi. J'ai l'impression que l'on me retire une partie de moi-même tellement cette douleur est intense. Mes yeux papillonnent, je commence à perdre connaissance. Un cri silencieux sort de ma gorge, je tourne les yeux vers Aoile qui fait un pas en avant, pour m'aider peut-être ? Elle lutte autant qu'elle le peut contre le son de la créature qui m'engloutit. Sans que je ne m'en rende compte, la silhouette en profite pour s'infiltrer en moi, m'obligeant à perdre connaissance, non sans sentir quelque chose de dur toucher mon poignet.

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¹Banshee.... Vient à moi, enfant du Chaos...
²Je ne suis pas l'enfant du Chaos. Je ne suis l'enfant de personne.

Bonjour tout le monde !

Troisième semaine en Angleterre, plus que trois avant de rentrer en France pour mon break. Wow, je n'arrive pas à croire que j'ai survécu jusqu'ici. Sans doute grâce au week-end passé en compagnie de ma maman ❤

[Attention, moment guimauve...]

"The Last Banshee" sera dédié à mes parents. À ces deux êtres spéciaux et incroyables, qui me soutiennent dans toutes mes décisions, qui sont capable de réserver un week-end à Londres juste pour venir me voir quand je n'ai pas le moral. Aux deux personnes les plus importantes de ma vie, qui m'ont vus pleurer, rire, démoralisée, heureuse, vide, perdue et à fond dans mes projets. Sans eux, je ne serais sans doute jamais devenue auteur, je n'aurai jamais eu l'idée d'aller en Angleterre et je n'aurai sans doute jamais grandi dans ma tête non plus. Voilà les raisons pour lesquelles mes parents sont les véritables héros de l'histoire de ma vie [*Rafiqui à fond dans ma tête*].

Sur une note moins dépressive et guimauve, ce roman est à propos de la recherche de soi-même. Qui que vous soyez, vous trouvez prendra du temps, comportera des échecs, des moments de doutes, mais à la fin, vous construirez votre voie ❤ Tout comme Samantha construit la sienne. 💜💕

Sinon, dans un autre registre 😂
Qu'avez-vous pensé du chapitre ?
Des indices sur la fin du Tome 1 ?
Les réactions des différents personnages ?
Que se passe-t-il sur Idan pendant ce temps vous croyez ?
Qu'aimeriez-vous ajouter au roman afin qu'il soit plus complet ?
C'est quoi le truc qui vient d'aspirer Sam ?

Merci encore de me lire, semaine après semaine. Le roman de rapproche des 30K, qui est un score incroyablement haut 😱 ! Pour fêter cela, je vous propose de mettre en commentaire VOS QUESTIONS afin que j'en fasse je F.A.Q filmée avec ma petite soeur (si elle accepte) ❤💕 Soyez créatif, soyez inventif, soyez drôle, nous répondrons à tout le monde 🦄❤🇫🇷

Sur ce, partagez votre amour pour la France, pour vos proches, vos amis, tout ceux qui ont une place dans votre cœur et lâchez vos plus belles déclarations d'amour ou vos histoires sur la recherche de soi ❤ Et si vous voulez même pousser le bouchon très loin, créons un hashtag sur #Twitter et #Instagram :

#NousSommesSam 💪❤
Parce que quelque part, nous nous recherchons tous 😘❤ Je compte sur vous, parce que VOUS êtes la famille de Samantha 💜💜 alors créons ce hashtag et retwittons nous 💙💙

Sur ce les loulous, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau chapitre ❤ !
Et n'oubliez pas : Au 35K de vues, je rentre en France 💪🇫🇷 !!

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