Dans la demeure du mage, tout était en désordre. Et désordre était un faible mot. Une tornade n'aurait pas fait pire ravage.

— C'est un désastre, pleurnicha Ylanna.

— Tout est de ma faute, dit Aldric en lui prenant la main. Je vais t'aider à tout ranger et réparer les dégâts.

La jeune fille ravala ses larmes et fronça les sourcilles.

— Ce sont ces monstres dehors qui m'inquiètent !

— Qu'est ce qui a bien pu arriver à ce gobelin ? se demanda Aldric.

— Je n'en sais strictement rien ! s'énerva Ylanna.

— Très bien... très bien, dit son ami d'une voix pondérée. Calme-toi ! Que ferait le mage Hutorius dans une pareille situation ?

La jeune fille respira un grand coup et s'apaisa.

— Il me dirait de ne pas me précipiter et de me concentrer sur les origines du problème.

Aldric fit un large sourire.

— Voilà ! C'est ce que nous allons faire.

Ylanna acquiesça :

— Le problème... ce sont les gobelins qui se dupliquent quand on tente de les exterminer.

Aldric tapa dans ses mains avec énergie.

— Tu as raison ! s'écria-t-il.

Le garçon s'avança vers l'armoire et les restes des bouteilles brisées qui jonchaient le sol.

— Je suis persuadé que l'origine de tout ce chaos se trouve parmi ces débris, s'exclama-t-il.

Ylanna s'accroupit puis ramassa toutes les étiquettes, en espérant trouver la substance qui aurait pu donner une telle réaction chez le gobelin. Jamais, elle n'avait vu un cas de multiplication chez un être vivant.

Aldric ramassa le livre sur les potions magiques primaires et le rendit à son amie.

— On en aura peut-être besoin !

Ylanna prit le grimoire, puis le rangea dans une sacoche avec les étiquettes souillées et gluantes. Ensuite, elle bourra aussi sa besace de fioles en tout genre.

— Il faut absolument retrouver ces satanées créatures ! dit-elle.

— Je pense que les gobelins sont allés à Jûkland, répondit Aldric inquiet. Le village organise la grande fête de la fin de l'été.

— C'est sûr ! Ils semblaient attirés par une odeur de grillade.

— On risque de se retrouver avec une multitude de gobelins sur les bras si les villageois essayent de les supprimer, s'effraya Aldric.

— Il faut les prévenir tout de suite ! lança Ylanna en mettant sa sacoche en bandoulière.

Les deux enfants sortirent de la chaumière au pas de course, puis s'enfoncèrent dans la forêt pour rejoindre Jûkland.

***