Simplicité
Gil
Le vent siffle à mes oreilles, les branchages me frôlent. À pleine vitesse, je me faufile entre les arbres ancestraux. Ce terrain m'est inconnu et mon avancée s'en trouve perturbée. Pourtant, je n'abandonne pas et me démène pour ne pas me faire rattraper. J'analyse ma trajectoire en gardant une allure soutenue. Les chênes immenses se dressent comme des murs face à moi. Leur frondaison épaisse laisse à peine passer la lueur du jour et m'oblige à rester concentré pour ne pas trébucher au premier obstacle. Un éclat de lumière soudain me fait cligner des yeux et j'évite de justesse une tige au ras du sol. Un picotement d'urgence se propage le long de ma colonne vertébrale. Je ne dois pas ralentir ni être distrait, l'enjeu est trop important. Un craquement sonore me confirme que mon poursuivant n'est plus très loin. J'allonge mes foulées et bifurque sur la droite. Pas question de me laisser prendre. Je lance un coup d'œil par-dessus mon épaule, même s'il n'est pas encore visible, je sais qu'il me suit de près.
— Tu ne m'attraperas pas ! lancé-je en sautant au-dessus d'une flaque d'eau.
Un sifflement me répond et une flèche se plante dans le tronc à quelques centimètres de moi. Outré, je me fige en tournant la tête vers la source du jet.
— Tu as osé me tirer dessus !
Un éclat de rire résonne dans la forêt et augmente d'un cran mon indignation.
— Tu sais bien que je ne rate jamais ma cible. Tu ne craignais rien.
Stults*, il va me le payer. D'un bond, je m'aide de ce maudit projectile pour me hisser dans le feuillage dense. Qu'il essaie de me suivre avec la montagne de muscles qui l'alourdisse ! Je reprends mon ascension en sautant de branche en branche. Léger et rapide, je m'élance dans ce labyrinthe touffu et réussis l'exploit de garder mon avance. Au bout d'un long moment, je ne perçois plus aucune présence. Prenant appui sur le tronc, je me penche pour avoir une meilleure visibilité et évaluer la situation. Je tends l'oreille et finis par le localiser. Accroupi sur mon perchoir, je le vois approcher et me chercher du regard. Tu peux toujours courir pour m'atteindre maintenant !
Je prends le temps de l'observer à loisir. Meranwë dégage encore aujourd'hui cette aura renversante qui me bouleverse. Je me délecte de ses traits nobles, tout en finesse et fermeté, de sa carrure impressionnante, de ses épaules solides. J'humidifie lentement mes lèvres en dévorant des yeux son torse puissant à peine recouvert d'une bande de tissu d'un blanc éclatant. J'ai réussi, par je ne sais quel miracle, à lui faire adopter d'autres couleurs que le noir pour le vêtir. Même si pour lui, le terme « vêtir » ne me semble pas tout à fait approprié, tant il prend un malin plaisir à exhiber sa musculature parfaite, ce vantard ! Pourtant, je dois bien avouer que le voir porter mes couleurs me donne des envies inavouables.
— Ta vaine tentative pour me ralentir n'a pas fonctionné ! le nargué-je du haut de mon piédestal.
Il lève aussitôt les yeux et finit par me repérer dans la masse végétale. Un sourire conquérant se dessine sur ses lèvres et me fait regretter mon geste pendant une fraction de seconde. Il dégaine son arc et bande une nouvelle flèche.
— Tu ne vas pas faire ça ? m'écrié-je, indigné.
— Je suis prêt à tout pour te retrouver, Meleth cuil nín*.
Sans aucune hésitation, il décoche sa pointe qui fissure en profondeur la branche sur laquelle je suis réfugié. Dans une exclamation pathétique, je tente de sauter. Par malheur, le bois cède sans me laisser le temps de prendre mon élan. Déséquilibré, je tends la main pour essayer de me saisir de la moindre prise, en vain. Je chute inexorablement. Grimaçant, je me prépare à l'impact, mais au lieu de percuter le sol, un torse fort me réceptionne en douceur. Je me retrouve comme une damoiselle en détresse dans les bras de son preux chevalier, à la seule différence que mon sauveur est celui-là même qui n'a pas hésité à me tirer dessus, le fourbe. Je me débats pour me libérer alors qu'il affiche une mine réjouie.
— Ne crois pas avoir gagné ! L'utilisation d'armes n'est certainement pas autorisée !
— Qui a dit ça ?
— Moi ! Et évite les surnoms niais quand tu essaies de me tuer !
Ma colère, tout à fait légitime, lui arrache un nouvel éclat de rire. Cet elfe de malheur va finir par me rendre fou. Avant même que je puisse répliquer, il m'emprisonne de son corps massif contre l'arbre le plus proche. Un hoquet stupéfait me secoue quand, du bout du nez, il trace un sillon sur ma joue jusqu'à ce point sensible, juste sous mon oreille. Une multitude de frissons se lèvent sur ma peau. Je ferme les paupières une seconde, une minuscule seconde, me perdant dans cette sensation divine. Il sait quel effet ça me fait, le gredin !
— Je ne peux te nommer autrement, car tu l'es : l'amour de ma vie, susurre-t-il dans un souffle chaud. De plus, je n'ai pas essayé de te tuer. Pas depuis quinze bonnes années en tout cas...
Effectivement, notre relation, il y a quinze ans, était l'exact opposé de celle d'aujourd'hui. En revanche, à cette époque, c'est moi qui le faisais sortir de ses gonds, pas le contraire ! Je me suis affaibli avec les années, il va falloir que j'y remédie au plus vite. Je le repousse avec fermeté, et pourtant il bouge à peine. C'est moi ou il est de plus en plus fort avec le temps ? Par le Soleil, bien sûr qu'il l'est, et ça me rend dingue !
— Tu te crois drôle ? Je considère tes petites manigances comme de la triche. Tu es donc disqualifié.
Une lueur triomphante s'allume dans ses prunelles et la minuscule distance que j'avais réussi à instaurer entre nous disparaît. Je me sens déjà fondre dans la chaleur de son corps dur plaqué contre le mien. Sa vigueur m'exaspère autant qu'elle échauffe mon sang. Je me sermonne en pensée, je ne dois pas me laisser détourner de mon objectif.
— T'avoir dans mes bras est toujours une victoire... me titille-t-il, séducteur. De plus, si je suis le grand perdant, tu l'es tout autant : aucun de nous deux n'est arrivé le premier. Donc... personne ne cuisinera ce soir. Tant pis pour ce bon repas que nous aurions pu partager.
— Tu vas me laisser mourir de faim après une course pareille ? m'insurgé-je, les mains à plat sur ses pectoraux pour l'éloigner. Tu n'es pas censé me protéger envers et contre tout !
Il me contemple avec adoration pendant que mes doigts s'égarent sur son torse et en redessinent les courbes. Même si je suis entièrement focalisé sur mon plan, je peux me permettre de profiter de ce que j'ai sous la main. L'un n'empêche absolument pas l'autre... Ses phalanges se glissent lentement dans ma longue chevelure et s'attardent sur l'unique mèche blanche qui dénote dans la masse ébène. C'est un souvenir de ces dix années où nous avons perdu notre immortalité et pendant lesquels nos corps ont vieilli. Mes cheveux ont beaucoup poussé depuis notre rencontre, à l'inverse de Meranwë qui arbore aujourd'hui une coupe courte. Dégradées à blanc sur les côtés, seules quelques mèches rebelles recouvrent le haut de son crâne et tombent sur son front.
Je me souviens encore de ce que j'ai ressenti quand je l'ai découvert avec cette nouvelle tête, j'en suis resté bouche bée à l'examiner. Il me semblait si viril, si désirable. Il émanait de lui une aura ténébreuse. Même si je regrette la perte de sa magnifique chevelure argentée, cette coiffure met en valeur sa nuque et la ligne de sa mâchoire. « Autre vie, autre allure », m'a-t-il dit ce jour-là. Il venait de quitter l'armée. C'est vrai que j'avais de plus en plus de mal à supporter l'idée qu'il risque sa vie et lui ne souhaitait pas que nous soyons à nouveau séparés. Nous avons fait notre part pour le bien de l'Àlfheimr et nous savions mieux que quiconque que la mort se trouve toujours plus proche qu'on ne le croit. Pourtant, je n'ai rien exigé, rien demandé, mais il l'a fait pour moi, pour nous.
— Tu sais bien que je donnerai ma vie pour toi...
Ses lèvres m'effleurent et un souffle tremblant m'échappe. Mon corps se cambre pour me rapprocher de lui, dans l'attente. J'oublie bien vite ce pari stupide et la sensation de mon estomac qui crie famine... ou pas. D'un geste prompt, j'échange nos positions et c'est moi qui le presse à présent contre l'écorce rugueuse.
— Avoue que tu cherches à me distraire. Ce défi est loin d'être terminé...
— En es-tu certain ? Comment comptes-tu t'y prendre pour te débarrasser de moi ? me nargue-t-il, les yeux brillants.
— Oh ! J'ai un avantage sur toi. Je connais toutes tes faiblesses.
J'écrase son sourire insolent sous mes lèvres et l'embrasse avec passion. Dans une pulsion acharnée, je lui fais payer sa beauté ensorcelante qui creuse mon ventre de désir, sa force brute qui enflamme chacune de mes cellules. Je le soumets pour dompter ce pouvoir qu'il a sur moi. Il ne reste pas inactif bien longtemps et répond à mon baiser avec ardeur. Nous nous délectons de l'autre dans cette obstination continuelle à profiter de chaque instant qui nous est offert. J'abandonne sa bouche dans un grondement possessif pour m'attaquer à la courbure de son cou. C'est l'un de mes points sensibles, certes, mais pour Meranwë, ça l'est tout autant et je compte bien l'exploiter. Dans un soupir lascif, il se laisse aller contre l'un des chênes millénaires qui abondent dans la Forêt d'Onyx. Sa tête bascule contre le tronc pour m'inviter à continuer. Ses yeux se révulsent de plaisir, tout son corps se détend sous mes douces attentions. Ma langue longe son pouls frénétique et recueille la saveur suave de notre course folle. Je remonte jusqu'à son oreille que je capture entre mes dents. Quand je le sens totalement relâché, je bondis en arrière, fais volte-face et recommence à courir.
— Hé ! s'écrie-t-il, dépité.
C'est à mon tour d'en rire. Je l'ai bien eu ! Et la frustration qui palpite entre mes cuisses ne diminuera en rien la satisfaction d'avoir réussi à le duper. Il s'élance aussitôt à ma poursuite en lançant les pires insultes de son répertoire. Je jubile et force sur mes muscles pour être sûr qu'il ne me rattrapera pas. Mon objectif n'est plus très loin, à moi le bon petit plat ! Au détour d'un sentier, j'aperçois le puits qui nous sert de ligne d'arrivée. Dans un ultime effort, je parcours les derniers mètres qui me séparent de la victoire.
— J'ai gagné !
Je saute de joie, le poing brandi vers le ciel tel le champion que je suis. Meranwë me rejoint enfin, le souffle court et la mine sombre.
— Ne sois pas si vantard, ça s'est joué d'un rien !
— Quel mauvais perdant ! Je t'ai écrasé !
— D'accord, j'accepte ma défaite. Je préparerai donc le repas de ce soir.
D'une poigne ferme, il me récupère pour me propulser contre lui. Une main possessive se plaque sur ma nuque et ses lèvres vengeresses rouvrent les hostilités. Dans un souffle étourdi, je le réceptionne maladroitement et laisse sa bouche coloniser la mienne. Il m'embrasse à en liquéfier mon cerveau qui ne sait même plus comment je m'appelle et quel était le but de tout ça. Il me libère enfin quand je ne suis plus qu'une petite chose flageolante entre ses bras.
— Attends-toi à des représailles dès que nous serons au lit. Je compte bien obtenir ce que tu m'as tant fait convoiter.
Il me fixe de son regard brillant d'une faim que la nourriture ne peut assouvir. Je crois que je n'y couperai pas. Le voudrais-je seulement ? J'inspire pour reprendre contenance et calmer les battements affolés de mon cœur.
— Si mon estomac est rassasié, je verrai ce que je peux faire... le charmé-je en collant à mon tour mon corps au sien. Maintenant, rentrons. Je mangerais un ogre !
Je claque un baiser sonore sur ses lèvres, et lui tends la main. Ses doigts s'emmêlent aux miens et nous reprenons le chemin de notre maison. Quand nous arrivons au croisement de deux allées, une trouée dans les feuillages épais laisse apparaître un rayon de Soleil. Je m'arrête aussitôt et tourne mon visage vers le ciel, les paupières closes. La Forêt d'Onyx est un endroit magnifique. Tout est vert et luxuriant. Les immenses chênes abritent le peuple Obscur qui vit paisiblement dans leur ombre, au milieu de la nature. Même si la lueur du jour peine à percer la masse végétale, une multitude de lampions parsème les chemins et les habitations. Il ne fait pas sombre ici, c'est clair, lumineux, féérique. Pourtant, j'ai besoin du contact direct avec l'astre solaire. Donc, dès que je le peux, je m'en rassasie. Meranwë patiente à mes côtés, sans un mot. Il sait que ces instants me sont vitaux. Au bout de longues minutes, je rouvre les yeux et le découvre en train de m'observer, le front soucieux.
— Tout va bien, le rassuré-je en reprenant ma route. Nous retournons bientôt à la Cité Blanche, j'y ferai le plein de lumière. De plus, j'ai hâte que tu finisses cette terrasse au-dessus de la maison pour mes bains de Soleil.
— Rester ici la moitié de l'année est peut-être trop pour toi. Nous pouvons réajuster...
— Notre vie me convient très bien comme elle est. Six mois ici et autant là-bas, c'est un bon compromis.
Je tais cette sensation lancinante de fatigue. C'est certainement la raison pour laquelle il a failli m'avoir tout à l'heure, je ne vois pas d'autres explications. Meranwë a commencé depuis peu la construction d'un toit plat. Nous créerons une percée dans le feuillage du chêne qui abrite notre maison et je pourrai enfin obtenir la quantité de Soleil dont j'ai besoin.
J'ai encore du mal à réaliser que nous vivons dans un arbre, comme tous les habitants de la Forêt d'Onyx. Tout est différent de la Cité Blanche. Notre résidence là-bas est construite en pierres calcaires, la chaleur et la clarté nous inondent à longueur de temps dans les plaines. Ici, tout est fait de bois et de végétal, tout est verdoyant et frais. Pas de température extrême, pas de lumière vive, tout est calme et agréable.
Voilà ce qu'est notre quotidien : un parfait équilibre entre nos deux peuples. J'aime cette vie avec lui, cependant il faut bien reconnaitre qu'elle demande certaines concessions. C'est le prix à payer pour la tranquillité et le bonheur. Nous avons trouvé la sérénité et je n'ai jamais été si heureux. Nos journées s'écoulent paisiblement entre mes lectures, ses entraînements, nos moments passés ensemble. C'est une multitude de petits riens qui font tout.
Quand nous atteignons le hameau, un groupe bruyant d'enfants nous dépasse en courant.
— Doucement, espèces de garnements ! gronde mon compagnon avec une pointe d'amusement.
Malgré l'autorité naturelle qu'il dégage, ces elfes miniatures ne l'écoutent pas une seconde et continuent leur chemin en chahutant de plus belle. Une jeune elfine aux longs cheveux argentés se détache du lot et nous rejoint.
— Gil ! s'écrie-t-elle avant de me sauter dans les bras.
Je l'accueille et la positionne sur ma hanche en lui donnant une pichenette sur le bout de son nez retroussé.
— Liabella, petite coquine. Comment te portes-tu aujourd'hui ?
— J'ai réussi à faire voltiger tout un tas de feuilles ! Mon professeur affirme que je suis très douée.
— Tu l'es ! Une aussi jolie petite frimousse ne peut avoir qu'un talent grandiose.
Elle glousse en serrant ses bras autour de mon cou. Je lui offre un tendre baiser sur la joue avant de la reposer à terre.
— Va rejoindre tes amis. On se voit plus tard.
Elle ne se fait pas prier et reprend sa course. Au bout de quelques mètres, elle se retourne et s'écrie :
— J'ai presque oublié : il y a une missive qui est arrivée pour vous. Je l'ai mise devant votre porte.
D'un signe de la main, elle nous dit au revoir et repart jouer avec ses amis. Je reste quelques secondes à la regarder s'éloigner, un sourire aux lèvres. Elle est vraiment mignonne.
— Notre petite voisine a un faible pour toi, se moque Meranwë dès que nous reprenons la route.
— C'est simplement que j'ai été le premier elfe lumineux à venir vivre parmi ton peuple. C'est la nouveauté qui me rend si spécial à ses yeux.
— Tu n'es plus le seul aujourd'hui. Les frontières entre nos deux nations n'ont jamais été aussi minces. Il n'est plus rare de croiser une tête brune par ici, et pourtant, elle ne voit que toi...
— Serais-tu jaloux d'une enfant ? le taquiné-je en lui jetant un regard en coin.
— Pas d'elle, mais de tous ceux qui te convoiteront.
Son air menaçant me semble bien plus adorable que le minois de Liabella. D'un pas, je me poste devant lui ce qui l'oblige à s'arrêter.
— Douterais-tu un seul instant des sentiments que j'éprouve à ton égard ? le défié-je. Dois-je te rappeler que je suis allé jusqu'à offrir mon immortalité pour toi ?
— J'en ai fait tout autant !
Un immense sourire fleurit sur mon visage. Oui, nous avons fait ce sacrifice par amour et pour sauver l'Àlfheimr. Je serais allé jusqu'à donner ma vie pour mon peuple et surtout pour Meranwë. Il en aurait fait de même et je suis persuadé que lui, tout comme moi, ne regrette aucun de ses choix. Je me penche et pose délicatement mes lèvres sur les siennes, savourant ce contact doux et chaud.
— C'est la raison pour laquelle nous sommes faits l'un pour l'autre, murmuré-je en plongeant mon regard dans le sien. Par bonheur, nous avons jusqu'à la fin des temps pour en profiter.
— L'éternité est longue, tu n'as pas intérêt à l'oublier ! me menace-t-il d'un air buté qui me fait fondre.
— Cuisine-moi ta fameuse tarte flambée aux airelles et je jure de rester à tes côtés jusqu'à ma mort.
— Adjugé. Tu ne pourras plus revenir sur ta parole et seras coincé avec moi pour toujours.
— Je n'ai jamais souhaité autre chose...
Nous nous sourions avec tout l'amour que nous ressentons l'un pour l'autre puis nous franchissons les derniers pas qui nous séparent de notre foyer. Liabella n'avait pas menti, une lettre nous attend sur le seuil. Je la récupère avant de la confier à mon conjoint pour ouvrir la porte. Je pénètre dans la maison, Meranwë à ma suite.
— Je vais être bon joueur et allumer le feu. J'irai même jusqu'à couper les carottes, lancé-je en m'avançant dans la pièce pour atteindre la cuisine.
Nous disposons d'une belle demeure, confortable et spacieuse. Elle appartient à la famille de Meranwë depuis la naissance de la Forêt d'Onyx. Nous l'avons réaménagée à notre image quand j'ai emménagé ici, pourtant, elle garde son charme d'antan. Chaque meuble est taillé directement dans la veine du bois. Il n'est pas rare de devoir couper une jeune feuille bourgeonnante sur les murs. Les étagères et les armoires sont constituées de branches tressées. C'est si différent de l'univers minéral de la Cité Blanche. Je commence à ouvrir les placards pour rassembler les ingrédients, impatient de me mettre à table.
— Avons-nous suffisamment d'airelles pour la tarte ? S'il t'en faut plus, j'irai en chercher.
Devant l'absence de réponse du cuisinier, je me retourne et le découvre tendu, fixant d'un air grave la missive entre ses mains.
— Meranwë ?
Il relève la tête et ce que je lis dans son regard ne me dit rien qui vaille.
— Le diner attendra. Nous devons repartir immédiatement pour la Cité Blanche. La reine Tyrande a disparu...
Stults : Insulte elfique qui signifie « Abruti » ou « Crétin ».
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