Chapitre 6 - Mariage et Départ
Dans le chapitre précédent :
Effondrée, je me laissai ravager par la tristesse. Si je partais, je devais quitter le héros de cette histoire. Mais je ne le pouvais pas. Je préférai rester avec lui plutôt que mon amant. Un choix m'était imposé. Le héros qui pouvait sauver des millions de personnes était plus important qu'un amour égoïste. Mais si je tuais Adonis, alors je pourrais revenir aux côtés d'Alexandre. Tuer l'un pour être avec l'autre. C'était stupide...
« Je vais partir, mais je ne te promets pas de le tuer. C'est un acte barbare, Alexandre, dis-je défaitiste.
– Merci... Nous vivons dans ce genre de monde Ambre, dit-il en tapotant mon épaule. Va te reposer, demain est un autre jour. »
Je partis de cette salle et m'engouffrai dans ma chambre pour plonger dans mon lit. Demain serait un nouveau jour et une nouvelle vie pour moi.
Le tuer ? Jamais je ne le pourrais, mais je pouvais gagner une chose avec cette alliance. Sa protection. J'espérai bien que si je partais avec Adonis, je pourrais négocier une meilleure protection pour mon frère. Ainsi la seigneurie serait prospère au moins pour quelque temps. Peut-être que je pourrais même revenir de temps en temps ici.
Tant de spéculations m'avaient épuisée. Je m'endormis sans le savoir sur mon lit dont j'étais habituée après deux ans. Les vieilles femmes semblaient s'amuser à me tourmenter. Espérons que j'eus pris la bonne décision.
***
Avant même que le soleil ne soit dans le ciel, on me secoua de mon songe. Elena me regarda avec empathie. Je grognai et plongeai mon visage dans mon moelleux coussin. Je ne voulais pas qu'elle me traite ainsi. La pitié ne servait à rien dans mon cas.
Elena m'intima de me lever avant que le jour ne se lève. J'avais envie de lui hurler dessus, mais ce mariage n'était en rien sa faute. Je soupirai et me laissai dorloter. Que ce soit pour ma toilette, pour mon repas, ma robe, mon maquillage, je me transformai en une poupée docile tandis que les femmes de chambre s'affairaient autour de moi.
J'allais me marier. Du jour au lendemain. Et je n'étais même pas dans un conte de fée. Devant le miroir, j'admirai le travail des jeunes femmes. Mes longs cheveux blonds tenaient en un chignon romantique, mon maquillage faisait ressortir mes yeux légèrement dorés, ma robe n'était pas aussi grande que les autres que je portais. Au contraire, elle épousait mes formes.
« D'où vient cette robe ? C'est la première fois que je la vois, demandai-je à Elena.
– Elle n'est pas à nous. Le Roi a ordonné que vous portiez cette robe pour le mariage.
– Vraiment ? »
Elle hocha la tête sans plus. Je fixai encore la robe qui était similaire à une robe de mariée contemporaine. C'était impossible que ce peuple barbare ait fabriqué avec un tissu pareil pour qu'il soit identique à une tenue d'un autre monde. À part si la personne qui a concocté ce vêtement vient aussi d'ailleurs. Je souris à cette pensée. Quoi que cette personne soit, je la rencontrerai chez ce Roi.
Un toquement à la porte me tira de mes rêveries, je devais y aller. Me marier. Je me moquai de mon frère avec sa longue cape rouge qui engloutissait le sol, mais la fin de ma robe nettoyait presque aussi prestement les dalles du château.
Enfin arrivée devant l'église, j'entrai aux côtés de mon frère en enroulant mon bras sur le sien. Nous avançâmes jusqu'à l'autel. Face à mon futur mari qui n'avait pas changé ses vêtements noirs et cuirassés, je le regardai dans les yeux, les seules fentes à travers son masque sombre qui me permettaient de le voir. Ses yeux étaient froids, de glace.
Je ne me laissai pas avoir, et écoutai l'homme d'Eglise qui annoncait notre union d'une voix chevrotante. Il était mort de peur. Son domaine était les enfants, pas les barbares. J'essayai de le rassurer en lui souriant, mais ça ne l'aidait pas. Je me contentai d'attendre jusqu'à ce que le Roi Adonis ordonne au pauvre prêtre d'accélérer. Celui-ci en vint directement à la fameuse question qui nous lierait sans même citer nos vœux. Et cela ne semblait déranger personne.
« V-voulez-vous p-prendre pour épouse... commença-t-il.
– Oui, coupa le Roi sans aucune retenue.
– Et v-vous ma très chère, voulez-vous prendre... »
Soudain, un bruit sourd fit sursauter les quelques trentaines de personnes qui assistaient au mariage. Enfin. J'attendais ce petit moment qui dérangerait mon mariage. J'attendais que les vieilles femmes arrêtent ce mariage si c'était nécessaire. Et elles l'avaient fait. Ou pas.
Je vis que c'était simplement Claire qui avait fait tomber une coupe de ses mains. Elle s'excusa à profusion en le ramassant puis se cacha derrière sa mère. Elle allait nettement mieux qu'hier. Mais la scène passée pouvait se répéter. Je la fixai toujours avec intensité.
C'était étrange. Hier, elle avait subi une attaque cardiaque en plein milieu de la venue du Roi, et maintenant elle se fait de nouveau remarquer. Qu'est ce que les vieilles femmes mijotaient ? Je ne croyais pas aux coïncidences. Le Destin voulait me dire quelque chose à propos de Claire. Pourquoi elle ? Je n'en savais rien, mais elle devait rester dans ma vie.
« Reprenez, déclara le Roi au prêtre qui hocha la tête.
– Oui, je le veux, mais à une condition, dis-je avant même que le prêtre reprenne. Claire doit venir avec moi.
– Non ! s'écria sa mère qui fit barrage entre moi et sa précieuse fille.
– Claire viendra avec moi. Pas d'inconvénient ? » demandai-je à mon époux.
Celui-ci regarda Claire puis moi, avant de secouer la tête. Et je n'étais pas la seule à être soulagée. Le messager semblait apprécier la venue de Claire. Lui qui n'arrêtait pas de la dévorer du regard depuis cette cérémonie, je ne savais pas s'il la touvait simplement attirante physiquement ou s'il prévoyait une réciprocité à ses sentiments.
Les plaintes et cris de la mère vrillaient mes tympans. Claire allait peut-être me détester, mais pour l'instant, c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour qu'elle reste à mes côtés. Le barbare ne s'était opposé à ce qu'elle m'accompagne, donc c'était une bonne décision prise.
« V-vous pouvez e-embrassez la mariée, » bredouilla le vieil homme.
J'allais parler, mais Adonis posa ses lèvres sur mes lèvres en un baiser chaste. C'était trop court. Il semblait même éviter tout contact physique avec moi, ce qui me blessait. J'étais certaines qu'il avait entraperçu ma tristesse dans mes yeux. Car, à ce moment-là, il détourna son regard pour éviter de rencontrer les miens. Je me rétractai alors qu'il m'annonçait qu'après m'être changée, nous partirions de suite.
Les yeux accusateurs de la mère de Claire me suivirent tandis que je pris la main de sa fille pour l'emmener dans ma chambre.
« Je suis désolée Claire, mais encore une crise cardiaque et tu pourrais réellement mourir. Je ne pourrais pas te sauver cette fois-ci.
– Vous auriez dû me laisser mourir dans ce cas... dit-elle sombrement alors qu'elle défit les lacets de ma robe.
– Jamais Claire. Et jamais je ne te laisserais te tuer.
– Je fais encore des cauchemars ! Je n'arrive pas à l'oublier, » anonça-t-elle avec tristesse.
Elle se mit à sangloter. Je la berçai doucement en lui soufflant des mots apaisants.
« Tu pourras l'oublier une fois que tu trouveras un homme qui te respectera et t'aimera. Je te le promets. Et c'est une des autres raisons pour laquelle tu viens avec moi. Je ne laisserais personne te faire du mal, mais toi non plus tu ne devras plus te faire du mal. Tu dois me le promettre Claire. »
Elle hésita quelques secondes avant de me promettre de ne plus s'affamer ou se faire vomir dans la forêt. Je m'étais dit jusqu'à maintenant qu'un homme essaierait de l'aider, à défaut de sa mère, mais la situation n'avait pas changé. Jusqu'à maintenant. Elle devait avancer et cette fois-ci, je prendrais le temps pour l'aider.
« Ma mère vous déteste, » dit doucement Claire, sûrement craintive de ma réaction.
Je ris, ce qui la déstabilisa. « C'est bien normal. Je lui enlève sa fille adorée. »
Elle me fit un léger sourire avant que nous ne traversions les portes de ma chambre pour nous rendre en bas. Tout le monde nous attendait aux portes. Elena pleurait à chaudes larmes, tout comme la mère de Claire, cependant celle-ci lançait des éclairs avec ses yeux de faucons dans ma direction. Je les ignorai.
« Que vais-je faire sans toi, ma chérie ? demanda Elena en me prenant dans ses bras.
– Il y a deux petits bébés qui attendent d'écouter tes berceuses, de sentir tes caresses, et de se faire chouchouter, répliquai-je à la vieille femme avec un doux sourire.
– Oh ma petite ! Tes parents seraient si fiers de toi ! »
Mon sourire flancha à ses paroles. Je regardai Alexandre pour contempler son visage impassible, mais je savais qu'il ne voulait pas que je parte. Peut-être espérait-il que je revienne une fois que j'aurais tué le Roi Adonis, mais cet acte ne se ferait pas. Je ne tuerais pas.
Je ne savais pas quand j'allais le revoir donc je ne pus m'empêcher de m'approcher de lui et de le prendre dans mes bras. Je plongeai ma tête dans son torse en espérant que mes souvenirs s'imprègnent de ses odeurs. Même si je n'étais pas sa réelle sœur, je m'étais attachée à lui comme à chacun des habitants que j'avais côtoyés durant ces deux dernières années. Il m'enlaça de même et avouai d'un murmure presque inaudible ses excuses ainsi que des mots d'amours. Mais il continua sa lancée sur d'autres mots moins plaisants.
« Tu dois le tuer, » murmura-t-il pour que seules mes oreilles entendent.
Je me tus à ces paroles. J'aurais pu lui avouer que jamais je ne pourrais le tuer, et qu'il y ait des chances pour que je ne revienne jamais sur cette terre, mais je préférai garder toutes ces pensées pour moi.
Je fis un sourire contrit, puis le relâchai pour m'éloigner de lui. Nos affaires avaient déjà été montées sur les chevaux. On nous avait dit de ne prendre que le nécessaire, le reste serait acheté sur place.
Malgré les regards pénétrants du Roi et de ses hommes, nous montâmes sur un des chevaux. Claire se hissa d'abord, puis me laissa la place à l'avant pour que je m'y assois. Une fois prête, le Roi fit un hochement de tête qui donna le signal à ses hommes de monter sur leurs montures.
Nous partîmes ainsi, sans un regard en arrière. Le château, les bruits, les personnes de plus en plus loin tandis que les galops nous élançaient vers une terre inconnue.
Chapitre un peu bouche-trou, je ne l'aime pas trop :/
Mais bon, Merci pour tous vos votes et commentaires :3
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