Kanghoire alla voir ses hommes qui commençaient à s'échauffer car dans la grange, il y avait un raffut pas possible. Les gobelins s'agitaient de plus en plus et risquaient de s'enfuir à tout moment si la porte cédée.

Ylanna proposa d'immobiliser les infernales créatures le temps qu'elle-même, Aldric et son père aillent recueillir la sève du fameux chêne rouge. Kanghoire fut interloqué et se demanda comment la jeune fille pourrait bien réussir cet exploit-là.

L'Öuglof montra à Aldric une pile de cordes qui trainait non loin de la grange, puis elle lui chuchota à l'oreille.

— Il ne faut jamais paniquer. Une solution est souvent à portée de main.

— Oh... que vas-tu faire ?

— Tu vas voir ! sourit Ylanna en sortant de sa sacoche un petit flacon couleur orangée.

La jeune fille se rapprocha du tas de cordage et versa dessus le contenu de la fiole.

— Il ne se passe rien ! dit Aldric.

— Attend une minute, souffla son amie.

Soudain, les cordes se mirent à frémir puis remuèrent énergiquement au bout de quelques secondes.

— Elles prennent vie... elles prennent vie ! s'égosilla Aldric.

Ces dernières serpentaient à présent autour de l'apprentie en magie.

- Gobelins ! cria Ylanna en levant les bras.

Les cordes avec une rapidité incroyable se dirigèrent vers le fenil et glissèrent entre les jambes des hommes. Certains hurlèrent de dégout : surement que les cordages avec leurs apparences de serpents provoquaient chez eux des crises de frayeur.

Une planche mal cloutée qui laissait un espace suffisant permit aux cordes magiques d'entrer dans le fenil. Celles-ci pénétrèrent dans la bâtisse, une par une, et on entendit un énorme chahut, suivi de cris stridents, de grognements, puis enfin de faibles couinements.

Après de longues minutes d'attente, le silence était revenu.

— Ouvrez les portes ! s'écria Kanghoire d'une voix autoritaire.

Le chef de Jûkland entra le premier dans la grange et découvrit les gobelins ligotés. chaque petit monstre gris était allongé par terre, complètement saucissonné par les cordes redevenues inertes.

— Bien joué ! dit-il à l'intention d'Ylanna.

Kanghoire ordonna à ses hommes de surveiller les gobelins, et de ne surtout pas les toucher en attendant son retour. Il emmena les enfants un peu plus loin puis leur demanda :

— Est-ce qu'Hutorius est à sa demeure ?

— Non ! répondit la jeune fille. Il est absent pour plusieurs jours.

— Jamais là quand il le faut ! grommela le père d'Aldric.

Les mômes acquiescèrent. Que pouvaient-ils dire d'autre.

— Ylanna ! Prends tes affaires, lança le chef de Jûkland. Tu vas nous accompagner car nous aurons surement besoin de ta magie.

— Ah bon ! s'étonna Aldric. Tu n'aimes pourtant pas l'utilisation de sortilèges ou d'enchantements.

L'ancien bucheron prit sa hache fermement et la fixa à sa ceinture.

— Hélas ! annonça-t-il en regardant amèrement les deux enfants. Rejoindre ce chêne rouge ne va pas être aussi simple que vous le pensez.

***