2 semaines plus tard. Miami

PDV d'Aelle

-Salut beau gosse.

Le beau gosse en question était ventripotent, court sur pattes, et avait le sommet du crâne rose et bien dégarni. Je lui donnais la cinquantaine. Il m'offrit un sourire jauni par la nicotine, et ses yeux grivois me parcoururent de la tête au pied, avant de s'arrêter au niveau de mes seins.

-Salut beauté... tu fais quoi dans le coin ?

Si j'avais eu des pectoraux à la place des seins, le gardien du club de nuit m'aurait probablement demandé de décamper tout de suite, en m'insultant comme un charretier. Mais il ne pouvait pas résister aux charmes d'une jolie fille, surtout si ladite fille portait un soutien-gorge Wonderbra et lui souriait avec adoration en enroulant autour de son index des mèches de ses longs cheveux noirs.

-Je voudrais entrer dans le club...

-non, beauté, ce n'est pas possible. Il est interdit de pénétrer dans le club durant la journée.

Je le regardai comme si il m'avait dit que c'était la fin du monde.

-Oh non, je geignis. Il faut vraiment que j'entre à l'intérieur...

-Pourquoi ?

Je regardai à droite et à gauche, et je baissai la voix pour murmurer sur le ton de la confidence.

-J'ai perdu mon portefeuille qui contenait mes papiers d'identité. Je crois que je l'ai laissé à l'intérieur. Peut-être que quelqu'un l'a pris, mais je tiens à aller vérifier. Allez, laissez-moi entrer... S'il vous plaîîîîîît.....

Il me regarda durant un long moment sans dire un mot. Une bataille féroce se livrait dans sa tête, où la loyauté et l'instinct de conservation de l'emploi se disputait à l'envie d'exaucer mes désirs. Je lui dédiai mon plus beau sourire, afin de faire pencher la balance en ma faveur, mais il me fit une proposition qui allait à l'encontre de ce que je voulais

-Tu peux m'attendre ici, et je vais rapidement le chercher pour toi.

-Ce serait plus malin si nous allions le chercher tous les deux, tu sais.

Je me rapprochai d'avantage de lui et je mis ma main sur son abdomen.

-Allez, on pourrait bien s'amuser, ensemble...

L'homme déglutit avec peine. Je vis avec satisfaction les derniers vestiges de sa volonté s'envoler en fumée. Il hocha la tête d'un air entendu, et me prit la main dans l'une de ses paluches.

-Viens, me dit-il. On va passer par l'arrière.

Il m'entraîna dans un couloir éclairé par une lumière blafarde et dont les murs étaient recouverts de graffitis. Dans cet espace renfermé, où l'air ne circulait pas beaucoup, des relents de vomi agressèrent mes narines. Je retins ma respiration jusqu'à ce que j'arrive dans une grande salle qui constituait le club.

Je jetai un rapide coup d'œil circulaire. A 7 heures du matin, le ménage n'était pas encore fait. Il y avait sur la piste de danses deux ou trois chaussures, et quelques flaques de liquides divers, souvenirs des personnes qui avaient noyé leur foie et leur sang dans l'alcool la veille. IL n'y avait que le bar qui était clean, bien que toutes les bouteilles d'alcool ne soient pas rangées à leur place habituelle.

Je me précipitai vers le bar.

-Je m'étais assise là, je dis en désignant un tabouret. Un type m'avait offert à boire... et il n'arrêtait pas de me tripoter.

Je me baissai, sois disant pour inspecter sous les sièges.

-Tu as trouvé ton portefeuille?

Il était resté à une certaine distance, pour mieux dévorer des yeux mon popotin.

-Non, je lui réponds. J'ai trouvé mieux.

Je me redressai en empoignant le pied d'un tabouret, et, en me retournant, je le lui lançai à la figure. Comme il ne s'attendait pas à une action de ce genre de ma part, il réagit avec deux secondes de retard. Le siège l'atteignit au visage lorsqu'il essaya de l'esquiver et il tomba à la renverse en grognant de douleur. Je m'empressai d'aller stabiliser sa position à l'horizontale en lui appuyant avec force mon pied sur sa poitrine. Il grogna de plus belle, et passa sa main sur son nez ensanglanté.

-Elle m'a pété le nez! Pétasse!

L'insulte ne me froissa pas; elle m'amusa, et je souris en déclarant au bonhomme.
-Maintenant qu'on a vraiment fait connaissance, on peut causer.