Chapitre XVII


Des Démons. Je vais actuellement faire une fête chez les Démons. En Enfer. Est-ce comme dans les romans, un lieu de débauche, qui empeste l'alcool et où certains fument énormément ? Où ai-je encore tout faux ? Je soupire en m'affalant sur le grand lit de ma chambre attitré. Avoir une amie Princesse de l'Enfer permet d'avoir de grandes chambres, c'est déjà ça. Mais celle-ci est carrément impressionnante. Un lit double assez simple, aux draps fins beige et juste devant, une sorte de petit banc sur lequel est posé deux bougies parfumées et un pyjama visiblement. 

Tout aussi sobre. Je m'attendais plus à des trucs en feu, ou rouge sang, je l'avoue. Mais le fait que la chambre soit dans les tons beige est assez agréable, je dois l'avouer. Aoile est dans la chambre face à la mienne, pour que je puisse y venir "en cas d'urgence". Pour le moment, la seule urgence est actuellement de me trouver une tenue pour la soirée organisée par Lucifer. Rien que d'y penser, un gémissement sort de ma bouche. Au moins, je sais que je ne suis pas la seule à trouver cela totalement idiot. 

Quand Lucifer a annoncé à Aoile qu'elle devait "faire bonne impression", j'ai cru la voir défaillir. Ce dernier nous a d'ailleurs assuré que nous étions "prise en charge". Aoile comme Princesse, moi comme invité de marque. Visiblement, les Banshees ont un lien avec les Enfers, mais comme je ne voulais pas me prendre un nouveau vent, je n'ai pas posé la question.

— Mademoiselle Green ? S'annonce une petite voix depuis l'entrée de la chambre.

Je me relève, le cœur battant, effrayée à l'idée de voir un démon aux yeux rougeoyant me toiser depuis l'entrée de ma chambre, pointant sa queue fourchue vers moi. Mais ce n'est rien de tout cela. J'y découvre une jeune femme aux yeux bruns et aux cheveux de la même couleur. Sa peau est extrêmement pâle, si pâle que l'espace d'un instant, je viens à me demander si les vampires peuvent venir en Enfer.

— Oui ? Je demande, aillant l'air le plus paisible possible, alors que mon cœur bat plus vite qu'à la normale.

Je me mets rapidement debout, un peu gauche et maladroite. Si maladroite que l'une des bougies au pied de mon lit manque de tomber par terre. J'aurai pu suivre le même chemin, lorsqu'en essayant de m'approcher de la jeune fille, je me suis pris les pieds dans le tapis. Heureusement pour moi, cette dernière a plus de réflexes que moi et me rattrape avant la chute fatidique. Je sens sa peau gelée contre la mienne et ne peut réprimer le frisson qui me parcourt l'échine. Gênée, la pauvre fille me relâche dès que j'ai assuré ma prise sur mes jambes.

— Désolé. Je suppose que Lucifer t'envoie ? Je tente avec plus de douceur.

Elle hoche la tête et un mince sourire éclaire son visage.

— C'est mon devoir de vous apprêter pour ce soir. En tant que Banshee, vous devez faire bonne figure, m'explique-t-elle gentiment.

Je soupire et recule pour m'asseoir sur le lit. Faire bonne figure ? Et qu'est-ce que cela implique exactement ? La dernière fois que j'ai dû faire bonne figure, j'avais dix ans et j'allais au mariage du cousin de mon père adoptif. Mais bon, je suppose que Lucifer sait ce qu'il fait et je ne vais pas contester ses décisions.... Je ne préfère pas savoir le sort qu'il réserve à ses ennemis.

— D'accord. Et cela signifie ? Je demande, quelque peu fatiguée.

Depuis mon arrivée, j'ai rencontré Lucifer, puis ai été amenée ici. Et après une nuit assez agitée et peu reposante, je dois me préparer pour une fête. Je suis rarement allée à des fêtes dans mon enfance, donc tout ce qui est maquillage, robes de soirées et autres coiffures affriolantes, ce n'est pas vraiment mon monde. Je doute que les démons apprécient une Banshee en jean, basket et sweat-shirt à leurs soirées. La jeune fille face à moi sourit et me désigne la coiffeuse installée à l'autre bout de la chambre.

— Je vais vous rendre présentable. Mon nom est Georgie et je suis une Morte au service des différentes créatures qui peuplent les Enfers. Mon âme est à votre service pour aujourd'hui Mademoiselle Green, se présente Georgie.

Je cligne trois fois des yeux avant de comprendre qu'elle est sérieuse. Elle est morte ? Comme dans "cadavre", morte ? Je tique sur cette dernière image et me mure dans le silence, laissant la pauvre Georgie seule à parler de tout et de rien. Ma salive se bloque dans ma gorge tandis que mon cerveau arrête de fonctionner. Quelque part, c'est logique. L'Enfer, les Morts, c'est assez normal. Mais c'est super déstabilisant ! Et totalement anormal pour moi, qui vient d'être balancée dans le bain ! Décidant de rompre le silence, j'adresse à Georgie un pauvre sourire et décolle du lit pour venir m'asseoir près de la coiffeuse.

— Depuis combien de temps es-tu au service de Lucifer ? Je demande, mal à l'aise.

Georgie sourit tout en commençant à brosser mes cheveux bruns, leur rendant petit à petit leurs ondulations naturelles. Je ne sais pas ce qu'elle applique en même temps que la brosse, mais ça marche : mes cheveux sont magnifiques !

— Cela fait presque cinquante ans, depuis ma mort, m'apprends la jeune fille.

Je reste sans voix. Cinquante ans ? Mais elle ressemble à une jeune fille de vingt ans ! Est-ce qu'après la mort, on arrête de vieillir ? C'est possible après tout, mais cela veut dire qu'elle est morte très jeune... Dans la vingtaine... Rien que d'y penser, mon ventre se serre et mes yeux prennent une teinte plus sombre. Georgie semble le voir et elle me touche tendrement l'épaule.

— J'étais gravement malade vous savez. La mort a été une délivrance et maintenant je peux vivre éternellement et ne plus tomber malade !

Sa joie est communicante, puisque mon sourire revient également. Un sourire plus réservé et timide, mais c'est déjà ça. Je suis toujours un petit peu étourdie par toutes les informations de ces derniers jours. Banshees, Dullahans, Démons, je me demande vraiment si je réussirais à avoir une journée sans révélations étonnantes. J'ai vraiment l'impression qu'un mois s'est écoulé depuis l'accident à Sainte-Catherine alors que c'était il y a moins d'une semaine. Après des heures de toilettes accablantes, la Morte me laisse enfin voir les résultats de son travail, dans un miroir qui apparaît près de la porte d'entrée. 

Je reste bouche-bée devant mon reflet, bien loin de la Samantha cachée par ses pulls et son silence. Une jeune fille -celle que j'aurai désiré être peut-être ?- se tient devant moi, joliment habillée par une robe blanche simple, qui moule mon corps jusqu'à la taille avant de s'évaser, jusqu'aux genoux. Mes cheveux courts sont savamment relevés en chignon et je ne ressens aucune douleur à la nuque, ce que le chignon parfait provoque habituellement. Mes yeux sont mis en valeur par un simple trait d'eye-liner et une couche de mascara, rien de bien fou. J'adresse un sourire reconnaissant à Georgie qui se tient à mes côtés en silence.

— C'est magnifique ! Je lance, sincère.

La jeune fille sourit et me désigne une paire de ballerines de couleur crème près de la porte avant de me prendre dans ses bras. C'est une étreinte étrange, sa fraîcheur dressant mes poils sur mes bras et provoquant une sorte de chair de poule dans mon dos. Elle s'écarte de moi et estime du regard son travail avant de s'en aller. 

Visiblement, elle n'est pas très causante, mais c'est un bonus pour moi. Je ne veux rien apprendre de plus, j'ai eu mon quota pour la journée. Sur le mur à côté de la porte, l'heure s'affiche avec un petit décompte. Le temps qu'il me reste avant la soirée. Je respire fortement quelques minutes, pour me donner du courage, avant que le décompte ne s'efface et que ma porte s'ouvre d'elle-même. Pleine d'espoir, je jette un coup d'œil à la porte d'Aoile, mais cette dernière reste fermée. Comment suis-je censée me rendre au bal moi-même ? Je ne sais même pas où il a lieu !

Avec un soupir, j'enfile mes chaussures et sors dans le couloir. J'ai des tas de questions quant à la direction à prendre, lorsque je croise un groupe de personnes discutant de cette même soirée, allant tous dans une même direction. Supposant que cet endroit est le lieu de bal, je suis leurs pas, peu rassurée tout de même à l'idée d'y aller seule. 

Je sors donc la maison dans laquelle Aoile et moi étions toute la journée, visiblement celle de Lucifer et donc la plus grande des Enfers en même temps que ce groupe. Je reste un petit peu à l'écart, ne voulant pas avoir l'air d'une espionne ou je-ne-sais-quoi d'effrayant. Je vois certains démons me regarder. Certains sont surpris, sûrement parce que mon sang coule actuellement dans mes veines, alors que d'autres sont plutôt en colère. Leurs yeux rouges me scrutent jusqu'au malaise, créant des dizaines de frissons dans mes bras et mon dos.

Soudainement, un bras passe sous le mien et une chaleur corporelle s'infiltrer sous ma peau. Surprise, je tourne la tête pour découvrir Lucifer, qui regarde droit devant lui. Sentant sans doute mon regard sur lui, il tourne la tête dans ma direction, baissant légèrement la tête pour pouvoir distinguer mes yeux. Ils sont redevenus gris, comme ceux de mon amie, tranchant avec le noir de son costume. Ses cheveux blonds sont en bataille, presque comme s'il sortait du lit. 

Je sens son aile me frôler le bras avant que cette sensation douce ne disparaisse. Sans aucun malaise, il continue d'avancer dans la direction du groupe, ignorant les regards curieux posés sur nous. Je baisse la tête, sentant mes joues chauffer et mes jambes commencent à trembler sous le coup de la timidité. J'ai horreur d'avoir tous ces regards sur moi et ferait n'importe quoi pour me mêler à la foule.

— Je...ne m'attendais pas à vous voir ici, j'explique, la voix tremblante.

Puis, je me frappe mentalement. Je suis chez lui, donc j'allais forcément tomber sur Lucifer à un moment ou à un autre ! Heureusement, il ne paraît pas relever ma bourde. Lucifer sourit et désigne la réplique du Grand Palais qui se dresse face à nous. Je reste un instant admirative, heureuse de pouvoir le voir en vrai, même si ce n'est pas celui de Paris. 

Avec ses vieilles pierres, ses colonnes soutenant une coupole de verre visible d'ici et les différentes lumières qui l'éclairent le rendent magnifique. Le soleil ne passant pas en Enfer, ce sont des lumières artificielles qui éclairent la ville, la faisant luire comme un joyau précieux. Dans notre dos, l'immense immeuble cache tout cela à la vue d'imprudentes créatures nuisibles.

— Je me suis douté que vous seriez perdue. Et vous êtes une invité de marque, je serais un hôte mal éduqué si je vous laissais déambuler par vous-même, répond-t-il avec sincérité.

Je souris devant sa gentillesse et ensemble, nous entrons dans le Grand Palais 2.0, dans lequel déjà bon nombre de personnes sont présentes. Même si j'essaye de faire abstraction que la plupart sont des démons et les autres sans doute des Morts, un sentiment de peur et d'horreur parcourt mes veines. Suis-je donc la seule personne "humaine" parmi eux ? 

Il faut croire que oui... La musique est déjà très forte, masquant le bruit des conversations. Il faut crier pour se faire entendre et cela semble réjouir plusieurs personnes. Lucifer me lâche le bras et il s'enfonce dans la foule, me laissant seule et vulnérable au milieu de tout ce monde. Je soupire et m'approche du buffet, comme lors des soirées scolaires. Si je n'ai personne avec qui parler, autant rester avec la nourriture... J'espère qu'Aoile ne tardera pas trop.

Un bruit de pas attire mon attention vers l'étage, le balcon intérieur sur laquelle Lucifer se tient désormais. Au centre de ce balcon, un grand rubis étincelle de milles feu, donnant à la salle un côté brasier ardent magnifique. Mes yeux ne peuvent se détacher du joyau, passant outre les convives qui descendent des deux côtés de ce balconnet, les femmes tenant leurs longues robes par la main. 

On se croirait à une fête médiévale, ou dans le palais d'un Lord, c'est grandiose. D'un regard, Lucifer m'invite à le rejoindre, ce que je fais rapidement, le cœur battant et le regard au sol. Avec le sourire narquois qui le définie désormais, il prend la parole et couvre facilement le bruit de la musique :

— Mes cher ami, ce soir, je vous présente Samantha Green, notre chère Banshee !

Un tonnerre d'applaudissement accompagne sa déclaration tandis que je ne sais pas où me mettre. Le rouge aux joues, le souffle court, j'essaye de reculer pour échapper aux regards mais je sais aussi que c'est bien trop tard. Pour me cacher, j'aurai dû rester en bas. La musique s'arrête net tandis que les regards sur moi changent, passant de la colère à l'admiration, ou de la curiosité à la pitié. Il n'y a qu'un seul regard que je ne croise pas dans cette foule, celui d'Aoile. Va-t-elle réellement venir ou a-t-elle décidé de quitter les Enfers sans moi ? A cette pensée, mon cœur me serre et je redouble d'effort pour ne pas fondre en larmes devant l'attention générale.

— Je crois que tu as oublié de mentionner que c'était aussi la dernière, s'exclame une voix féminine menaçante.

En bas, au centre de la salle, une seule femme se tient debout. Les autres se sont écartés lors de son apparition, faisant soupirer Lucifer. Elle a de magnifiques cheveux blonds et des yeux rouges beaucoup plus effrayants que ceux que j'ai pu voir jusqu'alors. Contrairement à certains, elle dégage une aura terrifiante au point de me donner envie de fuir. Son regard est posé sur moi et j'ai envie de m'enfouir dans un trou de souris. A ma droite, je sens quelque chose de doux caresser mon épaule et dévisage avec surprise l'aile que Lucifer a passée autour de mon corps, en signe de défense.

Soudainement, l'ambiance de la salle respire l'animosité. Comme s'il avait compris, le décor lui-même devient plus sombre et mon cœur se serre dans ma poitrine. Derrière la femme à l'allure terrifiante, une silhouette plus familière a pris place. Mon cœur fait un bon dans la poitrine et un léger sourire prend place sur mon visage. 

A mes côtés, j'entends Lucifer murmurer un "C'est repartit"... Je fronce les sourcils et détaille Aoile. Elle porte une robe noire, dont le haut est entièrement recouvert de dentelle noire. Sous la taille, la robe devient blanche, comme les ailes d'un ange. Ses pieds sont enfermés dans des chaussures à talons de cinq centimètres tout aussi noirs et ses cheveux sont lâchés, laissant ses pointes roses donner une touche de couleur à son ensemble. Ses yeux gris ont virés au noir, complétant sa tenue. Sa voix, glaciale et rauque, résonne dans l'habitacle :

— Quel plaisir de vous revoir Mère.

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Bonjour ! Mercredi again, on y croyait plus dit-donc ! Enfin, ça m'a parut très long, le temps entre les deux mercredis, je ne sais pas pour vous... C'est pourtant le cœur un peu lourd que je poste ce chapitre, puisque je repars dans mon école, en Angleterre, pour passer mes examens de fin d'année... Mais bon, le 15 juin, c'est terminé et le 17 je suis de retour chez moi. Quoi de mieux que de revenir pour l'été ? :D J'aurai aussi plus de temps pour Aoile et Sam, donc des chapitres qui, je l'espère, seront d'une qualité supérieure. Comme j'ai pu l'expliquer à différentes personnes, j'écris avant tout pour me faire plaisir, ça m'arrive de rire ou de pleurer devant mes propres chapitres et imaginer vos réactions y est pour beaucoup xD Du coup, ça me permet de progresser, avec vos commentaires et vos avis :) 

Sinon, j'ai eu très peur pour ce chapitre, car Wattpad m'a supprimé le chapitre 17 et 18 (qui j'avais en brouillon). Pourquoi ? Personne ne le sait. Au cas où, j'ai changé mon mot de passe (les piratages sont fréquents...) et  heureusement, j'avais ce chapitre sur clé, l'ayant retravaillé (vous avez donc la version finale et non celle que j'avais écrite de base, un poil plus courte. C'est le chapitre le plus long que j'ai pu poster depuis le début de l'histoire xD). Malheureusement, le début du chapitre 18 que j'avais écrit est perdu, mais je suis sûre que ma tête retrouvera bien vite le chemin de l'écriture !

Donc allez-y, spamer moi avec vos avis, vos commentaires et vos réactions, j'ai hâte de lire tout ça en arrivant dans ma petite chambre universitaire ce soir ! 

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