Partie 18
Ylanna, Aldric et son père avaient franchi le mur ensorcelé, puis s'étaient retrouvés dans un nouveau labyrinthe. Comme ils traçaient leur parcours, Kanghoire et les enfants ne revenaient jamais sur ses pas.
La jeune Öuglof à l'avant éclairait les couloirs avec sa fiole, tandis qu'Aldric et son père marquaient régulièrement le sol ou tâtaient les murs à la recherche d'une entrée secrète. Au niveau d'un tournant, ils découvrirent un passage ainsi que deux imposantes sculptures de granite qui représentaient des chevaliers. Menaçantes avec leurs lances, les statues semblaient garder l'entrée. Kanghoire, par sécurité, passa devant en premier et, au moment de franchir l'ouverture, les deux sculptures prirent vie puis croisèrent leurs pilums pour bloquer l'accès. L'ancien bucheron, vif comme un félin, fit un bond en arrière puis se saisit de sa machette.
— Reculez, les enfants ! avertit Kanghoire en sueur.
Les chevaliers de pierre se mirent à avancer doucement et lourdement avec de gros craquements minéraux.
— Je ne vois pas comment on peut vaincre de telles choses ! hurla Aldric, paniqué.
Les dalles se fêlaient sous le poids des statues qui devaient peser plus d'une tonne chacune.
— Je vais tenter quelque chose ! dit Ylanna en cherchant dans sa sacoche une potion.
La jeune fille prit un flacon blanc qu'elle jeta par terre au niveau des pieds des imposants chevaliers de granite, et de la glace apparut instantanément. Une des statues fit un pas sur sol verglacé puis perdit l'équilibre. Elle tournoya sur elle-même et s'effondra en se fracassant plusieurs morceaux. L'autre monumentale gardienne de pierre brandit sa lance puis avança vers Ylanna, Aldric et son père mais elle aussi ne maitrisa pas sa marche et glissa sur les dalles gelées. Elle tomba de tout son poids pour se briser dans un bruit effroyable.
— Ouf... c'était chaud ! souffla Aldric en tremblotant encore.
— Tu as eu une très bonne idée ! Je n'y aurais pas pensé, reconnut Kanghoire.
Le trio marcha sur les gravats et enjamba les restes des statues sans vie pour accéder de l'autre côté.
— Allons explorer ce qu'il y a dans cet endroit ! lança Kanghoire, prudent. Si cette entrée était si bien défendue...
— ... c'est qu'il doit y avoir quelque chose d'important ! termina Aldric sur un ton excité.
— C'est ça ! fais ton malin, susurra Ylanna à l'oreille de son ami qui devint écarlate.
Les enfants et l'ancien bucheron pénétrèrent avec retenue dans une salle aux dimensions impressionnantes. C'était une véritable cathédrale souterraine reposant sur vingt piliers de pierre hauts de trente pieds. Chaque colonne était sculptée de magnifiques motifs et le plafond vouté ainsi que les murs étaient décorés d'immenses fresques, racontant la vie du brave chevalier Ganddlar. Au centre de cette vaste salle, il y avait un impressionnant sarcophage en marbre blanc orné de saphirs et de pierres précieuses.
— Quel fabuleux endroit ! lança Ylanna en tournant la tête dans tous les sens.
— Je crois bien que nous sommes devant la sainte tombe de Ganddlar, annonça Kanghoire respectueusement.
Le trio, admirant la beauté des lieux, s'avança vers le sarcophage qui n'était pas directement sur le sol mais reposait deux gros blocs gravés d'un grand G. Aldric et son père étaient subjugués devant la richesse de ce monument mortuaire, tandis que la jeune Öuglof observait l'épais couvercle. Celui-ci comportait de drôles d'inscriptions taillés dans son marbre.
— Il y a un message écrit en signe magique, dit Ylanna.
— Peux-tu nous traduire cela ? osa demander Kanghoire.
Ylanna se concentra puis interpréta la phrase.
— Seulement les intrépides, les téméraires et les valeureux peuvent parvenir jusqu'ici. Mais seul un cœur pur peut manier mon épée.
Tous les trois se fixèrent. Il n'y avait cette fois plus de doute, ils se trouvaient bien dans la dernière demeure du chevalier Ganddlar.
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