Partie 2



Jûkland était une bourgade d'environ quatre-vingt maisons entourées de champs, avec une chapelle, une école, des fermes, un moulin à vent, une auberge, une boulangerie et encore bien d'autres boutiques artisanales, desservi par une unique route en terre qui longeait une petite rivière calme. Jûkland était coincé entre une immense forêt dense au nord, et des hautes collines au sud et à l'ouest, si bien que peu de monde avait connaissance de son existence.

Les fermiers cultivaient des céréales et élevaient du bétail pour les habitants de Jûkland qui se connaissaient tous sans exception et s'entraidaient énormément. Avec le temps, les gens du hameau étaient devenus méfiants et n'appréciaient guère le passage des étrangers, même s'ils étaient rares.

Kanghoire, le chef de Jûkland, y était pour quelque chose. Il n'était pas un homme commode et celui-ci maintenait l'ordre d'une façon très autoritaire. Cet ancien bucheron avait sous son commandement vingt grands gaillards, et ces derniers n'hésitaient pas à chasser les malheureux voyageurs qui s'étaient perdus ou qui s'approchaient de trop près du village.

Avec l'aide de ses hommes, Kanghoire veillait assidument à la tranquillité de Jûkland, et il était prêt à user de tous les moyens pour maintenir cette quiétude qu'il jugeait fragile et difficile à préserver.

***

Jûkland, en ce dernier jour d'été, était en effervescence. Sur la place du village, de longues tables, des bancs et des chaises étaient placés autour d'une grande estrade. De toute évidence, une fête se préparait.

Le tavernier et quelques hommes faisaient rouler de nombreux barils de vin de l'estaminet vers un bar extérieur monté à la va vite avec deux ou trois planches, tandis que la boulangère amenait de bons pains chauds dans de larges paniers d'osier pour les offrir à toutes les personnes qui s'afféraient à la bonne organisation des festivités à venir.

Kanghoire se déplaça, en personne, pour vérifier que tout se passait pour le mieux et fut satisfait du travail fourni par l'ensemble des villageois. Toutefois, une chose le contrariait. Où pouvez bien être son fils Aldric ?

***

Aldric était un garçon âgé de quatorze ans, avec une houppe de cheveux bruns, des yeux bleus étincelants et visage rondelet. Il n'était pas très grand pour son âge avec un léger embonpoint, mais son espièglerie et son intelligence lui permettaient de compenser son physique ingrat pour se sortir de situations compliquées.

Aldric aimait passer du temps dans les bois car en ces lieux, il n'avait plus son père sur son dos et il se sentait libre de faire tout ce qui lui passait par la tête. Cependant, il y avait aussi une autre raison pour que le fils de Kanghoire s'éclipse ainsi du village sans rien dire. Le garçon allait rejoindre, en cachette de son père, son amie de toujours qui s'appelait Ylanna.

Ylanna avait douze ans. Elle était une Öuglof*et vivait avec son maitre dans une vieille chaumière à la lisière des bois. Chaque jour, les deux enfants se retrouvaient. Ils jouaient ensemble, durant des heures et des heures, et s'imaginaient toutes sortes d'aventures imaginaires dont ils étaient les héros.

Malgré le mécontentement de Kanghoire et du mage qui donnaient de sévères punitions aux deux amis lorsqu'ils se rejoignaient dans la forêt, Aldric et Ylanna bravaient tout de même l'interdiction de passer du temps ensemble et continuaient de se voir quotidiennement.

***

Öuglof : Apprenti(e) dans l'art de la magie blanche ou noire. Souvent disciple d'un(e) mage ou d'un(e) sorcier(e) dès son plus âge, l'Öuglof vit avec son maitre qui lui enseigne et transmet ses connaissances durant au moins une dizaine d'années. 


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top