Partie 14
Cela faisait plus d'une heure que Kanghoire, Aldric et Ylanna avaient quitté Jûkland. L'ancien bucheron connaissait parfaitement chaque recoin de la forêt, et malgré l'obscurité, il guidait sans aucune difficulté les enfants.
— Nous sommes bientôt arrivés, avertit le père d'Aldric d'une voix étouffée. Le chêne rouge se trouve au milieu d'une clairière non loin d'ici.
— Tant mieux ! dit Ylanna, mal à l'aise. On y verra plus claire.
La faible luminosité de la lune avait de la peine à traverser l'épais feuillage des arbres, et les lieux qui étaient d'ordinaire agréables en journée devenaient inquiétants dans la nuit, voire angoissants.
— Tout s'est déroulé pour le mieux, fit remarquer Aldric.
— Le pire n'est pas derrière, mais devant nous ! Le chêne rouge est ensorcelé. Il prendra vie dès que l'on s'en approchera et nous attaquera sans doute.
— Quoi ! s'écrièrent les deux enfants en ravalant leur salive avec difficulté.
— Cet arbre protège l'entrée du tombeau du chevalier Ganddlar et il agressera quiconque tentera d'y pénétrer.
— Mais qui est ce personnage ? demanda Ylanna.
— L'histoire de Ganddlar est vieille de plus de cinq cents ans, révéla Kanghoire. Il était un valeureux chevalier et aussi le chef de la garde qui protégeait la cité Ayaref.
— C'est la capitale de Zontyru ! s'écria Aldric.
– Oui ! C'est là aussi que ce trouve la grande bibliothèque du royaume, ajouta son père. On y trouve des livres très anciens et d'autres reliques importantes. De nombreux mages viennent de tout Angard pour les consulter.
— Mais pourquoi le chêne rouge défend le tombeau de Ganddlar ?
— La légende raconte que dans la crypte où se trouve le sarcophage du chevalier... il y aurait un fabuleux trésor.
Les enfants en demandèrent davantage, ils voulaient en savoir plus sur ce bien si précieux.
— Ce n'est pas ce que vous imaginez ! sourit Kanghoire. Il n'y a ni argent ni coffres remplis d'or ou de bijoux. Ce trésor serait en fait une épée magique.
Aldric et Ylanna n'en crurent pas leurs oreilles. L'ancien bucheron arrêta la marche, puis s'installa sur une souche pour relater la légende de Ganddlar.
— Un jour, le chevalier fut appelé à la cour royale pour être charger d'une mission secrète et difficile. Son roi lui donna l'ordre d'anéantir une confrérie de sorciers que son vieux mage n'était plus capable de combattre. Pour l'aider dans sa tâche, l'enchanteur fit un précieux cadeau à Ganddlar. Il lui offrit une épée conçue de ses propres mains.
« Celle-ci avait était forgée dans un métal unique, et chargée de magie. Sa lame indestructible brisait les enchantements, contrait les attaques magiques, pouvait blesser les créatures mythiques et ne subissait aucuns sortilèges.
— Incroyable ! s'exclamèrent les enfants.
— Grâce à cette formidable arme, l'intrépide chevalier accomplit sa mission avec brio et élimina un à un chaque sorcier ennemi du royaume Zontyru.
« Pour le remercier de son dévouement, le roi offrit à Ganddlar une province avec un château. Cependant, le chevalier refusa catégoriquement et préféra abandonner son statut pour prendre une retraite bien méritée. Son identité devint secrète, et plus jamais il n'utilisa son glaive.
« C'est comme un simple villageois que Ganddlar vécut durant de longues années dans la région, loin du tumulte des grandes citées. Quand Ganddlar fut vieux et malade, un jeune mage s'occupa de lui puis le soigna. L'ancien chevalier révéla alors son histoire et fit promettre à son bienfaiteur de veiller à ce que l'épée magique ne tombe jamais dans de mauvaises mains après sa mort.
— Que s'est-il passer ? s'enquit Aldric.
Il eut un long silence. Kanghoire se releva et regarda la lune blafarde qui brillait au-dessus des enchevêtrements de branches.
— Le mage tint sa promesse. À la mort de Ganddlar, il plaça l'épée dans son tombeau et charma le chêne rouge qui se trouvait à l'entrée pour empêcher l'accès à quiconque.
Les deux enfants s'étonnèrent que personne n'ait tenté de voler l'épée du chevalier Ganddlar.
— N'oubliez pas que son identité était protégée. En fait, il y a peu de gens qui savent que sa tombe est dans cette région et il n'y en a encore moins qui savent où elle se trouve.
– C'est vrai qu'il n'était pas connu sous son vrai nom, réagit Ylanna en frottant son menton.
— Ce n'est qu'une légende ! dit le chef de Jûkland en reprenant la marche. Aucune épée magique n'existe. La seule chose que l'on soit sûr... c'est que cet arbre de malheur est très dangereux, et que peu de monde ose s'aventurer dans ce coin perdu de la forêt.
— Si ce chêne a des pouvoirs, c'est surement pour une bonne raison ! murmura Aldric à Ylanna.
La jeune Öuglof approuva, puis les deux amis suivirent rapidement l'ancien bucheron pour ne pas le perdre de vue.
***
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